ENJEUX POLITIQUES ET PERSPECTIVES DES SYSTEMES MOBILES MONDIAUX DE COMMUNICATIONS PERSONNELLES PAR SATELLITE:
LE POINT DE VUE DE GLOBALSTAR

Douglas G. Dwyer,
Président de GLOBALSTAR

Les pays en développement du monde entier prennent rapidement conscience du fait que la modernisation de leur réseau de télécommunication est une condition essentielle et fondamentale pour leur développement et que la prospérité ne crée pas la télédensité, mais que la télédensité crée la prospérité. Une infrastructure de télécommunication bien développée offre aux pouvoirs publics et aux habitants des nations de multiples possibilités: rassembler, traiter et diffuser rapidement des informations sur le territoire national et en différents points du monde; faire face à des situations d'urgence; exploiter utilement des renseignements dans la minute même où ils ont été reçus (du dernier bulletin météorologique jusqu'à l'actualisation des cartes des maladies qui frappent les récoltes); prendre part à l'économie mondiale; aider à l'éducation des masses et assurer maints autres services essentiels.

Malheureusement, la majorité de la population mondiale n'a pas accès à des services de télécommunication adéquats. En fait, bon nombre des habitants de la planète n'ont encore jamais utilisé un téléphone. Selon l'UIT, les deux tiers des lignes téléphoniques du monde sont installées dans les pays à revenus élevés, qui ne comptent que 15% de la population mondiale. S'ils souhaitent certes bénéficier d'une infrastructure de télécommunication, les pays en développement sont limités dans ce qu'ils peuvent offrir à leur population, par leurs moyens financiers ou matériels. Ils se heurtent souvent à de nombreux problèmes, par exemple faible densité de population et relief accidenté ou obstacles naturels infranchissables, qui rendent impossible l'installation de lignes téléphoniques classiques.

Mais l'apparition d'une nouvelle génération de systèmes de télécommunication par satellite - les systèmes mobiles mondiaux de communications personnelles (GMPCS) - ouvre aux pays en développement des perspectives prometteuses en matière d'offre de services nationaux et internationaux à un coût raisonnable. Le système GMPCS Globalstar en fait partie. Il utilise une constellation de 48 satellites sur orbite basse (LEO) qui assureront des communications numériques vocales et de données/télécopie à l'aide de combinés téléphoniques cellulaires de faible puissance, munis d'antennes équidirectives. Ces caractéristiques leur garantiront la souplesse et la mobilité nécessaires pour assurer un large éventail de services, depuis l'acheminement des communications téléphoniques aux hommes d'affaires en déplacement dans le monde entier jusqu'à l'installation, dans les localités rurales, de cabines téléphoniques du service fixe par satellite.

Outre qu'ils offriront des services de télécommunications mobiles aux usagers dans le monde entier, les systèmes GMPCS devraient aussi permettre d'assurer des services téléphoniques de base à un prix abordable aux localités qui sont actuellement privées de tout service téléphonique. Les autres systèmes de services vocaux ruraux - les microstations utilisant des satellites géostationnaires, par exemple - dont le coût peut atteindre plusieurs dizaines de milliers de dollars ($ EU), peuvent poser des difficultés de maintenance dans des régions au relief accidenté qui connaissent des conditions climatiques difficiles. En revanche, une cabine téléphonique fixe de village utilisant le système GMPCS Globalstar ne coûtera que quelques milliers de dollars au maximum, et ne posera aucune difficulté d'installation et de maintenance.

À vrai dire, le succès des GMPCS dépendra en définitive du prix des divers systèmes proposés et de leur souplesse d'adaptation aux besoins spécifiques d'un grand nombre de pays différents. Une multiplicité de problèmes liés à ces impératifs restent à résoudre si l'on veut que les GMPCS deviennent une réalité. Par exemple, de nombreux pays craignent que leurs organismes de réglementation ne puissent exercer ni contrôle ni influence sur les systèmes GMPCS exploités sur leur territoire, ni sur les appels GMPCS entrant et sortant de leur pays par satellite. Ils s'inquiètent également des répercussions d'une baisse éventuelle des recettes de télécommunications internationales.

