Page d'accueil UIT Union Internationale des Télécommunications English Español 
  Copie Imprimable 
Page d'accueil UIT
Page d'accueil : Nouvelles de l'UIT
  
LA VOITURE BRANCHEE

La voiture branchée

 


Nissan Motor Co.

Le nombre de voitures sur terre ne cesse de croître: en 2006 seulement, quelque 46 millions de voitures de tourisme ont été produites dans le monde, selon l’Organisation internationale des constructeurs d’automobiles (OICA) qui regroupe les associations nationales de constructeurs. Ces véhicules doivent partager de manière efficace le réseau routier et les ressources, mais l’environnement doit être protégé, la circulation maîtrisée et la sécurité des personnes garantie. De plus en plus également, les automobilistes souhaitent garder le contact avec le monde extérieur même lorsqu’ils se déplacent.

Une partie de la solution réside dans le progrès des technologies de l’information et de la communication (TIC). Aussi, pour examiner la convergence entre le monde de l’automobile et celui des TIC, un atelier a-t-il été organisé en mars dernier par la World Standards Cooperation, qui réunit l’UIT, la Commission électronique internationale (CEI) et l’Organisation internationale de normalisation (ISO).

L’atelier sur la voiture branchée s’est doublé d’une exposition du 6 au 10 mars



UIT/J. Burgess

Atelier au Salon de l’auto

L’atelier sur la voiture branchée s’est tenu du 7 au 9 mars au Salon international de l’auto de Genève, manifestation de renommée mondiale. Outre quelque 200 participants, il a attiré des intervenants des grands noms de l’industrie automobile et du domaine des TIC, dont BMW, Ford, France Télécom, Freescale Semiconductor, Hitachi, Intel, Motorola, Nissan, On-Star, Orange, PSA Peugeot-Citroën, Q-Free, T-Systems, Telecom Italia, Telecordia, Toyota et Vodafone. Il était organisé avec le concours de Cisco, Head Acoustics, SVOX et Ygomi.

L’atelier avait pour but d’examiner les problèmes techniques et d’ingénierie que pose la conception d’une voiture branchée, et de dégager les modèles d’entreprise qui permettront le mieux de relier le monde de l’automobile et le secteur des TIC. Une question centrale a concerné la procédure et les modalités d’adoption de normes appropriées pour faire face à la complexité des composants électroniques et des systèmes de communication mis en œuvre dans les automobiles.

 


Jack Sheldon, de la CEI

UIT/P. Rosa

La réponse passe nécessairement par une collaboration entre l’industrie automobile et le secteur des TIC, a déclaré Malcolm Johnson, Directeur du Bureau de la normalisation des télécommunications (TSB) de l’UIT, dans son allocution de bienvenue (voir également l’Editorial, page 4). Jack Sheldon, Directeur de la Stratégie de la normalisation à la CEI, a pour sa part fait observer que la convergence technologique «exige que la CEI, l’ISO et l’UIT tiennent compte de leurs activités respectives et qu’elles coopèrent... pour que les constructeurs puissent utiliser leurs normes en vue de fournir un produit final dont le fonctionnement réponde à l’attente des usagers».

Dans son propos liminaire, Alan Bryden, Secrétaire général de l’ISO, a indiqué que «l’automobile est un excellent exemple de la convergence technologique». En effet, les voitures qui sont produites aujourd’hui comportent des douzaines et des douzaines de composants électroniques.

Voitures intelligentes

Pierre Malaterre, Directeur de l’unité Electronique système des véhicules, PSA Peugeot-Citroën, a expliqué comment chaque véhicule peut être pourvu non seulement d’une centaine de moteurs électriques mais également d’une cinquantaine d’unités de commande électroniques (UCE), qui assurent les fonctions, par exemple, d’ABS, de stabilité cinétique, de régulation de la vitesse et de transmission automatique. «Quatre-vingt pour cent de l’innovation dans l’industrie automobile est électronique», a-t-il précisé, les composants représentant de 10 à 30 pour cent du coût d’une voiture.

