UNION
INTERNATIONALE DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
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FORUM MONDIAL DES POLITIQUES
DE TELECOMMUNICATION (FMPT 2001)
TELEPHONIE IP
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9 mars 2001
Rapport final
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GENÈVE,
7 - 9 MARS 2001
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Rapport du Secrétaire général
sur la téléphonie IP
PRÉAMBULE
i) Le Forum mondial des
politiques de télécommunication de l'UIT (FMPT) a été institué par la
Résolution 2 de la Conférence de plénipotentiaires de Kyoto (1994),
résolution confirmée en 1998 par la Résolution 2 de la Conférence de
plénipotentiaires de Minneapolis. Il s'agit de permettre aux Etats Membres et
aux Membres des Secteurs de l'UIT de procéder à des échanges de vues et
d'informations sur les questions de politique des télécommunications et de
réglementation qui découlent de l'évolution de l'environnement des
télécommunications.
Les forums ne seront certes à l'origine d'aucune disposition réglementaire
contraignante, mais ils pourront établir des rapports et, si nécessaire,
soumettre des avis à l'attention des Etats Membres, des Membres des Secteurs et
des réunions pertinentes de l'UIT.
ii) A sa session de l'an 2000, le Conseil
de l'UIT, par sa Décision 498 (voir l'Annexe A ci-jointe), a décidé de
convoquer le troisième Forum mondial des politiques de télécommunication
(FMPT-01) à Genève du 7 au 9 mars 2001, chargé de débattre du thème
de la téléphonie IP (Internet Protocol - Protocole Internet) selon
l'ordre du jour suivant:
• incidences générales de la téléphonie IP
pour les Membres de l'UIT en ce qui concerne: a) les politiques et les
réglementations des Etats Membres de l'UIT dans le domaine des
télécommunications; b) les incidences de la téléphonie IP pour les pays en
développement, en particulier pour ce qui est des politiques et du cadre
réglementaire ainsi que des aspects techniques et économiques; c) les répercussions
de la téléphonie IP sur les activités des Membres des Secteurs, notamment
en ce qui concerne les questions financières et les débouchés commerciaux;
• mesures propres à aider les Etats Membres
et les Membres des Secteurs à s'adapter à l'évolution de l'environnement des
télécommunications résultant de la mise en service de la téléphonie IP, y
compris l'analyse de la situation actuelle (par exemple, au moyen d'études de
cas) et l'élaboration de mesures concertées possibles, associant les Etats Membres
et les Membres des Secteurs de l'UIT, en vue de faciliter l'adaptation à ce
nouvel environnement;
• mesures
visant à aider les Etats Membres et les Membres des Secteurs à relever, du
point de vue du développement des ressources humaines, les défis présentés par
les nouvelles techniques de télécommunication telles que la téléphonie IP, en
particulier la pénurie de personnel compétent, les besoins de formation et le
transfert de technologies.
iii) Aux termes de la Décision 498 du
Conseil et conformément à la pratique établie, les débats du FMPT-01 devront
être fondés sur un rapport du Secrétaire général reprenant les contributions
des Etats Membres et des Membres des Secteurs de l'UIT, qui sera le seul
document de travail du Forum et qui privilégiera des questions clés sur
lesquelles il serait souhaitable de parvenir à des conclusions.
iv) Conformément à la Décision du
Conseil,
les modalités d'organisation du troisième Forum étaient analogues à celles qui
ont été arrêtées pour les deux premiers. Afin que les Membres puissent
contribuer dans les meilleures conditions possibles à la préparation de cet
événement important, et aux termes de la Décision 498 du Conseil, le rapport du
Secrétaire général a été établi selon le calendrier suivant:
1er novembre 2000:
communication de la première version établie sur la base des éléments
disponibles (notamment des documents de l'atelier de planification stratégique
sur la téléphonie IP), assortie d'un appel à
commentaires;
1er décembre 2000: date
limite de réception des observations formulées par les Membres sur la première
version;
15 décembre 2000:
communication de la deuxième version, reprenant les observations reçues et
invitant les destinataires à en formuler de nouvelles;
10 janvier 2001: date limite
de réception des observations formulées par les Membres sur la deuxième
version.
Le
rapport final a été
diffusé à la fin janvier 2001.
Des
commentaires écrits de la part de Membres de l'UIT ainsi que d'autres entités
ont été affichés sur le site web du Forum à cette adresse.
v) Aux termes de la Décision 498 du
Conseil, le Secrétaire général devait également convoquer un Groupe d'experts
informel (GEI) équilibré - chargés chacun de participer activement à la
préparation du Forum des politiques dans son pays - qui a prêté son concours
tout au long des phases successives de la préparation. Ce groupe s'est
réuni à deux reprises pendant la phase de consultation, en novembre 2000 et en
janvier 2001. Des invitations à participer aux activités du GEI ont été
envoyées par le Secrétaire général aux participants à la consultation et à
toute autre entité qui était susceptible d'apporter une contribution
significative et de faciliter l'obtention de l'équilibre recherché.
vi) Le présent rapport final a été révisé
pour tenir compte des vues exprimées par les Membres dans leurs commentaires
écrits. De plus, il tient compte des discussions qui ont eu lieu au sein du GEI. Ce rapport a également pour objet de traiter des questions soulevées dans
la Décision 498 du Conseil. L'Annexe B regroupe divers tableaux et un
certain nombre d'informations sur la situation réglementaire de la téléphonie
IP dans certains Etats Membres de l'UIT.
vii) Outre le présent rapport, d'autres informations
de référence concernant le FMPT-01, les études de cas réalisées et des
documents sur la téléphonie IP en général sont en cours de publication sur le
site web de l'UIT, également à cette adresse.
Ils figureront également sur le CD-ROM établi pour la séance
d'information du Forum qui aura lieu le 6 mars 2001.
1 Résumé
1.1 L'utilisation croissante des réseaux
fondés sur le protocole Internet (IP) pour les services de communication, y compris
pour les applications telles que la téléphonie, est devenue une question
cruciale pour l'industrie des télécommunications dans le monde entier. La
possibilité d'acheminer du trafic vocal sur des réseaux IP, avec tous les
problèmes qui en sont les corollaires, mais aussi les débouchés qu'elle offre,
notamment au niveau de l'intégration voix/données, devra être marquée d'une
pierre blanche dans l'histoire de la convergence du secteur des communications.
Elle est également le reflet de la convergence entre deux types de réseau qui
ont vu le jour dans des contextes politiques et réglementaires très
différents:
-
le réseau téléphonique public
commuté (RTPC)[2], fondé, en grande
partie, sur la
technologie de la commutation de circuits et qui, jusqu'à ces dernières
années,
était fortement réglementé dans la plupart des pays;
-
l'Internet, fondé sur la
technologie de la commutation par paquets, et qui s'est transformé en réseau de données est
peu, voire pas du tout, réglementé.
Définitions
de travail
1.2 L'expression "téléphonie IP"
peut revêtir une signification différente pour un ingénieur ou pour un décideur
et il n'y a pas actuellement de consensus sur une définition exacte. Néanmoins,
pour plus de clarté, il faut différencier les diverses formes que peut revêtir
la téléphonie IP. Par conséquent, à titre de définition de travail et aux fins
du présent rapport, "la téléphonie IP" est le terme générique qui
désigne l'acheminement partiel ou total de signaux vocaux, de télécopie, etc.,
sur des réseaux IP à commutation par paquets. La téléphonie IP peut aussi
recouvrir des applications intégrant/incorporant les signaux vocaux et la
télécopie avec d'autres médias, comme le texte et les images. Dans le présent
rapport, les expressions "téléphonie IP" ou "protocole de transmission
de la voix par Internet (VoIP)" sont utilisées indifféremment. Une
troisième expression "téléphonie Internet", est également utilisée
dans le rapport pour désigner la téléphonie IP ou VoIP acheminée
partiellement ou totalement sur l'Internet.
Essor de la
téléphonie Internet
1.3 Une des évolutions fondamentales qui
retient l'attention des décideurs, des instances de réglementation et de
l'industrie elle-même est que l'Internet et les autres réseaux IP sont de plus
en plus utilisés de pair avec les réseaux téléphoniques à commutation de
circuits ou comme vecteurs de remplacement. Dans une certaine mesure, ils
deviennent la technologie de prédilection à mesure que de nouvelles
infrastructures sont mises en place.
1.4 Plusieurs des principaux opérateurs
publics de télécommunication (PTO) ont annoncé leur intention de faire passer
tout leur trafic international par des plates-formes IP et ont consenti de très
importants investissements pour mener à bien cette transition. Celle-ci
s'explique, entre autres, par le faible coût de la migration du trafic vers des
réseaux IP; un opérateur estime que cette technologie lui permettra d'acheminer
le trafic pour un coût représentant 25% du coût d'un réseau classique à
commutation de circuits. La libéralisation des marchés contribue également à
favoriser cette migration vers les réseaux IP. A la fin de l'année 2000, plus
des trois quarts du trafic international avaient pour origine des pays
dans lesquels la téléphonie IP est libéralisée. En outre, la majorité du trafic
téléphonique passe aujourd'hui par des réseaux IP coordonnés, par opposition à
l'Internet.
1.5 Même si les avis divergent concernant la
vitesse à laquelle la téléphonie IP se développera au cours des prochaines
années, il est généralement admis que tout ira assez vite. On pense déjà
qu'elle représente plus de 3% du trafic téléphonique international. Dans le
monde, le volume de trafic acheminé par des réseaux IP et de données est déjà
supérieur au volume du trafic téléphonique acheminé par le RTPC. Par
conséquent,
peu de pays peuvent se permettre de ne pas tenir compte de la
téléphonie IP.
1.6 L'essor des réseaux IP dans le monde a
des incidences profondes et de grande ampleur sur les sociétés, et donc sur les
consommateurs, l'industrie et l'administration de chaque pays. En effet,
l'infrastructure des télécommunications est de plus en plus fréquemment
considérée comme étant un élément constitutif de la compétitivité des pays à
l'ère de la Société de l'information et l'on se rend compte que la modernisation
des réseaux de communication peut contribuer à stimuler le développement
économique. Sur les marchés concurrentiels, les PTO établis s'orientent vers la
technologie IP pour le développement de leurs réseaux, non pas nécessairement
pour fournir des services téléphoniques meilleur marché (les prix des services
à commutation de circuits traditionnels ont déjà diminué du fait de la
concurrence) mais pour offrir un éventail beaucoup plus large et diversifié de
services multimédias et d'applications novatrices, et surtout pour pouvoir se
mesurer réellement sur les futurs marchés du e‑commerce.
1.7 La téléphonie IP est une composante
essentielle de ce scénario. Pour les consommateurs, la téléphonie Internet peut
permettre de réduire fortement le coût des appels téléphoniques longue distance
et internationaux par rapport à l'utilisation d'une ligne fixe à commutation de
circuits ou d'un réseau mobile. L'économie offerte peut compenser, du moins en
partie, toute perte de qualité qui peut s'ensuivre. Par ailleurs, la téléphonie
IP permet d'offrir aux consommateurs des services évolués intégrant la voix et
les données, à l'exemple des services de téléphonie intégrée sur le World Wide
Web ("cliquer pour parler") ou de la messagerie intégrée. Ajouter une
capacité de téléphonie au trafic acheminé sur les réseaux IP pose en outre des
problèmes relatifs au remplacement des services à commutation de circuits et
aux stratégies assurant la transition d'un réseau à l'autre.
Téléphonie
IP: méthodes d'action
1.8 En dépit de l'essor de l'Internet, la
plupart des analystes estiment que le RTPC continuera à se maintenir pour
autant que l'on puisse le prévoir. La coexistence des deux technologies du
réseau, et de plus en plus, leur combinaison, constitueront une question
importante pour les décideurs. Pour les PTO, les incidences financières
potentielles de la téléphonie IP sont difficiles à calculer. En effet, les PTO
historiques comptent sur des flux de recettes et des technologies qui
pourraient être compromis si la clientèle décidait d'opter pour d'autres
services, ou d'autres sociétés, qui offrent la téléphonie IP à un prix
inférieur. Néanmoins, ces préoccupations sont à replacer dans le contexte des
grands objectifs nationaux visant à améliorer la qualité de fonctionnement et le
coût des services offerts par les réseaux de télécommunication, ainsi qu'à en
élargir la gamme.
1.9 A mesure que les réseaux IP se
généralisent, les décideurs doivent également se demander si les cadres
réglementaires qui ont été mis en place et qui ont été conçus initialement pour
des réseaux à commutation de circuits sont véritablement appropriés pour les
réseaux IP, compte tenu des différences technologiques ou autres qui existent
entre les réseaux de type IP et les réseaux à commutation de circuits. Sur le
plan réglementaire, la façon de traiter la téléphonie IP varie sensiblement
d'un Etat Membre de l'UIT à l'autre, en fonction des intérêts en jeu. Dans
certains pays, les pouvoirs publics la définissent de manière à en autoriser la
fourniture au public, bien que l'opérateur historique conserve l'exclusivité de
la fourniture de la téléphonie de base. Dans d'autres pays, le service est
strictement interdit, tandis que dans d'autres encore il fait l'objet de
licences et est encouragé. Dans certains pays, la téléphonie IP est considérée
comme une technologie parmi d'autres à la disposition des PTO, voire ne fait
l'objet d'aucune réglementation.
1.10 Etant donné que le trafic de téléphonie IP
a, jusqu'ici, été essentiellement acheminé hors du RTPC - et donc en dehors des
structures réglementaires et financières qui se sont établies autour du
RTPC - certains pensent que, pour les PTO historiques des pays en
développement, la téléphonie IP pourrait compromettre non seulement leurs flux
de recettes jusque-là assurés, mais encore les programmes élaborés dans le
cadre du service universel, qui ont pour objet de développer les réseaux et les
services dans les régions non couvertes ou mal desservies. Dans d'autres pays,
la téléphonie IP et, en particulier, le déploiement de réseaux IP sont
considérés comme permettant d'encourager l'offre de services nouveaux et
meilleur marché, et donc de pousser à la baisse le prix des communications
téléphoniques.
1.11 Le présent rapport a pour objet de définir
le cadre des principaux problèmes posés par la téléphonie IP. La section 2
traite de ses aspects techniques et opérationnels, la section 3 de ses aspects
économiques et de ses incidences sur les Etats Membres et sur les Membres des
Secteurs. La section 4 est consacrée aux différentes approches
politiques et réglementaires que les Etats Membres ont adoptées en ce qui
concerne la téléphonie IP et à l'importance de cette technologie pour les
programmes de service universel et la convergence. La section 5 analyse les
relations entre téléphonie IP et développement des ressources humaines et
traite plus particulièrement des préoccupations propres aux pays en
développement.
2 Aspects techniques et opérationnels des réseaux IP
Introduction
2.1 Une évolution radicale se produit sous
nos yeux dans l'industrie des télécommunications ‑ évolution qui a
sans doute apporté autant de changements radicaux dans les communications
personnelles que l'a fait le téléphone par rapport au télégramme. Nous voulons
parler du remplacement des réseaux téléphoniques à commutation de circuits traditionnels
(RTPC) par des réseaux de données à commutation par paquets, qui
reposent sur le protocole Internet (IP, Internet protocol). La présente
section analyse les aspects techniques et opérationnels de la téléphonie IP.
Puisque la transmission téléphonique sur des réseaux IP n'est que l'une des
nombreuses applications IP possibles, la question est replacée dans le
cadre, plus large, des technologies de réseau IP.
2.2 Le RTPC a été conçu et développé à
l'échelle mondiale en ayant à l'esprit un service de prédilection: celui de la
téléphonie publique. Les caractéristiques de base du réseau du RTPC
(commutation de circuits et transmission en temps réel) sont particulièrement
adaptées à cette application. Le RTPC assure la téléphonie (transmission sonore
de qualité téléphonique), à condition que des terminaux appropriés (téléphones)
soient fixés aux points d'extrémité du réseau. Un tel réseau peut également
assurer d'autres services (par exemple, la télécopie et la transmission de
données) grâce à des terminaux de remplacement appropriés (par exemple,
télécopieurs et modems).
