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ROBERTO BLOIS MONTES DE SOUZA
VICE-SECRÉTAIRE GÉNÉRAL ÉLU

Programme des candidats aux cinq postes électifs de l'Union

Question 1
Beaucoup pensent que l'UIT est menacée par les bouleversements du secteur des télécommunications. De nouvelles organisations telles que l'OMC ou des organismes régionaux occupent le centre de la scène et les forums industriels, moins formels et plus ciblés, se multiplient. Quel avenir voyez-vous pour l'UIT? Quel serait votre apport personnel (quelles initiatives ou orientations adopteriez-vous) en tant que fonctionnaire élu, en vue d'introduire des innovations et de permettre à l'Union de s'adapter au changement, afin de lui conserver son rôle d'instance prééminente dans les télécommunications internationales?

Nous vivons dans un monde en constante évolution, évolution dont le secteur des télécommunications est en quelque sorte le fer de lance, grâce à des progrès techniques et à une croissance sans précédent. Les innovations techniques de ces dernières années ont à elles seules révolutionné notre vie. Tous ces changements nous obligent cependant à nous adapter et à être à l'écoute de nos mandants, condition indispensable à notre croissance et notre prospérité. L'UIT doit elle aussi savoir s'adapter rapidement à l'évolution de l'environnement des télécommunications et être plus attentive aux besoins de ses Membres.

L'Union a toujours joué un rôle central et de catalyseur dans l'examen des questions de télécommunication au niveau international. Bien qu'une grande partie de ses activités semble converger vers de nombreuses nouvelles organisations ayant de plus grandes attentes, l'Union offre la possibilité aux gouvernements, aux opérateurs et aux fournisseurs d'équipements du monde entier de se rencontrer pour débattre des questions de l'heure, en vue de parvenir à un consensus.

Il n'est cependant pas toujours facile d'arriver à un consensus dans un monde qui connaît des mutations techniques aussi rapides, d'où la nécessité impérieuse de savoir s'adapter et de faire preuve de souplesse. A mon sens, au cours du prochain millénaire l'UIT devra être plus souple, plus efficace et plus attentive aux besoins de ses Membres en vue de promouvoir la compréhension et la coopération entre le secteur public et un secteur privé toujours plus influent.

Pour atteindre des objectifs aussi ambitieux, je me propose de mettre en oeuvre un programme en quatre points visant à faciliter le changement en cours et à préparer l'UIT à faire face aux mutations encore plus profondes et aux tâches encore plus ardues qui l'attendent au prochain millénaire.

  1. L'UIT doit être une organisation bien gérée, attentive aux besoins de ses Membres et en phase avec les exigences que l'évolution de l'environnement des télécommunications impose aux gouvernements et au secteur privé. Pour ce faire, il lui faut mettre en oeuvre des programmes internes, l'objectif étant de repenser les modalités d'attribution des ressources financières et de réfléchir aux moyens d'accroître l'efficacité de ses méthodes de travail internes.
  2. L'UIT est l'organisation internationale spécialisée dans les télécommunications. A ce titre, elle doit continuer à jouer un rôle de chef de file et offrir ses compétences en collaborant avec d'autres organisations internationales. Il faut revoir en permanence cette collaboration avec d'autres organisations, afin de veiller à ce qu'une coordination efficace soit assurée et à ce que les Membres en retirent le maximum d'avantages.
  3. L'amélioration de la compréhension et de la coopération entre le secteur public et le secteur privé prend de plus en plus d'importance et à mon sens, l'UIT peut jouer ici un rôle de tout premier plan. Il sera nécessaire de mettre en oeuvre de nouveaux programmes dont tous les acteurs des télécommunications pourront tirer parti, en tenant compte des exigences et des aspirations du secteur public et du secteur privé. A cette fin, l'UIT peut exécuter des programmes mutuellement avantageux dans le cadre de projets de télécommunication.
  4. L'UIT doit être un artisan crédible du développement des télécommunications et mettre à disposition ses compétences en la matière, en travaillant là encore en collaboration étroite avec le secteur public et le secteur privé. A cet effet, elle devra instaurer des programmes visant à faciliter les échanges d'informations afin que tous les Membres puissent tirer les enseignements des succès enregistrés par d'autres Membres.

Ce programme ambitieux est indispensable si l'on veut que tous les Membres de l'UIT tirent parti des réalisations d'une organisation dynamique, progressiste et tournée vers les besoins de ses Membres.

Question 2
Dans l'environnement actuel des télécommunications, il n'est plus réaliste de penser que l'Union peut être le point central pour toutes les questions liées aux télécommunications dans l'économie et la société mondiales de l'information. Le monde est devenu trop complexe et les télécommunications sont devenues trop omniprésentes pour qu'une seule organisation puisse être le centre où convergeraient toutes les questions intéressant la communauté internationale. Quelles sont, d'après vous, les compétences essentielles de l'UIT? Sur quelles questions l'UIT devrait-elle se concentrer et que pourrait-on progressivement supprimer de son mandat ou confier aux organisations régionales ou sous-régionales? Quel devrait être le rôle de l'UIT dans la réforme du secteur des télécommunications?