Télématique

Ce terme désigne l’intégration des TIC aux télécommunications. Les principaux constructeurs automobiles font, quasiment tous, intervenir la télématique au moins dans certains de leurs modèles. En général, elle se compose des éléments suivants:

  • matériel installé à bord du véhicule
  • matériel installé sur le réseau routier
  • communications hertziennes
  • technique de localisation

¯    

  • données sur l’état du véhicule
  • amélioration des performances et de la réduction des émissions
  • intervention en cas d’urgence
  • contenus (par exemple, cartes et conditions de circulation)

M. Malaterre a ensuite fait observer que ces UCE sont normalement coordonnées, formant un réseau électronique qui assure le bon fonctionnement du véhicule. Aujourd’hui, l’enjeu est de rendre l’automobile encore plus «intelligente» en améliorant ses capacités d’échange d’informations avec le monde extérieur: la technologie pour y arriver s’appelle la télématique (voir l’encadré).

Voitures connectées

Grâce à la télématique, les voitures peuvent utiliser, outre les capteurs UCE, la technologie sans fil pour communiquer non seulement les unes avec les autres, mais aussi avec leur environnement: par exemple, aux péages les taxes peuvent être calculées et débitées automatiquement, et une carte routière (avec indication des sites environnants) peut s’afficher sur le tableau de bord via un système de navigation par satellite (GPS). La télématique permet également d’améliorer la circulation, témoin cet exemple de l’utilisation au Japon de systèmes de transport intelligents (ITS).

Exemple japonais


Tadao Saito, du Centre d’Infotechnologies de Toyota

UIT/P. Rosa

 

Tadao Saito, responsable de l’unité Technologie au Centre d’infotechnologies de Toyota (et Professeur émérite de l’Université de Tokyo), a expliqué comment, dans les années 70, le Japon a entrepris de collecter des données sur la circulation routière, au moyen de dispositifs tels que des capteurs au sol, pour détecter et enregistrer le passage des voitures. Les renseignements récoltés grâce au réseau national de centres de surveillance mis sur pied ont servi à améliorer la sécurité et l’écoulement de la circulation, par exemple par la programmation de la signalisation routière. C’est ainsi que le Japon a bénéficié d’une infrastructure sur la base de laquelle il a pu réaliser en 1995 son premier système de transport intelligent, utilisant des communications à courte portée dédiées, appelé «système de communication et d’information aux véhicules», ou VICS, grâce à des radiobalises FM implantées sur le bas-côté des routes et émettant vers des destinations multiples.

M. Saito a ensuite présenté une expérience qui a commencé en 2005 sur une section du périphérique à grande vitesse de Tokyo, choisie pour être particulièrement saturée. Grâce aux informations communiquées aux véhicules équipés de systèmes VICS, c’est «une baisse de 79% du nombre des accidents routiers qui a été obtenue par rapport à l’année précédente», alors que seulement 10% environ des véhicules étaient pourvus du système. En 2006, sur les quelque 55 millions de voitures que compte le Japon, 15 millions en étaient équipées et pouvaient recevoir des informations routières en temps réel, et 22 millions au total étaient pourvues de systèmes de navigation. Les communications de véhicule à véhicule sont maintenant possibles, a ajouté M. Saito, l’objectif étant de ramener le nombre d’accidents mortels sous la barre des 5000 par an d’ici à 2012.

Qui dit systèmes de télématique évolués dit communications sans fil évoluées, tel a été le message d’une communication présentée par Mitsuji Matsumoto (Université Waseda, Tokyo), Yasuhisa Nakamura (NTT DoCoMo) et Kenichi Yanagi (Hakuhodo Inc.); pour les citer: «Au Japon, on prévoit le développement rapide et l’essor des services téléphoniques mobiles des générations 3G et 3,5G, des systèmes VICS et des systèmes de navigation routière. L’industrie, l’Etat et les instituts de recherche mettent tout en œuvre pour que soient mises bientôt en service des voitures branchées qui seront pourvues de toutes ces innovations».