2.3 Les réseaux IP qui sont mis au point
depuis ces dernières années visent un ensemble précis de services: courrier
électronique, transfert de fichiers et consultation de bases de données. Le
réseau IP le plus vaste (et le plus connu) dans le monde est
"l'Internet", souvent appelé "l'Internet public". Il en
existe de nombreuses définitions, mais pour simplifier, on peut dire qu'il
s'agit d'un ensemble de réseaux informatiques interconnectés sur le plan
mondial qui utilisent le protocole Internet et partagent un même espace
d'adresses IP. Les ordinateurs connectés à l'Internet utilisent des logiciels
qui font fonction de serveurs ou assurent l'échange d'informations à l'aide
d'applications normalisées grand public. L'Internet a connu un succès fulgurant
au cours de la dernière décennie grâce à la mise en service de la technologie
du World Wide Web qui facilite l'accès des utilisateurs par des hyperliens à
des informations du monde entier.
2.4 La technologie Internet et les
applications qui s'y rapportent peuvent également être utilisées dans des
réseaux privés fondés sur le protocole Internet (dont les "Intranet")
ou réseaux locaux (LAN). Des applications ou des services Internet, tels que la
téléphonie IP, peuvent être mis en oeuvre soit sur l'Internet, soit sur des
réseaux IP privés, soit encore en utilisant les deux possibilités.
2.5 Avec le progrès technologique, les
réseaux IP continueront à évoluer et à fournir des services et des applications
de plus en plus complexes qui viendront s'ajouter aux communications de données
de base sur l'Internet. Bien qu'elles aient été au départ conçues pour des
communications en temps non réel, asynchrones, des extensions au
protocole Internet sont actuellement à l'étude qui permettent de prendre en
charge les applications qui ont besoin d'être acheminées en "temps
réel", telles que les flux de données audio et vidéo. La téléphonie IP
peut être considérée comme étant un exemple d'échange interactif de signaux
audio en temps réel entre les utilisateurs.
2.6 L'expression "téléphonie IP"
peut revêtir une signification différente pour un ingénieur ou pour un décideur
et il n'y a pas actuellement de consensus sur une définition exacte. Par
conséquent, à titre de définition de travail et aux fins du présent rapport, la
"téléphonie IP" est le terme générique qui désigne l'acheminement,
partiel ou total, de signaux vidéo, de télécopie, etc., sur des réseaux à
commutation par paquets. La téléphonie IP peut également englober des
applications qui intègrent/incorporent la transmission des signaux vocaux et de
la télécopie avec d'autres médias comme le texte et les images. Dans le présent
rapport, les expressions "téléphonie IP" ou "protocole de
transmission de la voix par Internet (VoIP)" peuvent être utilisées
indifféremment. La téléphonie IP peut être divisée en trois grandes catégories:
PC à PC, PC à téléphone et téléphone à téléphone en fonction du terminal
considéré. Enfin, une troisième expression "téléphonie Internet" est
utilisée dans le présent rapport pour désigner la téléphonie IP ou VoIP
acheminée partiellement ou totalement sur l'Internet.
2.7 La technologie IP, surtout lorsqu'elle
est intégrée à des applications de données, devrait permettre l'utilisation de
nouveaux terminaux d'utilisateur portables, multifonctions, qui seront beaucoup
plus faciles à utiliser, beaucoup plus interactifs et beaucoup plus personnels
que les téléphones classiques ou les ordinateurs individuels. Par exemple, ces
appareils pourront fournir des services en fonction de l'emplacement physique
de l'utilisateur. Ces nouveaux modes d'accès et les services connexes donneront
le jour à de nouvelles applications qui, à leur tour, seront le moteur d'une
nouvelle évolution des infrastructures des réseaux de télécommunication dans le
monde.
Evolution des infrastructures de réseau
2.8 Pendant la plus grande partie du XXe
siècle, les réseaux de télécommunication ont surtout servi à acheminer du
trafic téléphonique. Même si ce dernier continue à se développer, il représente
une partie de moins en moins importante de l'ensemble du trafic de
télécommunication par rapport au trafic de données. En conséquence, la prise en
charge des technologies IP est
désormais un élément stratégique de la conception, du développement et de
l'exploitation des réseaux de télécommunication.
2.9 Les différences
d'architecture entre réseaux à commutation de circuits et réseaux IP
s'expliquent par leurs origines. Les réseaux IP ont été au départ conçus pour
acheminer des communications bidirectionnelles, en temps non réel, ou asynchrones, typiquement "sans connexion" ou
"sans état". En d'autres termes, il n'y a pas création d'un circuit
unique de bout en bout maintenu pendant la durée de la communication. Par
opposition, les réseaux téléphoniques ont été conçus pour acheminer des
conversations bidirectionnelles en temps réel ou synchrones entre
deux points quelconques sur la quasi-totalité du globe, en utilisant des
circuits créés selon les besoins et qui sont maintenus pendant la durée de la
communication.
2.10 La technologie IP découpe les
transmissions électroniques en paquets composés d'un nombre d'octets variable.
Chaque paquet se voit attribuer un "en-tête" ou une adresse et est transmis
d'un routeur à l'autre, enrichi à
chaque étape d'informations suffisantes pour lui permettre de parvenir à la
prochaine étape où le même processus se répète. De ce fait, les "paquets
vocaux" d'un appel de téléphonie IP ne sont pas liés à des circuits donnés
et peuvent emprunter des voies d'acheminement très différentes entre les
appelants avant d'être restructurés. Par contre, les réseaux à commutation de
circuits utilisent des protocoles tels que le Système de signalisation
N° 7 (SS 7) et les communications sont habituellement acheminées par
l'intermédiaire d'une hiérarchie de commutateurs locaux, interurbains et
internationaux pour établir un circuit de bout en bout entre l'appelant et
l'appelé.
2.11 Les vendeurs et les opérateurs, qui
étaient des fournisseurs de télécommunication privilégiant la téléphonie et la
commutation de circuits tendent à devenir des prestataires de techniques
fondées sur les données et sur le protocole Internet. C'est pourquoi il devient
de plus en plus rare que des réseaux centraux soient mis en service uniquement
pour acheminer de la téléphonie. En conséquence, des efforts gigantesques sont
actuellement consentis pour la prise en charge d'applications en temps réel et
de "qualité exploitant" avec des technologies IP. De nombreux
opérateurs, tant de services filaires que de services sans fil, commencent à
investir dans la modernisation de la totalité de leurs réseaux pour leur donner
une architecture "tout IP" plus souple. A titre d'exemple, les
vendeurs et opérateurs de réseaux mobiles de la troisième génération (autrement
dit, des IMT‑2000) prévoient de faire basculer leurs réseaux centraux
vers les technologies IP, ce qui permettra d'améliorer l'intégration de la
téléphonie mobile et des services Internet. Ces innovations technologiques
ainsi que bien d'autres encore, qui sont rendues possibles par la téléphonie
IP, contribuent à estomper encore plus la distinction traditionnelle entre
services téléphoniques et services de transmission de données.
2.12 Il faut tenir compte du fait qu'il existe
plusieurs scénarios technologiques pour l'acheminement de la téléphonie sur les
réseaux IP et que ces scénarios impliquent souvent un traitement différent du
point de vue politique ou réglementaire. Dans l'un de ces scénarios, la téléphonie
IP est acheminée uniquement sur l'Internet entre ordinateurs. Dans un autre,
elle est juste utilisée comme technologie de transport sous-jacente pour les
réseaux qui assurent des services du RTPC. Dans ce cas, la signalisation et les
informations de réseau utilisent toujours le protocole du Système de
signalisation N° 7 (SS 7) couramment utilisé sur le RTPC et les
utilisateurs peuvent aussi accéder à un service à l'aide d'un téléphone
traditionnel ou d'un autre dispositif IP. Dans un troisième scénario, la
téléphonie IP est fondée sur une technologie IP complète de bout en bout (par
exemple sur des réseaux privés IP ou sur des réseaux mobiles de la prochaine
génération). Dans ce cas, il n'est pas fait appel à la signalisation SS 7, mais
on peut utiliser la nouvelle technologie "soft switch" pour gérer la
commande d'appel sur le réseau et assurer une gestion de réseau intelligent ‑ y compris
au moyen de caractéristiques de réseau téléphonique bien connues telles que la
tonalité d'occupation, le renvoi d'appel, l'enregistrement de données d'appel
pour la facturation, etc. Enfin, il est également possible d'utiliser des
passerelles ou l'interconnexion entre l'Internet ou les réseaux privés IP et le
RTPC[3].
Activités de normalisation de la téléphonie IP
2.13 Bien évidemment, la plupart des téléphones
sont encore - et seront encore pendant plusieurs années - connectés aux réseaux
téléphoniques traditionnels à commutation de circuits. Les services de
téléphonie IP doivent donc pouvoir accepter tout trafic émanant du RTPC et
assurer la terminaison d'une communication sur le RTPC, le tout en parfaite
continuité. Les services de téléphonie IP de la première génération qui étaient
reliés au RTPC par des passerelles n'offraient aucune fonction de réseau
intelligent (RI) (par exemple, l'identification du demandeur) et il n'était pas
possible de les interconnecter avec des systèmes de signalisation RTPC tels que
le Système de signalisation N° 7. Pour répondre à ces besoins, les travaux
de normalisation les plus récents concernent donc surtout l'architecture
distribuée des passerelles liant le RTPC aux réseaux IP. Ces passerelles
convertissent et retransmettent des appels dans l'un ou l'autre sens en même
temps qu'elles assurent des fonctions de gestion des appels.
2.14 La normalisation technique de la
téléphonie IP est en cours dans le cadre de nombreuses entités industrielles et
régionales ainsi que d'organismes de normalisation tels que le Secteur de la
normalisation des télécommunications de l'UIT (UIT‑T), le Secteur des
radiocommunications de l'UIT (UIT‑R), l'Institut européen des normes de
télécommunication (ETSI) et le Groupe d'étude sur l'ingénierie Internet (IETF).
2.15 Un exemple de normalisation dans le cadre
de l'UIT est la série de Recommandations H.323 rédigées par la Commission
d'études 16 de l'UIT‑T. Le champ d'application des Recommandations
de cette série est très vaste: audio conférence, visioconférence multimédia,
établissement et commande d'appel, gestion de la largeur de bande, interfaces
entre différentes architectures de réseau. Il faut également signaler le
Protocole d'initiation de session (SIP) défini par l'IETF pour la conférence,
la téléphonie, la détection de présence, la notification d'événements et la
messagerie instantanée. Plus étroitement lié à la technologie du web, le
protocole SIP peut permettre aux concepteurs d'élaborer des applications
téléphoniques et multimédias évoluées à l'aide de protocoles Internet et
d'outils web bien connus. Dans certains cas, l'IETF et l'UIT‑T ont
collaboré directement à la normalisation de la téléphonie IP, c'est ainsi
qu'ils ont mis au point le protocole commun H.248 (nom donné par l'UIT)[4] ou Megaco (nom donné par l'IETF).
Ce protocole définit les relations maître/esclave de gestion des passerelles
médias qui assurent l'acheminement de différentes formes de trafic - voix,
vidéo, télécopie et données - entre le RTPC et les réseaux IP. L'UIT‑R
participe également aux activités de normalisation liées à l'accès hertzien
fixe et mobile utilisant des réseaux IP. De nombreux autres organismes
industriels et consortiums s'acquittent également de tâches importantes ayant
trait à la normalisation.
Qualité de service et capacité
2.16 La qualité de service et un de ses
corollaires, la capacité de réseau, est un facteur déterminant dans la
téléphonie vocale et à ce titre, occupe souvent le centre du débat sur la
téléphonie IP, notamment lorsqu'il s'agit d'établir des classifications
réglementaires. La qualité peut se définir sur plusieurs plans: fiabilité,
débit, sécurité. En général, l'architecture de base du réseau IP se traduit par
des temps de transmission variables, surtout lorsque le trafic est intense. A
titre d'exemple, comme il n'y a pas de contrôle intégral de la gestion du
trafic sur l'Internet, la qualité de bout en bout ne peut être garantie et la
remise des paquets se fait "au mieux". C'est la raison pour laquelle
l'Internet n'est en général pas particulièrement bien adapté pour acheminer un
service téléphonique qui ne peut guère tolérer que des temps de transmission
minimes. Dans l'espoir de venir à bout de cette limitation, des réseaux IP
spécialisés, d'envergure mondiale, et gérés séparément ont été mis en place et
permettent à l'opérateur de réseau de contrôler la qualité sur de grandes
distances.
2.17 En règle générale, pour améliorer la
qualité, on peut, soit mettre en application des critères de qualité de
service, soit accroître la capacité disponible. D'aucuns estiment que la
deuxième solution est sans doute la plus facile à mettre en oeuvre, car elle
suppose une action moins concertée des différents fournisseurs de services
Internet (ISP).Toutefois, d'autres estiment que le simple fait d'accroître la
capacité nécessiterait toujours une action concertée des différents ISP car il
faudra probablement acheminer les communications sur des réseaux de
fournisseurs distincts et si l'un de ces réseaux était encombré, la qualité de
bout en bout des communications resterait encore dégradée.
2.18 Globalement, le problème de la qualité de
bout en bout se pose avec moins d'acuité quand ce sont des réseaux IP
coordonnés, spécialisés, et non plus l'Internet, qui sont utilisés pour la
téléphonie IP. Ces réseaux, qui se caractérisent par une capacité plus
importante, une vitesse de transmission plus élevée et une meilleure qualité
vocale permettent d'obtenir de meilleurs résultats. La gestion privée de la
capacité est donc aujourd'hui, en règle générale, un élément fondamental pour
assurer la viabilité commerciale de la téléphonie IP, beaucoup plus que ce
n'est le cas avec la qualité de service.
Numérotage et adressage
2.19 L'un des problèmes techniques que pose
l'intégration de plus en plus poussée des réseaux à commutation de circuits et
des réseaux à commutation par paquets a trait à la question de savoir comment
établir l'adresse des communications qui passent d'un type de réseau à l'autre.
En général, il est jugé souhaitable de disposer d'un plan global intégré
d'accès aux abonnés. Par exemple, le même numéro téléphonique UIT-T E.164
permettrait d'atteindre un abonné, indépendamment de la technologie de réseau
(IP ou RTPC) utilisée.
2.20 Il est maintenant largement possible
d'établir l'origine des communications émanant d'un réseau à adresses IP vers
un autre réseau, mais il est rare que l'on assure la terminaison de communications
provenant d'autres réseaux au niveau des réseaux à adresses IP. La terminaison
des communications se fait en général au niveau du RTPC, de sorte que l'abonné
demandé ne peut utiliser qu'un équipement terminal raccordé à un réseau de ce
type. Pour accéder à un abonné sur un réseau à adresses IP à partir du RTPC, il
faudrait mettre au point et utiliser un système global de numérotage et
d'adressage applicable indifféremment aux deux types de réseaux.
2.21 La Commission d'études 2 (CE 2) de
l'UIT-T étudie actuellement un certain nombre d'options envisageables qui
permettraient aux utilisateurs de réseaux à adresses IP d'accéder aux
utilisateurs de réseaux RTPC et inversement. Au titre de l'une de ces options,
des ressources de numérotage E.164 ont été attribuées à des systèmes IP. Une
autre solution consiste à faciliter l'interfonctionnement entre différents
systèmes d'adressage des abonnés dans les réseaux RTPC et les réseaux IP, par
exemple par le biais du protocole ENUM de l'IETF[5]. Ce protocole établit une
architecture et définit un système d'affectation de nom par domaine (DNS)
permettant de faire correspondre les numéros téléphoniques E.164[6] à des "identificateurs
uniformes de ressources" (URI, Uniform Resource Identifiers)[7]. Les URI sont des chaînes de
caractères permettant d'identifier diverses ressources: documents, images,
fichiers, bases de données et adresses e-mail. Par exemple, l'adresse http://www.itu.int/infocom/enum/
est l'adresse URI du site web de l'UIT où l'on trouvera un résumé des
activités liées à ce protocole.
