La convergence:
promesses tenues?
Retour sur les principes de base de la réglementation des
télécommunications, de l’octroi de licences et de la gestion du spectre
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Un secteur naguère articulé autour du «bon vieux service téléphonique» se transforme peu à peu en un
monde dans lequel de multiples applications — voix, données, multimédia — sont désormais offertes
aussi bien sur les réseaux filaires que sur les réseaux hertziens
Philips |
Ainsi donc, la convergence a bel et bien eu
lieu, qui détermine désormais l’avenir des
communications. La confirmation nous
en est donnée dans le dernier Rapport publié
par l’UIT sous le titre «Tendances des réformes
dans les télécommunications 2004/2005». Ce
document, judicieusement ciblé sur l’octroi de
licences à l’ère de la convergence, explique que
le secteur des technologies de l’information et
de la communication (TIC) est en pleine mutation, une mutation radicale, puisqu’un secteur
naguère articulé autour du «bon vieux service
téléphonique» se transforme peu à peu en un
monde dans lequel de multiples applications
— voix, données, multimédia — sont désormais
offertes aussi bien sur les réseaux filaires que
sur les réseaux hertziens. Sous l’effet de cette
évolution, les pays ont entrepris d’actualiser
leurs différents systèmes d’octroi de licences et
de réglementation, afin de faire face à la nouvelle
donne de la convergence. Le Rapport a délibérément été publié à la veille du Colloque mondial
des régulateurs, qui va se dérouler à Genève du
8 au 10 décembre 2004.
Dans sa triple incarnation — technologique, commerciale et réglementaire — la convergence pose une
étourdissante combinaison de problèmes de réglementation et de juridiction
que les décideurs et les régulateurs
devront traiter, tout particulièrement dans le
domaine de l’octroi de licences. La sixième édition
des Tendances des réformes dans les télécommunications aborde un bon nombre de ces problèmes
dans la recherche d’un dialogue mondial sur
l’octroi de licences et la convergence dans le
secteur des TIC. Les décideurs et les régulateurs
peuvent-ils envisager de déréglementer totalement le système d’octroi de licences d’utilisation
du spectre? Comment pourront-ils réussir la transition et mettre en place, à l’heure de la convergence, un système d’octroi de licences ne favorisant pas excessivement soit les opérateurs établis
soit les nouveaux venus sur le marché? A supposer qu’à la fois les nouveaux participants et les
participants déjà en place bénéficient de licences
moins restrictives, quels sont les moyens dont
disposent les régulateurs pour veiller à ce que
l’intérêt général soit servi au mieux? A l’échelle
des pays, les pouvoirs publics peuvent-ils assouplir les conditions d’octroi des licences tout en
poussant les opérateurs à travailler à la réalisation
d’objectifs sociaux tels que l’accès universel?
Autant de questions que nous pourrons prendre
ici pour exemples.
Ce qui est clair, c’est que dans un certain
nombre de pays, les pouvoirs publics montrent
déjà l’exemple en actualisant leurs systèmes
d’octroi de licences et de réglementation afin de
promouvoir un accès financièrement abordable à
toute la gamme des services de communication disponibles, de la téléphonie à
l’Internet à haut débit. A cet égard, le Colloque mondial des régulateurs
devrait publier une déclaration sur les meilleures pratiques de promotion du
large bande à faible coût et de la connectivité Internet.
Convergence: qu’y
a-t-il dans un nom?