Situation en Europe et aux Etats-Unis


Fotis Karamitsos, de la Direction générale pour l’énergie et le transport de la Commission européenne

UIT/P. Rosa


 

Les systèmes ITS voient le jour également dans de nombreux autres pays, comme l’a constaté Fotis Karamitsos de la Direction générale pour l’énergie et le transport de la Commission européenne; cet intervenant a indiqué qu’un environnement propice se crée actuellement en Europe pour le développement de véhicules branchés et autres moyens de transport. Une procédure de consultation sur le déploiement de systèmes ITS au sein de l’Union européenne sera prochainement lancée auprès des principaux acteurs, a ajouté M. Karamitsos, et la Commission «espère obtenir de précieuses informations du monde des télécommunications».


K. Venkatesh Prasad, de la Ford Motor Company

UIT/P. Rosa


 

La situation aux Etats-Unis a été dépeinte par K. Venkatesh Prasad, Chef de groupe et responsable technique, Recherche sur les technologies infotroniques et ingénierie évoluée, chez Ford Motor. Cet intervenant a expliqué qu’aujourd’hui on attend d’une voiture qu’elle soit sûre, mais aussi respecte l’environnement, tout en permettant d’utiliser de façon transparente ses appareils de communication et autres conseils de divertissement. L’objectif de Ford est de «rendre abordable ce rêve», a précisé M. Prasad. En 2007, Ford devrait équiper certains de ses modèles vendus aux Etats-Unis du système Ford Sync, qui est un système de communication et de divertissement embarqué, activé par la voix, destiné aux téléphones mobiles et lecteurs de musique numériques.

Automobilistes connectés

Intel Corporation s’efforce depuis 1976 de créer des processeurs embarqués pour l’industrie automobile, a déclaré Ton Steenman, Vice-Président d’Intel, Digital Enterprise Group, et Directeur général de sa division de processeurs d’infrastructure, le but étant «d’étendre à la voiture la diversité des moyens utilisés à la maison et au bureau». Le travail consiste donc à doter les voitures d’une connectivité Internet, permettant de télécharger des données dans n’importe quel format pris en charge par les usagers.

Le «bureau mobile» devient réalité, a fait observer Steve Millstein, Président et P.-D. G. du Groupe ATX (important fournisseur de services télématiques), lors d’une séance consacrée à ce thème; en utilisant un «client léger» (petit ordinateur client connecté à un serveur qui traite les données) et la technologie vocale du langage naturel, on pourra faire «surfer sur le net toutes les voitures». Courrier électronique ou informations en ligne deviendront aussi facilement disponibles que depuis un bureau. Dans le futur, chaque véhicule pourra avoir une adresse IP et «l’accès au web permettra de substituer aux systèmes de navigation actuels des applications plus puissantes».

Plus grande sécurité

 

OnStar est un service de télématique de General Motors. Lorsque le conducteur appuie sur le bouton bleu placé sur le rétroviseur, des données concernant l’état et la position du véhicule sont envoyées à un centre de contrôle. Le bouton rouge sert à demander une intervention d’urgence.
Ce système utilise les réseaux de téléphonie mobile et le GPS

OnStar

Un des services que rend possible la télématique est le télédiagnostic des pannes dans un véhicule, l’information pouvant être transmise au conducteur, à son garagiste ou à son concessionnaire; cette fonction contribue fortement à la sécurité routière. De plus, si une voiture qui circule peut communiquer avec les autres véhicules et avec la route, le conducteur peut alors être averti de l’imminence d’un danger, les voitures dotées de systèmes de télématique pouvant en outre après un accident alerter automatiquement les secours. Aux Etats-Unis, par exemple, des systèmes d’appel au secours de ce type sont disponibles sur abonnement, alors que l’Union européenne projette de mettre sur pied un service continental qui assurera la sécurité des véhicules de toutes les marques, où qu’ils soient.

