Reportage N° 2

LES SYSTEMES "MINI LEO" GAGNERONT-ILS
LA COURSE A L'ESPACE SATELLITAIRE?

Cet article est le deuxième d'une série de quatre articles consacrés aux systèmes mobiles mondiaux de communications personnelles par satellite (GMPCS). Il a été rédigé de façon à coïncider avec le prochain Forum mondial des politiques de télécommunication de l'UIT, qui se tiendra à Genève du 21 au 23 octobre.

Cet article rappelle quelques éléments sur les nouveaux systèmes "mini LEO" qui sont proposés. Il indique ce que ces systèmes peuvent offrir aux utilisateurs et comment ils se placent par rapport aux autres propositions de systèmes GMPCS.


Dans le domaine des nouveaux systèmes mondiaux de communications personnelles par satellite (GMPCS) qui sont prévus, les systèmes dits "mini LEO" paraissent souvent jouer un rôle secondaire par rapport à leurs frères dits "super LEO". Après tout, ce sont les très ambitieux systèmes super LEO qui promettent de nous apporter la téléphonie mobile mondiale, à destination et en provenance de n'importe quel endroit du monde. Et ce sont les opérateurs de systèmes super LEO qui font les gros titres lorsqu'ils recherchent les investisseurs qui apporteront les capitaux nécessaires pour faire décoller leurs systèmes à plusieurs milliards de dollars.

Les opérateurs de systèmes mini LEO sont plus réservés et même plus modestes. Ils peuvent sans doute se le permettre car il est probable que les services prévus par ces systèmes seront les premiers à arriver sur le marché et, ce qui est plus important, il semble qu'il y ait un grand nombre d'acheteurs disposés à acheter leur produit. Certains craignent qu'on ne puisse pas dire la même chose des systèmes super LEO rivaux.

Les satellites mini LEO sont ainsi appelés parce qu'ils sont petits (environ un mètre cube pour une masse d'environ 100 kg) et parce qu'ils occupent ce qu'on appelle une orbite terrestre basse. En pratique, cela veut dire qu'ils occupent des créneaux orbitaux situés à une altitude comprise entre 700 km et 1 500 km de la Terre, ce qui est "bas" par rapport à d'autres systèmes à satellites. Les systèmes LEO ne sont pas géostationnaires, c'est­à­dire que, contrairement aux satellites géostationnaires qui composent la plupart des réseaux existants de communications par satellite, ils se déplacent par rapport à un point fixe de la surface de la Terre.

Les défenseurs des systèmes mini LEO espèrent gagner du terrain sur leurs concurrents en offrant des services rapides et peu onéreux, ainsi qu'en prenant pied sur le marché avec une avance confortable sur leurs grands frères. Certains systèmes sont déjà partiellement opérationnels, mais la plupart doivent commencer à offrir leurs services entre 1997 et 1998. La majorité des entreprises ont l'intention d'utiliser les satellites soit comme des systèmes "à sélection de mode", soit comme des systèmes "à mode différé". Les systèmes à sélection de mode retransmettent directement les messages entre les utilisateurs, tandis que le mode différé signifie qu'un satellite reçoit des informations issues d'une station au sol, les met en mémoire de bord, continue à parcourir son orbite et renvoie ces informations à la prochaine station au sol appropriée ou au prochain utilisateur approprié. Les utilisateurs auront la possibilité d'accéder aux nouveaux systèmes mini LEO au moyen de petits postes portatifs de messagerie pesant moins de cinq cents grammes et équipés d'une antenne équidirective à faible dissipation.

Autant pour la spécification technique. Mais en quoi consiste exactement la différence d'un système mini LEO? La principale distinction entre les offres proposées par les opérateurs de systèmes mini LEO et celles des opérateurs d'autres systèmes mobiles à satellites (SMS) est que les premiers se concentrent sur la fourniture de services de transmission de données, plutôt que sur le traitement du trafic de signaux vocaux en temps réel. Les types de services à attendre d'un fournisseur mini LEO sont la messagerie (y compris le courrier électronique et la radiomessagerie bilatérale), un accès limité à Internet, et la télécopie.

D'importants créneaux commerciaux pour les systèmes mini LEO seront par exemple les communications de données à distance, le suivi électronique de mobiles (pour le marché de la gestion des flottes de transport), la surveillance de l'environnement et le Système de commande, de surveillance et d'acquisition de données (SCADA, Supervisory Control and Data Acquisition) - qui assure la télésurveillance d'installations isolées (telles que des mines, des raffineries de pétrole, etc.).