L'UIT a longtemps joué un rôle incontesté. Elle constitue et demeure encore l'instance au sein de laquelle tous les spécialistes des télécommunications, qu'ils viennent du secteur public ou du secteur privé, peuvent se rencontrer pour débattre des nombreux problèmes que pose l'environnement actuel des télécommunications, en vue de leur trouver des solutions. Elle met ses compétences au service de ses Membres en facilitant et en encourageant les discussions, l'objectif étant à terme d'arriver à un consensus sur la connectivité mondiale. L'Union doit conserver ce rôle, dans son propre intérêt et dans celui de l'ensemble de ses Membres. Elle doit ses nombreux succès à sa capacité de concilier les points de vues très divers et les intérêts bien souvent opposés de ses Membres. C'est en amenant les gouvernements, les responsables de la réglementation, les opérateurs et les équipementiers à examiner des normes et à faciliter la connectivité mondiale que l'UIT conservera sa prééminence dans le domaine des télécommunications mondiales. C'est grâce à ce dynamisme qu'elle attire de nouveaux Membres et c'est à ce dynamisme qu'elle doit son succès.

Les organisations régionales doivent continuer de participer plus activement à l'instauration d'un consensus à l'échelle mondiale. On a besoin des groupes régionaux pour mieux comprendre les enjeux, pour venir à bout des nombreux problèmes épineux qui se posent et, en définitive, pour pouvoir prendre des décisions en toute connaissance de cause. Selon moi, les organisations régionales et sous-régionales servent de cadre aux premiers échanges de vues qui permettent de bien comprendre les enjeux et de parvenir à un consensus à l'UIT.

L'UIT se doit de jouer un rôle de premier plan dans le développement des télécommunications. Comme je l'ai indiqué dans mon programme en quatre points, elle doit assumer les fonctions d'artisan crédible du développement en mettant à disposition ses compétences et en travaillant en collaboration étroite avec le secteur public et le secteur privé. C'est en collaborant avec les gouvernements, le secteur privé et les institutions de financement que l'UIT sera à même de fournir les avis et les compétences nécessaires pour faciliter le financement de projets de développement.

Question 3
Il ressort des dernières conférences de l'UIT que le conflit entre les exigences des réseaux mondiaux et les droits souverains nationaux ne fait que croître. Comment peut-on les réconcilier dans le cadre de l'UIT?

Ce conflit est au centre des mutations qui s'opèrent actuellement à l'échelle mondiale. L'UIT, tout comme ses Membres, doit être prête à faire face au changement, si elle veut que les techniques disponibles favorisent réellement la mise en place de réseaux et d'une connectivité dans le monde. S'il est vrai que chaque Etat souverain assure comme il l'entend sa connectivité mondiale, il lui faut également reconnaître que les techniques ont tellement évolué que cette connectivité est désormais possible indépendamment des frontières nationales.

La coopération, le consensus et le compromis sont indispensables pour atteindre un double objectif: assurer l'expansion des réseaux à l'échelle mondiale et permettre à tous les habitants de la planète de se connecter à tout moment et en tout lieu. L'UIT peut concourir à cet objectif en veillant à ce que tous les pays et tous les peuples puissent avoir accès à des réseaux mondiaux compte tenu de la souveraineté nationale. Partisan convaincu du progrès technique, je souhaite que des réseaux soient mis en place dans le monde entier pour garantir à tous une connectivité mondiale. J'oeuvrerai en ce sens en privilégiant la collaboration.

Question 4
Les exigences auxquelles l'organisation doit répondre grandissent plus vite que ses ressources: la déréglementation fait intervenir plus d'acteurs et donc un nombre plus élevé de Membres au sein de l'UIT; par ailleurs, on assiste à une érosion des bases financières de l'organisation parce que certains Membres choisissent de diminuer le nombre de leurs unités de contribution. Diverses propositions visant à renforcer l'UIT, notamment le recouvrement des coûts ou les solutions génératrices de recettes, se sont heurtées à une forte résistance, tout comme la proposition visant à accorder à l'industrie plus de pouvoir quant à l'attribution des ressources et à l'établissement des priorités en échange d'une participation accrue aux dépenses. Que proposeriez-vous pour faire avancer les choses?

L'UIT est une organisation en plein essor et cet essor doit se poursuivre. La participation du secteur privé s'est considérablement accrue en raison de la libéralisation des télécommunications mondiales. Il nous faut canaliser ces énergies et faire en sorte que l'UIT soit davantage à l'écoute des besoins de ses Membres en général. Il nous faut aussi examiner attentivement s'il est possible et avantageux d'instaurer des mécanismes de recouvrement des coûts à l'UIT en déterminant si ces mécanismes répondent bien aux attentes. En cette période de mutations profondes et à l'approche du nouveau millénaire, l'UIT et ses Membres doivent se préparer à relever de nouveaux défis, notamment financiers. Je me propose de travailler en collaboration étroite avec le nouveau Secrétaire général et les Membres pour aborder sans tarder ces questions. Nous devons avant tout informer tous les Membres et avoir la possibilité de débattre ouvertement de cette question avec eux, en vue de trouver une solution qui permettra d'obtenir les résultats financiers escomptés et de parvenir à un consensus.