Système européen


Brian Droessler, de Continental Automotive Systems

UIT/J. Burgess


 

Une séance de l’atelier a été consacrée au système européen d’appel d’urgence pour les véhicules, dénommé eCall, qui est actuellement mis au point avec une mise en service prévue en 2010. «L’initiative de la Commission européenne de mettre sur pied un système paneuropéen de notification automatique des accidents routiers constitue une étape importante sur la voie de la réduction du nombre total de morts et de blessés», a déclaré Brian Droessler, Directeur de l’unité Stratégie et développement des nouveaux marchés chez Continental Automotive Systems, avant d’ajouter: «Ce système permettrait de sauver quelque 2500 vies par an; les avantages pour la société parlent d’eux-mêmes et expliquent l’existence d’un fort soutien public». Il convient toutefois d’observer que le déroulement du projet eCall n’a jusqu’ici pas été aussi rapide que prévu.

En effet, il a subi des retards pour des raisons politiques et économiques, mais également techniques. Les pays de l’Union européenne n’ont pas tous encore signé l’accord qui présidera à l’instauration du système eCall, et on ne sait pas encore clairement qui paiera pour la maintenance et l’utilisation du service. «Le seul but du système est la sécurité, ce qui ne manque pas d’avoir des conséquences en termes de coût, mais aussi de fiabilité des technologies sur le long terme», a expliqué Thomas Form, professeur spécialiste des systèmes électroniques embarqués à l’Université technique de Braunschweig, Allemagne, qui a précisé: «Le dossier industriel du système eCall est très compliqué».


Ulrich Dietz, du département de R&D du groupe Vodafone en Allemagne

UIT/J. Burgess


 

M. Form a ensuite évoqué les spécifications techniques du système, alors que les problèmes que pose l’utilisation de téléphones mobiles pour le système eCall ont été mis en lumière par Ulrich Dietz, responsable de rang élevé dans l’unité Technologie du département de R&D du groupe Vodafone en Allemagne. «Quelle chance a un combiné de sortir indemne d’un accident? Et que se passe-t-il si votre téléphone n’a plus de batterie?» a-t-il demandé, avant de faire valoir que la meilleure solution pour garantir la continuité et la fiabilité des communications est de doter chaque voiture d’un dispositif intégré.

M. Form et M. Dietz sont tous deux partisans, pour le système eCall, de la technologie de modem intrabande; tout comme Pierre Piver, Vice-Président chargé des systèmes embarqués chez Wavecom, qui a par ailleurs souligné la nécessité d’optimiser l’intégration des technologies primordiales et de permettre les mises à jour des logiciels associés au sans fil. M. Droessler considère quant à lui que les développements techniques pour le système eCall devraient être évolutifs et permettre de trouver «des solutions susceptibles d’être actualisées et adaptées»; il serait ainsi possible de régler le problème de la divergence entre la durée de vie normale d’une voiture et celle, beaucoup plus brève, des technologies des télécommunications. Un système paneuropéen devra répondre à un autre impératif qui est celui de l’interopérabilité, objectif à la réalisation duquel l’industrie devrait contribuer, selon M. Droessler, en suivant les recommandations des organismes de normalisation.

Normalisation et harmonisation

Les Secteurs des radiocommunications et de la normalisation des télécommunications de l’UIT (UIT–R et UIT–T) entreprennent de travailler sur la question de la télématique (voir l’encadré pages 12–13), afin de voir en particulier comment les systèmes ITS pourront être associés avec les réseaux de prochaine génération (NGN). L’importance de ce travail a été soulignée par Jean-Yves Monfort, Directeur adjoint chargé de l’élaboration des normes à France Télécom et Président de la Commission d’études 12 de l’UIT–T, et par Pierre-André Probst, Président de la Commission d’études 16 de l’UIT–T.

