DÉCLARATION DE AlCATEL CEO, Serge Tchuruk
Plenary Session – 16 November 2005
Monsieur le Président,
Madame la Présidente / Monsieur le Président du Sommet
Mondial de la Société de l’Information,
Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies,
Mesdames, Messieurs les chefs d’Etats et de
Gouvernements,
Monsieur le Secrétaire Général de l’Union Internationale
des Télécommunications,
Mesdames, Messieurs,
C’est pour le chef d’entreprise que je suis un très grand honneur de
pouvoir m’adresser à cette audience. Permettez moi tout d’abord de féliciter
les Nations Unies, et tout particulièrement l’Union Internationale des
Télécommunications pour le succès de cet évènement, et de remercier la
Chambre de Commerce Internationale pour le lien qu’elle a assuré avec le
secteur privé. Je souhaiterais consacrer mes remarques au sujet de
l’inclusion numérique, qui consiste à mettre les Technologies de
l’Information et de la Communication (en bref ICT) au service du
développement, en particulier dans les pays émergents. C’est un sujet qui
nous tient tous à cœur et que vous suivez avec attention.
Que s’est-il passé depuis la tenue du dernier Sommet de Genève ?
Tout d’abord, le caractère essentiel des ICT comme support au
développement a été largement confirmé. Votre présence ici aujourd’hui en
est un nouveau témoignage.
Un nombre de pays grandissant tirent parti des ICT pour développer leur
économie : centres d’appels de clients, centres de traitement financier, de
support légal. Grâce aux nouveaux réseaux de communication, il n’y a plus de
limite à la mobilisation du génie créatif humain où que ce soit. Les pays
les plus avancés dans ce domaine comme l’Inde ou la Chine ont même créé de
nouveaux pans entiers de leur économie fondés sur les ICT.
Des initiatives de plus en plus nombreuses montrent que les bienfaits des
ICT peuvent s’étendre aux PME et aux entrepreneurs individuels. Nous
participons nous-mêmes à de tels projets liés à la pêche ou à l’agriculture
en Afrique qui montrent que, lorsqu’ils ont accès à l’outil et à la
formation, ces petits entrepreneurs tirent rapidement le meilleur parti des
technologies pour développer leur activité.
Aujourd’hui, deux milliards d’individus dans le monde, soit un milliard
de plus qu’il y a trois ans, ont accès aux services téléphoniques utilisant
un téléphone mobile. Cette croissance a été particulièrement bénéfique aux
pays émergents. Je voudrais pour ma part souligner le rôle croissant des
opérateurs régionaux qui ont su investir lors de l’ouverture des marchés.
Ils ont pris leurs risques d’entrepreneurs, et ils contribuent désormais
largement au développement de leurs régions.
Dans le même temps, l’accès au réseau du plus grand nombre a fait des
progrès significatifs. L’abaissement des coûts de déploiement et
d’exploitation des réseaux permet aux opérateurs d’élargir leur offre vers
des utilisateurs aux revenus de plus en plus modestes.
Les progrès que je viens de décrire ne s’étendent malheureusement pas
encore à tous les domaines. Je dois dire en particulier que, dans le domaine
du « haut débit » (broadband en anglais), qui permet notamment l’accès
rapide à l’internet, le fossé entre pays industrialisés et pays émergents
s’est plutôt accru. Dans les premiers, les abonnés à haut débit atteignent
20% en moyenne des lignes téléphoniques. Ils n’atteignent que quelques
pour-cent dans les émergents, malgré des progrès notables dans certaines
régions comme l’Amérique Latine ou la Chine.
Or le haut débit est devenu indispensable à l’économie. Il est vital pour
les entreprises petites, moyennes et grandes, et pour l’éducation. Pour un
étudiant, accéder aujourd’hui à Internet sans haut débit est l’équivalent de
n’avoir accès qu’à la couverture des livres, sans pouvoir en lire le
contenu. De plus, les derniers progrès de la technologie vont permettre
d’accéder à l’Internet rapide par le poste de télévision, et non plus
seulement par le PC. Ce sera un facteur de diffusion massive au sein des
foyers, y compris dans les pays émergents.
Dans ce contexte, comment continuer dans la voie du progrès ?
En premier lieu, bien entendu, il faut poursuivre et étendre le
développement du mobile. Tout le monde s’accorde sur l’objectif d’un
milliard d’abonnés supplémentaires. L’accent est bien sûr mis sur un mobile
très bon marché. Il est aussi indispensable à mon avis que ce soit un mobile
offrant la gamme complète des services. Pour beaucoup d’individus dans le
monde, si le mobile est aujourd’hui le premier pas vers le téléphone, il
peut devenir demain l’apprentissage des services de données de troisième
génération.
Mais la réduction du fossé entre pays industrialisés et pays émergents
passe nécessairement par un réinvestissement dans les réseaux fixes, comme
c’est le cas dans la plupart des pays développés.
En effet, avec l’internet rapide, les réseaux fixes retrouvent une
vocation et un modèle économique. Ils sont centrés autour des services
d’entreprise, de l’accès au contenu, de la voix sur IP, et, pour les marchés
les plus avancés, la télévision sur IP.
Retrouvant un modèle économique, on retrouve des investisseurs, y compris
dans les pays émergents. Les débuts prometteurs du haut débit en Amérique
Latine ne sont pas le fruit du hasard : ils sont le résultat des
investissements de deux grands opérateurs de la région, les groupes Telmex
et Telefonica. Je note aussi l’intérêt croissant des opérateurs mobiles à
investir dans des solutions fixes.
Du point de vue technologique, le haut débit peut être offert maintenant
par une panoplie de technologies de mieux en mieux adaptées à des situations
diverses. Si l’ADSL sur ligne téléphonique de cuivre est aujourd’hui la
solution dominante, le fait nouveau le plus important est l’arrivée de
technologies sans fil qui utilisent soit le satellite, comme le réseau
panafricain Rascom, soit des nouvelles technologies cellulaires comme le
Wimax. Ces solutions permettent d’acheminer le haut débit de façon
économique même dans les villages les plus reculés. Nous y croyons beaucoup.
Nous ne sommes pas les seuls. Un grand pays comme l’Inde y voit aussi une
chance unique. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons établi avec ce pays une
coopération étroite et fondé un centre de R&D commun pour y développer ces
technologies et bénéficier de l’expérience de déploiements à grande échelle.
D’une façon générale, et c’est une des raisons majeures de mon optimisme,
les nouvelles technologies de réseau fondées, en particulier, sur le
protocole internet, offrent de plus en plus de capacité, de débit, de
services, pour une fraction du coût d’investissement de réseaux
traditionnels. C’est une chance formidable pour les pays nouveaux qui
peuvent sauter une génération technologique et entrer de plein pied dans le
monde du haut débit fixe et mobile.
En conclusion, je voudrais vous redire ma conviction que le fossé
numérique n’est pas une fatalité et que le haut débit pour tous n’est pas un
rêve.
Alcatel y travaille avec ardeur. D’abord en développant les technologies
et les solutions dont nous avons parlé. Ensuite en investissant à vos côtés.
Vous pouvez compter sur la poursuite de cet engagement partout dans le monde
et celui du secteur industriel que je représente ici, en partenariat étroit
avec vos gouvernements, l’UIT, les NGO, et les acteurs économiques.
Je souhaite le plus vif succès à ce sommet et vous remercie de votre
attention.
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