Déclaration du Ministre des Postes et des
Technologies de l’Information et de la Communication du Burkina Faso,
S.E.M. Joachim TANKOANO
Genève, 4 septembre 2007
Monsieur le Président du Conseil de l’UIT,
Monsieur le Secrétaire Général de l’UIT,
Mesdames et Messieurs les Directeurs des bureaux de l’Union,
Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres et Chefs de Délégations,
Honorables invités,
Mesdames et Messieurs les Conseillers,
Mesdames, Messieurs,
Je voudrais tout d’abord vous redire toute la reconnaissance du
Burkina Faso pour le soutien dont il a bénéficié pour son élection comme
membre du conseil de l’UIT lors de la dernière Conférence des
Plénipotentiaires. Soyez rassuré qu’en sa qualité de membre du Conseil,
mon pays ne ménagera aucun effort pour accompagner l’Union dans la
réalisation des ses nobles missions.
Je voudrais aussi féliciter le Secrétaire Général de l’Union, S.E.M.
Hamadoun TOURE pour l’initiative qui nous réunit aujourd’hui.
L’organisation de ce segment ministériel montre une fois de plus sa très
grande ouverture d’esprit et la constance de sa volonté de se mettre à
l’écoute et au service des Etats membres, afin de les aider à saisir les
opportunités de développement qu’offrent les TIC. Je le remercie pour
l’opportunité qu’il donne à mon pays de prendre part à cette rencontre
d’échange et de réflexion.
Honorables Délégués, Mesdames et Messieurs,
Au cours de ces dernières années, le Burkina Faso a entrepris des
réformes économiques et structurelles visant à mettre en place une
administration de développement et un environnement propice aux affaires
et à l’entreprenariat.
Ceci a en particulier permis d’enregistrer des progrès substantiels
dans le secteur des télécommunications et des nouvelles technologies de
l’information et de la communication.
En 1997, le Burkina Faso a en effet entamé dans ce cadre un processus
d’ouverture partielle du secteur des télécommunications à la
concurrence, par la mise en place d’un cadre légal et institutionnel
approprié.
Ceci a conduit à la création d’une Autorité Nationale de Régulation
des Télécommunications, à l’entrée de deux opérateurs privés de
téléphonie mobile sur le marché et à la privatisation partielle de
l’opérateur historique, afin de lui permettre de faire face à la
concurrence.
Grâce à ces réformes, des résultats significatifs ont été obtenus.
Le Burkina Faso a été raccordé par fibre optique à la Côte d’Ivoire,
au Mali et au Togo, avec un accès à la fibre optique sous marine via la
Côte d’Ivoire et le Sénégal. La télédensité globale, fixe et mobile, est
passée de 0,41 téléphone pour 100 habitants en 1998 à 10,42 téléphones
pour 100 habitants en juin 2007 avec un taux de progression de 60% en
2006. La bande passante de la connexion internationale à l’Internet
offerte par l’opérateur historique est passée de 128 kilobits par
seconde en 1998 à 197 Mbits/s dans le sens montant et 215 Mbits/s dans
le sens descendant en décembre 2006. L’ADSL a été introduit en 2005 afin
d’offrir l’Internet haut débit aux usagers.
Sur la période, la contribution du secteur au produit intérieur brut
(PIB) est passée de 2,3% en 2001 à 3,9% en 2006 et de nombreux emplois
ont été créés.
Depuis le 1er janvier 2006, le secteur des télécommunications a été
complètement ouvert à la concurrence afin de donner une 2ème impulsion à
son développement grâce à l’entrée de nouveaux acteurs.
Pour ce faire, une révision du cadre légal a été entreprise, afin de
créer les conditions les meilleures pouvant permettre de garantir une
saine concurrence et de favoriser la convergence des réseaux et des
services en s’inspirant des meilleures pratiques internationales. Cette
révision donnera l’opportunité d’assurer la transposition des actes
additionnels adoptés par le Conseil des Chefs d’Etats de la CEDEAO, dans
les textes qui en résulteront.