La Commission électrotechnique internationale consacre elle aussi des travaux à la télématique. Puisque les voitures contiennent aujourd’hui un nombre très élevé de systèmes électriques et électroniques, «la CEI est aujourd’hui présente sur tous les fronts de l’automobile, depuis les batteries jusqu’aux ampoules des phares en passant par les écrans GPS, les systèmes par satellite, les lecteurs de CD et les haut-parleurs», a indiqué Jack Sheldon de la CEI. Nombre des activités consacrées par la Commission à la télématique et aux systèmes ITS relèvent de la Commission technique 100, qui est chargée des systèmes et équipements audio, vidéo et multimédia.

L’Organisation internationale de la normalisation (ISO) est elle aussi très active dans le domaine des ITS et de la télématique. L’essentiel de cette activité incombe à la Commission technique 204 (créée en 1992 pour examiner la possible normalisation des systèmes ITS) qui compte 12 groupes de travail chargés de questions spécifiques, telles que le péage électronique ou les systèmes d’inforoute; son Président, Michael Noblett, a animé la séance sur la normalisation à l’atelier sur la voiture branchée (M. Noblett est également Vice-Président chargé des Initiatives pour l’automobile au niveau mondial, chez Connexis LLC). La Commission technique 22 de l’ISO, chargée des véhicules routiers, étudie elle aussi des questions relatives aux systèmes ITS et à la télématique et sa Sous-Commission 3, qui s’intéresse tout particulièrement aux équipements électroniques, a élaboré de nombreuses normes en la matière.

Harmonisation du spectre


UIT/J. Burgess


UIT/J. Burgess


UIT/J. Burgess

 
Des voitures équipées de services télématiques étaient exposées au Salon international de l’auto à Genève  

Qui dit mise en place de services télématiques dit utilisation du spectre des fréquences radioélectriques. Colin Langtry, Conseiller de la Commission d’études 8 de l’UIT–R, a indiqué à l’intention des participants que «compte tenu de la portée mondiale de cette industrie et de ce marché, il convient de mieux articuler l’impératif d’harmonisation mondiale des services radioélectriques ITS», ajoutant que la question de la détermination de bandes de fréquences pouvant leur être attribuées sera éventuellement examinée à une future Conférence mondiale des radiocommunications.

A l’échelle régionale, l’harmonisation de l’utilisation du spectre par-delà les frontières constitue une question importante pour l’Union européenne. «Le partage du spectre constitue un énorme défi, les autorités de régulation des 27 Etats Membres de l’Union européenne appliquant souvent des politiques différentes», a expliqué Uwe Daniel, P.-D. G de Silicon Networks GmbH, précisant que, pour trouver un consensus, un groupe de travail sur les télécommunications a été mis sur pied en 2006 par le eSafety Forum, le groupe devant présenter ses recommandations à la Commission européenne d’ici à la fin de cette année (instauré par la Commission en 2003, le eSafety Forum est une instance qui réunit toutes les parties prenantes qui travaillent à l’amélioration de la sécurité routière).

Fédérer les industries

La plupart des intervenants à l’atelier ont souligné la nécessité de trouver des solutions normalisées pour parvenir à des automobiles totalement câblées qui puissent circuler n’importe où, notamment par-delà les frontières nationales et indépendamment de leurs constructeurs. «Nous sommes tous d’accord que les systèmes de coopération appliqués à la circulation routière ne seront opérants qu’à condition que les protocoles de communication, les composants des systèmes et l’architecture elle-même soient harmonisés et bien souvent normalisés», pour citer M. Daniel, qui a néanmoins constaté que «les priorités diffèrent selon les acteurs du marché», remarque à laquelle a souscrit Stefan Dobler, Directeur des Services et produits de conception multimédia chez Teleca Systems GmbH, lequel a ajouté qu’aujourd’hui «il y a encore un problème de compréhension entre l’industrie automobile et l’industrie des télécommunications».