2.22 Au cours de l'année dernière, la
CE 2, responsable de l'étude de la Recommandation E.164, et l'IETF ont,
après consultation, collaboré à des activités liées à la mise en oeuvre de
services ENUM dont un atelier, tenu récemment, visant à aider les
administrations à résoudre les problèmes opérationnels et administratifs qui se
posent dans leur pays au sujet des services ENUM[8]. Etant donné que les numéros E.164
peuvent être insérés dans le système DNS, le protocole ENUM semblerait avoir
d'importantes incidences pour les administrations nationales responsables de la
numérotation au titre des "indicatifs de pays". Il est reconnu, d'une
manière générale, que pour être utiles, les noms de domaine ENUM doivent
correspondre exactement à l'assignation des ressources E.164. Faute de quoi, ce
système perdrait son principal avantage, à savoir l'utilisation d'un système de
numérotage généralisé auquel le grand public est habitué.
2.23 De l'avis du Groupe de travail 1/2 de
la Commission d'études 2, les instances administratives, y compris les
administrateurs de zone DNS, devraient se conformer aux principes applicables
spécifiés dans les Recommandations[9] pertinentes de l'UIT‑T
concernant l'inclusion des données de ressources E.164 dans l'architecture DNS.
Plus précisément, dans une note de liaison[10] adressée récemment à l'IETF, le
Groupe de travail 1/2 de la Commission d'études 2 a indiqué que, la
plupart des ressources E.164 étant utilisées sur le plan national, le service
ENUM et les décisions administratives sont avant tout des questions nationales
qui sont du ressort des Etats Membres de l'UIT.
2.24 Dans le même temps, la question de la
gestion internationale neutre appropriée de la racine de la structure DNS ENUM
intéresse directement les Etats Membres de l'UIT. Afin de garantir que les noms
de domaine ENUM correspondent exactement au plan de numérotage E.164, il existe
un principe directeur bien établi, à savoir que la gestion des noms de domaine
ENUM doit refléter strictement l'intégrité actuelle de la gestion des numéros
E.164 internationaux. Pour garantir ce principe, il a été suggéré que la
responsabilité de la gestion de la racine de la structure DNS ENUM soit
également attribuée à l'organisme de gestion du système de numérotage E.164,
c'est-à-dire l'UIT. On aurait ainsi l'assurance que l'entrée des
"indicatifs de pays" dans la racine de la structure DNS ENUM se fait
uniquement en conformité avec les instructions expresses des Membres de l'UIT.
Les responsables de la réglementation et/ou décideurs des différents pays
voudront peut-être réfléchir, dès que possible, à leur participation aux
activités de la CE 2 de l'UIT‑T relatives au protocole ENUM.
2.25 La téléphonie IP peut avoir une incidence
sur la gestion des adresses IP et pourrait en fait mettre en évidence la
pénurie accrue d'adresses IPv4. Les solutions actuelles conçues pour réduire
autant que possible l'attribution d'adresses IPv4 pourraient constituer un
obstacle au développement généralisé de la téléphonie IP et peuvent favoriser
un déploiement plus rapide des adresses IPv6. Les règles de l'attribution des
adresses IPv4 restantes ainsi que des adresses IPv6 devraient être établies sur
une base équitable et n'entraîner aucune discrimination à l'égard de tel ou tel
opérateur ou pays.
Considérations
concernant l'interopérabilité
2.26 L'interopérabilité de la téléphonie IP et
du service téléphonique international, telle qu'elle est assurée actuellement
par les réseaux de télécommunication internationaux à commutation de circuits,
conformément au texte élaboré par le Groupe d'experts informel (GEI), appelle
l'examen du principe suivant:
L'interopérabilité
nécessite la compatibilité en amont de la téléphonie IP et du réseau
téléphonique international existant, de sorte qu'aucune contrainte ne doit être
imposée aux réseaux de télécommunication internationaux existants à commutation
de circuits. La compatibilité en amont doit englober notamment les aspects de
mesure de la qualité de fonctionnement ainsi que d'autres qui sont décrits en
détail dans les Recommandations pertinentes de l'UIT.
2.27 Compte tenu des critères
d'interopérabilité exposés ci‑dessus, les Secteurs appropriés de l'UIT
feront en sorte d'examiner et, le cas échéant, de réviser les aspects de
service, opérationnels et techniques associés, pour assurer le succès de
l'interopérabilité.
Activités des Commissions d'études de l'UIT
2.28 Dans l'ensemble, toutes les Commissions
d'études de l'UIT-T et de l'UIT-R ont inscrit dans leurs activités les travaux
de normalisation liés au protocole IP. Par exemple, les tâches de normalisation
de l'UIT relatives à la téléphonie IP concernent, entre autres, les domaines
suivants: services IP à qualité de service différenciée, interfonctionnement
entre le RTPC et les réseaux IP, numérotage, nommage et adressage, appui en
matière de taxation et de règlements, gestion intégrée des réseaux de
télécommunication et des réseaux IP, signalisation IP, principes de routage,
gestion du trafic, intégrité et fiabilité des réseaux (essentielles pour les
services d'urgence), réseaux optiques et systèmes hertziens fixes et mobiles
(par exemple, IMT-2000).
2.29
Les
Commissions d'études (CE) de l'UIT-T, s'occupent plus précisément des domaines
suivants: CE 2 (numérotage, nommage et adressage, acheminement et
interfonctionnement, principes du service, ingénierie du trafic, gestion du
réseau, qualité de service), CE 3 (taxation et règlements), CE 4
(gestion de réseau), CE 7 (interfonctionnement entre le relais de trame et
le protocole IP), CE 9 (services de réseaux en câble, prise en charge de
la téléphonie IP y compris), CE 11 (signalisation), CE 12 (qualité de
fonctionnement de bout en bout), CE 13 (Commission d'études directrice de
l'UIT-T concernant le protocole IP), CE 15 (passerelles VoIP, réseaux
optiques), CE 16 (Recommandations H.323, H.248 et Recommandations
connexes), et enfin la Commission d'études spéciale qui vient d'être créée sur
les "IMT-2000 et les systèmes ultérieurs". En ce qui concerne
l'UIT-R, le sujet intéresse les Commissions d'études suivantes: CE 6
(services de radiodiffusion, de Terre et par satellite);
CE 8 (services mobiles, de Terre et par satellite, IMT‑2000 y
compris) et CE 9 (service de Terre fixe), qui s'occupent toutes de l'accès
hertzien aux réseaux IP. Vous trouverez des informations plus détaillées sur
les activités précises des Commissions d'études de l'UIT à ce sujet dans le
rapport présenté au Conseil de l'UIT à sa session de l'année 2000[11] ainsi que sur les pages web de
l'UIT-T et de l'UIT-R[12].
3 Aspects économiques de la téléphonie IP et ses incidences
sur les Etats Membres et les Membres des Secteurs
Les perspectives de la téléphonie IP
3.1 Dans le monde entier, des sommes
gigantesques sont investies pour mettre en place des réseaux IP, tant pour
créer de nouvelles capacités que pour permettre aux réseaux existants à bande
étroite et aux futurs réseaux à large bande d'exploiter des services IP. C'est
dans ce contexte qu'il convient d'examiner les aspects économiques de la
téléphonie IP. Au départ, le moteur de cet investissement a été la volonté
d'élargir et d'améliorer l'accès aux réseaux de communication. Aujourd'hui, on
compte, dans le monde, plus de 300 millions d'utilisateurs. Même si, pour
beaucoup, l'Internet est avant tout utilisé à des fins d'information et de
divertissement, il ouvre également d'importantes perspectives de développement
socio-économique:
-
en utilisant les réseaux IP pour le
commerce électronique, les entreprises peuvent élargir leur clientèle
potentielle et faire baisser les coûts des transactions, tandis que les
économies nationales peuvent exploiter de nouveaux créneaux commerciaux;
-
en utilisant les réseaux IP pour
rechercher des informations, les professionnels des soins de santé peuvent se
tenir au courant des derniers progrès dans leurs spécialités et peuvent ensuite
faire profiter d'autres personnes de leurs connaissances;
-
en utilisant les réseaux IP pour
effectuer des recherches, les écoles et universités peuvent élargir
considérablement la gamme de services d'information mis à disposition des
élèves et étudiants et permettre aux enseignants de se tenir informés des
derniers progrès dans leurs disciplines respectives;
-
en utilisant les réseaux IP comme
outils de communication, les pouvoirs publics peuvent rendre leurs services
plus accessibles à leurs administrés et peuvent créer des sites web afin de
faire connaître des événements ou de fournir des informations.
Ce ne sont
là que quelques-unes des possibilités sans fin offertes par les technologies
IP, aussi bien pour les réseaux mobiles que pour les réseaux fixes. Même si
l'Internet n'en est qu'au début de sa croissance, le nombre de e-mails envoyés
chaque année dépasse déjà le nombre de télécopies et le volume de données et de
texte transmis est supérieur à celui des communications téléphoniques
internationales.
3.2 La plupart des pays ont adopté une
attitude favorable à l'Internet et prennent des mesures pour que tous les
citoyens aient accès aux possibilités ainsi offertes dans les domaines du
commerce, de la communication, de l'enseignement et des loisirs. Une étude
effectuée par l'UIT pour l'édition 2001 du Rapport
sur le développement des télécommunications dans le monde décrit comment
les différents pays ont adopté des politiques visant à encourager le
développement de l'Internet[13]:
-
en Egypte, le Government's
Information and Decision Support Centre a joué un rôle crucial dans la mise en
service de l'Internet en investissant dans la connectivité internationale et en
créant des sites web pour les secteurs du tourisme et de la santé;
-
en Hongrie, le réseau universitaire
Hungarnet assure un accès gratuit à l'Internet pour les quelque
400 000 étudiants et professeurs de l'enseignement supérieur;
-
en avril 2000, à Singapour, les
pouvoirs publics ont modifié leur régime d'octroi de licences en matière de
télécommunication, afin d'encourager plus d'investissements dans les
télécommunications et dans l'Internet. Parmi les modifications apportées, des
dispositions ont été prises en vue de faciliter et de rationaliser l'octroi de
licences pour les prestataires de services de téléphonie IP (IPTSP);
-
au Népal, un groupe spécial de
fonctionnaires réfléchit aux possibilités de promotion du commerce électronique
pour commercialiser les produits artisanaux du pays, faire connaître son
potentiel touristique et ses compétences en matière de logiciels.
3.3 Les réseaux IP peuvent être utilisés
pour de nombreuses applications autres que les simples messageries de texte et
communications de données. A mesure que leur capacité augmente, il devient
possible de mettre en service de nouvelles applications multimédias pionnières.
L'une de celles-ci est la capacité d'acheminer la voix, en temps réel comme
sous forme enregistrée, sur des réseaux IP. Les communications vocales en
mode paquets peuvent atteindre une qualité égale, sinon supérieure, à celles
qui sont acheminées sur des réseaux classiques à commutation, notamment dans
les cas où la largeur de bande ne manque pas. Dans la plupart des cas, la
téléphonie IP peut être offerte aux abonnés à des prix sensiblement inférieurs
à ceux des services qui passent par des réseaux à commutation de circuits. Cela
s'explique en partie par la faiblesse des coûts d'établissement et de
terminaison des appels, mais surtout par la réalisation d'économies sur la
composante longue distance des appels. Habituellement, le prix des appels sur
les réseaux à commutation de circuits est tributaire de la distance, des
bénéfices étant réalisés sur les grandes distances et les communications internationales
servant à subventionner, en partie, l'accès et le coût des communications
locales pour les abonnés. En revanche, la fixation du prix du trafic sur les
réseaux IP est en grande partie indépendante de la distance.
Marchés,
services et partenaires
3.4 Les prévisions relatives aux
perspectives économiques de la téléphonie IP varient considérablement. D'après
les estimations de TeleGeography, en
l'an 2000, les réseaux IP ont acheminé quelque 3,7 milliards de minutes de
trafic international, soit à peine plus de 3% du total mondial, mais le marché
est en pleine expansion. Il apparaît, d'après la plupart des études, que la
téléphonie IP est aujourd'hui utilisée principalement pour le trafic
international. A long terme, des débouchés commerciaux devraient s'ouvrir à la
téléphonie IP pour les réseaux longue distance et les réseaux locaux, surtout
si la transition au terme de laquelle les prix devront refléter les coûts n'est
pas pour demain.
3.5 Le marché de la téléphonie IP, ses
produits et ses partenaires, diffère considérablement de celui de la téléphonie
RTPC classique, qui, aujourd'hui encore, est dominé par les opérateurs
nationaux historiques. Les IPTSP exercent plutôt des activités internationales
que des activités nationales et travaillent souvent en partenariat avec des PTO
historiques auxquels ils apportent des compétences et une expérience, en même
temps qu'ils leur offrent des possibilités de gain, par exemple en proposant de
nouveaux types de trafic et de services à valeur ajoutée.
3.6 Le marché peut être segmenté de
plusieurs façons différentes, par exemple:
-
par types d'applications, dont
(selon leur ordre approximatif d'apparition): PC à PC; PC à téléphone;
téléphone à téléphone et services à valeur ajoutée;
-
entre opérations de gros et opérations
de détail;
-
entre les IPTSP qui offrent des
services payants et ceux qui offrent des applications gratuites pour
l'utilisateur final et financées par les recettes publicitaires;
-
selon les modalités dont la
téléphonie IP est utilisée pour acheminer des signaux vocaux, par exemple: au
niveau des réseaux des opérateurs historiques qui basculent vers le protocole
IP; au niveau des réseaux des PTO plus récents qui ne sont pas directement
connectés aux abonnés; au niveau des réseaux IP qui offrent des services
multimédias; ou via les prestataires de services Internet (ISP) qui
interconnectent l'Internet au RTPC.
La
principale source de revenus de ce secteur, pour le moment du moins, est le jeu
sur les prix, mais la situation évolue à mesure que les applications à valeur
ajoutée représentent une part croissante des recettes. Parmi ces applications
il y a lieu de citer, par exemple, la fonction "cliquer pour parler"
(téléphoner en cliquant sur une icône d'une page du web), les communications
unifiées (faire en sorte que la messagerie vocale, le e-mail et les messages de
télécopie puissent être accessibles à partir de n'importe quel dispositif),
l'accès au contenu de l'Internet par des signaux vocaux (les utilisateurs du
téléphone ont accès au contenu et aux transactions du web par des commandes
auditives) et la gestion de la présence ("trouver et suivre
l'abonné"). Les opérateurs qui commencent à utiliser la téléphonie IP pour
acheminer des services téléphoniques de base peuvent "apprendre sur le
tas" pour élaborer ensuite des applications plus perfectionnées.
Coûts et
prix
3.7 Alors que le potentiel à long terme de
la téléphonie IP réside dans les nouvelles fonctions et applications qu'elle
permet, elle offre pour avantage à court terme de permettre de réaliser des
économies par rapport à la téléphonie classique à commutation de circuits. Pour
les consommateurs, la téléphonie IP est invariablement moins onéreuse
que la téléphonie à commutation de circuits, notamment pour le trafic émanant
de marchés non libéralisés, qui est acheminé sur l'Internet et/ou qui permet de
réaliser des recettes publicitaires. Par exemple, en Hongrie, où les
consommateurs peuvent choisir de recourir à la téléphonie IP depuis 1999,
l'avantage de prix que cette technologie offre par rapport au trafic RTPC
classique est compris entre 20 et 50% par minute, même si les consommateurs ont
signalé des problèmes de qualité. Tous autres facteurs égaux par ailleurs -
qualité, commodité, fiabilité, etc. - la décision de recourir à la téléphonie
IP se justifie économiquement. Néanmoins, l'offre de téléphonie IP, dans sa
forme actuelle, ne répond pas toujours aux attentes des consommateurs, qui
doivent généralement accepter un compromis entre le prix et la qualité. La
propension à accepter un tel compromis dépend généralement du facteur prix, de
la perception de la qualité du service (par exemple, qualité de transmission,
convivialité, commodité) ainsi que de l'intérêt, pour les consommateurs,
d'utiliser certains des services de téléphonie IP les plus perfectionnés.
