ITU's 160 anniversary

Committed to connecting the world

Discours du Secrétaire général de l'UIT

8ème Réunion annuelle de Fratel

8 décembre 2010, Ouagadougou, Burkina Faso

English

 

Excellences,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,


C'est un grand plaisir et un immense honneur d'être ici parmi vous aujourd'hui, à Ouagadougou, pour la 8ème Réunion annuelle de Fratel, le Réseau francophone de la régulation des télécommunications.


Fratel a contribué de façon essentielle à renforcer le développement des TIC dans le monde francophone et continuera de jouer un rôle vital dans toute la Francophonie.


C'est indispensable, car les TIC font aujourd'hui partie intégrante de nos vies à tous, sous des formes que nous n'aurions pas pu ne serait-ce qu'imaginer il y a à peine dix ans.


Les TIC peuvent contribuer à créer des emplois et à stimuler la croissance, la productivité et la compétitivité économique à long terme. Elles sont le plus puissant des outils à notre disposition pour concrétiser le progrès social et économique à l'échelle mondiale. Et elles nous aident comme aucun autre outil à accélérer notre progression vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.


Ceux d'entre vous qui me connaissent bien savent que j'ai à coeur d'accomplir la mission principale de l'UIT qui est de connecter le monde.


Et je me réjouis qu'au cours de mon premier mandat de quatre ans de Secrétaire général de l'UIT, nous ayons été les témoins de si grands progrès en ce sens, de sorte que le monde compte aujourd'hui plus de cinq milliards d'abonnés à la téléphonie mobile cellulaire. Même dans bon nombre des pays parmi les plus pauvres de la planète, le taux de pénétration de la téléphonie cellulaire mobile dans les foyers en zone rurale est aujourd'hui supérieur à 50%.


Il s'agit là d'une victoire incroyable et de quelque chose dont nous devrions tous être fiers.


Mesdames et Messieurs,


Au cours de mon second mandat de Secrétaire général de l'UIT, qui commence le mois prochain, je veux que soient accomplis pour l'accès à l'Internet dans le monde les mêmes progrès que ceux auxquels nous venons d'assister pour la téléphonie mobile.


Nous avons fait d'immenses progrès, puisque quelque deux milliards de personnes sont déjà en ligne aujourd'hui. Mais nous ne devrions pas oublier que près de cinq milliards de personnes n'ont toujours pas accès à la mine d'informations et aux très nombreuses possibilités qu'offre l'Internet.


Dans les pays de la Francophonie - comme dans les pays appartenant à d'autres groupes mondiaux, régionaux ou locaux - la solution doit passer par l'accélération du développement des réseaux et de l'infrastructure large bande, ainsi que par les applications et les services qu'ils permettent de proposer.


Mes chers amis présents ici aujourd'hui, comme vous le savez mieux que quiconque, il faudra pour cela mettre en place un environnement politique et réglementaire adapté et une réglementation efficace.


S'agissant de nos hôtes pour la présente réunion, j'ai été particulièrement heureux d'entendre la déclaration de politique générale faite par le Burkina Faso à la Conférence de plénipotentiaires de l'UIT, qui s'est tenue au Mexique au mois d'octobre, déclaration dans laquelle était mis en avant l'engagement sans faille du Burkina Faso en faveur du développement du large bande.


Permettez-moi de vous citer un court passage de cette déclaration:


"Le Burkina Faso a basé sa stratégie de développement des TIC sur trois axes essentiels parmi lesquels le déploiement d'une infrastructure large bande sur toute l'étendue du territoire ainsi que l'appropriation des TIC par les différentes couches sociales et leur intégration dans toutes les stratégies nationales de développement."


Le déploiement à grande échelle de l'infrastructure large bande permet d'assurer des soins de santé plus efficaces. Une meilleure éducation. Un environnement durable. Des services de transport plus efficaces. Des modes de fourniture d'énergie plus intelligents et plus économiques. Ainsi que pléthore de nouvelles applications et nouveaux services - par exemple des services bancaires par téléphone mobile qui s'avèrent déjà être une révolution ici en Afrique, et notamment au Kenya.


Chers collègues,


Pour que le monde en ligne devienne une ressource ubiquitaire dans toute la Francophonie, il nous faudra changer deux choses.


