L’approche
optimiste des opportunités de la société de l’information est soumise évidemment
à des conditions d’application qui ne sont pas toujours réunies dans les
pays en développement. Afin de réaliser ces économies, il faudra investir
dans le secteur des télécommunications en tant que support de la nouvelle économie
et transformer l’organisation et la culture de l’entreprise. Ceci
necessite évidemment du temps ,
Il importe donc que les pays en développement
définissent les domaines prioritaires dans lesquels ils peuvent escompter des
résultats plus rapides, de façon à limiter l’effort financier et à
encourager l’adhésion générale au changement.
Dans
certains secteurs de
l’économie, l’évolution sera plus progressive et liée essentiellement
à la baisse des coûts de transaction. L’industrie manufacturière et le
commerce de détail sont des exemples de secteurs dans lesquels on peut
s’attendre à des transformations profondes. Les avantages du commerce (réduction
du coût des achats, accélération de l’accumulation, de la diffusion et de
l’application des connaissances, gestion plus efficace de la relation avec
le client, etc.) peuvent se traduire par des économies importantes.
Dans
une stratégie d’investissement, pour s’équiper, ni les ordinateurs ni
l’Internet en soi ne peuvent accroître considérablement la productivité
d’un pays ou d’une entreprise. L’introduction des TIC n’apporte
des gains de productivité conséquents que lorsque l’on exploite toutes les
possibilités d’amélioration de l’efficience des opérations
aussi bien au niveau de la production ,de la commercialisation qu’ au
niveau de l’environnement institutionnel. En conséquence, le commerce électronique
ne pourra devenir un moteur du développement que si l’investissement dans
les infrastructures, les équipements et la valorisation des ressources
humaines, s’accompagne d’une modification profonde de l’organisation et
de la gestion des entreprises et, dans la mesure où ils ont une incidence sur
l’efficacité des entreprises, des organismes publics. Il faut en
particulier transformer la distribution des compétences et des responsabilités
dans le secteur public et le secteur privé.
Dans
l’économie numérique, les flux d’nformations sont plus rapides et plus
diffus que dans les organisations traditionnelles. Cela entraîne une décentralisation
de la prise de décisions et il faut que les travailleurs soient capables de
s’acquitter d’un éventail plus large de tâches et soient habilités à
le faire.
De
façon plus générale, l’impact de l’Internet sur de nombreux secteurs de
production essentiels dans les pays en développement dépendra non seulement
de la profondeur des transformations structurelles que les entreprises et
leurs clients seront disposés à accepter, mais aussi des liens qu’ils établiront
entre l’information et les aspects matériels de leur activité. Par
exemple, les efforts faits par les pays en développement pour adopter le
commerce électronique seront vains si les produits fournis doivent attendre plusieurs semaines dans
un entrepôt avant d’être dédouanés ou s’ils ne sont pas conformes aux
normes de qualité parce que la main-d’œuvre est mal formée.
Les
TIC peuvent contribuer à la
diversification dans certains secteurs, cependant des problèmes
d’ordre technique ou juridique peuvent se poser. Par exemple, la
confidentialité peut être une préoccupation importante des clients éventuels
de certains fournisseurs de services professionnels; l’exploitation
commerciale de produits numérisés (livres ou musique) exige une protection
efficace des droits de propriété intellectuelle. Aussi, pour que certains
services de loisirs en ligne se développent, la disponibilité d’un accès
à l’Internet à haut débit sera indispensable.
Bien
entendu, les changements des pratiques commerciales qui sont nécessaires pour
exploiter les potentialités de l’Internet ne concernent pas que
l’organisation interne des entreprises. Celles-ci doivent veiller à la
compatibilité des normes techniques et des modes de fonctionnement et
apprendre à partager l’information avec d’autres entreprises. Les effets
de réseaux sur l’Internet peuvent aussi offrir de nouvelles possibilités
de coopération et d’alliances stratégiques entre entreprises.
En fin de compte,
c’est à mesure que les gains d’efficience résultant de l’usage des TIC
se diffusent dans le tissu productif des pays en développement qu’il y aura
croissance économique et amélioration des niveaux de vie. En fait, c’est
justement parce que la révolution de l’Internet n’intéresse pas
seulement les secteurs des hautes technologies mais toute l’organisation de
la vie économique que ses effets positifs se répercutent plus rapidement
dans la plupart des secteurs de l’économie et que les pays en développement
ont de meilleures chances d’en tirer profit plus rapidement que lors des précédentes
révolutions technologiques.