3.8 Pour les opérateurs publics de
télécommunication, les avantages potentiels que la téléphonie IP offre sur
le plan des coûts sont plus difficiles à calculer. En effet, les PTO
historiques disposent de flux de recettes établis, qui risquent d'être
compromis par l'adoption d'une téléphonie IP tarifée à meilleur prix.
L'incidence sur le PTO différera selon qu'il s'agit d'un fournisseur de réseaux
d'accès ou de réseaux de base ou des deux types de réseaux et selon que le
réseau est de type hertzien ou filaire. Dans le cas de la Hongrie (voir plus
haut), les pressions exercées dans un premier temps en faveur d'une offre de
téléphonie IP émanaient des fournisseurs de services mobiles qui voyaient la
possibilité de contourner le monopole du trafic international de Matav, qui
est aujourd'hui un IPTSP.
3.9 Il ressort d'un certain nombre d'études
que le coût de l'établissement et de l'utilisation de réseaux IP est bien
inférieur au coût équivalent des réseaux à commutation de circuits. Toutefois,
la nature exacte des avantages que les réseaux IP offrent aux PTO sur le plan
des coûts suscite toujours un vaste débat, et peut varier, par exemple:
-
Selon qu'un investissement IP
concerne un réseau nouvellement créé ou modernisé, ou qui complète un réseau
existant. La téléphonie IP sera plus facilement adoptée dans le cas de réseaux
nouveaux ou essentiellement nouveaux. Par exemple, au Sénégal, où les réseaux
existants ne desservent qu'à peine plus de 1 pour cent de la population, Sonatel
prévoit de convertir son réseau de base actuel en une infrastructure IP d'ici à
2004 et d'offrir aussi bien des services vocaux que des services de données sur
le même réseau IP intégré.
-
Selon que l'exploitant considéré est
un exploitant historique ou un nouveau venu sur le marché. Les nouveaux venus,
n'héritant d'aucun réseau à défendre, seront probablement les premiers à
adopter la téléphonie IP. Ainsi, en Chine, China Netcom, nouvel
opérateur exploitant le réseau du Ministère des chemins de fer, a entrepris de
mettre en place un réseau de téléphonie IP qui devait desservir 15 villes et
comprendre environ 9 600 kilomètres de câbles à fibres optiques,
d'ici à la fin de l'an 2000. L'utilisation de la technologie IP a permis
d'ailleurs à China Netcom de pénétrer le marché plus tôt qu'il n'aurait
pu le faire autrement et à un coût inférieur.
-
Selon la mesure dans laquelle
l'offre comprend des services à valeur ajoutée. Sur des marchés tels que la RAS
de Hong Kong et Singapour, où les communications locales sont gratuites (couvertes
par la redevance d'accès), les nouveaux opérateurs proposent des services à
valeur ajoutée qui permettent, par exemple, aux utilisateurs de la téléphonie
vocale de consulter leur courrier électronique (par exemple, T2mail.com)
ou encore assurent des services de boîtes aux lettres vocales et de
communication de messages de télécopie (par exemple, 2Bsure.com) sur
plate-forme IP.
-
En fonction des coûts de la
connectivité IP internationale. D'après certains pays, les coûts des lignes
louées internationales utilisées pour établir la connectivité IP sont trop
élevés et sont inégalement partagés. Cette question fait actuellement l'objet
de débats au sein de la Commission d'études 3 de l'UIT-T.
3.10 Compte tenu de tous ces facteurs,
l'incitation à passer à la téléphonie IP variera probablement selon le niveau
de développement économique du pays considéré et selon le degré de concurrence
sur le marché:
-
Dans les pays dans lesquels les
prix des communications internationales sont élevés, le principal avantage
de la téléphonie IP sera de faciliter le jeu sur les prix des transmissions
vocales simples avec toutefois, éventuellement, une qualité de service moindre.
Dans bon nombre des pays de cette catégorie, toutefois, le trafic téléphonique
IP sortant est interdit. Ainsi, la forme principale de téléphonie IP est
constituée par le trafic entrant. Même si l'utilisation de la téléphonie IP
n'est sans doute pas beaucoup plus légale pour le trafic entrant que pour le
trafic sortant, elle est plus difficile à déceler et à bloquer.
-
Dans les pays où l'on observe
une
diminution des prix des communications internationales - en ce qui concerne
aussi bien les prix de détail (consommation) que les prix de gros (règlements)
- le trafic de téléphonie IP peut déjà jouer un rôle en stimulant la
concurrence sur les prix (par exemple, en Hongrie ou en Thaïlande) ou en
offrant une solution de remplacement aux services proposés par les opérateurs
de lignes fixes établis (par exemple, en Colombie). Toutefois, un élément
critique, en l'occurrence, est la facilité d'utilisation du service par les
abonnés. Ainsi, au Pérou, le succès de la téléphonie IP est en partie à mettre
au compte de la disponibilité d'un équipement comparable à un poste
téléphonique (Aplio), capable d'utiliser soit les réseaux IP, soit le RTPC,
pour l'établissement des communications.
-
Dans les pays où les prix du
trafic international sont déjà peu élevés, en raison des effets de la
concurrence, la téléphonie IP est probablement appelée à jouer un rôle
important pour des raisons autres que le jeu sur les prix. Les débouchés
commerciaux de la téléphonie IP seront vraisemblablement fonction, d'une part
des possibilités d'offre de services intégrés à valeur ajoutée et, d'autre
part, des réductions de coût que pourraient consentir les PTO.
3.11 Afin de mieux comprendre l'interaction de
ces facteurs, il pourrait être utile que les Etats Membres et les Membres des
Secteurs procèdent à une analyse empirique fiable de l'avantage de prix que
peut offrir aujourd'hui la téléphonie sur l'Internet par rapport à d'autres
services du RTPC et notamment à une analyse de la structure de coût des réseaux
IP et des réseaux de télécommunication classiques. Il faut peut-être aussi
avoir une meilleure connaissance de certains services de téléphonie IP plus
novateurs.
Substitution et migration du trafic
3.12 Autre aspect économique associé à la
téléphonie IP: la possibilité de remplacer un service par un autre. A
l'évidence, une bonne partie du trafic de PC à PC acheminé en téléphonie Internet
peut en général être qualifié de "nouveau", puisque ce trafic
n'aurait pas existé sur le RTPC. Une bonne partie du trafic à tarification
réduite généré par les services de PC à téléphone représente aussi, en général,
un trafic nouveau, tout particulièrement le trafic proposé "sans
frais", par exemple par des entreprises telles que DialPad.com ou phonefree.com.
Mais une partie de ce trafic, ainsi que la majorité des communications
acheminées sur des liaisons de téléphone à téléphone, auraient pu aussi le
trafic supplémentaire sur les réseaux locaux et grande distance. A plus long
terme, à mesure que les PTO feront basculer leurs réseaux centraux vers une
plate-forme IP, il s'agira plutôt de migration que de substitution du trafic.
Ainsi, certains pays considèrent que l'élaboration de stratégies communes pour
le passage des réseaux à commutation de circuits aux réseaux IP aiderait
certains Etats Membres et Membres des Secteurs, notamment ceux des pays en
développement. De plus, les nouveaux services multimédias utilisant la
téléphonie IP pourraient produire du trafic téléphonique d'un type nouveau qui
n'existe pas aujourd'hui.
Incidence sur les Etats Membres et les Membres des Secteurs
3.13 Investir dans les réseaux IP peut être
considéré comme un investissement pour l'avenir, quel que soit le niveau de
développement économique de tel ou tel Etat Membre. Les arguments commerciaux
en faveur de l'investissement dans les réseaux IP sont rarement fondés sur le
seul potentiel de la téléphonie IP, mais évoquent plutôt les capacités de ces
réseaux à acheminer des données, du texte et de la vidéo ainsi que de la voix.
Les réseaux mobiles futurs de troisième génération, tout comme les réseaux
fixes, exploiteront vraisemblablement la technologie IP.
3.14 Certains Etats Membres ont choisi
d'encourager l'utilisation de l'Internet pour la transmission de texte et de
données, mais pas pour la téléphonie. Peut-être leur objectif est-il de mettre
les opérateurs historiques à l'abri de la concurrence potentielle. Toutefois, ils
encourent le risque que ces opérateurs soient mal préparés à exploiter leurs
activités dans le futur contexte mondial.
3.15 Même si certains pays en développement ont
choisi de limiter les appels sortants en téléphonie IP ainsi que de restreindre
la publicité faite à ces services, ils ne sont souvent pas en mesure de limiter
les appels entrants. L'un des principaux motifs qui incitent les PTO à faire
passer du trafic par des réseaux IP est de réduire le montant des règlements
dus aux PTO partenaires. Dans le cadre du système international des règlements,
le PTO ou les PTO du pays d'origine d'un appel doit verser une rémunération à
son ou ses homologues du pays de terminaison de l'appel. Il y a règlement
lorsque le trafic acheminé dans un sens est supérieur au trafic acheminé dans
l'autre sens. Leur montant est calculé à partir de "taxes de
répartition" qui font l'objet de négociations bilatérales. Un paiement de
règlement net est généralement effectué sur la base de la différence de minutes
de trafic multipliée par la moitié du montant de la taxe de répartition
(quote-part de répartition ou taxe de règlement). Le système des taxes de
répartition est en cours de révision et de nouveaux systèmes pour le règlement
des comptes sont à l'étude. Néanmoins, le trafic auquel s'appliquent des taxes
de répartition représente toujours une partie considérable des quelque 20% de
trafic international qui a pour origine ou terminaison un pays conservant un
régime de monopole.
3.16 Les paiements de règlement net ont
augmenté progressivement jusqu'au milieu des années 90 à mesure que les
flux de trafic devenaient plus déséquilibrés. Les PTO qui sont à l'origine de
davantage de trafic qu'ils n'en reçoivent sont poussés à rechercher d'autres
procédures d'acheminement. Ils s'efforcent ainsi d'éviter d'avoir à s'acquitter
de paiements de règlement définis sur la base de taxes de répartition
supérieures aux coûts et préfèrent payer des redevances d'interconnexion
calculées en fonction des tarifs des communications locales. Certains pays en
développement craignent une diminution des paiements qu'ils perçoivent au titre
des règlements si une part croissante de leur trafic entrant était acheminée
sur des réseaux IP. Ils redoutent que la baisse des recettes perçues au titre
des règlements ne compromette leur capacité à déployer l'infrastructure de
télécommunications de base dont ils ont besoin, et donc leur aptitude à réduire
la fracture numérique.
3.17 Les paiements nets au titre des règlements
sont en baisse dans le monde entier depuis le milieu des années 90 et l'on peut
objecter qu'il en irait de même si la téléphonie IP n'existait pas. Cette
tendance s'explique principalement par l'intensification de la concurrence et
des pressions exercées par les pays qui s'acquittent de ces règlements. A
mesure que les prix de détail diminuent et qu'un volume de trafic plus
important passe par des itinéraires plus avantageux, les taxes de règlement
s'orientent nécessairement à la baisse. Les PTO, qui ont toujours été
tributaires des recettes du service international pour assurer le
subventionnement croisé de leurs réseaux d'accès local, sont particulièrement
pénalisés par cette évolution du marché, qui ne fait qu'accélérer le
rééquilibrage tarifaire.
3.18 Le PTO de demain aura peut-être des
clients "captifs", par l'intermédiaire des services de facturation et
d'appui à la clientèle qu'il propose et pourrait aussi "capturer" le
réseau local, contrôlant l'origine et la terminaison des appels. Mais il est
peu probable qu'il parvienne jamais à "capturer" ou contrôler les
types d'application choisis par les clients. Il conviendrait peut‑être de
considérer que la téléphonie IP est plutôt l'une de ces applications qu'un
service.
3.19 Traditionnellement, les opérateurs ont
recours aux services les plus rentables, c'est‑à‑dire au service
longue distance et au service international, pour subventionner en partie les
fonctions d'accès au réseau et les communications locales. Sur des marchés de
plus en plus concurrentiels, ce type de subvention invisible n'est plus
soutenable. A l'avenir, les opérateurs devront plutôt essayer de résoudre de
nouveaux problèmes, et à cette fin, rééquilibrer sensiblement leurs tarifs et
compter davantage sur les recettes des communications locales.
3.20 Même si les IPTSP peuvent contourner
certains éléments du réseau d'un opérateur historique, ils ne pourront pas pour
autant faire l'économie des réseaux locaux. Au reste, dans la mesure où l'on
considère que la téléphonie Internet est une nouvelle application qui portera
un coup fatal aux autres applications et rend l'accès à l'Internet encore plus
recherché, il peut en résulter en fait une augmentation du volume des
communications locales. Déjà, dans certains Etats Membres, pas moins d'un tiers
des communications locales sont des connexions au réseau Internet bien que la
téléphonie IP ne représente qu'un faible pourcentage de cette demande. Par
ailleurs, l'accès téléphonique à l'Internet se développe très rapidement,
tandis que la croissance du trafic international se ralentit. La concurrence
rapprochera les prix des coûts et, lorsque la téléphonie IP offrira la solution
la moins onéreuse, cette solution pourrait avoir la préférence du consommateur.
3.21 Pour les Membres des Secteurs qui sont des
vendeurs d'équipements, l'élaboration de nouvelles lignes de produits IP va
vraisemblablement jouer un rôle essentiel dans leur croissance et leur
rentabilité futures. Sur les marchés des pays développés, la demande de
technologie de réseaux à commutation de circuits a fortement baissé et, bien qu'elle
reste soutenue dans les pays en développement, cette tendance ne devrait pas se
poursuivre indéfiniment. Les réseaux mobiles de la troisième génération
(IMT-2000), qui seront aussi des réseaux IP, offrent aux vendeurs des
possibilités supplémentaires de mettre sur le marché de nouveaux produits, dont
les services d'information spécialisés et personnalisés en fonction de
l'emplacement, qui ont toutes les chances de ressembler au modèle
client/serveur Internet plutôt qu'au modèle de télécommunication traditionnel.
3.22 Il importe aussi de tenir compte de
l'incidence de la téléphonie IP sur la mise en place de l'infrastructure
mondiale de l'Internet ainsi que sur les courants de trafic, questions qui
intéressent beaucoup les Membres de l'UIT. Au début, lorsque la plupart des
passerelles de téléphonie IP étaient déployées aux Etats‑Unis, les
courants de trafic de téléphonie IP reflétaient probablement d'une certaine
manière les courants de trafic du reste de l'Internet - c'est‑à‑dire
qu'ils étaient centrés sur les Etats‑Unis, en l'absence d'une
infrastructure de téléphonie IP évoluée en dehors des Etats‑Unis. A
mesure qu'un nombre plus important de passerelles de téléphonie IP, et en
particulier de passerelles plus évoluées sont déployées en dehors des Etats-Unis,
les courants de trafic ont tendance à être moins centrés sur les Etats-Unis et
le pourcentage de trafic de téléphonie IP transitant par ce dernier pays risque
de diminuer.
