Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux d'avoir la possibilité de me joindre à vous aujourd'hui, et
je voudrais remercier tout particulièrement le Gouvernement de la Tunisie pour
son hospitalité, son engagement pour le développement des TIC et l'organisation
de cette importante réunion.
Il y a cinq ans, l'UIT osait organiser le tout premier Sommet mondial de la
famille des Nations Unies sur la société de l'information, à Genève, en 2003.
Il y a trois ans, c'est à Tunis qu'avait lieu la seconde phase, fondamentale, de
ce Sommet entièrement nouveau, à l'occasion de laquelle le programme défini à
Genève et le travail de préparation complexe entrepris par tous les partenaires
du secteur public, du secteur privé et de la société civile ont porté leurs
fruits avec l'Engagement de Tunis et l'Agenda de Tunis pour la société de
l'information.
Cet Agenda a fixé un certain nombre de grandes orientations à suivre de toute
urgence pour que nous puissions réaliser la société de l'information ouverte,
accessible et n'excluant personne, définie par le SMSI.
Mais avant de considérer les activités déployées par l'UIT et les progrès
réalisés en fonction de ces grandes orientations, arrêtons-nous un instant pour
faire le point de la situation concernant la fracture numérique cinq années
après la première phase du SMSI.
Mesdames et Messieurs,
J'ai le plaisir de constater que, dans l'ensemble, les nouvelles sont très
bonnes.
Alors que se déroulait la première phase du SMSI, nos estimations faisaient
apparaître que, dans le monde, plus de 800 000 villages n'avaient jamais eu
accès à l'une quelconque des technologies de l'information et de la
communication.
Cela signifiait qu'un milliard des habitants de notre planète n'avaient toujours
pour ainsi dire aucun accès aux bienfaits des technologies modernes de
l'information et de la communication.
Aujourd'hui, la situation est toute autre.
L'Afrique, à elle seule, compte près de 300 millions d'abonnés aux systèmes
cellulaires et présente le taux de pénétration de la téléphonie mobile le plus
élevé du monde: près de 90% du total des abonnements.
Parmi les 49 pays les moins avancés, considérés dans leur ensemble, la
télédensité moyenne a augmenté de façon impressionnante, puisqu'elle se
chiffrait à près de 14% au début de l'année, en raison d'un taux de croissance
annuelle cumulative de 70% sur la période 2005 2007.
Trois des pays les plus performants - la Gambie, la Guinée équatoriale et la
Mauritanie - présentent aujourd'hui des taux de pénétration mobiles de plus de
40% - chiffre supérieur à la moyenne européenne à la fin de l'an 2000.
Il y a cinq ans, les statistiques établies par l'UIT nous disaient que
l'Internet touchait moins de 1% de la population des pays les plus pauvres du
monde et des Etats insulaires isolés.
Les taux de pénétration demeurent peu élevés - 1,4% en moyenne pour l'ensemble
des PMA - mais l'influence de la Toile commence néanmoins à se faire sentir même
dans les communautés les plus pauvres, grâce aux télécentres utilisés en partage
et aux initiatives de libéralisation des marchés.
La réforme de la réglementation contribue elle aussi à créer des conditions
favorables aux investissements et à l'esprit d'entreprise. Près de 90% des 49
PMA autorisent désormais la concurrence sur le marché des services mobiles - et
cet élément explique en partie la baisse des coûts d'accès et le développement
de la portée des réseaux que l'on observe simultanément.
Cette évolution est extrêmement positive, et montre ce que l'on peut obtenir en
travaillant ensemble à la réalisation d'un objectif commun.
Mais ceux d'entre nous qui oeuvrent au développement des TIC savent bien que le
chemin qui nous reste à parcourir pour être en mesure d'affirmer à juste titre
que nous avons édifié une société de l'information équitable et accessible est
encore bien long.
Chers amis et collègues,
Avec les activités déployées par les trois Secteurs de l'Organisation que je
représente - développement des télécommunications, radiocommunications et
normalisation des télécommunications - l'UIT ne ménage aucun effort pour
surmonter les obstacles que l'avenir nous réserve encore.
Dans le contexte des grandes orientations du SMSI pour lesquelles l'UIT exerce
une responsabilité directe de coordination, notre Bureau de développement des
télécommunications collabore activement avec plusieurs partenaires - en
particulier la Commission européenne - à de vastes projets visant à promouvoir
la mise en oeuvre des infrastructures TIC et l'harmonisation de la
réglementation en Afrique subsaharienne, dans les Etats insulaires du Pacifique
et dans les pays des Caraïbes, afin de réaliser les engagements souscrits au
titre de la grande orientation C2.
En ce qui concerne la grande orientation C5 ("Etablir la confiance et la
sécurité dans l'utilisation des TIC"), je sais que beaucoup d'entre vous ici
apportent d'ores et déjà un soutien et un appui actifs au Programme mondial
cybersécurité ("GCA") mis au point par l'UIT et lancé à l'occasion de la Journée
mondiale 2007 des télécommunications et de la société de l'information.
