Mise en service de la radiodiffusion
sonore numérique à la CMR-03

Michel R. Penneroux,
Directeur de HF Broadcasting, TéléDiffusion de France (TDF)
UIT 030064
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Après plusieurs années d’essais, la radiodiffusion numérique à
modulation d’amplitude s’apprête à devenir réalité. Le consortium
Digital Radio Mondiale (DRM) prévoit d’inaugurer ses émissions en direct
lors de la Conférence mondiale des radiocommunications (CMR-03) qui aura lieu
à Genève du 9 juin au 4 juillet 2003.
DRM est dans le monde le seul système commun numérique normalisé de
radiocommunication en ondes courtes, moyennes et longues qui peut utiliser les
fréquences et la largeur de bande existant dans le monde entier.
De nombreux fabricants d’équipements de transmission et de réception,
radiodiffuseurs et laboratoires de recherche ont pris une part active aux
efforts de la Commission d’études 6 du Secteur des radiocommunications de l’UIT
(UIT–R) et du consortium DRM pour définir et élaborer une norme mondiale
dans les bandes des ondes kilométriques, hectométriques et décamétriques. Le
système DRM offre une qualité sonore excellente, proche de celle de la
radiodiffusion MF, qui représente une amélioration spectaculaire par rapport
à la radiodiffusion analogique. Il devrait donc donner un nouvel essor à la
radiodiffusion au-dessous de 30 MHz sur les marchés du monde entier.

Radio à système DRM
UIT 030059/VT Merlin Communications
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En novembre 2002, les Etats Membres de l’UIT ont approuvé une version
révisée de la Recommandation BS1514, aujourd’hui intitulée Recommandation
BS1514-1 (Système pour la radiodiffusion sonore numérique dans les bandes
attribuées à la radiodiffusion au-dessous de 30 MHz). Selon ce texte, le
système DRM fait l’objet d’une Recommandation UIT–R pour la
radiodiffusion entre 150 kHz et 30 MHz. Cette avancée technologique promet une
nouvelle qualité de la radiodiffusion sonore pour les émissions en ondes
longues, moyennes et courtes.
La radiodiffusion numérique doit offrir au consommateur une meilleure
réception et une qualité sonore nettement supérieure. En outre, elle
permettra de fournir sur l’afficheur du récepteur toute une série de
nouveaux services: identification des artistes et des titres des chansons,
consultation des bulletins d’information locale sur le trafic, la météo ou
les actualités, pour ne donner que quelques exemples. Les récepteurs de la
première génération et les émetteurs étaient prêts dès le deuxième
semestre 2001, mais la mise en place des services, après les essais d’émission,
dépendra de la procédure réglementaire qui sera établie par la CMR-03 au
titre du point 1.2 de son ordre du jour.
* Aux termes de ce numéro, «L’utilisation des bandes
5900 — 5950 kHz, 7300 — 7350 kHz, 9400 — 9500 kHz,
11 600 — 11 650 kHz, 12 050 — 12 100 kHz,
13 570 — 13 600 kHz, 13 800 —
13 870 kHz, 15 600 — 15 800 kHz, 17 480 —
17 550 kHz et 18 900 — 19 020 kHz par le
service de radiodiffusion est limitée aux émissions à bande latérale
unique dont les caractéristiques sont spécifiées à l’Appendice II
(du Règlement des radiocommuications, qui traite du Tableau des
tolérances de fréquence des émetteurs) ou à toute autre technique de
modulation assurant une utilisation efficace du spectre, recommandée par
l’UIT–R. L’accès à ces bandes est subordonné aux décisions d’une
conférence compétente.» |
La CMR-03 reverra les dispositions du numéro 5.134* du Règlement des
radiocommunications, ainsi que plusieurs Résolutions et Recommandations
connexes, et celles de l’Appendice 11 dudit Règlement et prendra les mesures
qui s’imposent, à la lumière des études récentes de la Commission d’études
6 de l’UIT–R sur la modulation numérique, relatives en particulier au champ
minimal utilisable et aux rapports de protection.
Aux termes d’une modification apportée aux Règles de procédure par le
Comité du Règlement des radiocommunications de l’UIT à sa réunion de
décembre 2002, la modulation numérique peut être utilisée à titre
provisoire par tout diffuseur qui souhaite utiliser des assignations existantes
dans les bandes des ondes moyennes/modulation d’amplitude (MA) et des ondes
longues pour la radiodiffusion numérique dans les Régions 1 (Afrique et
Europe) et 3 (Asie et Australasie). Même si cette modification ne s’applique
pas à la Région 2 (Amériques), le consortium DRM s’attend à ce que soient
prises des décisions qui incluront cette dernière. La radiodiffusion
numérique doit respecter les niveaux de protection assurés vis-à-vis des
autres émissions (analogiques et numériques) existant pour la radiodiffusion
analogique aux termes d’accords internationaux.
Récepteur
prototype, semblable dans son aspect à une radio «grand public», sur le
point d'être commercialisé
UIT 030060/Coding Technologies
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Les premières émissions DRM seront transmises dans le monde entier le 16
juin 2003 pendant la CMR-03. Deutsche Welle (DW, Allemagne) Radio
Sweden International et Radio Netherlands ont déjà annoncé leur
participation et d’autres radiodiffuseurs devraient en faire de même au cours
des semaines à venir. Ainsi que le dit Peter Senger, président de DRM, «Les
débuts communs de la radiodiffusion DRM quotidienne dans les médias du monde
entier vont modifier à jamais le paysage du secteur.»