Les meilleurs moyens de dissiper ces inquiétudes seront, d'une part, d'instaurer dès le départ un dialogue et une coopération avec les autorités nationales et avec les administrations des PTT et, d'autre part, de conclure des accords de partenariat et d'exploitation avec les chefs d'entreprise et avec les fournisseurs de services locaux. Les concepteurs du système Globalstar, par exemple, reconnaissant la nécessité de procéder ainsi dès le stade de la conception initiale du projet, ont placé cette coopération au coeur de leurs plans commerciaux et de leur stratégie d'exploitation.

Complétant et améliorant les réseaux de télécommunication existants - réseaux PTT, réseaux cellulaires ou autres réseaux - le système GMPCS Globalstar ne leur fait pas directement concurrence. Il permettra à ses fournisseurs de services, d'une part, d'offrir rapidement et économiquement des services de télécommunication modernes à de larges tranches de la population actuellement privées de services téléphoniques de base et, d'autre part, d'améliorer les télécommunications hertziennes dans des régions aujourd'hui sous-desservies ou non desservies par les systèmes cellulaires existants.

De plus, ce service sera d'un coût bien inférieur à celui des autres services par satellite. D'ailleurs, le fait est que les entreprises de radiocommunications cellulaires et les administrations des PTT des pays du monde entier ne perçoivent pas le système Globalstar comme constituant pour elles une menace, étant donné qu'il s'ajoutera à leur infrastructure préexistante et qu'il sera exploité dans le cadre des directives de leurs organismes de réglementation nationaux. Les communications établies par l'intermédiaire du système Globalstar seront acheminées par l'intermédiaire de l'infrastructure nationale existante, ce qui permettra aux administrations des PTT de percevoir un juste pourcentage du flux de recettes, sans renoncer à l'exercice de leurs prérogatives habituelles.

En outre, le système Globalstar a été expressément conçu de manière à être compatible avec l'élasticité des tarifs, à être rentable et d'un prix abordable pour les utilisateurs finals. D'un coût global de construction, de mise en oeuvre et d'exploitation d'environ 2,2 milliards $ EU, le système Globalstar sera l'un des systèmes GMPCS les moins onéreux. Ainsi, les prix de gros (offerts aux fournisseurs de services) s'échelonneront de 35 à 53 dollars $ EU la minute, en fonction du volume de trafic écoulé. Les fournisseurs de services Globalstar seront de ce fait en mesure d'offrir des prix très concurrentiels aux utilisateurs finals, tout en assurant une meilleure desserte des régions du monde où la population est encore privée aujourd'hui de services mobiles ou fixes.

Un autre problème, que l'instauration d'une coopération avec les organismes de réglementation locaux et internationaux permettrait de résoudre est celui de l'itinérance régionale et mondiale. Les terminaux de poche ou de bord permettront aux usagers d'utiliser les services GMPCS depuis n'importe quel point du globe ou presque, sans tenir compte, dans certains cas, des frontières et des politiques nationales des pays concernés. Au niveau national, les fournisseurs de GMPCS devront veiller à ne pas offrir leurs services à des utilisateurs non agréés, ni sur le territoire d'un pays qui s'oppose à la fourniture de ces services à l'intérieur de ses frontières.

Le système Globalstar, par exemple, qui sera entièrement intégré aux réseaux fixes et cellulaires existants, ne contournera pas le RTC. Respectant donc entièrement les préférences de service national, ce système pourra refuser l'accès aux utilisateurs non agréés.

Par ailleurs, l'itinérance étant vivement souhaitable, Globalstar appuie les mesures visant à encourager la croissance des GMPCS. Afin d'autoriser les déplacements internationaux, dans une région ou dans le monde entier, Globalstar approuve l'utilisation, à titre facultatif, de codes de numérotation GMSS dans les régions ne disposant pas d'un code local.

