Question 1
Beaucoup pensent que l'UIT est menacée par les bouleversements du secteur des télécommunications. De nouvelles organisations telles que l'OMC ou des organismes régionaux occupent le centre de la scène et les forum industriels, moins formels et plus ciblés, se multiplient. Quel avenir voyez-vous pour l'UIT? Quel serait votre apport personnel (quelles initiatives ou orientations adopteriez-vous) en tant que fonctionnaire élu, en vue d'introduire des innovations et de permettre à l'Union de s'adapter au changement, afin de lui conserver son rôle d'instance prééminente dans les télécommunications internationales?

L'UIT doit aujourd'hui faire face aux problèmes majeurs que posent le progrès technologique, la mondialisation des marchés, la concurrence et l'application de nouvelles règles économiques. Je suis fermement convaincu que l'UIT, institution des Nations Unies qui inspire respect et confiance aux pays tant industrialisés qu'en développement, doit demeurer cet intermédiaire indépendant qui s'efforce de trouver des solutions équitables pour le bien de l'ensemble des nations et des peuples. Voilà la principale raison d'être de l'UIT, qu'il faudra renforcer. La réforme de l'UIT pose un certain nombre de problèmes; à cet égard il conviendrait d'utiliser davantage les atouts de l'organisation tout en en corrigeant les faiblesses qui sont principalement dues à la bureaucratie et au manque de transparence. Fonctionnaire élu, je veillerai à ce que soit maintenu le dialogue entre les pays en développement et les pays développés, mais aussi entre l'industrie et le marché. Un rôle de catalyseur sera confié au BDT, ce qui pour le personnel du BDT signifie plus de transparence et une plus grande conscience du client, de l'actionnaire.

Question 2
Dans l'environnement actuel des télécommunications, il n'est plus réaliste de penser que l'Union peut être le point central pour toutes les questions liées aux télécommunications dans l'économie et la société mondiales de l'information. Le monde est devenu trop complexe et les télécommunications sont devenues trop omniprésentes pour qu'une seule organisation puisse être le centre où convergeraient toutes les questions intéressant la communauté internationale. Quelles sont, d'après vous, les compétences essentielles de l'UIT? Sur quelles questions l'UIT devrait-elle se concentrer et que pourrait-on progressivement supprimer de son mandat ou confier aux organisations régionales ou sous-régionales? Quel devrait être le rôle de l'UIT dans la réforme du secteur des télécommunications?

Il importe que l'UIT, organisation mondiale, joue un rôle de premier plan dans l'établissement de la société mondiale de l'information tout en conservant son statut intergouvernemental et s'ouvre au privé. L'UIT devrait coopérer plus étroitement avec les grands acteurs internationaux ou régionaux tels que l'OMC (pour que le nombre de signataires soit plus élevé et pour garantir la mise en oeuvre de l'Accord), avec d'autres institutions des Nations Unies et avec des organisations sous-régionales de télécommunications (APT, CANTO, CTU, CITEL, CEPT, ETNO, LAS, UPAT, ETSI, RCC, etc.). Cette collaboration permettra d'éviter tout double emploi et, en ce qui concerne le BDT, elle favorisera une utilisation plus efficace des ressources. Le BDT devrait quant à lui coopérer encore plus avec les autres Secteurs de l'UIT.

Question 3
Il ressort des dernières conférences de l'UIT que le conflit entre les exigences des réseaux mondiaux et les droits souverains nationaux ne fait que croître. Comment peut-on les réconcilier dans le cadre de l'UIT?

Il s'agit là d'une question essentielle qui devra faire l'objet d'un débat franc et ouvert. Il importe, toutefois, que la question de l'égalité des sexes reçoive une plus grande attention étant donné qu'un nombre croissant de femmes compétentes travaille dans tous les secteurs de l'industrie, réalité qui devait être reflétée dans la gestion de l'UIT.

Question 4
Les exigences auxquelles l'organisation doit répondre grandissent plus vite que ses ressources: la déréglementation fait intervenir plus d'acteurs et donc un nombre plus élevé de Membres au sein de l'UIT; par ailleurs, on assiste à une érosion des bases financières de l'organisation parce que certains Membres choisissent de diminuer le nombre de leurs unités de contribution. Diverses propositions visant à renforcer l'UIT, notamment le recouvrement des coûts ou les solutions génératrices de recettes, se sont heurtées à une forte résistance, tout comme la proposition visant à accorder à l'industrie plus de pouvoir quant à l'attribution des ressources et à l'établissement des priorités en échange d'une participation accrue aux dépenses. Que proposeriez-vous pour faire avancer les choses?

