Troisième colloque sur la réglementation consacré aux GMPCS
Le présent Rapport s'inscrit dans la préparation du troisième Colloque de l'UIT sur la réglementation. Il étudie les problèmes de réglementation liés à l'introduction des Systèmes mondiaux de communications personnelles mobiles (GMPCS), qui sont fondés sur des architectures de communications par satellites de pointe, qui sont souvent (et parfois à tort) appelés «Super LEO». Ce Rapport représente le point de vue de l'auteur et non celui des autres participants au Colloque ou de l'UIT. Le rapport du Colloque luimême fait l'objet d'un autre document, rédigé par le Président.
La 1re partie du Rapport préparatoire donne la définition d'un GMPCS. Il s'agit d'une définition «non technique», qui explique ce que le système apporte à ses utilisateurs et non pas la façon dont il fonctionne. «Communication personnelle mondiale» n'est pas synonyme de «Super LEO». Des communications personnelles souples peuvent aussi être établies par des systèmes mobiles de radiocommunications de Terre, et pourront probablement tabler à l'avenir, sur l'interfonctionnement «invisible» de réseaux fixes et mobiles, dans lesquels le numéro personnel de chaque utilisateur pourra être obtenu par l'un ou l'autre des réseaux. Mais ce sont surtout les communications personnelles réalisées par satellite qui posent des problèmes de réglementation, et c'est donc ce type de communication qui nous intéresse ici.
Tous les problèmes que nous aborderons tournent autour d'un seul et même thème, que nous pouvons formuler sous forme de question:
«Comment peut-on concilier la volonté de parvenir à un développement rapide des GMPCS, en vue de maximiser les avantages considérables que ces systèmes peuvent apporter à leurs utilisateurs (volonté qui semble partagée par de nombreux gouvernements nationaux, mais pas nécessairement par tous), avec d'autres objectifs nationaux, tels que le maintien du contrôle absolu de la politique des télécommunications, le partage équitable du spectre radioélectrique, ou le maximum des possibilités, pour les entreprises, de participer aux GMPCS?»
La 2e partie étudie des problèmes de réglementation dans six domaines différents: la gestion du spectre des fréquences; l'octroi d'autorisations; l'interconnexion aux réseaux en service; «l'accès non discriminatoire» aux systèmes et aux services GMPCS, ainsi que les problèmes de politique de la concurrence qui s'y rattachent; la normalisation; le numérotage.
La 3e partie traite de la façon dont ces problèmes peuvent être abordés le plus efficacement possible dans le cadre des politiques, organismes et procédures de réglementation en place, ainsi que dans le cadre du mécanisme actuel de coopération internationale entre les gouvernements nationaux. Elle étudie aussi les autres possibilités offertes au cas et au moment où les pratiques en vigueur seraient jugées insatisfaisantes ou insuffisantes. Nous exposons six «scénarios» différents, dont chacun représente un point de vue sur la façon dont les politiques et les procédures de réglementation concernant les GMPCS pourraient évoluer au niveau national, et sur la façon dont la coopération, les consultations et les négociations internationales sur les problèmes en question pourraient évoluer à l'avenir.
La 3e partie présente aussi le point de vue de l'auteur quant aux avantages et aux inconvénients de chaque scénario. Ce point de vue est forcément subjectif; il est uniquement destiné à fournir un point de départ au débat.
RÉSUMÉ DE LA PARTIE I
LES GMPCS ET LA POLITIQUE DE RÉGLEMENTATION: LE CONTEXTE
La 1re partie du rapport définit le GMPCS comme un système présentant les caractéristiques suivantes:
(1)Il établit des communications vocales en temps réel et des liaisons de transmission de données ou de télécopie à au moins 9,6 b/s, avec de petits terminaux mobiles ou portatifs (ou éventuellement fixes).
(2)Il peut fournir ses services simultanément à tout endroit de la surface du globe, ou tout au moins sur une zone géographique beaucoup plus étendue que celle que couvrent les systèmes géostationnaires habituels du Service fixe par satellite (SFS).
(3)La capacité fournie sur l'ensemble de la zone desservie est considérable puisqu'elle permet au moins 20 000 conversations simultanées.
Cette définition non technique ne mentionne même pas l'utilisation de satellites, alors que le «temps d'émission» de ces satellites joue un rôle important dans la réalisation pratique des MPCS. La définition ne précise donc pas non plus la nature des orbites utilisées. Les systèmes GMPCS qui ont atteint à ce jour le stade de la conception détaillée utilisent tous des orbites non géostationnaires: des orbites basses (LEO) circulaires, des orbites circulaires intermédiaires (ICO) ou des orbites elliptiques. On peut concevoir un système GMPCS à satellites géostationnaires possibilité qui a déjà été envisagée (mais rejetée) par au moins un opérateur potentiel, INMARSAT.
La définition et donc la portée du présent rapport excluent:
Un grand nombre des investisseurs, à travers le monde, détiennent des participations dans des sociétés proposant d'implanter des systèmes GMPCS, pensent que le «verdict du marché» sera favorable. Ils pensent que les GMPCS seront extrêmement rentables. De nombreux gouvernements nationaux vont donc sans doute estimer que ces systèmes pourront être très profitables à leurs économies nationales, et que la politique adoptée en matière de réglementation doit donc faciliter le développement rapide de ces GMPCS.