En outre, une étude technique, économique, juridique et
institutionnelle a été initiée afin d’examiner la faisabilité de la
construction d’une épine dorsale mutualisée large bande, reliée à tous
les pays voisins du Burkina Faso et pouvant servir pour le transport de
la voix, des données et de la vidéo jusque dans chaque chef lieu de
commune.
Les résultats attendus à travers la mise en place d’une telle
infrastructure mutualisée sont :
- une concentration des investissements des opérateurs sur le
développement des réseaux d’accès afin de parvenir à un développement
plus rapide, sur toute l’étendue du territoire national, de l’offre pour
l’accès au téléphone, aux réseaux de données, à l’Internet haut débit et
à la télévision numérique;
- un faible coût d’accès à ces services dû à l’économie d’échelle dans
les investissements et dans l’exploitation ;
- une réduction des risques pour les opérateurs rendant ainsi le secteur
plus attractif ;
- l’existence d’une infrastructure adaptée pour le développement, sur
toute l’étendue du territoire national, de l’administration électronique,
du commerce électronique, du téléenseignement, de la télémédecine et de
contenus et services électroniques en langues nationales qui répondent
aux besoins du monde rural ;
- le renforcement du processus d’intégration sous régionale.
Notre ambition est de faire en sorte que ces nouvelles orientations
de la réforme du secteur des télécommunications permettent de renforcer
de façon significative dans notre pays les capacités et la compétitivité
de toutes les composantes de la société, de mobiliser des ressources
fiscales plus importantes pour le budget de l’État et de favoriser la
création de nouveaux emplois.
Parallèlement au processus initié pour la réforme du secteur des
télécommunications, le Gouvernement a aussi entrepris dès 1996 la
réalisation de projets pilotes d’utilisation des TIC pour le
développement. Ces projets pilotes ont permis de démontrer dans
plusieurs secteurs d’activité dont celui de l’administration financière,
l’utilité de ces technologies pour un pays comme le Burkina Faso. Ceci a
facilité l’adoption en 2004 d’une cyberstratégie globale et intégrée qui
consacre la promotion de ces technologies comme un principe directeur et
transversal du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté. La
finalité de cette cyberstratégie nationale est d’accompagner le
développement des infrastructures de télécommunications par celui de
l’administration électronique, du commerce électronique, du
téléenseignement, de la télémédecine et de contenus et services
électroniques en langues nationales, adaptés aux besoins du monde rural,
dans la perspective de contribuer à l’atteinte des objectifs du
millénaire pour le développement.
Pour permettre la mise en œuvre de cette cyberstratégie nationale, le
Gouvernement a entrepris la mise en place d’un Intranet gouvernemental à
l’échelle nationale afin de doter l’administration d’une infrastructure
moderne large bande, pouvant répondre à ses besoins de communication et
d’utilisation des TIC pour le développement.
Le Gouvernement a aussi entrepris l’élaboration de cyberstratégies
sectorielles afin de promouvoir les usages, i.e. l’administration
électronique, le commerce électronique, le téléenseignement, la
télémédecine et les contenus et services électroniques en langues
nationales, adaptés aux besoins du monde rural. Le Gouvernement entend
ainsi engager les acteurs concernés dans un processus d’appropriation de
la cyberstratégie nationale et d’intégration de sa mise en œuvre dans
les plans et programmes sectoriels de développement existants ou à venir.
Honorables Délégués, Mesdames et Messieurs,
Le Burkina Faso est convaincu que pour accroître les investissements
dans le domaine des TIC et garantir un développement durable de ce
secteur, il est essentiel :
- de créer un environnement politique favorable à l’investissement, à la
concurrence et à l’innovation ;
- de favoriser le développement des marchés régionaux ;
- et d’élaborer et mettre en œuvre des stratégies qui visent à faire des
TIC un des principaux leviers du développement humain durable.
La création d’un environnement politique favorable à l’investissement, à
la concurrence et à l’innovation nécessite en particulier :
- une vision et des politiques nationales et régionales claires et
partagées par toutes les parties prenantes ;
- l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre institutionnel et légal
qui prend en compte les meilleures pratiques internationales ;
- et la recherche de nouveaux schémas de partenariats publics - privés.