Musique en ligne grâce à la connectivité
hertzienne: système audio sur Internet
large bande
Philips |
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Dans l’histoire des télécommunications, les fournisseurs de services ont successivement utilisé
différents types de réseaux pour la
téléphonie vocale, la vidéo ou les
données. De même, les utilisateurs
finals accèdent généralement à
ces services au moyen d’équipements différents. Mais les
choses ont bien changé, avec
l’évolution des techniques qui
estompe les lignes de démarcation entre les différents
systèmes de transmission
filaire et de transmission hertzienne, notamment ceux qui
reposent sur le protocole Internet
(IP). Les vieux réseaux à fils de cuivre
sont peu à peu modernisés et convertis progressivement en réseaux large bande de lignes
d’abonné numériques (DSL, digital subscriber
line) offrant l’accès Internet à grand débit pour
diverses applications multimédias telles que
vidéoclips et téléchargement de musique... De
plus en plus, le trafic de téléphonie vocale acheminé sur ces réseaux remis au goût du jour se
dirige vers les réseaux de téléphonie IP (VoIP) et
les réseaux VOB (téléphonie large bande). La
figure 1 fait apparaître que le trafic international
de téléphonie vocale s’est chiffré à presque 170
milliards de minutes en 2003, dont 87% acheminé
sur les réseaux commutés traditionnels et 13,1%
(soit 22 milliards de minutes) sur l’infrastructure
VoIP.
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Technologie audio pour personnes en
mouvement: lecteur MP3-CD |
Les systèmes de télévision par câble (CATV),
autrefois utilisés simplement pour acheminer les
programmes radiodiffusés jusque chez l’abonné,
sont également réaménagés et deviennent des
réseaux interactifs offrant aussi bien des contenus
vidéo à la carte que l’accès Internet large bande
et la téléphonie vocale. Les opérateurs de câblo-télévision peuvent aujourd’hui faire concurrence,
à armes égales, aux opérateurs de télécommunication sur un grand nombre de secteurs du marché.
La nouvelle offre type des fournisseurs de services
est désormais une «triade» de services TIC — voix,
accès Internet large bande et radiodiffusion — proposés sous forme de forfait mensuel.
Ainsi, une large gamme de services et d’applications étant désormais disponible auprès de multiples
opérateurs de réseau et fournisseurs
de services, il est difficile de faire la
distinction entre les réseaux de téléphonie, les réseaux pour données et
les réseaux de radiodiffusion. Aux
yeux du consommateur, ces réseaux précédemment nettement différenciés finissent par
se ressembler, puisqu’ils sont susceptibles de
fournir pour ainsi dire les mêmes services et les
mêmes contenus. Les fabricants commencent à
offrir des équipements hertziens capables de
transmettre des données multimédias dans les différentes pièces des habitations, de telle sorte
que des séquences vidéo téléchargées sur un
ordinateur de bureau peuvent être affichées sur
le récepteur de télévision familial.
Figure 1 — L’évolution du trafic de
téléphonie vocale international
Tendances du trafic de téléphonie vocale international acheminé par les réseaux téléphoniques
commutés (RTPC) et les architectures de téléphonie
IP (VoIP), en milliards de minutes (1997–2003) |
|
Source: UIT/TeleGeography, Base de données «Direction of Traffic» et
Base de données d’indicateurs des télécommunications dans le monde de
l’UIT. La société TeleGeography Inc. fait désormais partie de la PriMetrica
(www.primetrica.com). |
Si l’on ajoute à tous ces éléments d’évolution
le vif essor des services de téléphonie cellulaire
mobile, l’avènement des services mobiles de
troisième génération (3G ou IMT-2000), l’introduction de nouveaux systèmes large bande hertziens fixes tels que le Wi-Fi et le Wi-Max, faut-il
alors s’étonner que les régulateurs et les décideurs, dans les pays développés, aient entrepris
de repenser intégralement certains principes
fondamentaux de la réglementation, de l’octroi
de licences et de la gestion du spectre dans le
secteur des télécommunications?
Philips |
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Un nouveau rôle pour les
licences
Lorsque se sont amorcées les réformes du
secteur des télécommunications, dans les
années 80 puis dans les années 90, bon nombre
de pays utilisaient les licences comme moyen de
contrôler l’accès au marché et d’imposer, par la
voie de la réglementation, diverses obligations.