Il existe diverses possibilités en ce qui concerne la contribution des Membres, la mobilisation des ressources et leur affectation. Dans le cas spécifique du BDT, je suis persuadé que ce Secteur ne devrait pas être une entité commerciale. Il devrait établir ses priorités en fonction des ressources disponibles et trouver des partenaires pour la réalisation d'autres projets. Le BDT ne devrait pas se substituer à d'autres entités en ce qui concerne la gestion des projets.

Question 5
Etant donné la diversité des Membres de l'organisation (vendeurs, organismes scientifiques, fournisseurs de service, radiodiffuseurs des pays les plus pauvres de la planète aux nations les plus puissantes), comment l'organisation peut-elle satisfaire à leurs besoins concurrents d'une manière efficace sur le plan financier?

Le rôle de catalyseur de l'UIT en général et du BDT en particulier conduira à un transfert de technologie des pays développés vers les pays en développement. Directeur du BDT, je m'efforcerai de favoriser la prise de conscience d'un authentique intérêt commun entre pays industrialisés et pays en développement membres, et leurs secteurs industriels respectifs, en encourageant la conclusion de partenariats stratégiques véritables, car seule cette forme de partenariat, dans laquelle les secteurs privés des deux pôles de l'économie mondiale auront conscience de leur intérêt commun, est à même d'instaurer un climat favorable à une coopération à l'échelle mondiale dans l'intérêt bien compris de tous.

Question 6
Dans le Plan stratégique pour la période 1995-1999, on peut lire ceci: "actuellement, l'UIT est certainement l'une des organisations internationales les moins connues, malgré le fait que le développement du réseau mondial de télécommunication joue un rôle de plus en plus crucial pour le bien-être de l'humanité. Les Membres de l'Union lui ont demandé de jouer un rôle de premier plan dans la communauté internationale. A cette fin, l'UIT doit communiquer son message avec plus de force qu'elle ne le fait actuellement, et veiller à ce que les gouvernements soient conscients du rôle que jouent les télécommunications au service du développement socio-économique". Quelles mesures concrètes prendriez-vous pour atteindre cet objectif, quel serait votre programme de "Communication"?

Pour que leur message passe, l'UIT et le BDT en particulier devront améliorer leur crédibilité, avoir une gestion parfaitement transparente et être encore plus attentifs aux besoins des Membres. Une fois sa crédibilité retrouvée, l'UIT devrait utiliser les outils mêmes dont elle fait la promotion pour son propre compte: les technologies de l'information.

Question 7
Quelles seraient vos trois grandes priorités pour la période séparant la PP-98 de la Conférence de plénipotentiaires suivante?

Pour que le BDT puisse réussir, trois mesures doivent être prises en priorité:

1. le rendre plus "svelte" et plus transparent;

2. procéder à une réelle décentralisation par le biais de représentations régionales et par la mise en place d'un réseau de coopération approprié avec les organisations régionales. Il convient de noter que la représentation régionale devait être instaurée par une réaffectation adéquate du personnel sans charge financière supplémentaire;

3. en faire un organe plus actif dans son rôle de catalyseur du développement et encourager le partenariat.

Question 8
Avez-vous quelque chose à ajouter?

Le Secteur du développement est un rouage important de l'UIT. La participation active des pays développés et des pays en développement, dans le cadre des Commissions d'études par exemple, devrait être encouragée afin de favoriser le dialogue. Il est indispensable que le BDT joue un rôle de stimulant et de catalyseur du partenariat. Le BDT devrait établir un rang de priorité et prendre des mesures d'évaluation des responsabilités et des objectifs. Le Secteur devrait, enfin, faire preuve d'une plus grande efficacité.

Mon expérience du secteur public, des organisations intergouvernementales et du secteur privé m'inspirera, à n'en pas douter, le style de gestion qui me permettra de faire entrer le BDT dans le nouveau millénaire.n