C’est pour moi un grand plaisir d’être ici avec vous et de célébrer un événement
historique qui a eu pour cadre, il y a plus de cent ans, ce lieu magnifique.
C’est en effet ici qu’à l’été 1895, Guglielmo Marconi, alors âgé d’à peine 21
ans, a réalisé l’une de ses expériences fondamentales qui ont contribué à en
faire l’un des piliers de l’histoire des communications.
Avec l’aide d’un jeune garçon de la région, il a réussi à transmettre des
signaux utilisant les ondes radio sur des distances de plus en plus grandes,
jusqu’à atteindre la distance, remarquable, de 1.5 km.
Nul doute que Guglielmo Marconi était un homme d’exception. Non seulement
parce qu’ il travaillait pendant ses congés, mais avant tout parce qu’il était
animé de la plus haute et de la plus noble des ambitions: réaliser l’impossible.
Aujourd’hui, les communications sans fil sont chose courante et je doute fort
qu’il y ait ne serait-ce qu’une personne dans cet auguste auditoire qui n’ait un
téléphone mobile dans sa poche ou dans son sac. Mais à l’époque, la transmission
de messages radio semblait relever de la pure magie.
D’ailleurs, l’effroi et l’émerveillement qu’a dû ressentir le jeune Valaisan
Maurice Gay-Balmaz, qui assistait Marconi dans cette expérience, peuvent être
résumés par la formule employée par Arthur C. Clarke dans sa troisième loi : «Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie».
Notre dette est grande vis-à-vis de Marconi et de son travail. Les
communications et la radiodiffusion d’aujourd’hui sont le fruit de son œuvre de
pionnier. Sans lui, nous ne pourrions bénéficier des services de communication
que nous tenons pour acquis.
Bien que l’identité du premier inventeur de la radio et les débuts de la
transmission sans fil de données utilisant la totalité du spectre des fréquences
radioélectriques soient sujets à controverse, je ne m’attarderai pas sur ces
considérations. Nous le savons bien, chaque inventeur ou chercheur, d’une
manière ou d’une autre, tire parti des travaux et des idées de ses prédécesseurs.
A cet égard, nous savons que plusieurs des principes sur lesquels se fondait
l’expérience de Marconi n’étaient pas nouveaux; en effet, plusieurs
scientifiques avaient entrepris d’étudier les techniques de la télégraphie sans
fil quelque temps avant que Marconi réalise ses essais, mais personne n’était
parvenu à mettre au point une application commerciale de la transmission par
radio. Seul Marconi a pensé à faire la synthèse de toutes ces idées et, à partir
de là, à créer un émetteur et un récepteur qui fonctionnaient.
Marconi a su commercialiser un système de radiocommunication fonctionnel. Il a
démontré comment utiliser la radio pour les communications sans fil, et c’est
grâce à lui que les navires ont ensuite pu être dotés de moyens de communication
sans fil permettant de sauver des vies, que le premier service de radio
transatlantique a pu être établi et que les premières stations du service
britannique de radiocommunication en ondes courtes ont pu être installées.
Marconi d’ailleurs a été l’un des membres fondateurs du Conseil d’administration
de la British Broadcasting Corporation ou BBC.
De même, et on le sait moins, les deux opérateurs radio à bord du Titanic
étaient des employés de la Marconi International Marine Communication Company.
Ainsi, si des rescapés ont pu survivre à ce naufrage, c’est grâce à la
transmission sans fil de signaux radioélectriques, rendue possible par les
travaux de Marconi.
Pour ses inventions dans le domaine de la radio sans fil, Marconi a reçu en
1909 le Prix Nobel de physique, conjointement avec Karl Ferdinand Braun, «pour
leur contribution au développement de la télégraphie sans fil».
Il est indéniable que les premières liaisons TSF réalisées par Marconi l’ont
été dans sa «Mère Patrie», l’Italie et, plus particulièrement à Pontecchio,
dans sa chère Villa Griffone, auxquels je souhaite ici rendre un vibrant hommage.
Je nourris d’ailleurs l’espoir de pouvoir me rendre dans la belle province de
Bologne en 2009, année hautement symbolique du centenaire de la remise de cette
insigne distinction qu’est le prix Nobel, afin d’y honorer, au nom de l’Union et
de la communauté des télécommunications, la mémoire et le génie de cet illustre
Italien.
Compte tenu de ses découvertes, Guglielmo Marconi est, à juste titre,
considéré comme le père de la télégraphie sans fil. et, à cet égard, il nous
faut louer le rôle capital joué par ce beau village de Salvan, où il a pu
poursuivre et approfondir ses travaux, dans un cadre propice à la détente, à la
concentration et à la recherche d’idées non seulement nouvelles mais novatrices.
Marconi n’avait toutefois pas pour seule ambition de surmonter les obstacles
présentés par la transmission d’impulsions électriques de part et d’autre de
l’Atlantique. Il espérait aussi, à l’aide du télégraphe, contribuer à vaincre la
distance et à rendre le monde plus pacifique.
Au delà de certains malentendus et de quelques querelles d’historiens qui ont pu
surgir et que l’Union contribuera, je l’espère, à dissiper par le biais d’une
étroite collaboration avec la communauté des historiens des télécommunications,
l’UIT entend au travers de Salvan et de la place qu’elle occupe dans le
patrimoine des télécommunications, honorer la mémoire de ce géni universel
qu’était Guglielmo Marconi. C’est grâce à lui que, depuis plus d’un siècle, nous
pouvons utiliser les communications sans fil et c’est pourquoi l’UIT, et
l’humanité dans son ensemble, doivent beaucoup aux travaux effectués en ce lieu
par ce grand scientifique. Je vous remercie de votre attention.
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