L'homologation des équipements est un autre facteur pouvant faciliter ou entraver les déplacements dans le monde entier. Globalstar, qui adhère aux normes de la FCC et de l'ETSI, coopère aux travaux d'homologation des équipements avec les organismes de réglementation de différents pays, par l'entremise de ses partenaires locaux et régionaux. Plutôt que d'établir leurs propres normes, de nombreux pays adoptent celles de la FCC et de l'ETSI ­ qui deviennent de facto les leurs. Il serait donc peut-être souhaitable d'instituer un régime universel d'homologation des équipements, dont la coordination pourrait être confiée à l'UIT. Un tel régime permettrait d'accélérer le processus d'homologation des équipements, de dissiper les incertitudes et de faciliter l'itinérance mondiale des terminaux GMPCS. Ces problèmes, parmi d'autres, ne pourront être résolus que par une coopération avec les organismes de réglementation nationaux et internationaux.

Un autre problème critique est l'accès au marché. Globalstar nourrit l'espoir que les systèmes GMPCS contribueront dans une large mesure à répondre aux besoins actuels et futurs des pays en développement et des pays peu avancés en matière de communications de base. Si l'on veut que tous les pays, et non seulement les pays en développement et les pays peu avancés, bénéficient pleinement des avantages des GMPCS, il importe de se convaincre de la nécessité de ne pas appliquer aux fournisseurs de services GMPCS le même traitement qu'aux organisations de télécommunication traditionnelles (câbles métalliques) publiques ou détenant un monopole. En d'autres termes, même si les fournisseurs de systèmes GMPCS peuvent, dans certains cas, fournir des services téléphoniques de base dans des régions où il n'existe aucun autre service, il n'est ni nécessaire ni souhaitable de les soumettre à la réglementation habituelle (réglementation des prix, restriction de l'ouverture à la concurrence et octroi de subventions).

Cela ne veut pas dire que les inquiétudes qui ont été exprimées en ce qui concerne le contournement, la perte de recettes, la sécurité et la souveraineté nationale sont sans importance. Elles sont au contraire très importantes et il convient de les prendre en considération. Globalstar estime toutefois que de nouvelles méthodes s'imposent pour les dissiper. Les systèmes GMPCS assureront un service téléphonique de haute qualité dans des endroits où ce service n'existait pas auparavant. Ce service stimulera la croissance économique et améliorera sensiblement la qualité de vie des habitants. Les types de problèmes susmentionnés varient d'un pays à l'autre et peuvent, selon Globalstar, être résolus à l'échelon national par une action concertée des fournisseurs de services et des pouvoirs publics. Le Forum mondial sur les politiques de télécommunication qu'organisera prochainement l'UIT ainsi que les États Membres de l'Union devraient se fixer pour principal objectif de définir de concert le potentiel des systèmes GMPCS ainsi que les problèmes liés à ce potentiel.

En tout état de cause ce potentiel semble important, surtout si l'on en juge d'après le grand nombre d'entreprises qui ont engagé des ressources considérables pour offrir des services GMPCS. Combien d'opérateurs de systèmes GMPCS le marché peut-il admettre? Dans une étude effectuée en 1992, KMPG Peat Marwick estime au bas mot à 5,3 millions le nombre total d'abonnés aux GMPCS dans le monde entier en 2002, sur lesquels 2,7 millions seront abonnés aux services mobiles (appareils portables ou installés à bord de véhicules) et 2,6 millions seront abonnés aux services GMPCS ruraux/fixes. Plus récemment, MTA-EMCI Telecommunications Consultants a calculé que les seuls abonnés au service téléphonique mobile GMPCS (sans compter les téléphones GMPCS implantés en site fixe en milieu rural) seront de 9 à 15 millions dans le monde entier d'ici à 2004. En outre, selon les projections de croissance effectuées par Pyramid Research dans une étude récente, le nombre d'abonnés aux systèmes GMPCS dans les pays en développement passera de 80 000 à la fin de 1997 à 34,9 millions en 2010. Sur la base de ces projections, Globalstar table sur un minimum de 2,7 millions d'abonnés d'ici à 2002 et de 16,37 millions d'abonnés d'ici à 2012.

Les GMPCS présentent pour les pays en développement du monde entier des avantages évidents, comme la rapidité d'accès, à un prix abordable, à des services de télécommunication modernes qui peuvent être extrêmement bénéfiques à leur développement économique et aux activités contribuant à renforcer leur cohésion nationale. Les systèmes GMPCS joueront un rôle essentiel dans le développement économique des pays en développement du monde entier en leur permettant de ne pas passer à côté de la révolution mondiale des services de communications personnelles.

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