4 Problèmes de politique et de réglementation posés par la
téléphonie IP
Introduction
4.1 La présente section traite des
différentes approches politiques et réglementaires que les Etats Membres ont
adoptées en ce qui concerne la téléphonie IP, et des méthodes utilisées pour
établir des catégories dans ces cadres généraux. L'importance de la téléphonie
IP pour la convergence, les systèmes de service universel et les problèmes
transfrontières y est également analysée.
4.2 La téléphonie IP est traitée
différemment d'un Etat Membre de l'UIT à l'autre. Certains l'autorisent ou ne
la réglementent pas, d'autres l'interdisent, et d'autres encore lui appliquent
diverses restrictions, par le biais de l'octroi de licences ou d'autres
méthodes de réglementation. Il est aussi à noter que la question est
d'actualité alors que de nombreux Etats Membres assouplissent leur
réglementation et tendent à se fier davantage au jeu de la concurrence, et non
plus à la réglementation sectorielle, pour permettre aux concurrents de lutter
à armes égales sur les marchés des télécommunications.
4.3 Dans ces cadres généraux, l'existence de
la téléphonie IP pose aux décideurs et aux responsables de la réglementation
des problèmes précis, qui impliquent que soient conciliés soigneusement et en
toute connaissance de cause des intérêts divergents, voire concurrents. Quelle
est donc la "place", si elle en a une, de la téléphonie IP dans les
différents régimes de réglementation des télécommunications? Quels devraient
être les droits et les obligations des IPTSP par rapport à ceux des
fournisseurs de services téléphoniques traditionnels qui, souvent, sont visés
par diverses réglementations relatives aux télécommunications du secteur public
et aux obligations de service universel? La téléphonie sur Internet, la
téléphonie VoIP et la téléphonie vocale sur le RTPC doivent-elles être traitées
de façon uniforme, ou différemment? Doit-on exiger des IPTSP qu'ils soient
détenteurs d'une licence, à l'instar de la plupart des exploitants
traditionnels de services téléphoniques vocaux? Ou bien la téléphonie IP
doit-elle être considérée comme une technologie nouvelle qui offre de nouveaux
services et de nouvelles applications susceptibles de se développer au mieux
sans intervention, ou avec une intervention minimale, des pouvoirs publics?
4.4 Dans un premier temps, il est utile
d'indiquer les grands objectifs possibles qui pourraient être fixés par les
pouvoirs publics pour la téléphonie IP et sur lesquels pourrait reposer le
régime réglementaire adopté, la question étant de savoir s'il faut appliquer
les structures de télécommunication héritées du passé. Les objectifs, qui
pourraient également constituer les paramètres d'une analyse coûts/bénéfices de
toute stratégie, seraient les suivants:
-
Service universel/accès universel
-
Services de télécommunication à un
prix abordable
-
Rééquilibrage tarifaire
-
Egalité des chances pour les
concurrents et les nouveaux venus sur le marché
-
Encourager les nouvelles
technologies et les nouveaux services
-
Stimuler l'investissement dans le
déploiement de réseaux et les nouveaux services
-
Incidence sur les flux de recettes
des opérateurs historiques
-
Transfert de technologie
-
Développement des ressources
humaines
-
Croissance économique dans son
ensemble, en particulier dans le secteur des télécommunications.
4.5 Ces points étant énoncés, la présente
section a pour objet de proposer une répartition approximative, par catégories,
des différents modes de traitement de la téléphonie IP dans un certain nombre
d'Etats Membres et des facteurs pris en compte par les responsables dans chaque
pays. Elle propose quelques exemples illustrant certaines des différentes
approches nationales. A titre de référence, les tableaux de l'Annexe B
proposent une classification du traitement réservé à la téléphonie IP par
certains Etats Membres, en fonction des réponses qu'ils ont apportées à un
questionnaire sur la réglementation élaboré récemment par l'UIT.
Le tableau
général
4.6 A l'heure actuelle, les stratégies
adoptées par les différentes nations peuvent être classées en plusieurs grandes
catégories:
-
La première est celle des pays qui
autorisent en partie ou en totalité la téléphonie IP dans leur régime
réglementaire.
-
La deuxième catégorie rassemble les
pays qui interdisent la téléphonie IP.
-
La troisième catégorie recouvre les
pays qui ne réglementent pas la téléphonie IP.
-
La quatrième catégorie enfin est
celle des pays dans lesquels la situation est incertaine ou dans lesquels la
question n'est pas encore officiellement à l'étude.
4.7 La plupart des Etats Membres de l'UIT
relèvent de cette dernière catégorie (pays qui n'ont pas défini de politique
précise en matière de téléphonie IP). Ainsi qu'il apparaît à la lecture de
l'Annexe B, les approches adoptées diffèrent fortement d'un pays à l'autre,
souvent en fonction de la situation du marché ou du degré de libéralisation. Il
est important de noter que c'est la composante de service, c'est‑à‑dire
le service de téléphonie vocale
assuré par l'intermédiaire du réseau Internet ou d'un réseau IP, qui est le
plus souvent visée par la réglementation et non pas l'utilisation de la technologie IP proprement dite.
4.8 Ce sont surtout les pays en
développement qui interdisent la téléphonie IP, peut-être parce qu'ils
craignent que ce service ou cette application détourne des recettes au
détriment de l'opérateur historique, comme signalé également dans les sections
3 et 5. Dans certains cas, il a été demandé aux ISP de bloquer l'accès à
certains sites web, basés dans d'autres pays, qui offrent des appels gratuits
de téléphonie IP. Toutefois les PTO de certains pays en développement adhèrent
à la téléphonie IP et supportent les conséquences d'une diminution des recettes
par minute générées par les services longue distance et internationaux, plutôt
que de risquer de perdre l'occasion d'obtenir des recettes tirées des secteurs
d'avenir liés à la téléphonie IP[14]. Un grand nombre de pays qui
conservent un régime de monopole des télécommunications n'interdisent pas
expressément la téléphonie IP. Toutefois, ces pays n'autoriseraient
probablement aucun exploitant, en dehors de l'opérateur historique, à assurer
ce service. Mais, dans la pratique, la téléphonie IP (ou à tout le moins les
différents services de PC à téléphone) pourrait être autorisée dans ces pays,
car elle n'est absolument pas considérée comme étant un service de téléphonie vocale,
donc concurrent[15]. De plus, pour assurer un service
de PC à téléphone de qualité acceptable, il faut disposer d'un accès fiable et
raisonnablement rapide à l'Internet, conditions qui sont rarement réunies dans
les pays en développement. C'est dire que le problème posé par la terminaison
du trafic international entrant est le principal élément à prendre en compte
dans la téléphonie IP pour de nombreux pays en développement.
4.9 Les pays qui ne réglementent pas la
téléphonie IP ou ont choisi de l'inclure concrètement dans le cadre
réglementaire régissant leurs télécommunications justifient leur stratégie de
différentes façons. Premièrement, ils sont parfois motivés par la volonté
d'encourager et de stimuler les technologies nouvelles ainsi que par leur réticence
à réglementer des technologies toujours en évolution. La téléphonie IP peut
être considérée comme incitant à faire baisser les tarifs téléphoniques, ce qui
profite au consommateur. Deuxièmement, les restrictions qui s'y appliquent
peuvent aussi être considérées comme incompatibles avec les méthodes visant à
encourager le déploiement des réseaux IP et la migration vers ces réseaux.
Enfin, les responsables de la réglementation dans ces pays hésitent parfois à
intervenir sur de nouveaux marchés tant qu'ils n'ont pas de preuve d'un échec
commercial.
Licences et restrictions
4.10 Le régime d'octroi de licences est l'un
des principaux outils dont disposent les autorités responsables des
télécommunications pour régler le problème de la téléphonie IP. Les modalités
et conditions dont sont assorties les licences existantes peuvent être
interprétées comme interdisant ou autorisant les nouvelles prestations de la
part des nouveaux venus sur le marché. A vrai dire, sur des marchés non
concurrentiels, la licence accordée à l'opérateur historique peut être
considérée comme étant un obstacle insurmontable par les nouveaux venus qui
souhaiteraient proposer des services de téléphonie IP. A l'inverse, dans
certains pays, les PTO sont expressément habilités à détenir des licences
d'exploitation de services de téléphonie IP. Le régime d'octroi de licences
pour les systèmes hertziens de troisième génération (par exemple, les IMT‑2000)
a généralement eu pour base le modèle centré sur la téléphonie. Toutefois, les
systèmes IMT‑2000 offriront à l'abonné des services multimédias de
téléphonie/données convergents sur des réseaux IP de bout en bout, avec pour
principale caractéristique l'accès permanent à l'Internet. De ce fait, il
faudra éventuellement réévaluer les régimes actuels d'octroi de licences,
puisque ce sont peut‑être les données et non la téléphonie qui
caractérisent, pour l'essentiel, ces systèmes.
Distinctions d'ordre réglementaire
4.11 Dans les pays qui ont adopté des
politiques afférentes à la téléphonie IP, il est possible de relever un certain
nombre de facteurs qui servent à distinguer la téléphonie IP d'autres services
de télécommunication généralement réservés ou soumis à licence. Lorsqu'il
s'agit de déterminer si un service donné relève ou devrait être considéré comme
relevant de la téléphonie vocale traditionnelle, de nombreux pays se fondent
sur un certain nombre de distinctions d'ordre réglementaire, invoquées
isolément ou en combinaison. Citons, parmi les plus courantes, les types de
services, l'opposition voix/données, le mode de transmission, les opérateurs
propriétaires de leurs installations par rapport aux revendeurs ou encore la
qualité de service. Comme les fournisseurs du service de téléphonie IP n'ont
pas besoin d'avoir leurs propres installations de réseau, il se peut que les
structures applicables à la téléphonie traditionnelle, qui reposent précisément
sur les installations de réseau, ne soient pas appropriées et qu'il faille
envisager de nouvelles solutions. Ces distinctions et d'autres éléments de
différenciation sont traités dans les lignes qui suivent.
Type de service
4.12 Dans les pays qui ont adopté des
politiques en matière de téléphonie IP, certains responsables de la
réglementation établissent des distinctions, explicites ou non, entre les
services PC à PC, PC à téléphone et téléphone à téléphone. La plupart des
politiques nationales en matière de téléphonie IP se rapportent normalement aux
services assurés de téléphone à téléphone. Les services de communication entre
ordinateur personnel et téléphone sont souvent interdits dans les pays qui
interdisent la téléphonie IP généralement, alors qu'ils sont souvent
autorisés, sans condition, dans les pays qui l'autorisent, sous une seule forme
ou sous toutes ses formes. En principe, il est rare que les services de
communication par carte à prépaiement soient traités séparément. Ces services
sont plutôt couverts par d'autres formes de service de téléphone à téléphone,
la différenciation se faisant plutôt sur le plan de la commercialisation et de
la facturation que sur le plan technologique. Il convient par ailleurs de noter
que, dans le cas de nombreux pays, on ne dispose tout simplement pas
d'informations permettant de savoir si le PTO historique a recours à la
téléphonie IP et, dans l'affirmative, si cette utilisation se fait en vertu de
la licence octroyée ou dans le cadre d'une autorisation spéciale. Certains PTO
peuvent simplement supposer que leur concession internationale leur permet
d'offrir la téléphonie IP s'ils le souhaitent pour des raisons d'économie de
coûts ou pour proposer un service distinct à prix réduit.[16]
4.13 Un autre aspect du type de service a trait
à la clientèle cible. Certains responsables de la réglementation autorisent les
fournisseurs de téléphonie IP à bénéficier d'un traitement différent selon
qu'ils fournissent directement leurs services à des utilisateurs finals ou
simplement à d'autres prestataires de services.
Voix/données
4.14 Autre distinction d'ordre réglementaire,
la plus importante peut-être dans de nombreux pays, la distinction entre la
voix et les données. Dans certains cas, les services de téléphonie IP peuvent
équivaloir sur le plan fonctionnel à des services téléphoniques traditionnels,
de sorte que le moyen de transmission n'a aucune importance pour l'utilisateur.
Mais la distinction voix/données intervient souvent sur le plan des
définitions, au niveau de l'application des politiques, même si certains
estiment que cette distinction est de moins en moins pertinente dans la mesure
où la technologie de la téléphonie IP et les opérateurs créent de nouveaux
services intégrant l'Internet, la transmission de données et d'autres services
encore.
4.15 Dans la plupart des pays, l'Internet qui,
au départ, était un réseau de texte et de données, est considéré comme étant extérieur
au cadre des télécommunications traditionnelles. La tendance est à la
réglementation légère, voire à l'absence de réglementation, des services
Internet, tandis que les services de téléphonie vocale traditionnels font
l'objet d'une réglementation détaillée (même si elle est de plus en plus
ciblée)[17]. En effet, aux fins de la
réglementation, le trafic Internet est assimilé dans de nombreux Etats Membres
à un trafic de données, même si dans certains cas (par exemple, connexion
téléphonique à l'Internet), les bits sont effectivement acheminés par des
circuits du RTPC. Lorsqu'il est devenu possible d'assurer des
communications de téléphonie vocale sur l'Internet, l'un des arguments
présentés en faveur d'un traitement différent de cette application consistait à
faire valoir qu'il s'agissait tout simplement d'une autre forme de
communication de données sur l'Internet
Mode de transmission sur le réseau
4.16 Les stratégies peuvent également varier
selon qu'il y a conversion IP/RTPC et, si tel est le cas, selon son emplacement
(c'est‑à‑dire, s'il existe un fournisseur de services). Dans les
services de téléphone à téléphone, la conversion initiale de la parole du mode
commutation de circuits au mode IP se fait généralement dans les locaux d'un
fournisseur de services, en particulier dans le cas des services à carte
prépayée. Dans les services de PC à PC ou de PC à téléphone, la conversion
initiale se fait au niveau de l'ordinateur personnel de l'utilisateur, si bien
qu'il n'est souvent pas nécessaire qu'un fournisseur de services soit établi
dans le pays de l'utilisateur. L'emplacement du fournisseur de services
Internet peut jouer un rôle important puisque la présence commerciale est en
général l'une des conditions sine qua non de la réglementation dans de nombreux
pays.
4.17 Considérons maintenant une communication
qui ne passe pas par le RTPC national, mais qui est acheminée depuis un réseau
pour données privé jusqu'à une passerelle IP, puis sur les liaisons Internet
internationales. Ici, le RTPC local n'a pas été "utilisé". La
réglementation liée à la téléphonie de base concerne souvent essentiellement le
réseau d'accès local. Si ce réseau n'est pas utilisé, le service en question
peut en fait ne pas être considéré du tout comme un service de télécommunication
de base.
Qualité de service
4.18 Il est également possible de distinguer la
téléphonie IP en se demandant si elle assure des communications "en temps
réel", comme la téléphonie traditionnelle. Une telle distinction est
d'ordre technique: il faut déterminer si le service assure la transmission
instantanée et bidirectionnelle des signaux de parole. Lorsque la réponse à
cette question est négative, il arrive souvent que le service ne soit pas
considéré comme de la téléphonie vocale mais plutôt comme un service
d'enregistrement et de retransmission ou de messagerie. Ce dernier type de
service est souvent classé dans la catégorie des services "à valeur
ajoutée" ou "améliorés", lesquels, traditionnellement, sont
faiblement réglementés, voire non soumis à la réglementation. La différence
entre un service en temps réel et un service dit d'enregistrement et de
retransmission peut techniquement se mesurer en millisecondes, mais n'est
généralement pas définie sur le plan juridique. Du point de vue du
consommateur, celui-ci peut bénéficier de l'élargissement de la gamme des prix
pour différentes qualités d'appel. Un autre aspect ayant trait à la qualité
consiste à déterminer s'il a été répondu comme il convient aux plaintes émises
par les abonnés au sujet des erreurs de numérotation et d'adressage qu'ils ont
constatées en utilisant la téléphonie IP.