Mais même après le stade initial de la libéralisation des marchés, le système d’octroi de licences
en vigueur dans certains pays est encore un
moyen de «filtrer», en quelque sorte, l’accès au
marché. Cependant, en cette nouvelle époque
placée sous le signe de la convergence, les décideurs sont de plus en plus nombreux à remettre
en question l’utilité des licences et à insister pour
qu’elles soient adaptées aux objectifs de politique
générale, de sorte qu’elles n’entravent aucunement le développement des marchés et le progrès
des techniques. Ces préoccupations sous-tendent
désormais deux tendances très nettes, d’une part
la multiplication des services faisant l’objet d’obligations de licence minimales — ou tout simplement sans obligation de licence — et d’autre part
l’élaboration de systèmes d’octroi de licences
adaptés à la convergence, dans lesquels il existe
une distinction entre les licences associées aux
services traditionnels et les licences associées à
telle ou telle technologie spécifique. Le tableau 1
ci-après donne quelques exemples de systèmes
adaptés à la convergence actuellement en vigueur
dans le monde.
Les licences sont-elles réellement
nécessaires?
L’importance des licences varie d’un pays à
l’autre. Dans un petit nombre de pays où le monopole d’exploitation était un monopole privé — et
tout particulièrement aux Etats-Unis et au
Canada — les licences de télécommunication ne
sont pas largement utilisées comme moyen de
réglementation. Ces pays utilisent plutôt un système de règles définies par la réglementation, les
divers codes, les décisions du régulateur, etc.
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Tableau 1 — Systèmes d’octroi de licences adaptés à
la convergence en vigueur dans le monde |
Pays |
Systèmes d’octroi de licences |
Australie |
Licence d’exploitation et licence de fournisseur
de services de transport |
Union européenne1 |
Système général d’autorisation
|
Inde |
Système unifié
|
Japon |
Simple enregistrement/notification
|
Kenya, Malaisie, Maurice, Tanzanie2 |
Système adapté à la convergence
|
Mali, Ouganda3 |
Licence d’opérateur national adaptée à la
convergence |
Singapour |
Licence d’opérateur disposant de sa propre
infrastructure et licence de prestation de services |
1 La Directive 2002/20/EC du Parlement européen et du Conseil du 7 mars 2002 fait obligation
aux 25 Etats Membres de l’Union européenne d’appliquer un système d’autorisation générale
visant toutes les formes de communications électroniques (voir
http://europa.eu.int/information_society/topics/telecoms/regulatory/new_rf/index_en.htm). La directive était appliquée dans
l’ensemble de l’Union européenne à la date de publication du rapport de l’UIT: Tendances des
réformes dans les télécommunications 2004/2005. 2 Le Kenya et la Tanzanie ont entrepris de mettre en œuvre un système d’octroi de licences adapté
à la convergence. Pour tout complément d’information sur le système d’octroi de licences proposé
en Tanzanie, voir http://www.itu.int/ITU-D/treg/Case_Studies/Index.html
3 Pour tout complément d’information sur le système d’octroi de licences en vigueur en Ouganda,
voir http://www.itu.int/ITU-D/treg/Case_Studies/Index.html |
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Etant donné qu’il existe de nombreux moyens
de réglementation du comportement et des activités des opérateurs sur le marché, et que ces
moyens sont largement disponibles, on peut
s’interroger sur la nécessité des licences en
général. Par exemple, la multiplication des fournisseurs de services Internet (ISP, Internet Service
Providers) dans la quasi-totalité des régions du
monde illustre bien la tendance au «recul» des
licences. En général, les ISP ne disposent pas
d’importantes infrastructures de transmission,
puisqu’ils dépendent essentiellement des lignes qu’ils louent aux fournisseurs d’infrastructures.
