5.7.c

Une organisation internationale a installé un petit bureau hors siège dans un village reculé d'un pays d'Afrique centrale. Un entrepôt a été construit à l'extérieur du village pour stocker l'aide humanitaire que l'organisation devait distribuer dans les différents camps, à proximité. Une liaison vocale en ondes courtes avait été mise en place entre ce bureau et le bureau central de l'organisation situé dans la capitale du pays sinistré mais l'entrepôt n'avait aucun équipement de communication, ce qui était problématique car un messager devait faire la navette entre le bureau hors siège et l'entrepôt, chaque fois qu'il fallait communiquer des instructions concernant l'arrivée ou la distribution de l'aide humanitaire. Le gardien de l'entrepôt lui aussi devait prendre sa bicyclette pour se rendre jusqu'au village, chaque fois qu'il avait besoin d'informer le bureau hors siège de l'état des stocks. Il a donc demandé au bureau hors siège de lui fournir un moyen de communication.

Le bureau hors siège a transmis la demande au bureau de la capitale qui, à son tour, l'a répercuté au siège de l'organisation situé en Europe. Là, le fonctionnaire chargé des questions d'exploitation pour les pays d'Afrique centrale a demandé au responsable administratif de faire acheter des équipements de télécommunication pour l'entrepôt, en précisant que ce dernier était très isolé. La demande a fini par arriver au service central des achats. N'ayant pas d'autres détails, ce service a estimé que la meilleure solution pour un endroit aussi reculé serait une liaison par satellite.

Les premiers terminaux mobiles de satellite venaient tout juste d'être commercialisés et un de ces terminaux, encore très encombrants, a été acheté à grand prix et transporté jusqu'à l'entrepôt. Résultat: le gardien de l'entrepôt pouvait maintenant joindre n'importe quel abonné des réseaux téléphoniques publics (au tout début, le coût d'une communication par satellite était d'environ 8 USD par minute), mais il ne pouvait toujours pas atteindre le bureau hors siège qui n'avait pas de téléphone. Il avait pensé pour sa part à une paire de talkie-walkie coûtant peut-être 5% du prix du terminal de satellite et permettant de passer un nombre illimité d'appels gratuits entre l'entrepôt et le bureau. Cet élément essentiel de la demande avait tout simplement été occulté dans les méandres des paperasseries administratives, faute d'avoir consulté un spécialiste des télécommunications.