Pour faire face aux pannes des équipements de télécommunication qui auraient pu survenir lors du passage à l'an 2000 – problèmes éventuels de logiciels découlant du passage à l'an 2000 –, une liaison de transmission de données d'urgence en ondes courtes avait été mise en place au siège de l'Organisation des Nations Unies à New York. Un émetteur-récepteur connecté à un PC et alimenté de façon indépendante (accumulateurs et un petit générateur diesel) permettait d'avoir accès à la station pivot, elle aussi mise aux normes, du réseau de données en ondes courtes des Nations Unies fonctionnant en permanence au Bureau européen des Nations Unies à Genève.
Les problèmes que de nombreux experts craignaient ne se sont pas produits. L'équipement aux normes de l'an 2000 a été entreposé. Le technicien des télécommunications qui l'avait installé et qui avait été formé à son utilisation a pris sa retraite quelques mois plus tard.
En 2003, une panne de courant a touché Manhattan, et ce juste au moment où le système d'alimentation électrique d'urgence, normalement disponible dans le bâtiment du siège de l'Organisation des Nations Unies, avait été envoyé d'urgence en réparation, après un incendie dans une unité de commande centrale. Quelqu'un s'est souvenu de l'endroit où avait été rangé l'équipement après le passage à l'an 2000. L'équipement semblait intact et l'équipement a été mis sous tension sans problème. Mais après? Personne au siège ne savait sur quelle fréquence, dans quel mode ou avec quel indicatif d'appel connecter le réseau. Il n'a pas été possible d'appeler Genève sur l'un des canaux qui avaient été préprogrammés il y a quatre ans pour le réseau d'urgence: le réseau en ondes courtes assurant l'acheminement permanent du trafic entre Genève et les bureaux hors siège en Afrique et en Asie était en effet un réseau de données automatique et il fallait se connecter dans le bon mode et identifier correctement la station pour y avoir accès.
Enseignements tirés: L'équipement, même si on arrive, d'une façon ou d'une autre, à le faire fonctionner, n'est d'aucune utilité si l'on n'a aucune information sur le réseau auquel il faut connecter cet équipement. Un opérateur radio expérimenté aurait peut-être trouvé une façon de contourner la difficulté, en essayant d'appeler n'importe quelle station joignable, par exemple sur une bande attribuée au service de radioamateur. Les stations situées en dehors de la zone d'occultation répondant à l'appel d'urgence auraient ensuite pu appeler Genève sur le réseau téléphonique public. Un responsable des télécommunications aux Nations Unies à Genève aurait ensuite pu communiquer les détails nécessaires pour connecter directement le réseau des Nations Unies ou au moins indiquer une fréquence sur laquelle on aurait pu recevoir un appel téléphonique provenant de New York.