Bien que moins prestigieux aux yeux du public, les systèmes mini LEO pourraient bien se révéler les "héros" des systèmes mobiles à satellites (SMS). Par eux-mêmes, ces systèmes sont techniquement moins ambitieux que leurs super-contreparties. Pour commencer, il y a en général beaucoup moins de satellites dans la constellation, ce qui libère d'un grand nombre de complexités propres aux systèmes super LEO. Ensuite, le processus de transfert des données n'est de loin pas aussi exigeant que le transfert de signaux vocaux, car les données peuvent être mises en mémoire tampon aux moments où les ressources du système sont surchargées. Par ailleurs, le trafic en temps réel des signaux vocaux doit toujours être traité de manière pour ainsi dire instantanée, car la mise en mémoire du signal provoque des retards inacceptables et/ou une fragmentation du signal, se traduisant par une médiocre qualité de service.

La résultante de tout cela est que les opérateurs de mini LEO sont en mesure de promettre leurs services à des tarifs bien inférieurs à ceux des systèmes orientés vers la voix. Et pendant que les super LEO devront faire le démarchage de leur produit auprès des utilisateurs actuels de téléphones mobiles, lesquels ne consentiront peut-être pas à payer des tarifs plus élevés pour avoir le privilège d'une interconnexion mondiale, les clients des mini LEO se composeront en grande partie d'entreprises ayant un besoin commercial clairement défini. Ces organismes seront disposés à payer pour des services tels que la télésurveillance, si l'on peut leur démontrer que ces services auront une incidence favorable sur leur facture de maintenance trimestrielle. Et, ce qui est plus important encore, ces organismes auront les moyens de s'offrir de tels services. Les fournisseurs super LEO tenteront également de viser le marché des grandes entreprises mais celles-ci vont rechigner à voir leurs factures de télécommunication augmenter, sauf si l'on peut leur démontrer que les nouveaux postes GMPCS de leurs employés auront vraiment pour résultat d'augmenter leur productivité, ce qui est beaucoup plus difficile à quantifier. Si les systèmes super LEO doivent parvenir au volume d'utilisateurs nécessaire pour maintenir les frais de communication à faible niveau, il leur faudra faire également la cour aux consommateurs ordinaires. Et bien que nous soyons généralement enclins à caresser l'idée d'un téléphone mobile qui nous permettrait d'appeler Dupon en Duponie, combien d'entre nous seraient disposer à acheter le combiné (dont certains valent 3 000 USD) puis à payer le prix de la communication?

Tout bien considéré, l'avenir semble brillant pour les opérateurs de mini LEO. Le seul nuage sombre à l'horizon pourrait être la nécessité d'attribuer de nouvelles bandes de fréquences pour ces services. En 1995, les opérateurs ont espéré que la Conférence mondiale des radiocommunications de l'UIT, qui se tient tous les deux ans, reconnaîtrait l'importance des systèmes mini LEO proposés et qu'elle élargirait le spectre radioélectrique mis à leur disposition. Mais ils ont quitté cette conférence de quatre semaines les mains presque vides, perdants par rapport aux acteurs des super LEO, qui ont réussi à convaincre la Conférence qu'il fallait élargir le spectre attribué dans la bande des 2 GHz pour le mettre à la disposition des super LEO à partir de l'an 2000. Les mini LEO avaient déjà besoin d'un spectre plus large dans la bande de 1 GHz, mais la Conférence a décidé de renvoyer en complément d'étude la plupart de leurs requêtes. Ces opérateurs n'ont maintenant pas d'autre choix que d'attendre la prochaine CMR, qui se tiendra en 1997.

Rien de ce qui précède ne semble cependant avoir affaibli l'enthousiasme des promoteurs des systèmes mini LEO. Le moins que l'on puisse dire est que la concurrence est plus vive que jamais entre systèmes (sur plans) rivaux. Reste à voir combien de ces plans seront un jour réalisés concrètement. Il paraît cependant certain que les membres cadets de la famille des systèmes mobiles à satellites se trouveront un créneau confortable dans la nouvelle Ère de l'information.

| Retour à la page du FMPT |


A qui s'adresse le Forum | Programme du Forum | Frais de participation | Inscription des délégués | Accréditation des médias | Antécédents | Principaux thèmes |
Questions et réponses | Documentation | Informations pratiques | Réservations d'hôtel | Lieu du Forum