Les obstacles économiques à l’accès au marché
des ISP sont peu importants, et une saine
concurrence est toujours possible, même sur les
petits marchés géographiques. C’est pour cette
raison d’ailleurs que certains pays ont institué
des politiques de «libre accès» des ISP. Les nouveaux opérateurs n’ont pas besoin d’obtenir des
licences individuelles ou d’autres types d’approbation formelle auprès des pouvoirs publics avant
d’accéder au marché — ils n’ont même pas
besoin de notifier le régulateur au préalable. Dans
d’autres pays, une notification est requise, mais
pas avant le début de l’exploitation. Les études
effectuées donnent à penser que, dans les pays
où des procédures d’approbation réglementaire
officielles s’appliquent aux ISP, les utilisateurs de
l’Internet et les hôtes Internet sont moins nombreux que dans les pays qui n’exigent pas ce type
d’approbation. D’ailleurs, même dans le cas de
l’accès libre ou de la simple notification, les
fournisseurs de services Internet peuvent être
«surveillés» par les pouvoirs publics en ce qui
concerne par exemple la protection des consommateurs. En effet, ils sont souvent visés par la
réglementation générale qui s’applique à tous
les types d’entité commerciale — ou à tout le
moins à certaines catégories ou «classes» d’entreprises. Certains groupes ou classes spécifiques
peuvent en effet être visés par une obligation
d’autorisation générale («licences de catégorie»)
ou encore faire l’objet d’une réglementation ou
de règles spécifiques.
Fréquences utilisables sans licence
L’attribution de fréquences pouvant être utilisées
sans licence est de plus en
plus considérée comme un
véritable élément de catalyse dans la mise au point
de techniques hertziennes
plus efficaces et plus rentables. A la fin 2004, 55 pays
avaient déjà attribué des
fréquences pouvant être
utilisées sans obligation de
licence. Les Etats-Unis
sont l’un des pays dans
lesquels les fréquences non
assorties d’obligation de
licence peuvent être utilisées à toute fin légale, y
compris pour l’accès large
bande à l’Internet. Dans un
tel environnement, de nouvelles entreprises et organisations offrent désormais
l’accès Internet large bande dans des régions
précédemment non desservies, et l’on cite souvent à cet égard l’exemple du village numérique
du sud de la Californie dans lequel un système
Wi-Fi (wireless fidelity) utilisable sans licence
permet d’offrir l’accès large bande à plus de
12 000 Indiens d’Amérique de 17 tribus réparties
sur une vaste région isolée.
Vers un système d’octroi
de licences adapté à la
convergence
Avec
l’avènement de nouveaux systèmes large bande hertziens fixes tels que le
Wi-Fi et le Wi-MAX, les régulateurs et les décideurs repensent certains
principes fondamentaux de la réglementation, de l’octroi des licences et
de la gestion du spectre dans le secteur des télécommunications
040107/Photos.com |
|
De la licence individuelle
à l’autorisation générale
Aujourd’hui, dans un certain nombre de pays,
l’obligation de licence visant de nombreux services est progressivement assouplie dans le souci
de supprimer les obstacles à l’accès au marché
et de stimuler la concurrence. Les licences
individuelles obligatoires et les longues procédures de demande de licence sont peu à peu remplacées par des autorisations générales, applicables à un nombre croissant de services. Un
excellent exemple de cette tendance nous est
donné par les Etats membres de l’Union européenne (UE) qui ont lancé une initiative majeure
dont l’objet est de mettre en place une classification unique des licences applicable à l’ensemble
des communications électroniques. Avec cette
directive sur les autorisations, l’Union européenne
cherche à renforcer la cohérence des conditions
d’octroi de licences dans l’ensemble des 25 Etats
membres.
Mis à part l’assignation de fréquences radio-électriques et de numéros, l’Union européenne a
remplacé les licences individuelles par une autorisation générale de prestation applicable à tous les
types de réseau et de service de communication
électronique, dans un nouveau cadre de réglementation visant les communications électroniques. Ce
nouveau cadre de réglementation, entré en vigueur
en juillet 2003, est par ailleurs technologiquement
neutre, et suffisamment souple pour s’appliquer
aux marchés convergents. Les règles d’autorisation
définissent une procédure administrative simple
et «légère», qui permet à de nouveaux opérateurs
d’accéder rapidement aux marchés. Toutefois,
malgré cette souplesse, ce nouveau cadre de réglementation prévoit des évaluations et des révisions
régulières. La Commission européenne doit précisément procéder à un réexamen au plus tard en
2006 pour traiter de diverses questions concernant
les autorisations et la convergence.