 


T. Russell Shields, Président de Ygomi LLC

UIT/P. Rosa

Un des principaux obstacles à la normalisation est l’importante différence qui existe entre la durée de vie des voitures et celle des dispositifs de télécommunications, comme les dispositifs mobiles. Ce constat a été souligné par T. Russel Shields, Président de Ygomi LLC qui a dit: «Comme la durée de vie d’une voiture est plus longue, il faudrait conserver la plus grande partie de l’intelligence dans le téléphone ou bien dans les systèmes au sol auxquels est connecté le téléphone, et n’avoir qu’une simple interface à destination du véhicule». Ainsi il serait possible d’utiliser plusieurs générations d’équipements mobiles sans modifier le véhicule à l’intérieur duquel ils sont montés. «En fait, ce qu’il faut, c’est que chaque voiture devienne une station d’accueil pour un dispositif mobile», cette solution du «prêt à l’emploi» valant pour tout le marché mondial. L’industrie automobile et le secteur des télécommunications «doivent travailler en étroite collaboration pour trouver des solutions réalistes», a poursuivi M. Shields avant de conclure que «la coopération mondiale en matière de normalisation est capitale».

Le problème est d’autant plus difficile qu’aujourd’hui l’industrie automobile utilise déjà toute une gamme de systèmes différents. Or, «il n’est pas souhaitable qu’une Ford parle un langage et qu’une BMW en parle un autre», a déclaré Reinhard Scholl, Directeur adjoint du TSB (UIT) qui a animé une séance sur la normalisation. Un autre problème d’importance pour les constructeurs a été mentionné par Denis Griot, premier Vice-Président et Directeur général pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique chez Freescale Semiconductor: lorsque la vie des usagers dépend des systèmes de sécurité électroniques montés dans les véhicules, les composants doivent être d’une «fiabilité sans faille», l’amélioration des méthodologies et des architectures des systèmes devant aider à garantir ce niveau de qualité.

Architecture favorable à l’interopérabilité

Les uns et les autres s’efforcent déjà de créer une infrastructure pour la télématique qui soit intégrée dans une «architecture» complète de systèmes intégrés. En Europe, par exemple, le projet GST (Global System for Telematics, système global pour la télématique) vise à créer une architecture ouverte, normalisée, pour la fourniture de services télématiques de bout en bout, ont expliqué Michel Fond (consultant auprès du Groupe télématique et automobile, Orange S.A.) et Jacques Garcin, Directeur de l’unité Télématique et automobile d’Orange. Ce projet réunit 50 partenaires européens: constructeurs automobiles, opérateurs de téléphonie mobile, fournisseurs de services, fabricants de composants, compagnies d’assurance et services de dépannage routier.

Stephen Hope, de France Télécom R&D UK Ltd, également membre du Conseil d’administration de innovITS, le «centre d’excellence» pour les ITS au Royaume-Uni, a déclaré qu’une activité prioritaire d’innovITS est de «mettre sur pied une architecture fonctionnelle qui accepterait toute une gamme de technologies pour permettre la concurrence entre des solutions différentes et, partant, de contribuer à une réduction des coûts, tout en garantissant la diversité de l’offre de services». Selon lui, conducteurs et passagers de demain auront à leur disposition des services ubiquitaires, fournis par une technologie invisible. «Nous serons davantage connectés à notre environnement, mais sans en avoir conscience», a-t-il conclu.

Mesurer le degré de distraction

En attendant, il reste encore beaucoup à faire pour parvenir à informer les automobilistes de façon fiable et en toute sécurité, sans détourner leur attention de la route. «Il est capital de mesurer le degré de distraction», a déclaré Hironao Kawashima, professeur au Centre de gestion des systèmes ouverts, Faculté des sciences et des technologies de l’Université Keio à Tokyo et Vice-Président de la Commission technique pour les ITS (TC204) de l’ISO. «On n’a pas consacré assez de recherches aux réactions du conducteur», a-t-il relevé en ajoutant que les normes définies ne correspondent pas suffisamment à des applications particulières.

L’importante question de «l’interface homme-machine», c’est-à-dire comment l’utilisateur emploiera réellement les dispositifs et les données qui seront à sa disposition dans sa voiture branchée, a été débattue au Colloque lors de la séance «Communications» animée par Jean-Yves Monfort, au cours de laquelle ont été examinés les problèmes que posent l’implantation d’équipements audiovisuels dans les voitures ainsi que l’utilisation mains-libres des dispositifs de commande et de communication, en particulier les systèmes de synthèse et de reconnaissance vocale.