Question 5
Etant donné la diversité des membres de l'organisation (vendeurs, organismes scientifiques, fournisseurs de services, radiodiffuseurs des pays les plus pauvres de la planète aux nations les plus puissantes), comment l'organisation peut-elle satisfaire à leurs besoins concurrents d'une manière efficace sur le plan financier?

L'UIT s'efforce de répondre aux besoins de ses Membres depuis longtemps et de remplir la mission délicate qui est la sienne, à savoir rechercher un consensus.

La diversité de ses Membres est assurément un défi pour l'Union, mais elle doit aussi être une force à canaliser au profit de tous. Il faut procéder à un examen détaillé pour déterminer comment servir au mieux à bref délai, les intérêts de tous les Membres, tout en adoptant des mesures d'un bon rapport coût-efficacité. L'UIT doit prendre en compte les vues de toutes les parties en présence et miser sur toutes les compétences dont elle dispose pour promouvoir un consensus satisfaisant au mieux les intérêts de tous les Membres. Les ressources étant limitées, leur attribution doit se faire selon des modalités équitables, compte tenu des questions particulières présentant un intérêt primordial pour maints pays en développement. Cela étant, on ne saurait faire abstraction des intérêts des autres Membres, d'où la nécessité de trouver un équilibre judicieux tenant compte des ressources de chacun. Cette tâche est loin d'être facile, mais elle est de la plus haute importance pour le choix des orientations au prochain millénaire.

Question 6
Dans le Plan stratégique pour la période 1995-1999, on peut lire ceci: "actuellement, l'UIT est certainement l'une des organisations internationales les moins connues, malgré le fait que le développement du réseau mondial de télécommunication joue un rôle de plus en plus crucial pour le bien-être de l'humanité. Les Membres de l'Union lui ont demandé de jouer un rôle de premier plan dans la communauté internationale. A cette fin, l'UIT doit communiquer son message avec plus de force qu'elle ne le fait actuellement, et veiller à ce que les gouvernements soient conscients du rôle que jouent les télécommunications au service du développement socio-économique". Quelles mesures concrètes prendriez-vous pour atteindre cet objectif, quel serait votre programme de "Communication"?

A l'heure actuelle, les gouvernements sont de plus en plus conscients de l'importance des télécommunications pour le développement socio-économique. De nombreuses études faites, entre autres par l'UIT, montrent clairement que le développement du secteur des télécommunications a des effets positifs sur la prospérité économique et le bien-être social d'un pays. L'UIT doit diffuser ce message aux Membres par tous les moyens dont elle dispose, par exemple sur son site Web, dans le cadre de réunions régionales et sectorielles, de conférences politiques et de développement et, d'une manière plus générale, dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies. Elle doit participer à un plus grand nombre de conférences des télécommunications et transmettre ce message dans le monde entier. La diffusion de ce message doit cependant commencer avant tout au sein même de l'Organisation: le personnel doit parfaitement comprendre les objectifs de l'Union. Les fonctionnaires de l'UIT sont en effet des ambassadeurs tout désignés lorsqu'ils sont en mission à l'étranger.

Question 7
Quelles seraient vos trois grandes priorités pour la période séparant la PP-98 de la Conférence de plénipotentiaires suivante?

Bien que j'aie déjà présenté mon programme en quatre points pour le nouveau millénaire, je tiens à souligner qu'il faut renforcer le rôle du Vice-Secrétaire général, afin que celui-ci s'occupe de bon nombre des activités courantes de l'Union et prenne une part active dans la planification stratégique de l'UIT. A cet égard, il faudra en priorité:

  1. travailler rapidement, pour faire en sorte que l'UIT soit une organisation bien gérée, à l'écoute des besoins de ses Membres et en phase avec les exigences que l'évolution de l'environnement des télécommunications impose aux gouvernements et au secteur privé;
  2. faire en sorte que l'UIT favorise l'entente et améliore la coopération entre les gouvernements et un secteur privé, toujours plus influent;
  3. l'UIT doit jouer un rôle de premier plan dans le développement des télécommunications. A cet effet, elle doit promouvoir le développement et offrir ses compétences en travaillant en collaboration étroite avec le secteur public et le secteur privé.

Question 8
Avez-vous quelque chose à ajouter?

L'UIT doit se préparer à entrer dans le nouveau millénaire. Pour leur part, les Membres, les gouvernements et le secteur privé doivent être en mesure de faire face au changement et être prêts à relever les défis de demain. Communication, coordination, coopération et consensus: tels sont les quatre "Clés" du succès à l'aube du nouveau millénaire. Dans cette perspective, le Vice-Secrétaire général doit être un chef de file dynamique et déterminé, attentif aux différents besoins des Membres de l'UIT. Il doit jouer un rôle de catalyseur et concilier tous les points de vues en s'assurant le concours des nombreuses organisations susceptibles de contribuer au développement de la connectivité mondiale. Il doit enfin faire preuve de souplesse pour pouvoir travailler dans des environnements très divers et collaborer avec le futur Secrétaire général.n

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