Tests et équipement
UIT 030060/BBC
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Et le directeur général de DW, Erik Bettermann, d’ajouter: «Nous
félicitons DRM pour le début officiel de ses émissions et nous ferons tout
notre possible pour assurer la réussite de ce système auprès de nos millions
d’auditeurs dans le monde. En échange, nous espérons que les fabricants ne
ménageront, de leur côté, aucun effort pour mettre au point des récepteurs
adaptés.» Deutsche Welle diffusera 12 heures de programmes par jour en
allemand et en anglais dans certaines régions de l’Europe.
Résumé
succinct des avantages attendus de la radiodiffusion MA numérique
Pour les radiodiffuseurs:
- Utilisation des systèmes actuels de diffusion.
- Utilisation des plans actuels de fréquences et renforcement de leur
efficacité.
- Indépendance du contrôle rédactionnel.
- Maîtrise de la zone de couverture.
- Rapidité et flexibilité à court terme, si nécessaire.
- Débouchés pour les services à valeur ajoutée (données, textes
et autres).
- Meilleure qualité audio pour les auditeurs, où qu’ils se
trouvent.
- Intérêt accru des auditeurs du fait de l’amélioration de la
qualité audio et des services supplémentaires offerts.
- Intérêt accru des publicitaires du fait de l’augmentation de l’audience.
Pour les auditeurs:
- Qualité sonore proche de celle de la MF avec la même portée que
pour la MA.
- Meilleure qualité de réception.
- Souplesse d’utilisation de la radio en fonction de leurs besoins.
- Pas de modification des habitudes: mêmes fréquences, mêmes
conditions d’écoute (récepteurs fixes, portatifs ou mobiles) et
même environnement d’écoute (à l’intérieur, en ville, en
forêt dense, etc.).
- Faible prix des récepteurs et faible consommation d’énergie.
- Syntonisation facile, avec sélection par fréquence, nom de station
ou type de programme.
- Diversification du contenu des programmes, qui utilisent toutes les
capacités du numérique.
- Elargissement de la gamme de récepteurs, avec augmentation et
amélioration des caractéristiques.
- Affichage sous forme de texte sur les récepteurs d’informations
sur les programmes (nom de la station, titre du disque, nom de l’interprète,
etc.).
Pour les fabricants de récepteurs et d’émetteurs
MA numériques et de semi-conducteurs:
- Découverte de nouvelles possibilités et de nouveaux domaines d’intérêts.
- Augmentation du potentiel commercial des émetteurs et des
récepteurs.
- Optimisation du retour sur investissement pour les composants
technologiques double norme destinés aux systèmes à faible débit
utilisés dans les canaux de transmission à bande étroite.
- Possibilité d’influer sur le rapport coût-efficacité des futurs
systèmes de radiodiffusion MA.
- Possibilité de remplacer 2,5 milliards de récepteurs par des
récepteurs MA numériques.
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Démonstration de transmissions DRM en direct en Chine
UIT 030062/VT Merlin Communications |
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Des ingénieurs de BBC, devant l’antenne d’un émetteur de faible
puissance dans la campagne anglaise, s’apprêtent à effectuer des tests
sur un réseau à fréquence unique de 26 MHz
UIT 030065/BBC
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Radio Netherlands débutera ses émissions quotidiennes en direct de Digital
Radio Mondialeï (DRMï) en association avec les premières émissions de
DRM à Genève. «En tant que membre fondateur de DRM, Radio Netherlands a
participé à l’élaboration du système depuis sa conception jusqu’à la
phase actuelle des essais d’émission», explique Jan Hoek, directeur
général adjoint et directeur financier et technologique de Radio Netherlands
et vice-président de DRM. «En juin, nous aurons le plaisir de passer à la
phase suivante, à savoir aux émissions quotidiennes en direct. Radio
Netherlands émettra 37 heures de programmes par semaine en anglais et en
néerlandais à destination de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et de
certaines régions d’Europe. Du 5 au 27 juillet 2003, Radio Netherlands
retransmettra les émissions de Radio Tour de France.»
Alors que les bandes MF sont pratiquement saturées et que la radiodiffusion
MA est de médiocre qualité, la radio MA numérique devrait offrir de nombreux
avantages aux radiodiffuseurs qui cherchent à reprendre des parts de marché.
Pour les équipementiers, la radiodiffusion MA numérique donne une deuxième
vie aux anciennes technologies MA en ouvrant davantage de débouchés
commerciaux aux émetteurs et aux récepteurs. Manifestement, les fabricants d’équipements
et de semi-conducteurs y trouvent leur intérêt: on compte actuellement quelque
2,5 milliards de postes de radio qu’il faudra bien finir par remplacer, dont
700 millions sont utilisés pour la réception en ondes courtes, auxquels il
faut ajouter, d’après les estimations, un millier d’émetteurs dans le
monde entier.
En attendant que l’audience de la radio MA numérique soit suffisante, les
émissions seront diffusées à la fois en analogique et en numérique. Les
fabricants devraient commercialiser des récepteurs multinormes pour la
radiodiffusion en MA analogique et numérique, ainsi qu’en MF. Dans les canaux MA
inutilisés, les radiodiffuseurs pourront mettre en service la radiodiffusion MA
entièrement numérique puisque les récepteurs reconnaîtront les signaux, qu’ils
soient analogiques ou numériques. A mesure que les services numériques
deviendront plus courants et que le parc de récepteurs s’enrichira, on s’attend
à ce que les services analogiques disparaissent progressivement. La réussite
dépendra de la mise sur le marché de récepteurs DRM au juste prix et en
quantité suffisante.
M. Penneroux
s’est joint à l’industrie de la radiodiffusion en 1979 comme
adjoint au président de la Sofirad (Société Financière de
Radiodiffusion — société holding publique ayant investi dans les
médias). Chez TDF depuis 1989, il est devenu directeur de HF Broadcasting
en juillet 1979 et représente TDF au Conseil d’administration de DRM. |
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