Hans W. Gierlich, de HEAD Acoustics

UIT/P. Rosa


 

En collaboration avec Hans W. Gierlich, Chef de la division Telecom, HEAD Acoustics GmbH, M. Monfort a par ailleurs fait une présentation décrivant l’activité du groupe spécialisé «FITCAR» de l’UIT (voir l’encadré), qui a pour mandat d’élaborer des normes dans des domaines tels que la qualité audio et la reconnaissance de la parole, qui permettront aux automobilistes de communiquer clairement et en toute sécurité avec les dispositifs embarqués dans leurs véhicules, mais aussi avec le monde extérieur.

Atténuer l’impact environnemental

L’incidence de la voiture sur notre environnement suscite une attention croissante, en raison bien sûr des préoccupations liées à la qualité de l’air, mais aussi parce que nous prenons davantage conscience de la menace que représente le changement climatique. Là encore, la télématique a un rôle à jouer.

Par exemple, en supervisant les performances d’un véhicule, notamment en termes d’efficacité énergétique, il est possible de faire des économies de carburant ou de réduire sensiblement les émissions de gaz d’échappement. Stephen Hope a évoqué une autre façon d’atténuer les répercussions de la circulation automobile sur l’environnement en indiquant que la télématique pouvait contribuer à «mettre la logistique et les systèmes de gestion du trafic routier au service de chaînes de production et d’approvisionnement efficaces». Une meilleure gestion signifie en effet moins de camions et des trajets plus courts.


James Rosenstein, Vice-Président principal de Ygomi LLC

UIT/P. Rosa


 

James Rosenstein, Vice-Président principal du marketing et des affaires extérieures chez Ygomi LLC, a repris cet argument à son compte: «Si vous disposez d’un système informatique plus développé, vous pouvez mieux contrôler le trafic, ce qui peut aboutir à des réductions très importantes des rejets polluants».

Pour Monica Sundström, Présidente d’ERTICO, organisation consultative spécialisée dans les systèmes de transport intelligents, la télématique devrait globalement contribuer à assurer une «mobilité sûre, efficace, sécurisée et respectueuse de l’environnement». Mme Sundström a attiré l’attention des participants à l’atelier sur le fait que «la voiture branchée n’est qu’un élément d’un vaste système de mise en relation des personnes et des biens».

Le dernier centimètre

Aussi étendu soit-il, un système de communication est souvent le dernier maillon de la chaîne et constitue en cela le plus grand enjeu. Cette problématique du «dernier kilomètre», désormais bien connue dans le milieu des télécommunications, devient celle du «dernier centimètre» dès lors qu’il s’agit de télématique, a indiqué M. Prasad de Ford. Celui-ci a expliqué que «si le monde des télécommunications est désormais entièrement connecté, tel n’est pas le cas en revanche entre les systèmes mobiles et la voiture».

Pour M. Prasad, des problèmes se posent à mesure que les frontières deviennent de plus en plus floues entre les éléments «embarqués» (iPod ou téléphones portables, par exemple), «à bord» (communications hertziennes) et «intégrés» dont sont dotés les véhicules. Toutefois, a-t-il ajouté, l’expérience du consommateur n’en sera que plus riche et la voiture branchée va donner lieu à des attentes croissantes.

Par ailleurs, James Rosenstein a souligné que «d’ici à 2010, nous allons voir un grand nombre de nouvelles applications destinées à la voiture branchée». A son avis, les consommateurs, déjà habitués à la connectivité et à recevoir de multiples services sur leur téléphone portable, comptent bien maintenant retrouver les mêmes prestations à bord de leur véhicule. «La voiture est devenue un nœud du réseau Internet».

