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University of Strathclyde |
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John Logie Baird,
1888-1946 |
L’histoire de l’enregistrement
Les inventions de John Logie Baird
De la «sous-chaussette de Baird»...
Les esprits inventifs, c’est bien connu, se manifestent souvent dès la petite
enfance. En jouant, en faisant des expériences avec des objets familiers, le futur
inventeur développe ses talents selon des orientations surprenantes. Tel est certainement
le cas de John Logie Baird, né en 1888 à Helensburgh (Ecosse) qui, tout jeune écolier,
réalise un système téléphonique reliant la maison de ses parents à celles de quelques
camarades de classe. Un peu plus tard, il en modifie le câblage pour apporter l’électricité
au domicile familial — le premier foyer à en être doté. Et, avant de s’intéresser
au domaine qui le rendra célèbre — la télévision — il commence par gagner sa vie
avec une invention radicalement différente: la chaussette traitée contre l’humidité.
Voilà donc la réponse à la question posée le mois dernier dans cette colonne:
c’est John Logie Baird qui, en 1918, a déposé le brevet de la «sous-chaussette»
portant son nom, traitée contre l’humidité, «chaude en hiver, fraîche en été», faite
de tissu absorbant imprégné de borax et conçue pour être portée sous une chaussette
ordinaire. Avec l’argent que son invention lui rapporte, Baird se lance ensuite
dans la fabrication de confitures à la Trinité mais — heureusement pour l’avenir
de la télévision — c’est un échec.
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L’écran du télévisor conçu par Baird était minuscule et, pour regarder l’image,
il fallait faire l’obscurité dans la pièce |
...à la télévision
Il n’est pas facile d’apporter une réponse précise à la question «qui a inventé
la télévision?» Un grand nombre de personnes ont contribué à la réalisation du premier
système de «transmission de l’image à distance.» Mais c’est Baird qui, en octobre
1925, est le premier à obtenir une image de télévision et qui, peu après, fait la
première démonstration publique de la nouvelle invention, à Londres. Il utilise
un appareil qu’il appelle un «Televisor», littéralement un «viseur à distance»,
évolution d’un système mécanique de balayage d’images conçu en Allemagne par Paul
Nipkow, en 1884. A la même époque, un système comparable est étudié aux Etats-Unis
par Charles Francis Jenkins.
Baird réussit à obtenir une image composée d’à peine 30 lignes, rafraîchie 12,5
fois par seconde. Une dizaine d’années plus tard, cet appareil mécanique est supplanté
par divers systèmes de télévision électroniques, qui tous reposent sur le tube à
rayonnement cathodique, mis au point aux Etats-Unis par l’inventeur russe Vladimir
Zworykin et par Philo T. Farnsworth. C’est ce type d’appareil, capable de donner
des images de plusieurs centaines de lignes, qui est à la base de l’essor prodigieux
de la télévision à partir de cette époque.
Baird n’a peut-être pas été l’inventeur de la télévision moderne, mais il faut
reconnaître en lui un ingénieur de grand talent qui a puissamment contribué à la
nouvelle technique. De fait (et en réponse aussi à la question du mois dernier),
il est également l’inventeur du premier enregistreur vidéo, qu’il fait breveter
en octobre 1926 sous l’appellation «Phonovision».
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Phonovision: le premier système d’enre-gistrement de la télévision |
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Les premiers enregistrements
Le système Phonovision est lui aussi un système mécanique. La caméra de télévision
est reliée mécaniquement à un gramophone. Les disques utilisés sur ce type d’appareil
se prêtent en effet à l’enregistrement de signaux vidéo à largeur de bande limitée.
Mais le système Phonovision a deux grands défauts: la qualité d’enregistrement est
médiocre, et la vitesse de lecture du disque ne correspond pas exactement à la vitesse
d’enregistrement. Pour obtenir une image stable, il est donc impératif d’utiliser
les deux mêmes appareils pour l’enregistrement et pour la lecture.
En raison de ces difficultés, le projet de Baird, qui voudrait commercialiser
une version grand public de son «Phonovisor», ne peut aboutir. Mais, en 1996, le
British National Museum of Photography, Film and Television décide de faire des
copies modernes des disques de Baird en sa possession pour préserver les images
dans ses archives. Un ingénieur consultant, Donald McLean, est alors chargé de mettre
au point des programmes informatiques spécifiques d’application des techniques d’imagerie
numérique afin de récupérer les images de Phonovision et les préserver pour la postérité.
Ces images sont les premières images électroniques jamais enregistrées, 25 ans
avant la réalisation du premier enregistreur vidéo facile à utiliser, et un demi-siècle
avant l’avènement, dans les années 70, du magnétoscope grand public.
Même la télévision en couleur
Baird poursuit ses travaux sur la télévision — notamment sur les systèmes électroniques
— jusqu’à la fin de sa carrière. En 1944, par exemple, il présente au monde la première
télévision en couleur entièrement électronique: le «Telechrome», avec son écran
de 75 x 60 centimètres, est déjà bien loin de la petite image du Televisor originel.
John Logie Baird, de santé très fragile tout au long de sa vie, meurt en 1946,
en Angleterre, à l’âge de 57 ans seulement, quelques jours après la Victory Parade
à Londres — télévisée — qui marque la fin de la seconde guerre mondiale. Ce visionnaire
aurait-il pu imaginer les impressionnants écrans plats, LCD ou plasma, d’aujourd’hui?
Ou les téléphones mobiles minuscules que l’on commence déjà à utiliser comme récepteurs
de télévision? Et d’ailleurs, l’écran d’un téléphone mobile n’est pas plus grand
que celui du Televisor de Baird: en quelque sorte, la boucle est donc bouclée!
Question pour le mois prochain:
Le plus ancien enregistrement magnétique de la voix humaine a été réalisé avec
l’ancêtre du magnétophone moderne.
Un célèbre chef d’Etat parle. S’agit-il:
a) de la reine Victoria d’Angleterre,
b)
de l’empereur Franz Joseph (empire austro-hongrois),
c)
du président Herbert Hoover des Etats-Unis,
d)
de l’empereur Showa (Hirohito) du Japon?
Réponse dans le prochain numéro des Nouvelles de l’UIT.
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