Des licences spécifiques aux licences
générales
En Malaisie, la CMA (Communications and
Multimedia Act — Loi sur les communications et
le multimédia), promulguée en 1999, définit une
structure réglementaire spécifiquement conçue
pour tenir compte de la convergence et s’y adapter. Plus particulièrement, la CMA porte application d’un système d’octroi de licences neutre aussi
bien sur le plan des technologies que sur le plan
des services pour les télécommunications et la
radiodiffusion, de sorte que les trente et une
licences spécifiques délivrées dans ce pays en
fonction des services ont fait place à une classification en quatre catégories générales de licences, comme suit:
Fournisseurs d’installation de réseau:
Infrastructures, dont stations terriennes de communication par satellite, câbles à fibre optique,
lignes et centres de communication, équipements
de radiocommunication et de transmission, stations de base mobiles et tours et équipements de
radiodiffusion.
Fournisseurs de services de réseau:
Connectivité de base et large bande, pour toutes
applications, connexion des différents réseaux
— cellulaires, distribution de radiodiffusion, services mobiles par satellite.
Fournisseurs de services d’application:
Sont placés dans cette catégorie les titulaires de
licences qui sont prestataires de services spécifiques
— téléphonie vocale, données, commerce électronique. Sont également couverts l’accès Internet, la
téléphonie IP, la radiorecherche et l’audiotexte.
Fournisseurs de services d’application
de contenu: Sous-ensemble d’applications
spéciales, couvrant les services de radiodiffusion
traditionnels, les services de publication en ligne
et les services d’information en ligne.
Toujours en Malaisie, l’autorité nationale de
réglementation, la Malaysian Commission for
Multimedia and Communications, a commencé
d’appliquer ce nouveau système d’octroi de licences aux fournisseurs de télécommunication et de
radiodiffusion en 1999. Dans le cadre du système
précédent, 220 licences avaient été délivrées dans
les 31 catégories de services (dont 180 étaient
activement utilisées). Les titulaires de ces licences ont été encouragés à adopter le nouveau
système, et 135 d’entre eux ont accepté les nouvelles licences. Les autres soit avaient cessé leur
activité économique, soit ne souhaitaient plus
assurer le service, soit proposaient des services
pour lesquels une licence n’était plus nécessaire.
Cette procédure de transition s’est achevée en
2002, et l’on pourrait en tirer certaines leçons.
Système d’octroi de licences unifié
Allant plus loin encore, certains pays ont commencé d’introduire certaines mesures à l’effet de
réaliser un modèle d’octroi de licences unifié.
L’exemple de l’Inde est très intéressant à cet
égard. Dans un document de consultation publié
en mars 2004, la TRAI (Telecommunications
Regulatory Authority of India) proposait plusieurs
modèles d’octroi de licences unifiés. La TRAI
avait déjà recommandé, en octobre 2003, de
mettre en œuvre en deux étapes un système
d’octroi de licences unifié. Un système d’accès unifié au service de base (fixe) et aux services
cellulaires a donc été mis en place en novembre
2003, donnant tout loisir aussi bien aux fournisseurs de services fixes qu’aux fournisseurs de
services mobiles de choisir la technologie leur
permettant de proposer leurs prestations.
La seconde étape a consisté à élaborer des
lignes directrices et des règles applicables à un
système d’octroi de licences totalement unifié
pour tous les services. Le 6 août 2004, la TRAI a
publié des projets de recommandations détaillés
sur ce nouveau système ( www.trai.gov.in ), suite
à une procédure de consultation.
D’aucuns affirment que la mise en place d’une
classification des catégories de licences simplifiée
et unique est une solution idéale par sa simplicité
et par sa neutralité. Toutefois, il importe de noter
que ce type d’approche présente des limites. Plus
particulièrement, la gestion du spectre n’est guère
compatible avec une classification unique des
types de licences. Dans le système actuel de gestion du spectre, les fréquences sont réparties en
bandes puis attribuées pour des services spécifiques à l’échelle mondiale et à l’échelle nationale.
