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LA PAGE DES PIONNIERS

Télégraphie transatlantique

Cyrus W. Field (1819–1892) l’entrepreneur à qui on doit le câble transatlantique. Né en 1819 dans le Massachusetts (Etats-Unis), Field fit fortune dans l’industrie du papier.

 

Les débuts de la télégraphie internationale, sous-marine, remontent à 1850 lorsque la première ligne fut tirée entre l’Angleterre et la France. Le lecteur voudra bien se reporter à notre article de la Page des pionniers de décembre 2006 où nous posions la question de savoir quel lien pouvait établir un mât porte-drapeau de Liverpool (Royaume-Uni) entre l’ingénieur Isambard Kingdom Brunel et l’Atlantic Telegraph Company. La réponse se trouve, d’une part, dans la dernière réalisation de Brunel: le Great Eastern, navire qui posa le premier câble télégraphique transatlantique opérationnel; après le désarmement du navire en 1888, un de ses mâts est devenu un porte-drapeau à l’extérieur du stade de football de Liverpool. D’autre part, c’est à Liverpool que s’est tenue, en 1856, la première réunion de l’Atlantic Telegraph Company.

L’impact de Field

 


W.H. Russel

  Le navire en bois HMS Agamemnon croise la route d’une baleine en posant le premier câble télégraphique transatlantique

Pour que la télégraphie transatlantique puisse devenir une réalité, il fallait certes des progrès techniques, tels que l’utilisation de la gutta-percha pour l’isolation des câbles sous-marins (voir la Page des pionniers de décembre), mais également la clairvoyance d’un entrepreneur. L’homme de la situation fut Cyrus West Field, véritable moteur du projet.

En 1854, l’ingénieur britannique Frederick Gisbourne demanda à Field d’investir dans la pose d’une ligne télégraphique entre Terre-Neuve (Canada) et New York. Elle devait permettre aux messages envoyés depuis l’Europe de parvenir aux Etats-Unis plus rapidement, les navires pouvant les retransmettre dès qu’ils se trouvaient à portée des côtes canadiennes. Field accepta de financer le projet, prévoyant déjà à terme de tirer une ligne transatlantique. Il suffirait ainsi de quelques minutes pour qu’un message envoyé de Londres parvienne à New York, au lieu de 12 jours!

La première liaison

 
Le Great Eastern dans le port de Heart’s Content (Canada).
L’énorme navire fut le premier à être doté d’une double coque
 

Le câble transatlantique allait suivre un tracé d’un peu plus de 3000 km et être immergé à des profondeurs atteignant les 2400 brasses (4,39 km). La réussite de l’opération reposait sur une véritable prouesse technique jamais encore accomplie. Par ailleurs, il fallait surmonter l’opposition politique et le manque de soutien financier aux Etats-Unis, compte tenu de la récession économique dans laquelle était plongé le pays. Malgré tout, Field trouva un appui auprès des principaux centres de commerce et du gouvernement britanniques. Il créa l’Atlantic Telegraph Company, dont le comité directeur comptait Samuel Morse et John Watkins Brett, qui avait ouvert la ligne télégraphique entre l’Angleterre et la France quelques années auparavant.

 

Le plus gros navire au monde

Brunel naquit à Portsmouth (Angleterre) en 1806. Outre de nombreux projets ferroviaires, il conçut le Great Britain lancé en 1843, qui fut le premier navire à coque en acier propulsé par hélices à traverser l’Atlantique. Pour rejoindre l’Inde et l’Australie, Brunel construisit le plus gros navire jamais construit à l’époque, le Great Eastern. Mesurant plus de 200 mètres de long et pouvant transporter 4000 passagers, il était conçu pour relier Londres à Sydney sans avoir à refaire le plein.
En 1859, alors qu’il inspectait le
Great Eastern avant son voyage inaugural, Brunel eut une attaque et décéda quelques jours après. Il ne vécut pas assez longtemps pour voir l’échec commercial du navire, pourtant rapide et luxueux. En 1864, le Great Eastern fut vendu pour être transformé en câblier.