Les travaux de l’UIT en la matière

Les travaux de l’UIT consacrés à «la voiture branchée» sont menés à bien dans le cadre du Secteur des radiocommunications (UIT–R) et du Secteur de la normalisation des télécommunications (UIT–T). Les commissions d’études indiquées ci-après examinent les thèmes en rapport avec ce domaine, y compris la question de savoir comment intégrer la télématique dans les réseaux de prochaine génération (NGN).

Groupe de travail 6M de l’UIT–R:
Systèmes de radiodiffusion interactive et multimédia.

Groupe de travail 8A de l’UIT–R:
Service mobile terrestre à l’exclusion des IMT-2000; service d’amateur et service d’amateur par satellite. Le Groupe a récemment publié le quatrième Volume du Manuel sur les communications mobiles terrestres (y compris accès hertzien). Il s’agit d’une synthèse à l’échelle mondiale sur les communications hertziennes appliquées aux systèmes de transport intelligents, y compris les architectures, les systèmes et les applications.

Commission d’études 12 de l’UIT–T:
Etudes se rapportant à la qualité de transmission de bout en bout des terminaux et des réseaux, en rapport avec la qualité perçue par l’utilisateur des applications de texte, de données, de parole et multimédias.

Commission d’études 16 de l’UIT–T: 
Etudes se rapportant aux fonctionnalités des services multimédias et aux fonctionnalités des applications (y compris celles qui sont prises en charge pour les réseaux NGN).

Groupe spécialisé FITCAR
Consciente de l’importance croissante de la télématique et des systèmes de transport intelligents, la Commission d’études 12 de l’UIT–T a créé, en 2006, le Groupe spécialisé sur les communications en provenance, à bord ou à destination des véhicules, également dénommé Groupe spécialisé FITCAR (Focus Group on From/In/To Cars Communications). Ce Groupe a pour mandat d’élaborer des spécifications propres à aider la Commission d’études dans ses travaux et d’encourager d’autres organisations de normalisation à y participer. Le Groupe spécialisé examinera les thèmes suivants:

  • Communications à bord de véhicules: paramètres de qualité et méthodes d’essai
  • Interaction entre les systèmes mains-libres à bord de véhicules et le canal radio
  • Elargissement des travaux aux systèmes mains-libres à large bande
  • Spécifications particulières/procédures d’essai concernant les systèmes de reconnaissance vocale à bord de véhicules.

Le Groupe spécialisé a tenu sa deuxième réunion le 15 mars 2007 à Ulm (Allemagne). Une troisième réunion devrait avoir lieu le 22 juin 2007, au siège de l’UIT à Genève.

L’accident de la route n’est pas une fatalité

 


Elvis Santana

Semaine mondiale des Nations Unies sur la sécurité routière
(23–29 avril 2007)


Daniel Duchon


 

Améliorer la sécurité sur les routes est un objectif fondamental de la voiture branchée. Dans cette même optique, les Commissions régionales de l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont conjointement organisé la première Semaine mondiale des Nations Unies sur la sécurité routière.

Cette Semaine, dont le slogan est «l’accident de la route n’est pas une fatalité», ciblera en particulier les jeunes usagers de la route, qui sont généralement les plus exposés. Bien entendu, des personnes de tous âges pourront, elles aussi, profiter des activités prévues au cours de cette Semaine, lesquelles comprendront un grand nombre de manifestations aux niveaux local, national ou international.

Il s’agit principalement de sensibiliser le public à l’incidence sociale des blessures dues à des accidents de la circulation et de promouvoir des mesures préventives. En effet, le problème est grave. D’après les chiffres de l’OMS, chaque année, près de 1,2 million de personnes trouvent la mort sur la route dans le monde. Plus de 40% de ces victimes ont moins de 25 ans.

 

Pour de plus amples informations concernant l’atelier sur la voiture branchée, veuillez consulter le site web de l’UIT à l’adresse: 
 www.itu.int/ITU-T/worksem/ict-auto/200703/programme.html

 

 

Début de page - Commentaires - Contactez-nous - Droits d'auteur © UIT 2024 Tous droits réservés
Contact pour cette page : Unité de la Communication institutionnelle
Date de création : 2024-06-22