4.19 Du fait que l'acheminement de signaux de
téléphonie Internet sur l'Internet fait généralement intervenir plusieurs
étapes de conversion et se déroule dans des conditions de trafic imprévisibles,
avec pour résultat des temps morts que l'on n'observe généralement pas en
téléphonie à commutation de circuits, on peut dire que le critère de
communication "en temps réel" n'est pas respecté. Mais les
améliorations techniques apportées à la téléphonie assurée sur des réseaux IP
coordonnés vont peut‑être réduire les temps morts au point que l'on
pourra raisonnablement assimiler ces communications à du trafic "en temps
réel". Par ailleurs, les temps morts observés en téléphonie IP peuvent
être comparables à ceux qui caractérisent la téléphonie par satellite, voire
plus brefs, et la qualité du son peut être assimilable à celle qu'offre la
téléphonie mobile. Ainsi, les critères techniques de qualité de service sur
lesquels on se fonde pour exclure la téléphonie IP peuvent également, sans que
telle soit l'intention du législateur, exclure d'autres types de téléphonie
vocale du domaine d'application de la réglementation. A l'avenir, certains
estiment que la téléphonie IP sur l'Internet pourra être assurée à des niveaux
de qualité équivalents de ceux du RTPC.
4.20 La Recommandation UIT‑T G.114
(version révisée du 02/96) (Temps de transmission dans un sens) définit des
paramètres techniques d'après lesquels l'on peut dire si la qualité de la téléphonie
est satisfaisante (nous ne citons pas les notes de bas de page):
"[L]'UIT-T recommande d'appliquer les limites
suivantes au temps de transmission dans un sens pour les connexions qui
comportent des dispositifs adéquats de protection contre l'écho, conformément à
la Recommandation G.131 (Réduction de l'écho pour le locuteur):
• 0 à 150 ms: acceptable pour
la plupart des applications d'usager;
• 150 à 400 ms: acceptable sous
réserve que les Administrations connaissent l'effet du temps de transmission
sur la qualité de transmission des applications d'usager;
• plus de 400 ms: inacceptable
aux fins de la planification générale des réseaux; cependant, il est reconnu
que, dans certains cas exceptionnels, cette limite pourra être dépassée."
Catégories spéciales
4.21 Dans certains pays, les opérateurs de
services mobiles se voient accorder des droits spéciaux qui les autorisent à
utiliser la téléphonie IP pour acheminer des appels internationaux, ce qui leur
permet de contourner la passerelle internationale de l'opérateur établi pour
les appels entrants et/ou sortants. D'autres pays, quant à eux, restreignent le
droit des opérateurs de services mobiles à offrir ou assurer des services de
téléphonie IP.
Equivalence fonctionnelle
4.22 L'équivalence fonctionnelle est un concept
d'ordre réglementaire que divers pays appliquent pour utiliser de façon
combinée, en partie ou en totalité, les critères définis plus haut lorsqu'ils
entreprennent d'élaborer une politique permettant de décider s'il y a lieu de
traiter certaines formes de téléphonie IP de la même façon que la téléphonie
classique à commutation. Le principe qui sous‑tend cette approche est que
des services analogues ou équivalents doivent faire l'objet d'un traitement
analogue. D'autres pays ne sont pas d'accord avec ce principe et ont donc
choisi de ne pas appliquer les mêmes conditions aux nouveaux services en
estimant que cela aurait pour effet de freiner la croissance économique et le
développement de services novateurs.
4.23 Dès lors que de grands objectifs précis
ont été clairement définis et que des priorités ont été établies, dans les pays
qui adhèrent au concept de l'équivalence fonctionnelle, on peut appliquer ce
principe de façon que des services fonctionnellement équivalents soient visés
par des spécifications réglementaires équivalentes. Dans la détermination de
l'"équivalence fonctionnelle", les décideurs peuvent s'appuyer sur un
certain nombre de critères: qualité de service, nature du service et
fournisseur du service, et autres éléments (par exemple, le service est-il
proposé au public?). Lorsque le service de téléphonie IP en question est tel
qu'un téléphone classique ou mobile peut être utilisé comme terminal d'origine
ou de terminaison, que le service est proposé au public, que le RTPC intervient
et que le service présente un niveau de qualité technique acceptable, on peut
raisonnablement conclure que ce service est l'équivalent fonctionnel d'un
service téléphonique traditionnel. En revanche, puisque les systèmes hertziens
IMT‑2000 offriront probablement des services de convergence
essentiellement de type données/multimédias plutôt que de type téléphonique,
certains estiment, compte tenu du critère de l'équivalence fonctionnelle,
qu'ils devraient être traités essentiellement comme des systèmes de données au
lieu d'être réglementés sur la base du principe de l'équivalence fonctionnelle
téléphonique.
Neutralité technologique
4.24 La neutralité technologique est un
principe dont se réclament certains décideurs et les responsables de la
réglementation au sujet de la téléphonie IP et d'autres technologies nouvelles
de communication. D'une manière générale, on peut dire que ce concept vise à
appliquer la réglementation d'une manière équitable à des services analogues,
indépendamment de la technologie utilisée pour fournir ces services. A moins
que des impératifs de politique générale ne l'emportent, ce concept a pour
objet d'encourager la concurrence en veillant à ce qu'un fournisseur ne
bénéficie pas d'un traitement réglementaire plus favorable qu'un autre
lorsqu'il fournit des services équivalents. Néanmoins, ce concept, qui peut
être interprété de plusieurs manières différentes, est mis en oeuvre selon des
modalités différentes dans les Etats Membres.
4.25 Selon l'une de ces interprétations, la
neutralité technologique est liée au concept d'équivalence fonctionnelle des
services, indépendamment de la plate‑forme technologique et le service
téléphonique public de base ne saurait échapper à la réglementation, même s'il
est fourni sur un réseau IP. La définition du service téléphonique vocal doit
être fondée sur des critères fonctionnels qui peuvent être évalués
indépendamment des technologies employées. On considère qu'en traitant
uniformément sur le plan réglementaire des services à peu près analogues, on
avantage ni ne désavantage les technologies, qu'elles soient nouvelles ou
traditionnelles. Par conséquent, une réglementation adaptée pourrait être
appliquée aux services tels que la téléphonie IP qui se rapprochent de la
téléphonie classique. Ainsi, une réglementation sur les services de numéros
d'urgence serait appliquée à tous les opérateurs assurant des services
téléphoniques, quelle que soit la technologie employée.
4.26 Selon une autre interprétation, les
décideurs et les responsables de la réglementation ne devraient pas être
indifférents à la technologie. Les technologies nouvelles pourraient profiter
d'un "créneau", par exemple d'une asymétrie réglementaire pendant une
période transitoire, qui leur permettrait de se développer sans être tenues de
respecter les obligations traditionnelles. Cette approche pourrait permettre
aux petites et moyennes entreprises qui offrent de nouvelles technologies ou de
nouveaux services d'entrer en concurrence avec les opérateurs traditionnels du
secteur et pourrait encourager l'obtention de résultats conformes aux lois du
marché. En cas d'échec commercial, on pourrait recourir à une politique
favorisant la concurrence pour lever les obstacles ou mettre un frein aux
pratiques abusives sans qu'il soit nécessaire de prévoir une réglementation,
des définitions ou des classifications sectorielles qui risqueraient d'être
vite périmées.
4.27 Mieux faire comprendre les différentes
solutions envisagées par les Membres de l'UIT pour permettre une réglementation
ou un traitement qui ne favoriserait aucune technologie, en expliquant et en
analysant plus en détail comment ce concept s'applique à la fourniture de
réseaux et de services publics de téléphonie fonctionnellement équivalents,
constituerait un pas en avant vers l'instauration d'un environnement commercial
mondial propice à l'utilisation de réseaux et d'applications IP. Cela ne
signifie pas que tous les services de communication devraient être assujettis à
un même degré de réglementation ou de traitement réglementaire, mais cela
éviterait que ce principe soit appliqué de manière inefficace, voire
contradictoire. Il serait aussi utile qu'il existe une concordance de vues pour
faciliter la compréhension commune de ces nouvelles technologies et de ces
nouveaux services ainsi que pour améliorer la capacité des responsables de la
réglementation de se tenir informés des événements qui caractérisent ce marché
en évolution rapide.
Convergence et téléphonie IP
4.28 Les analystes spécialistes des questions
techniques annoncent depuis plusieurs années que toutes les formes de
communications fusionneront tôt ou tard en une plate-forme unique, et, depuis
quelques années, il semble que cette future plate-forme unificatrice soit
constituée par le protocole Internet. Avec la pénétration croisée des marchés
des opérateurs et des radiodiffuseurs, dans de nombreux pays, et alors que les
opérateurs de systèmes mobiles adoptent des plates-formes IP dans leurs
systèmes de la troisième génération, dans le monde entier, les structures de
réglementation sont appelées à s'adapter. Parallèlement à la rationalisation et
à l'allègement du cadre réglementaire régissant les télécommunications, du fait
de la convergence, il devient nécessaire de déterminer s'il convient
d'appliquer aux nouvelles plates-formes de télécommunication de nouveaux
modèles ou s'il faut conserver les modèles hérités du passé et s'il est
toujours approprié de mettre en oeuvre une réglementation sectorielle.
4.29 L'un des principaux problèmes qui se
posent sur les marchés des télécommunications ouverts récemment à la
concurrence concerne les modalités d'interconnexion des fournisseurs de
services locaux. On peut concevoir que certains IPTSP cherchent à bénéficier du
statut associé à la détention d'une licence d'exploitation locale, qui présente
de nombreux avantages en ce qui concerne par exemple les droits
d'interconnexion, les ressources de numérotage et l'accès à des éléments
essentiels tels que les listes d'annuaire. Telle est déjà la situation, par
exemple, au Royaume-Uni. La téléphonie IP repose en quelque sorte sur le RTPC,
puisque les communications ont parfois pour origine et presque toujours pour
point de terminaison le RTPC, mais l'intégration n'est pas totale. La question
de savoir si l'intérêt public impose
l'interconnexion des différents ISP (et IPTSP) pourra également se poser dans
un avenir proche[18]. Une autre solution consiste à
appliquer la législation nationale régissant la concurrence, ainsi que les
doctrines appropriées élaborées en vertu de cette législation et relatives aux
installations essentielles, dans le cadre d'une stratégie favorable à la
concurrence visant à assurer l'égalité des chances entre les concurrents.
4.30 L'un des aspects importants de cette
question est l'accès à tel ou tel élément spécifique de la "boucle
locale". A de nombreux égards, la concurrence au niveau local semble poser
les problèmes de réglementation les plus complexes entraînés à ce jour par la
libéralisation des marchés des télécommunications. L'intégration des services
Internet et des services IP et des réseaux à commutation de circuits des
opérateurs historiques ou des nouveaux opérateurs rendra plus complexe
l'environnement local. L'ouverture de la boucle locale aura probablement
l'effet suivant: un plus grand nombre de nouveaux intervenants seront en mesure
d'offrir des services de données à large bande aux abonnés, dont la téléphonie
avec dégroupage de la boucle locale sur le réseau de l'opérateur historique. De
nouveaux opérateurs concurrentiels ont ainsi la possibilité d'offrir la
téléphonie IP conjointement avec la transmission de données à large bande
utilisant la technique DSL.
4.31 La téléphonie IP peut également être
envisagée dans le cadre plus large du déploiement de réseaux IP dans le monde
et il convient de reconnaître que ces réseaux ne sont pas mis en place pour
acheminer uniquement du trafic téléphonique mais font partie d'une stratégie
plus large visant à offrir des services multimédias. Il ne sera
vraisemblablement pas rationnel de mettre en place des réseaux IP uniquement
pour acheminer de la voix, mais il faut les considérer comme s'inscrivant dans
une stratégie visant à élaborer une gamme complète de services multimédias. Les
pays qui chercheraient à s'allier avec des partenaires pour la construction de
ces réseaux devront d'abord mettre au point des meilleures pratiques visant à
créer les conditions commerciales propices à l'investissement et à
l'installation de réseaux IP. Pour certains, la mise en place d'une structure
réglementaire simplifiée est un élément important susceptible de créer des
conditions de marché favorables pour les investissements dans les réseaux IP.
Incidences
de la téléphonie IP sur le service/l'accès universel
4.32 Il est communément admis que le marché à
lui seul ne favorisera pas l'expansion des réseaux dans des régions et des
zones économiquement peu prometteuses. C'est pourquoi les obligations de
service/d'accès universels et leur financement sont un élément commun aux
politiques nationales de télécommunication.
4.33 La réglementation asymétrique des services
vocaux et des services de données incite naturellement les arbitragistes à
chercher à contourner le RTPC et à se soustraire par là même aux obligations
réglementaires onéreuses associées au trafic vocal, en particulier aux
contributions finançant implicitement le subventionnement croisé ou
explicitement, le service universel, ou bien l'un et l'autre. Les petits PTO
peuvent alors proposer des services internationaux rentables, tandis que les
PTO plus importants peuvent réaliser sur leurs coûts des économies
déterminantes sur des marchés extrêmement concurrentiels. L'incitation est
particulièrement vive lorsque le trafic sortant est supérieur au trafic entrant
et/ou lorsque les obligations de service universel sont non négligeables.
4.34 On peut envisager d'appliquer à la
téléphonie sur Internet une politique constructive visant à encourager le
développement de l'Internet et l'expansion des petites et moyennes entreprises
dans un pays donné. Toutefois, pareille politique n'est pas toujours compatible
avec les objectifs du service/de l'accès universel. En effet, l'essentiel du
trafic téléphonique IP commercial est acheminé par des réseaux IP coordonnés,
tandis que l'Internet n'intervient absolument pas en l'occurrence,
essentiellement pour des raisons de qualité. Ainsi, une telle politique ne
contribuerait guère à développer l'accès à l'Internet, mais encouragerait le
contournement des programmes de financement du service universel visant à
accroître l'accessibilité des lignes téléphoniques les plus souvent utilisées,
précisément, pour donner accès à l'Internet. Toutefois, il convient de
reconnaître que l'incidence de la téléphonie IP sur le service/l'accès
universel dépend de la façon dont le service universel est financé dans un pays
donné et du type de connectivité utilisé par les IPTSP.
4.35 De plus en plus, la téléphonie IP sert à
proposer des services équivalents sur le plan fonctionnel aux services de
téléphonie locale traditionnels, mais sans les contraintes réglementaires qui y
sont associées. Cette évolution est certes positive sur le plan de la
concurrence, et bénéficie aux consommateurs, mais peut progressivement rendre
non viables certains mécanismes de financement du service universel. Dans un
petit nombre de pays, les fournisseurs de services téléphoniques IP équivalant
à d'autres formes de téléphonie sont tenus de contribuer au financement du
service universel.[19] Se pose alors une question
fondamentale: sur le plan des obligations de service universel, faut-il traiter
différemment les communications selon qu'elles reposent sur une plate-forme
technologique (par exemple, IP, relais de trame ou ATM) ou sur une autre?
4.36 Pour certains pays, ce problème pourrait
se faire sentir avec plus d'acuité si la définition du service/de l'accès universel
était élargie à l'accès et aux applications Internet, ce qui augmenterait les
besoins de financement. Une solution consisterait à élargir ou redéfinir la
catégorie de fournisseurs de services qui doivent contribuer au service/à
l'accès universel; une autre serait d'envisager d'autres sources de financement
du service universel. Une autre solution consiste à prévoir des incitations
pour les IPTSP qui entrent sur les marchés, s'ils contribuent à la mise en
place de l'infrastructure IP et s'ils proposent des services novateurs
susceptibles d'abaisser les coûts. Le traitement de la téléphonie IP par
rapport au service universel pourrait être fondé sur des considérations telles
que le concept de l'équivalence fonctionnelle, la situation du marché national
des télécommunications, le déploiement global de l'infrastructure d'ensemble du
réseau, l'extension de la téléphonie IP et enfin, la part qu'elle devrait
occuper sur le marché de la téléphonie vocale.