Isambard Kingdom Brunel
(1806-1859)

C’est en 1857 que débute la première tentative de pose du câble transatlantique: l’USS Niagara de la Marine des Etats-Unis leva l’ancre à Valentia, une île au large du Comté du Kerry au sud-ouest de l’Irlande, à destination de Trinity Bay sur la côte de Terre-Neuve. Le navire ne pouvant transporter que la moitié de la longueur de câble nécessaire, l’autre moitié fut transportée par le HMS Agamemnon de la marine royale, qui l’accompagnait: les deux moitiés devaient être raccordées au milieu de l’Atlantique, puis l’Agamemnon devait tirer le câble jusqu’à destination.

Le Niagara déploya le câble avec beaucoup de précaution, en envoyant régulièrement des signaux le long de la ligne pour tester son intégrité. Le câble se composait de sept fils de cuivre recouverts par trois couches de gutta-percha, torsadés avec du chanvre goudronné et des torons compacts de fils d’acier. Malheureusement, il se rompit avant la moitié du trajet.

Les mêmes câbliers essayèrent un an plus tard, mais suivant une autre technique: ils firent la moitié du trajet transatlantique et là raccordèrent les deux moitiés du câble, tirant ensuite leurs extrémités vers chacune des deux destinations. Après plusieurs déconvenues, la première liaison télégraphique transatlantique fut achevée en août 1858. La Reine Victoria et James Buchanan, Président des Etats-Unis, l’utilisèrent pour échanger des télégrammes de félicitations. Toutefois, le câble ne permit pas de transmettre des messages de manière fiable et la ligne s’interrompit au bout de quelques semaines.

Enfin la réussite

Field ne renonça pas. Malgré des retards causés par la guerre de Sécession, il parvint à réunir les fonds nécessaires pour tenter une nouvelle fois de relier les deux bords de l’Atlantique. Cette fois le câble était bien plus résistant, deux fois plus lourd que précédemment, et un seul navire était capable de transporter l’ensemble de la charge: le Great Eastern. Ce dernier quitta Valentia en juillet 1865 et mit le cap sur Trinity Bay. On eut l’impression à deux reprises que quelqu’un avait essayé de saboter le câble en le transperçant avec un objet pointu pour provoquer un court-circuit. Finalement, aux trois quarts du voyage vers le Canada, le câble se rompit.

Malgré tout, l’essai avait permis de démontrer que le Great Eastern pouvait servir à poser un câble de grand fond et, le 13 juillet 1866, l’immense navire appareilla pour une nouvelle mission. Cette fois, le voyage se déroula sans encombre. Le 27 juillet, le Great Eastern accosta dans le petit port canadien de Heart’s Content. Field écrivit plus tard comment les marins avaient tiré le câble à terre: «Je les revois tirant l’extrémité du câble vers le rivage à Heart’s Content, le serrant contre eux dans leurs bras musculeux, comme s’il s’agissait d’un enfant naufragé qu’ils venaient de sauver des eaux menaçantes».

Quatre semaines seulement après, le Great Eastern retourna à Heart’s Content et offrit un second triomphe à Field. L’extrémité du câble posé en 1865 avait été repêchée du fond de l’océan et raccordée à une nouvelle section pour créer une autre liaison entre l’Irlande et le Canada. A la fin du XIXe siècle, 15 câbles télégraphiques transatlantiques avaient été posés — dont cinq par le Great Eastern.

 

Question pour notre prochain numéro

Le HMS Agamemnon et le Great Eastern avaient accueilli à leur bord l’inventeur d’un dispositif essentiel pour la télégraphie.
On dit que l’idée de son invention germa dans son esprit quand, faisant tournoyer rêveusement son monocle, il observa les réflexions de la lumière que le mouvement provoquait. De qui s’agissait-il?

 

 

 

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