Le système vise à minimiser les brouillages et à
favoriser l’harmonisation et les économies
d’échelle dans la fabrication des équipements. En
conséquence, la plupart des pays procèdent à
l’assignation des droits d’utilisation des fréquences
en fonction des technologies ou des services, à
l’exception notable de pays tels que l’Australie, la
Nouvelle-Zélande et le Guatemala, qui offrent une
grande souplesse d’utilisation des fréquences.
Neutralité technologique et
neutralité par rapport aux
services
L’un des objectifs essentiels qui sous-tendent
l’adoption d’un système d’octroi de licences adapté
à la convergence consiste à parvenir à la neutralité
technologique, expression qui signifie que le titulaire de la licence est toujours libre de choisir la
technologie et les équipements qui seront utilisés
pour fournir le service considéré. Par exemple, un
projet d’accès universel en milieu rural qui prévoit
de subventionner un service de cabines téléphoniques publiques peut être considéré comme
technologiquement neutre lorsque l’opérateur peut
choisir la technologie ou l’architecture économiquement optimale, à son avis, pour assurer le
service, qu’il s’agisse d’un système VSAT (microstation), d’une architecture cellulaire mobile ou
d’un réseau à fibres optiques — ou même d’une
combinaison de ces divers moyens.
Pourtant, une licence «technologiquement
neutre» n’est pas nécessairement la même chose
qu’une licence «parapluie» unique, couvrant la
totalité des services TIC. Le meilleur exemple
d’une neutralité caractérisant l’aspect technologique, mais non pas l’aspect «service» est celui d’une licence de service mobile dont le bénéficiaire peut choisir soit d’exploiter un système
GSM soit d’exploiter un système AMRC.
Un système d’octroi de licences technologiquement neutre est un système de réglementation
équitable et prévisible, suffisamment souple pour
être adapté à l’évolution des techniques et à celle
des marchés.
Source: Tous les articles de
cette section de ce numéro des Nouvelles de l’UIT sont des
adaptations d’extraits du rapport «Tendances des
réformes dans les télécommunications 2004-2005:
L’octroi de licences à l’ère de la convergence»,
rédigé par une équipe de contribuants extérieurs
et de fonctionnaires de l’UIT composée de Doreen
Bogdan-Martin, Susan Schorr, Nancy Sundberg,
Tim Kelly et Eric Lie. Pour tout complément d’information sur cette sixième édition des Tendances
des réformes dans les télécommunications et les
autres activités de réglementation de l’UIT, voir
sous www.itu.int/ITU-D/treg/ |
Un certain nombre de pays, ayant déjà considéré
la question de la neutralité technologique, s’intéressent de plus en plus à des catégories de licences
neutres par rapport aux services. Ici, les titulaires
commencent par cerner sur le marché les services
les plus demandés ou les plus rentables. L’obtention d’une licence générique permet à un opérateur
de proposer une large gamme de services et d’applications différents, adaptés aux fluctuations de
la demande sur le marché. Les systèmes d’octroi
de licences adaptés à la convergence qui comportent un élément de neutralité technologique et de
neutralité par rapport aux services offrent en fait
à un opérateur la possibilité de proposer une plus
large gamme d’applications et de services en utilisant les technologies de son choix. Un grand
nombre de pays — ainsi de l’Australie, des Etats
membres de l’Union européenne et de la Malaisie
par exemple — ont adopté de tels systèmes (se
reporter aux exemples du tableau 1).
Conclusion
Si la tendance aujourd’hui s’inscrit nettement dans le sens de l’adoption de
systèmes d’octroi de licences plus souples et plus simples, les régulateurs n’en
ont pas moins à faire face à un grand nombre de problèmes et de choix dans les
efforts qu’ils déploient pour parvenir à un tel idéal. Mis à part le problème de
l’adoption d’un système d’octroi de licences adapté à la convergence, un grand
nombre de questions devront être résolues tout au long de cette progression —
problèmes de gestion du spectre, fixation des redevances de licence, mise en
place de conditions équitables pour les opérateurs, réalisation des objectifs de
politique générale, notamment accès universel, etc. Mais, si l’on maintenait le
statu quo, la procédure d’octroi de licences pourrait faire obstacle au
développement des marchés des télécommunications.
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