4.37 La téléphonie IP peut également servir à
atteindre les objectifs de service/d'accès universel surtout lorsque les
marchés ne sont pas encore ouverts à la concurrence. Les réseaux IP, en
fonction de la situation et des circonstances, peuvent remplacer
avantageusement les réseaux à commutation de circuits et peuvent donc
représenter une solution moins onéreuse lorsqu'il faut étendre la capacité ou
en créer une nouvelle. Des études complémentaires sur les coûts comparés de la
mise en place de réseaux IP permettraient de développer ce point et pourraient
servir de référence aux responsables lorsqu'ils doivent prendre des décisions
relatives à l'expansion des réseaux nationaux. En outre, dans la mesure où la
téléphonie IP permet de téléphoner à prix réduit et augmente les possibilités
de communication pour les populations mal desservies, elle pourrait faciliter
et élargir l'accès des personnes à faible revenu aux services de téléphonie de
base.
4.38 La plupart des pays se sont fixés pour
objectif de développer l'accès à l'Internet, et il est facile d'ajouter un certain
nombre de services de téléphonie vocale longue distance et internationaux à
faible coût à la gamme des services Internet déjà proposés dans les télécentres
communautaires. De tels services ne feraient pas nécessairement concurrence,
sur le plan économique, à un opérateur historique, et pourraient être exploités
dans le cadre d'une stratégie de transition pour proposer un accès facile et
financièrement abordable aux couches de la population qui n'ont pas le
téléphone à domicile[20].
Aspects transfrontières
4.39 Le traitement de la téléphonie IP de
téléphone à téléphone peut avoir certaines incidences au niveau du marché de la
téléphonie internationale. La téléphonie IP peut servir l'intérêt public dans
le pays d'origine en exerçant des pressions à la baisse considérables sur les
taxes de règlement internationales et les prix à la consommation. Dans le pays
de terminaison, elle peut représenter une solution de remplacement même lorsque
les décideurs ont pris le parti de restreindre ou d'interdire la concurrence.
Par ailleurs, les IPTSP peuvent bénéficier d'une réglementation plus légère que
celle à laquelle sont asservis les opérateurs RTPC historiques. Mais lorsqu'une
approche libéralisée dans le pays d'origine est en contradiction avec des
politiques restrictives bien définies sur les marchés étrangers où est
effectuée la terminaison des services considérés, il peut être utile de
disposer d'un moyen de résoudre ce type de problème, tout en respectant les
droits souverains des Etats Membres.
4.40 Les différentes approches du concept de
neutralité technologique et de sa mise en oeuvre peuvent amener les
investisseurs à douter de l'environnement réglementaire et peuvent empêcher
l'expansion mondiale des réseaux IP et de la téléphonie IP. C'est pourquoi la coopération
et les tentatives visant à parvenir à des définitions communes de ces concepts
peuvent contribuer à favoriser le développement de réseaux mondiaux en continu.
En veillant à ce que les technologies concurrentes ne soient ni avantagées ni
désavantagées sur le plan mondial, on encouragerait la diversité, la souplesse
et l'innovation dans l'offre de services. L'élaboration de concepts communs et,
éventuellement, d'un ensemble unifié de définitions de travail en ce qui
concerne la téléphonie IP faciliterait les comparaisons entre les données
d'expérience existantes et, en cas de besoin, les conceptions harmonisées au
niveau mondial.
4.41 D'une manière plus générale, on pourrait
se demander dans quelle mesure - éventuellement d'ailleurs - certaines formes
de téléphonie IP sont ou devraient être assujetties aux accords et procédures
internationaux existants - plans de numérotage mondial, conventions de routage
du trafic, règlements comptables, ainsi qu'accords de commerce
multilatéraux - qui s'appliquent à la téléphonie internationale
traditionnelle. A noter que certaines de ces questions sont examinées de plus
en plus souvent dans le cadre d'arrangements commerciaux privés. Enfin, comme
il a été analysé dans la section 2, l'interopérabilité des réseaux IP et
l'élaboration des normes techniques nécessaires à l'échelle mondiale sont des
questions essentielles qui transcendent les frontières.
5 La dimension développement et les questions relatives au
développement des ressources humaines
Questions
liées au développement des ressources humaines
5.1 Au cours des vingt dernières années, les
PTO du monde entier ont fait basculer leurs réseaux de l'analogique au
numérique. Pour cela, il a fallu que leurs collaborateurs acquièrent de
nouvelles compétences. Les Etats Membres et les Membres des Secteurs de l'UIT
ont souvent collaboré pour faciliter les activités de transfert de
technologies, de développement de ressources humaines et de maintenance des
réseaux, au bénéfice des pays en développement. Le passage des réseaux à
commutation de circuits aux réseaux IP représente une mutation aussi radicale
que la transition entre l'analogique et le numérique et nécessite, lui aussi,
la collaboration des Membres de l'UIT. Du fait que cette mutation coïncide avec
le renforcement de la concurrence sur les marchés et qu'il y a souvent pénurie
de personnel compétent en matière de réseaux IP, de nombreux PTO des pays en
développement craignent de ne pouvoir suivre le mouvement. Comme les PTO
historiques emploient souvent beaucoup de personnel et sont à l'origine de
recettes non négligeables pour leurs pays, il est d'autant plus indispensable
qu'ils bénéficient d'une assistance dans le domaine du développement des
ressources humaines.
5.2 Le développement technique sous-jacent à
la téléphonie IP utilise pour une large part des outils et, dans une certaine
mesure, des compétences qui relèvent du domaine plus large de l'Internet.
Compte tenu de l'essor rapide de l'Internet dans les pays en développement, il
est probable qu'un nombre plus élevé de personnes de ces pays auront des
compétences dans le domaine de la technologie IP plutôt que dans celui des
techniques de commutation des télécommunications. De ce fait, il se peut que
les pays en développement se prêtent mieux au développement local de la
technologie et des services de téléphonie IP que ce ne fut le cas pour la
technologie plus traditionnelle des télécommunications. L'établissement de
partenariats entre les fournisseurs de services de téléphonie IP et les
opérateurs historiques ainsi que les fournisseurs de services des pays en
développement peut contribuer à répondre aux besoins de formation et à
déterminer l'efficacité des réseaux IP dans l'optique de la migration future
des réseaux.
5.3 L'enseignement et la formation sont des
éléments clés du développement économique et humain et du renforcement de la
compétitivité internationale d'un pays. Les mesures prises par les pouvoirs
publics (c'est‑à‑dire, au niveau de décision) sont un facteur
important pour créer un environnement capable de faciliter le développement de
l'infrastructure (tant sur le plan humain que physique). Les pays ont besoin
que non seulement les fournisseurs de services et les fabricants acquièrent des
compétences concernant le protocole IP mais également que tous ceux qui
s'occupent de réglementation et de politique générale reçoivent une formation
adéquate et que la communauté des utilisateurs soit sensibilisée à ces progrès.
L'UIT pourrait fournir un "centre de connaissances" par
l'intermédiaire duquel les Etats Membres et les Membres de Secteurs pourraient
partager leurs connaissances et leurs points de vue sur les tendances globales
des technologies IP, y compris les activités d'autres organismes de
normalisation, le développement de l'infrastructure, les services et
applications IP et enfin, les activités et politiques de réglementation.
La fracture
numérique
5.4 La téléphonie IP pose donc un dilemme
aux pays en développement, et notamment à leurs PTO historiques:
• D'une part, elle est prometteuse
puisqu'elle peut entraîner une diminution du prix des appels téléphoniques
internationaux, par exemple en offrant aux abonnés privés la possibilité
d'appeler à un prix raisonnable des membres de leur famille établis à
l'étranger, et en permettant par ailleurs aux entreprises de jouer un rôle plus
efficace sur le marché mondial. La téléphonie IP peut également se traduire par
des augmentations du trafic et de l'utilisation du réseau et permettre en outre
aux PTO d'exploiter de nouveaux marchés à l'étranger. La téléphonie IP peut
aussi réduire les coûts de la mise en place de l'infrastructure nationale et
introduire des technologies et applications novatrices permettant aux
communautés mal desservies de mieux communiquer et d'avoir accès à
l'information.
• D'autre part, on peut objecter que
la téléphonie IP menace de remettre en question la structure de prix établie
par le PTO historique et d'éroder la rentabilité de son activité économique au
niveau de l'établissement et de la terminaison des communications internationales.
Elle peut également réduire sa capacité à investir dans l'expansion du réseau
national ou à satisfaire ses obligations de service universel.
5.5 Parmi les pays en développement qui ont
adopté une politique réglementant précisément la téléphonie IP, nombre d'entre
eux ont choisi, soit de l'interdire carrément, soit de n'en autoriser la
fourniture que par l'intermédiaire du PTO historique[21]. Les pays en développement qui
envisagent la téléphonie IP de façon assez libérale sont relativement rares,
bien que la Chine soit une exception de taille. Dans ce pays, la téléphonie IP
est désormais adoptée par chacun des grands opérateurs internationaux
détenteurs d'une licence, qui sont autorisés à fournir des services nationaux
et internationaux. En Chine, la téléphonie IP a permis au marché de s'ouvrir
plus tôt que prévu à la concurrence, ce qui a entraîné une baisse sensible des
prix des communications internationales.
5.6 Ceux des pays en développement qui
interdisent ou restreignent la téléphonie IP réévalueront peut-être leur
position s'ils parviennent à la conclusion que la téléphonie IP permet de faire
baisser les prix des communications et de rendre certains services plus
accessibles, deux objectifs essentiels de la lutte contre l'élargissement de la
fracture numérique. Même si la plupart des Etats en développement se montrent
généralement favorables aux réseaux IP, et en particulier à l'Internet, ils ont
souvent adopté une position différente à l'égard de la téléphonie IP. Les
fournisseurs de services Internet dans ces pays peuvent donc être privés de
recettes potentiellement intéressantes, ce qui peut freiner le développement de
l'Internet. Dans certains cas, ces fournisseurs sont priés de bloquer l'accès à
certains sites web qui, depuis l'étranger, permettent d'établir gratuitement
des communications IP. Les sites web étant toujours plus nombreux à intégrer
des applications vocales, ces interdictions deviendront de plus en plus
difficiles à appliquer. Il se pourrait donc que les fournisseurs de services
d'application et les concepteurs de sites web dans les pays en développement
soient en position défavorable pour concurrencer leurs homologues des pays dans
lesquels la téléphonie IP est libéralisée.
Projets
d'Avis
5.7 Aux termes de sa Décision 498, le
Conseil demande au FMPT de débattre des questions relatives à la téléphonie sur
Internet et, si possible, de formuler des Avis qui seront examinés par les
Etats Membres et les Membres des Secteurs de l'UIT ainsi que par les
participants aux réunions pertinentes de l'UIT. Suite aux travaux menés par le
Groupe d'experts informel, trois projets d'Avis ont été élaborés en réponse à
la demande du Conseil:
• le projet d'Avis A examine les
incidences générales de la téléphonie IP pour les Membres de l'UIT en ce qui
concerne les politiques et les réglementations des Etats Membres de l'UIT dans
le domaine des télécommunications; les incidences de la téléphonie IP pour les
pays en développement, en particulier pour ce qui est des politiques et du
cadre réglementaire ainsi que des aspects techniques et économiques; et les
répercussions de la téléphonie IP sur les activités des Membres des Secteurs,
notamment en ce qui concerne les questions financières et les débouchés
commerciaux;
• le projet d'Avis B examine les
mesures propres à aider les Etats Membres et les Membres des Secteurs à
s'adapter à l'évolution de l'environnement des télécommunications résultant de
la mise en service de la téléphonie IP, y compris l'analyse de la situation
actuelle (par exemple, au moyen d'études de cas) et l'élaboration de mesures
concertées possibles, associant les Etats Membres et les Membres des Secteurs
de l'UIT, en vue de faciliter l'adaptation à ce nouvel environnement;
• le projet d'Avis C invite le FMPT à
examiner des mesures visant à aider les Etats Membres et les Membres des
Secteurs à relever, du point de vue du développement des ressources humaines,
les défis présentés par les nouvelles techniques de télécommunication telles
que la téléphonie IP, en particulier la pénurie de personnel compétent, les
besoins de formation et le transfert de technologies.
Ces projets
d'Avis ont été présentés pour examen et suite appropriée à donner, le cas
échéant.
Annexes:
Annexe A: Décision 498 du Conseil
Annexe B: Situation de la téléphonie IP dans
certains Etats
Membres de l'UIT
Glossaire des acronymes
Annexe A
Décision 498
Troisième
Forum mondial des politiques de télécommunication
Le
Conseil,
considérant
la
Résolution 2 de la Conférence de plénipotentiaires (Minneapolis, 1998),
relative au maintien du Forum mondial des politiques de télécommunication, qui
est chargé de débattre des politiques de télécommunication et des questions de
réglementation, en particulier des problèmes mondiaux et intersectoriels et de
procéder à des échanges de vues et de renseignements à cet égard,
notant
a) le rapport du Secrétaire général
reproduit dans le Document du Conseil C2000/3;
b) les enseignements tirés des Forums
précédents, à savoir le Forum sur les communications personnelles mobiles
mondiales par satellite (1996) et le Forum sur le commerce des services de
télécommunication (1998),
considérant en
outre
a) que la téléphonie sur Internet
(téléphonie IP) est l'un des thèmes d'actualité les plus brûlants pour les
Etats Membres et les Membres des Secteurs de l'UIT;
b) que le développement de la téléphonie
IP a également d'importantes répercussions dans plusieurs domaines, en
particulier le développement des ressources humaines, notamment dans les pays
en développement,
décide
1 de convoquer à Genève le troisième
Forum mondial des politiques de télécommunication, du
7 au 9 mars 2001, afin de débattre des questions relatives
à la téléphonie sur Internet et de procéder à des échanges de vues sur ce
thème, selon le projet d'ordre du jour suivant:
a) incidences générales de la téléphonie
IP pour les Membres de l'UIT en ce qui concerne:
• les politiques et les réglementations des
Etats Membres de l'UIT dans le domaine des télécommunications;
• les incidences de la téléphonie IP pour les
pays en développement, en particulier pour ce qui est des politiques et du
cadre réglementaire ainsi que des aspects techniques et économiques;
• les répercussions de la téléphonie IP sur
les activités des Membres des Secteurs, notamment en ce qui concerne les
questions financières et les débouchés commerciaux;
b) mesures propres à aider les Etats
Membres et les Membres des Secteurs à s'adapter à l'évolution de
l'environnement des télécommunications résultant de la mise en service de la
téléphonie IP, y compris l'analyse de la situation actuelle (par exemple au
moyen d'études de cas) et l'élaboration de mesures concertées possibles,
associant les Etats Membres et les Membres des Secteurs de l'UIT, en vue de
faciliter l'adaptation à ce nouvel environnement;
c) mesures visant à aider les Etats
Membres et les Membres des Secteurs à relever du point de vue du développement
des ressources humaines les défis présentés par les nouvelles techniques de
télécommunication telles que la téléphonie IP, en particulier la pénurie de
personnel compétent, les besoins de formation et le transfert de technologies;
2
que le
Forum rédigera un rapport et, si possible, formulera des avis qui seront
examinés par les Membres ainsi que par les participants aux réunions
pertinentes de l'UIT;
3 que les dispositions pour le
troisième FMPT seront analogues à celles qui ont été prises pour les deux
premiers. En particulier:
a) les discussions devront être fondées
sur un rapport du Secrétaire général reprenant les contributions des Etats
Membres et des Membres des Secteurs de l'UIT, qui sera le seul document de
travail du Forum; elles seront axées sur des questions clés sur lesquelles il
serait souhaitable de parvenir à des conclusions;
b) le rapport final du Secrétaire général
sera diffusé au moins six semaines avant l'ouverture du Forum des politiques;
c) le rapport du Secrétaire général sera
élaboré comme suit:
i) le Secrétaire général convoquera un groupe
d'experts informel équilibré, dont chacun participe activement à la préparation
du Forum des politiques dans son pays, pour prêter son concours;
ii) un premier projet sera diffusé, sur la base
des contributions disponibles, et assorti d'une demande de commentaires, quatre
mois au plus tard avant l'ouverture du Forum;
iii) un deuxième projet incluant les commentaires
reçus de la part des Membres sera diffusé dix semaines avant l'ouverture du
Forum en vue de recueillir de nouvelles réactions;
d) le Forum sera ouvert aux Etats
Membres, aux Membres des Secteurs ainsi qu'aux petites et moyennes entreprises,
le public étant autorisé à y assister en qualité d'observateur;
e) le Secrétaire général encouragera les
Etats Membres et les Membres des Secteurs de l'UIT, ainsi que les autres
parties intéressées, à verser des contributions volontaires pour aider à payer
les dépenses du Forum des politiques et pour faciliter la participation des
PMA;
f) les séances du Forum se tiendront
conformément aux dispositions du Règlement intérieur appliqué lors des deux
Forums précédents.