Le Programme mondial cybersécurité est un cadre de coopération visant à
renforcer la confiance et la sécurité dans l'univers en ligne. Conçu pour être
la première riposte internationale concertée à une menace qui pèse de plus en
plus sur le monde, il encourage la collaboration, les partenariats et les
échanges d'informations entre de multiples parties prenantes, en vue de parvenir
à éradiquer rapidement et efficacement la cybercriminalité et le cyberterrorisme.
Alors que nous abordons aujourd'hui, après le travail de préparation, la mise en
oeuvre du Programme mondial cybersécurité, je trouve très encourageant que ce
programme ait déjà reçu le soutien de dirigeants mondiaux, dont M. Óscar Arias
Sánchez, Président de la République du Costa Rica et lauréat du Prix Nobel de la
paix et M. Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso, deux protecteurs de ce
programme.
L'UIT a par ailleurs récemment signé avec l'organisation malaisienne IMPACT -
International Multilateral Partnership Against Cyber Threats - un Mémorandum
d'accord stratégique aux termes duquel le siège mondial ultra-moderne d'IMPACT,
installé à Cyberjaya (Kuala Lumpur), va accueillir le Programme mondial
cybersécurité.
Le Centre d'alerte mondial IMPACT est conçu pour être le principal centre
d'alerte aux cybermenaces dans le monde, sa tâche étant de fournir à la
communauté internationale un système intégré d'alerte rapide en temps réel qui
aidera les pays membres à repérer les menaces dans les meilleurs délais. Ce
centre mettra aussi à disposition des moyens électroniques qui permettront aux
experts des différents pays de regrouper leurs ressources et de collaborer à
distance pour réagir immédiatement aux situations de crise.
Etant donné que les enfants sont de plus en plus la cible de criminels en ligne
qui cherchent à exploiter leurs affinités naturelles pour les technologies et
leur vulnérabilité, l'UIT vient de lancer une initiative mondiale de protection
de l'enfance en ligne. A l'UIT, nous sommes en effet convaincus que tous les
enfants du monde ont droit à un environnement sûr, même quand il s'agit d'un
environnement virtuel. En effet, si la connexion est virtuelle, le danger, lui,
est bien réel.
Mesdames et Messieurs,
Le Forum ICT 4 All est principalement axé cette année sur le large bande, thème
particulièrement bien choisi puisque notre prochain grand défi est de trouver
comment faciliter l'accès à des connexions en ligne rapides, à des prix
abordables.
Nombreux sont ceux qui persistent à considérer le large bande comme un "luxe".
Ils le voient comme une Ferrari, alors qu'une Peugeot ferait l'affaire.
Ce mode de pensée n'est pas seulement erroné, il est aussi dangereux.
Dans les pays industrialisés, ce qui était considéré comme un service rapide il
y a à peine deux ou trois ans est aujourd'hui devenu une connexion tout ce qu'il
y a de plus ordinaire. Les leaders du large bande comme la République de Corée
et le Japon continuent à toujours repousser les limites de la technique et dans
ces pays, une connexion personnelle à 100 mégabits ne relève plus de l'exception.
Cette situation a de profondes incidences pour les pays en développement. En
effet, à mesure que les connexions deviennent plus rapides, le contenu en ligne
évolue pour tirer parti de cette nouvelle puissance et de cette nouvelle
capacité. Il n'est plus possible de télécharger correctement des sites web via
des connexions téléphoniques. Les informations deviennent alors inaccessibles.
On assiste à l'apparition d'une nouvelle fracture numérique béante, juste au
moment où nous pensions être en train de combler le fossé existant.
Au cours de nos débats et de nos travaux visant à promouvoir le développement
des TIC, il nous faut imaginer des stratégies dynamiques pour parer à cette
nouvelle menace.
Les technologies nouvelles y contribueront, en particulier dans le domaine de la
téléphonie mobile où les options à haut débit et à faible coût telles que le
WiMAX peuvent permettre de remédier à l'absence d'infrastructures filaires pour
fournir des connexions large bande hertziennes à des prix abordables.
Les nouvelles approches réglementaires "éclairées" encourageant l'investissement
et la concurrence ont également un rôle important à jouer.
Mesdames et Messieurs,
Nous pouvons tous être fiers de ce que nous avons accompli depuis le Sommet de
Tunis en 2005. Mais plutôt que de nous reposer sur nos lauriers, nous devons
tirer parti de l'extraordinaire énergie et de l'esprit de coopération qu'a fait
naître le SMSI pour relever ce nouveau défi. Nous avons prouvé que nous pouvions
le faire. Retroussons nos manches et mettons-nous à l'ouvrage.
Je vous remercie.
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