George Burba
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Une station de recherche située
dans l'Arctique envoie des données par liaison radio
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Radiocommunications et changement
climatique
L'avertissement rapide en cas de
catastrophe naturelle imminente, des prévisions météorologiques
précises et une connaissance détaillée de l'état des ressources
hydrologiques mondiales, voici quelques-uns des défis critiques
pour la communauté mondiale. Les radiocommunications sont une
aide indispensable à l'heure où on lutte contre les conséquences
du changement climatique.
La science du changement climatique a
tiré largement profit du développement parallèle des
technologies de l'information et de la communication (TIC) en
général et des technologies des radiocommunications en
particulier. Le rôle de celles-ci dans la surveillance
météorologique et climatique ressort clairement, par exemple, de
la structure du Système mondial d'observation (GOS) de
l'Organisation météorologique mondiale, qui fournit des données
d'observation de l'atmosphère et de la surface de la Terre, y
compris des océans. Il utilise des équipements de télédétection
placés à bord de satellites, d'aéronefs et des radiosondes dans
des ballons météorologiques, dont les données sont retransmises
via des liaisons de radiocommunication vers des centres de
contrôle de l'environnement.
Des appareils de surveillance de
l'environnement par radiocommunication suivent l'avancement des
ouragans, des typhons, des tornades, des orages et des fumées
volcaniques ainsi que des grands incendies de forêt. Les
prévisions météorologiques seraient beaucoup moins précises sans
des systèmes radioélectriques recueillant et traitant les
données météorologiques. Les télécommunications par satellite
diffusent des informations vers des lieux éloignés et, bien
entendu, les diffusions radiotélévisées revêtent une importance
primordiale pour alerter le public sur des risques
météorologiques ou environnementaux graves. De plus en plus
également, ces informations sont envoyées à des téléphones
mobiles et autres appareils sans fil.
Mesure du réchauffement de la planète
Les télédétecteurs sont de deux types:
des capteurs «passifs» enregistrent les rayonnements reflétés
par l'objet à l'étude et des détecteurs «actifs» émettent des
ondes radioélectriques et mesurent le signal reflété, comme le
radioaltimètre représenté sur la Figure 1. Les données
recueillies sont traitées et analysées par ordinateur. Un
exemple concret très important de télédétection est la
surveillance du réchauffement de la planète.
Afin de promouvoir des parades, il est
indispensable de surveiller avec précision l'état du
réchauffement de la planète et, à cette fin, il faut observer la
concentration et l'augmentation ou la diminution des gaz à effet
de serre dans le monde. La surveillance mondiale des gaz à effet
de serre est réalisée au moyen de télédétecteurs placés à bord
de satellites pour en observer la concentration et la
distribution ainsi que l'absorption et l'émission. On trouvera
sur la Figure 2 une carte satellitaire mondiale de la
distribution du dioxyde de carbone, basée sur les données
obtenues par télédétection. Le lancement d'un satellite japonais
destiné à surveiller les gaz à effet de serre dans l'atmosphère
terrestre a été décrite dans les
Nouvelles de l'UIT, numéro de janvier-février 2009.
La hausse des températures à la surface
des océans fait partie des facteurs qui sont à l'origine
d'orages violents, d'ouragans et de l'élévation du niveau des
mers, phénomènes également surveillés par télédétection
satellitaire. La température de surface de la mer peut être
mesurée avec une précision de ± 0,2 °C (voir la Figure 3).
Il est important de rappeler que les
bandes de fréquences utilisées pour la télédétection doivent
comprendre les fréquences nécessaires pour surveiller des
substances particulières comme la vapeur d'eau ou le dioxyde de
carbone. Les propriétés physiques inaltérables de chaque
substance signifient que seules certaines fréquences peuvent
être utilisées pour les détecter et en extraire des informations
sur l'environnement. Cela détermine le choix des fréquences qui
peuvent être attribuées à cette fin.
Le Secteur des
radiocommunications de l'UIT (UIT–R) contribue à la lutte contre
le changement climatique:
- En attribuant des fréquences
radioélectriques et des positions orbitales pour la
surveillance du climat et les systèmes et applications des
radiocommunications d'urgence
- En élaborant des normes
techniques (Recommandations UIT–R) ainsi que le Règlement
des radiocommunications qui a valeur de traité, et
qu'appliquent ces systèmes et d'autres systèmes
radioélectriques
- En établissant des plans
mondiaux et régionaux visant à faciliter la mise en œuvre de
systèmes économes en énergie et d'aider à leur réalisation
- Par l'intermédiaire de son
secrétariat — le Bureau des radiocommunications — en gérant
le spectre international des fréquences et en aidant les
Etats Membres de l'UIT à exploiter efficacement leurs
systèmes de radiocommunication
- En facilitant l'utilisation
de systèmes de radiocommunication pour remplacer les
déplacements ou le transport de biens («en remplaçant des
atomes par des bits») et, partant, en réduisant la
consommation d'énergie et les émissions de gaz à effet de
serre dans le secteur
- En donnant des lignes
directrices et en familiarisant le grand public à l'emploi
des équipements et systèmes de radiocommunication pour la
protection de l'environnement.