De toute évidence, les infrastructures TIC ne sont pas que des
infrastructures économiques. Ce sont aussi des infrastructures sociales
d’utilité publique dont l’adéquation conditionne de plus en plus la
qualité de vie des citoyens, la capacité de nos Etats à livrer des
services d’éducation et de santé de qualité et à simplifier et améliorer
leurs prestations.
En tant qu’infrastructures sociales, il est essentiel que, tout comme
pour les routes, le financement des infrastructures TIC puisse
bénéficier du soutien des pouvoirs publics, notamment pour garantir la
disponibilité des infrastructures large bande dans les zones rurales, où
de telles infrastructures ne peuvent se justifier économiquement mais
peuvent permettre de solutionner efficacement les problèmes de
développement.
En outre, en tant qu’infrastructure d’utilité publique dont dépend la
qualité de vie des citoyens, il est essentiel de pouvoir garantir leur
existence au-delà de la durée accordée aux opérateurs pour leur mise en
place et leur exploitation. La fin de l’autorisation accordée à un
opérateur ou la faillite de ce dernier ne doit pas entraîner l’arrêt des
services offerts aux citoyens.
De ce fait, la mise en place et la gestion de telles infrastructures ne
peuvent être soumises qu’aux seules forces du marché. Même si
l’ouverture du secteur à la concurrence a certes permis d’accroître de
façon considérable les investissements dans ce secteur, nous ne devons
pas perdre de vue que cette ouverture crée souvent des situations
inédites que nous ne pouvons plus ignorer. Il nous faut pour cela penser
à de nouveaux types de partenariats publics privés pouvant permettre aux
pouvoirs publics de jouer un rôle plus accru en terme d’investissement
et de garantir la pérennité des infrastructures TIC, sans pour autant
remettre en cause le rôle très capital que le secteur privé joue
aujourd’hui. En d’autres termes, pour garantir un développement durable
du secteur, nous devons rechercher un équilibre plus juste entre
investissements privés et publics, notamment dans le cadre de la mise en
place d’infrastructures mutualisées large bande, d'une part, et entre
propriété et délégation de la gestion des réseaux, d'autre part, afin de
permettre aux Etats de garantir la continuité du service public des
communications électroniques et de mettre en confiance toutes les
parties prenantes.
Honorables Délégués, Mesdames et Messieurs,
Tenant compte de ce qui précède, il est essentiel qu’au cours des
prochains 24 mois, notre Union continue à jouer un rôle central dans la
mise en œuvre et le suivi des décisions et engagements du SMSI,
notamment en direction des pays en développement, par une aide plus
accrue dans l'élaboration et la mise en œuvre des stratégies nationales
de développement des télécommunications et des TIC.
Pour ce faire, elle doit de façon plus spécifique :
- apporter son appui au développement de l'infrastructure large bande en
Afrique en favorisant l’éclosion de nouveaux types de partenariats
publics privés ;
- soutenir dans ce cadre le projet RASCOM dans ses efforts pour le
lancement du 1er satellite panafricain de télécommunications ;
- contribuer au renforcement et à l’harmonisation de cadres politiques
et réglementaires pouvant favoriser l’intégration des marchés africains
des TIC ;
- faciliter la réduction de l'écart en matière de normalisation entre
les pays développés et le reste du monde ;
- faciliter un accès équitable au spectre des fréquences
radioélectriques et aux orbites de satellite ;
- contribuer au renforcement des capacités ;
- et encourager les autres organisations du système des nations unies à
mettre en œuvre les recommandations du SMSI visant à mettre les TIC au
service de l’atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement.
Honorables Délégués, Mesdames et Messieurs,
Tout en réitérant la disponibilité du Burkina Faso à contribuer au
renforcement de notre Union pour un développement durable du secteur des
TIC, je souhaite un plein succès à nos travaux.
Vive la coopération internationale.
Je vous remercie.
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