Tout d'abord, tous les gouvernements - et pas seulement celui du Burkina Faso - devront faire du large bande une priorité dans leur programme de développement.


C'est pourquoi l'UIT, en coopération avec l'UNESCO, a créé cette année la Commission "Le large bande au service du développement numérique".


Cette Commission est coprésidée par le Président du Rwanda Paul Kagame et par M. Carlos Slim, Président d'honneur à vie du Grupo Carso, et composée d'une cinquantaine de membres particulièrement éminents des secteurs public et privé.


Nous avons déjà réussi à faire en sorte que cette question soit abordée au plus haut niveau politique, notamment au Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le développement qui a eu lieu à New York en septembre 2010.


Et nous prévoyons d'organiser un Sommet mondial du large bande à Genève à la fin de l'année prochaine, à l'occasion de l'édition anniversaire d'ITU Telecom World qui fêtera ses 40 ans.


Ensuite, nous devons faire en sorte que l'accès à l'Internet, et en particulier l'accès large bande, devienne beaucoup plus abordable qu'il ne l'est aujourd'hui.


Cela passe avant tout par la mise en place de cadres politiques et réglementaires efficaces. Nous avons eu d'intéressantes discussions sur cette question le mois dernier, au Colloque mondial des régulateurs, qui a eu lieu à Dakar (Sénégal).


Les prix baissent considérablement lorsque les forces du marché sont utilisées à bon escient et lorsqu'il existe des incitations claires visant à accroître la capacité.


Je souhaiterais citer un court passage concernant une "réglementation efficace" tiré du rapport présenté par la Commission sur le large bande au Secrétaire général de l'ONU en septembre:


"Les pouvoirs publics peuvent aussi choisir d'encourager le partage commercial des infrastructures et la mise à disposition de bandes de fréquences pour permettre aux opérateurs de fournir des services large bande (filaires ou hertziens) plus efficacement, et de promouvoir l'utilisation des technologies récentes ou nouvelles telles que les réseaux électriques intelligents. Ils doivent aussi créer des mesures réglementaires d'incitation en vue d'assurer la transition vers le large bande de prochaine génération (4G/IMT évoluées)."


Je suis d'une nature optimiste, et il y a en l'espèce toutes les raisons de l'être, puisque l'accès large bande devient effectivement de plus en plus abordable au fil des ans. Cette tendance est encore accentuée par une augmentation constante de la capacité, elle-même stimulée par un environnement qui s'est récemment ouvert à la concurrence.


Ces signes montrent que nous vivons des moments enthousiasmants, et il est pour moi encourageant de constater que la cause du large bande bénéficie d'un très large soutien dans les pays francophones.


Mesdames et Messieurs,


Je souhaiterais conclure par ces quelques mots sur l'importance de la réglementation.


Je pense que nous sommes tous d'accord pour dire qu'une réglementation et des cadres réglementaires adaptés sont véritablement indispensables pour stimuler la croissance, augmenter l'accès aux TIC pour tous, élargir le développement du large bande et faire en sorte que nous passions la vitesse supérieure pour atteindre les OMD.


En ce qui concerne le secteur des TIC, une bonne réglementation est synonyme de prévisibilité et de stabilité et réduit les risques. Elle encourage les investissements dans les infrastructures des TIC et récompense la concurrence et les modèles d'entreprise innovants.


Parallèlement, elle protège les consommateurs en assurant la transparence du marché et en garantissant un système de règlement des différends équitable.


Je souhaiterais donc vous encourager à avoir à l'esprit, dans les discussions qui vous occuperont à la présente réunion, la complexité et la divergence croissantes, ainsi que l'évolution rapide de l'environnement des TIC dans lesquels opèrent aujourd'hui les régulateurs.


Nous ne vivons plus dans le monde simple des postes et télécommunications placé sous le signe de l'analogique, mais dans un monde numérique très complexe. Dans ce monde:

  • les frontières entre infrastructures et contenus ont convergé et se sont pratiquement estompées;
  • la cybersécurité est devenue une préoccupation pour tous;
  • les applications et les services TIC ne relèvent plus seulement du seul secteur des TIC;
  • et la seule véritable constante est le changement.

Je vous remercie.