Pour de plus amples informations, voir
www.itu.int/ITU-R/index.asp?category=information&rlink=climate-change&lang=en
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Adaptation au changement climatique et
atténuation de ses effets
L'adaptation aux effets négatifs du
changement climatique est une question clé partout, mais surtout
dans les pays en développement, qui sont souvent les plus
vulnérables et les moins équipés pour protéger leur population.
Les radiocommunications elles-mêmes contribuent au problème du
changement climatique du fait de la prolifération des appareils
sans fil (télévisions, émetteurs et téléphones mobiles) qui tous
ont besoin d'énergie et rayonnent de la chaleur. Toutefois,
elles peuvent aussi contribuer à atténuer les effets du
changement climatique, en particulier:
- En réduisant les émissions de gaz à
effet de serre des équipements radioélectriques et en aidant
d'autres secteurs à réduire les émissions grâce à
l'utilisation, par exemple, de la vidéoconférence
- En fournissant des informations sur
l'environnement pour mettre en place des stratégies
nationales et internationales d'atténuation et d'adaptation
- En mettant au point des systèmes de
surveillance climatique, de prévision et de détection des
catastrophes, d'alerte avancée et de secours en cas de
catastrophe.
Un bon exemple de la réduction des
émissions de gaz à effet de serre produites par les systèmes de
radiocommunication est le passage de la radiodiffusion
analogique à la radiodiffusion numérique. L'utilisation de la
modulation numérique signifie que les émetteurs ont besoin de
presque dix fois moins d'énergie. Sachant qu'il y a des
centaines de milliers d'émetteurs dans le monde, certains
consommant jusqu'à 100 à150 kW d'électricité, les résultats
peuvent être significatifs. De plus, le nombre d'émetteurs peut
être réduit en raison de la possibilité de transmettre jusqu'à
dix programmes de télévision sur un seul canal de 8 MHz, et non
plus un seul programme par canal.
Faire face aux catastrophes naturelles
La prévision et la détection des
catastrophes sont une fonction importante des satellites
d'exploration de la Terre, qui fournissent aussi les données
pertinentes pour que les systèmes de télécommunication d'urgence
diffusent des alertes avancées. En outre, la télédétection par
satellite sert à contrôler l'une des conséquences les plus
dangereuses du changement climatique — l'élévation du niveau des
mers qui risque d'entraîner des inondations côtières dans le
monde entier, certains Etats insulaires risquant de disparaître
totalement sous les eaux. La Figure 1 donne un exemple de
satellite équipé d'un altimètre pour mesurer les niveaux des
mers. Des altimètres modernes peuvent identifier une variation
du niveau à 2 ou 3 cm près.
Les systèmes de radiocommunication sont
particulièrement importants dans les opérations de secours en
cas de catastrophe parce que, dans bien des cas,
l'infrastructure de télécommunication câblée est endommagée ou
détruite par la catastrophe et seuls des systèmes sans fil
peuvent être utilisés (surtout des systèmes à satellites et des
systèmes de Terre à ondes décamétriques). C'est pour cette
raison que le déploiement de communications hertziennes fait
typiquement partie des grandes priorités dans toute opération
d'intervention en cas d'urgence, de sauvetage et de secours.
Les communications par satellite (voir
la Figure 4) peuvent faire une différence réelle pendant les
premières heures et les premiers jours cruciaux qui suivent une
catastrophe. Elles sont utilisées pour évaluer l'ampleur des
dommages, aider à localiser les survivants, mesurer le danger
que peuvent courir les équipes de secours et faire en sorte que
les équipes d'intervention humanitaire puissent communiquer
correctement avec leurs membres, avec d'autres agences, avec les
hôpitaux locaux et avec le personnel paramédical. Et les
victimes peuvent elles aussi contacter les sauveteurs et parler
aux êtres qui leur sont chers, tout cela grâce au pouvoir des
radiocommunications.
Figure 1 — Un altimètre placé
à bord d'un satellite surveille le niveau de la mer
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Source: CNES. |
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Figure 2 — Carte mondiale du
CO2, juillet 2008 – en parties par million par volume
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Source: NASA. |
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Figure 3 — Carte de
température de la surface de la Méditerranée, mai 2006
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Source: ESA. |
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Figure 4 — Système à satellites
pendant une opération de secours en cas de catastrophe
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Source: UIT/Bureau des
radiocommunications. |
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