Annexe B
Situation de la téléphonie IP dans certains
Etats Membres de l'UIT
Les Tableaux B.1, B.2 et B.3, établis sur la
base des données disponibles, précisent la position actuelle d'un certain
nombre d'Etats Membres de l'UIT en ce qui concerne le statut réglementaire de
la téléphonie IP. Toutefois, ces tableaux ne couvrent pas la totalité des Etats
Membres, du fait qu'un grand nombre d'Etats Membres de l'UIT n'ont simplement pas adopté de politique spécifique pour
ce qui est de la téléphonie IP ou n'ont pas répondu à l'enquête de l'UIT. Les
Etats Membres sont invités à fournir des informations complémentaires ou des
éclaircissements concernant leur position, de telle sorte qu'il soit possible
d'actualiser les tableaux.
Tableau B.1
Pays dont
la réglementation inclut la téléphonie IP (autrement dit, la transmission
de signaux vocaux et de télécopie sur l'Internet et sur des réseaux IP)
dans leur
système réglementaire ou qui ne la réglementent pas expressément
Pas d'interdiction spécifique pour la
téléphonie/télécopie sur l'Internet public ou sur des réseaux IP
|
Autorisée ou non réglementée si la
transmission n'est pas en temps réel (n'est pas assimilée à de la
téléphonie vocale)
|
Autorisée. Dans le cas d'une transmission en
temps réel, assortie de conditions peu contraignantes (obligation de
notification ou d'enregistrement, autres dispositions de base de la
réglementation de la téléphonie vocale classique)
|
Autorisée. Lorsque la transmission se fait en
temps réel, assimilée aux autres services de communication vocale (sous réserve d'octroi de
licences et visée par les dispositions détaillées de la réglementation
applicable à la téléphonie vocale classique)
|
Angola
Antigua-et-Barbuda1
Argentine
Bhoutan
Congo
Costa Rica
République dominicaine
Estonie2
Etats-Unis4
Gambie
Guatemala
Guyana
Madagascar
Malte
Mexique
Mongolie2
Népal
Nouvelle-Zélande
Pérou6
Pologne
République slovaque
Sainte-Lucie1
Saint-Vincent-et-Grenadines3
Tonga
Ouganda
Viet Nam
|
Pays de l'Union européenne5
Hongrie
(lorsque le temps mort de transmission est =/> 250 ms et la perte de
paquets > 1%)
Islande
Norvège
|
République tchèque
RAS de Hong Kong
Japon
Singapour
Suisse
|
Australie
Canada
Chine
Corée (République de)
Israel
Malaisie
Maroc
|
NOTES - Selon que la transmission des signaux
de parole s'effectue ou non "en temps réel", la réglementation
afférente à la téléphonie classique peut s'appliquer à divers degrés. On ne
dispose pas pour tous les pays d'informations réglementaires permettant de
déterminer si le service est assuré ou non en temps réel.
1
A
Antigua-et-Barbuda et à Sainte-Lucie, l'utilisation de l'Internet public
n'est pas interdite pour la téléphonie et la télécopie, mais on ne dispose
d'aucune donnée sur l'utilisation des réseaux IP pour ces services.
2
En Estonie, les
communications téléphoniques nationales et internationales acheminées par des
réseaux IP étaient interdites jusqu'au 31 décembre 2000. La
téléphonie IP publique était également interdite jusqu'à la même date. En
Mongolie, les communications téléphoniques internationales sur
l'Internet public étaient interdites jusqu'à cette même date.
3
A
Saint-Vincent-et-Grenadines, l'utilisation de réseaux IP n'est pas interdite,
mais on ne dispose d'aucune donnée concernant l'utilisation de l'Internet
public pour la téléphonie et la télécopie.
4
Les Etats-Unis autorisent la
téléphonie IP sans aucune condition, c'est-à-dire qu'elle n'est pas
assujettie au régime des règlements internationaux.
5
L'Union européenne regroupe
les 15 pays suivants: Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne,
Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas,
Portugal, Royaume-Uni, Suède.
6
Au Pérou, les détenteurs de
licences (fournisseurs de service national, international et longue distance)
peuvent utiliser la technologie de leur choix, téléphonie IP comprise.
Néanmoins, les prestataires de services à valeur ajoutée ne sont pas
autorisés à utiliser la téléphonie en temps réel sur réseaux IP.
Source:
Le présent tableau est fondé sur les résultats de l'enquête de l'UIT sur la
réglementation (édition 2000) et sur des études de cas réalisées par l'UIT.
Il a été pris note des modifications ou éclaircissements apportés au présent
tableau par les Etats Membres en vue du FMPT-01.
|
Tableau b.2
Pays qui
autorisent les services téléphoniques/de télécopie soit sur l'Internet
public,
soit sur des réseaux IP (mais pas sur les deux à la fois)
Pays
|
Utilisation
de l'Internet public
|
Utilisation
des réseaux IP
|
Chypre
|
Interdite
|
Non
interdite
|
Equateur
|
Non
interdite
(la téléphonie sur l’Internet est autorisée pour les applications qui
utilisent des logiciels et/ou terminaux d’utilisateur final)
|
|
Ethiopie
|
Interdite
|
Non
interdite
|
Inde
|
Interdite
|
Non
interdite
|
Kenya
|
Interdite
(services téléphoniques; "rappel" et "reroutage" compris)
|
Non
interdite
|
Kirghizistan
|
Non
interdite
|
Interdite
(jusqu'en 2003 pour la téléphonie IP)
|
Philippines
|
Interdite
|
Non
interdite
|
Sri
Lanka
|
Non
interdite
|
Interdite
(services téléphoniques)
|
Source:
Le
présent tableau est fondé sur les résultats de l'enquête de l'UIT sur la
réglementation (édition 2000). Il a été pris note des modifications ou
éclaircissements apportés au présent tableau par les Etats Membres en vue du
FMPT-01.
|
TABLEAU B.3
Pays qui
interdisent l'utilisation de l'Internet public et des réseaux IP pour
les services de téléphonie ou de télécopie
Pays
|
Informations données
|
Albanie
|
Services
téléphoniques sur réseaux IP interdits jusqu'en 2003.
|
Azerbaïdjan
|
|
Belize
|
Tous les services
sont interdits.
|
Botswana
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public.
|
Cambodge
|
Téléphonie
interdite indéfiniment.
|
Cameroun
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public.
Téléphonie et fax
interdits sur les réseaux IP.
|
Côte d’Ivoire
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public jusqu'en 2004.
|
Croatie
|
|
Cuba
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public et les réseaux IP.
Téléphonie IP
autorisée sur les réseaux publics pour l’opérateur téléphonique détenteur
d’une licence
|
Erythrée
|
Téléphonie
interdite pendant encore plusieurs années (à la fois sur l'Internet public et
sur les réseaux IP).
|
Ethiopie
|
Téléphonie et
télécopie interdites sur l’Internet public et sur les réseaux IP
|
Gabon
|
Téléphonie
interdite (à la fois sur l'Internet public et sur les réseaux IP).
|
Indonésie
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public. Réglementation en cours d'élaboration pour
autoriser la téléphonie sur les réseaux IP.
|
Inde
|
L'Inde interdit
l'utilisation de services téléphoniques sur l'Internet public mais n'a pas
répondu à la question concernant les réseaux IP.
|
Israël
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public.
Téléphonie et
télécopie interdites sur les réseaux IP.
|
Jordanie
|
Téléphonie interdite
sur l'Internet public. Services téléphoniques et de télécopie interdits sur
les réseaux IP jusqu'à la fin de l'année 2004.
|
Lettonie
|
|
Lituanie
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public et sur les réseaux IP jusqu'au 31 décembre
2002.
|
Mozambique
|
Téléphonie et
télécopie interdites sur l'Internet public et sur les réseaux IP.
|
Myanmar
|
|
Nicaragua
|
Service
téléphonique interdit sur l'Internet public et sur les réseaux IP.
|
Nigéria
|
Téléphonie et
télécopie interdites à l'heure actuelle sur les réseaux IP.
|
Pakistan
|
Services de
terminaison téléphoniques interdits sur l'Internet public.
Téléphonie
interdite sur les réseaux IP.
|
Paraguay
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public et sur les réseaux IP.
|
Qatar
|
Téléphonie et
télécopie interdites sur l'Internet public et sur les réseaux IP, mais la
situation sera réexaminée.
|
Roumanie
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public.
Services
téléphoniques interdits au moins jusqu'au 1er janvier 2003.
|
Sénégal
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public.
|
Seychelles
|
Téléphonie et
télécopie interdites sur l'Internet public; néanmoins, la téléphonie
Internet, qui est considérée comme une application Internet plutôt que comme
service de télécommunication assuré par un fournisseur de services Internet,
est autorisée. Tous les services sur les réseaux IP sont interdits.
|
Swaziland
|
|
Thaïlande
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public et sur les réseaux IP.
|
Togo
|
|
Trinité-et-Tobago
|
Téléphonie
interdite sur les réseaux IP.
|
Tunisie
|
|
Turquie
|
Téléphonie
interdite sur l'Internet public et sur les réseaux IP.
|
Source:
Le présent tableau est fondé sur les
résultats de l'enquête de l'UIT sur la réglementation (édition 2000).
Il a été pris note des
modifications ou éclaircissements apportés au présent tableau par les Etats Membres
en vue du FMPT-01.
|
GLOSSAIRE DES ACRONYMES
ATM
Mode
de transfert asynchrone
DNS
Système
de nom par domaine
DSL
Ligne d'abonné numérique
ETSI
Institut
européen des normes de télécommunication
FMPT
Forum mondial des politiques de
télécommunication
IETF
Groupe
d'étude sur l'ingénierie Internet
IP
Protocole
Internet
IPTSP
Fournisseur
de services de téléphonie sur Internet
ISP
Fournisseur
de services Internet
LAN
Réseau
local
OMC
Organisation
mondiale du commerce
PC
Ordinateur
personnel
PTO
Opérateur
public de télécommunication
QOS
Qualité
de service
RI
Réseau
intelligent
RMTP
Réseau
mobile terrestre public
RNIS
Réseau
numérique avec intégration des services
RTPC
Réseau
téléphonique public commuté
SIP
Protocole
d'initiation de session
SS 7
Système
de signalisation N° 7
UIT
Union
internationale des télécommunications
URI
Identificateur
universel de ressources
VoIP
Téléphonie
IP
____________
[1] Cet atelier a eu lieu en juin
2000. Voir http://www.itu.int/iptel/.
[2] Dans le présent document,
l'abréviation RTPC (réseau téléphonique public commuté) désigne généralement
les réseaux téléphoniques à commutation de circuits traditionnels proposés par
les opérateurs publics de télécommunication (PTO) ainsi que les réseaux
numériques avec intégration des services (RNIS) et les réseaux mobiles
terrestres publics (RMTP). Le RTPC est fondé principalement sur la technologie
de la commutation de circuits mais peut aussi recourir à la technologie de
commutation par paquets. D'une manière générale, avec la convergence, les
réseaux de télécommunication et les techniques d'acheminement actuels sont de
plus en plus complexes et difficiles à classer en catégories.
[3] A cet égard, le projet
déterminé de Recommandation UIT-T E.370 de la Commission d'études 2 de l'UIT-T,
traite de manière plus approfondie des différents scénarios et principes liés à
l'interfonctionnement entre le RTPC et les réseaux IP.
Voir http://www.itu.int/itudoc/itu-t/com2/reports/ro77.html.
[4] Approuvé en juin 2000.
[5] http://www.ietf.org/rfc/rfc2916.txt.
[6] http://www.itu.int/itudoc/itu-t/rec/e/e164.html.
[7] http://www.ietf.org/rfc/rfc2396.txt
[8] http://www.itu.int/infocom/enum/workshopjan01/
[9] Par exemple, Recommandations
UIT‑T E.164, E.164.1, E.190 et E.195.
[10] http://www.itu.int/infocom/enum/wp1-39_rev1.htm.
[11] http://www.itu.int/itudoc/gs/council/c00/docs/27a.html.
[12] http://ww.itu.int/ITU-T/ et
http://www.itu.int/ITU-R/, respectivement.
[13] Voir www.itu.int/ti/casestudies.
[14] Exemples: PTO d'Egypte, de
Gambie, de Hongrie et de Thaïlande.
[15] En Hongrie, par exemple, la
définition officielle de la téléphonie IP, donnée par les instances de
réglementation, est telle que ce service échappe au monopole accordé de droit à
l'opérateur historique de l'infrastructure fixe.
[16] Par exemple, Telecom Egypt a
conclu des accords de prestation exclusive de téléphonie IP à l'échelle
nationale en 1999, sans chercher à savoir si sa licence d'exploitation l'y
autorisait.
[17] Aux Etats-Unis, une distinction
est faite, dans la législation, entre les services de base et les services
améliorés. Selon l'acte de procédure "Computer II" de la Federal
Communications Commission des Etats-Unis, un service de base consiste purement
et simplement en une offre, par une entreprise de télécommunication, d'une
capacité de transmission pour le transfert de l'information. En revanche, la
FCC a défini le service amélioré de la façon suivante: offre de tout support ou
service autre qu'un service de transmission de base, y compris les services
fondés sur des applications informatiques, qui influent sur le format, le
contenu, le code, le protocole et autres aspects de l'information transmise par
l'abonné. Cette distinction entre services de base et services améliorés a été
un principe déterminant à la base de la non‑réglementation des services
Internet. Après l'adoption de la loi sur les télécommunications en 1996, la FCC
a commencé à utiliser l'expression services de "télécommunication" au
lieu de services "de base" et celle de services
d'"information" au lieu de services "améliorés". Pour la
plupart des applications, la FCC assimile les services de télécommunication aux
services "de base" et les services d'information aux services
"améliorés".
[18] Au Chili, par exemple, les fournisseurs de
services de téléphonie IP sont tenus d'assurer cette interconnexion entre eux.
Il est à noter que l'Accord de l'OMC sur les télécommunications de base et le
Document de référence connexe n'imposent l'obligation d'interconnexion qu'aux
"fournisseurs principaux".
[19] C'est le cas notamment du Canada, où un critère
d'équivalence fonctionnelle a été institué et c'est un objectif de la politique
mise en oeuvre au Népal.
[20] Consulter à ce sujet les
informations rassemblées sur les centres d'accès à l'Internet public au Pérou
dans une étude de cas réalisée à la demande de l'UIT:
<http://www.itu.int/osg/sec/spu/ni/iptel/countries/peru/index.html>.
[21] En Inde, par exemple, il est
indiqué dans la National Telecom Policy de 1999 que "la téléphonie
Internet n'est pas autorisée à l'heure actuelle. Toutefois, l'Etat continuera à
suivre l'évolution du progrès technologique et son incidence sur le
développement national et réexaminera cette question au moment opportun".
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