Dans le même temps, il apparaît aussi, notamment d'après certaines initiatives prises au cours de la Conférence administrative mondiale des radiocommunications de 1992 (CAMR-92) et d'après de récentes déclarations de la Commission européenne qu'il n'existe pas de véritable consensus quant à la façon d'assurer le développement des GMPCS. Il est évident que, dans certains domaines, des préoccupations d'ordre politique risquent d'entrer en conflit avec la volonté d'un développement rapide.
Le présent rapport traite des deux aspects, puisqu'il examine à la fois la manière de faciliter le développement des GMPCS, et la manière de résoudre, en tenant compte des différents objectifs nationaux, les désaccords politiques qui risqueraient de retarder ce développement.
RÉSUMÉ DE LA PARTIE II
PROBLÈMES À RÉSOUDRE ET CONCLUSIONS
DANS SIX SECTEURS CLÉS DE LA POLITIQUE
DE RÉGLEMENTATION
Le présent rapport étudie des problèmes de réglementation qui se posent dans six domaines différents:
Pour chacun de ces domaines, le débat se déroulera suivant les mêmes étapes:
L'ATTRIBUTION, L'ASSIGNATION, LA COORDINATION
ET L'ENREGISTREMENT DES FRÉQUENCES
Chaque nouveau type de système à satellites pose de nouveaux problèmes de gestion du spectre, sur le plan national et sur le plan international à au moins deux niveaux:
Dans certains cas, les accords conclus ont aussi concerné:
La façon dont ces trois procédures se sont déroulées jusqu'à présent représente pour la gestion actuelle des fréquences des GMPCS, un véritable défi, dans la mesure où:
Les systèmes GMPCS ne sont pas les premiers systèmes à satellite à nécessiter des attributions, des assignations de fréquences et la coordination. Mais de nouvelles questions se posent aujourd'hui, du fait de la partie de spectre très réduite attribuée aux GMPCS (seulement 16,5 MHz dans la bande L, par exemple), de la très vaste étendue de la couverture internationale, et de la nécessité accrue de partager le spectre:
Plusieurs agences gouvernementales nationales et plusieurs institutions internationales (et notamment la FCC, INMARSAT, l'UIT et la Commission européenne) ont joué un rôle actif dans le domaine de la gestion du spectre pour les GMPCS. La CAMR-92 a abouti à un accord international sur deux aspects importants et nécessaires au développement des GMPCS:
Dans les pays désirant ouvrir la voie en matière de GMPCS, les autorités nationales ont très vite donné suite à la CAMR-92 en intégrant les nouvelles attributions à leurs réglementations nationales, et en procédant à la «publication anticipée» nécessaire à la notification, à la coordination et à l'enregistrement par l'UIT.
La CAMR-92 s'est terminée en mars 1992. Aux Etats-Unis, la FCC a rapidement adopté les nouvelles attributions [note 7]. En février 1992, c'est-à-dire avant même que la Conférence ne soit terminée, le gouvernement des Etats-Unis avait demandé à l'UIT la publication anticipée de prescriptions «génériques» concernant les GMPCS, sous le nom de HIBLEO. Il a entrepris ensuite, le 28 mars 1993, de coordonner les variantes des prescriptions HIBLEO à un niveau international, alors que la CAMR-92 était toujours en session[note 8]. Comme nous l'avons noté plus haut, le plan HIBLEO, si l'on en assurait la coordination sans modification, occuperait la totalité de deux des bandes de fréquences qui viennent d'être attribuées aux GMPCS par la CAMR-92, et qui sont en fait les deux bandes jugées les mieux appropriées pour un développement rapide des GMPCS [note 9]. L'administration britannique, agissant au nom d'INMARSAT, a «publié par anticipation», en juin 1992, une prescription pour la totalité de deux autres bandes de fréquence à 1,9/2,2 GHz [note 10]. (C'est pour cette raison que, par souci de concision, nous emploierons le terme «pionniers» pour parler des administrations américaine et britannique.) Ce que l'on sait moins, c'est que de nombreuses autres administrations ont suivi leur exemple peu de temps après, notamment au Brésil, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Russie et aux Tonga, mais du fait qu'ils ont déposé leur demande à une date antérieure, les Américains et les Britanniques placent leurs opérateurs sous licence et INMARSAT dans une meilleure position.
BANDES DE |
UTILISATION DE LA LIAISON |
UTILISATION DE LA LIAISON |
||||||
Région du |
Status de l'attribution |
Date de disponi- |
Remarques |
Région du |
Status de l'attribution |
Date de disponi- |
Remarques |
|
1610-1610.6 |
0.6 |
Co-primaire |
Actuellement (1) |
Les GMPCS de |
. | . | . | . |
1620.6-1613.8 |
3.2 |
Co-primaire |
Actuellement |
3.2 |
Secondaire |
Actuellement |
Problèmes de partage importants |
|
1613.8-1626.5 |
12.7 |
Co-primaire |
Actuellement |
Ne doit pas perturber la radioastronomie |
12.7 |
Secondaire |
|
Problèmes de partage importants |
1980-2010 (2) |
30 |
Co-primaire |
1.1.2005 sauf aux EU 1.1.1996 |
Désignée pour FLMPTS/ |
. | . | . | . |
2170-2200 (3) | . | . | . | . |
30 |
Co-primaire |
1.1.2005 |
2180-2200 |
2483.5-2500 |
16.5 |
Co-primaire |
Now (1) |
Problèmes de partage importants avec les services de Terre fixes ISM(5) etc, |
. | . | . | . |
2500-2520 |
20 |
Co-primaire |
1.1.2005 |
Problèmes de partage importants |
. | . | . | . |
2655-2670 | . | . | . | . |
15 |
Co-primaire |
Actuellement |
Utilisation sur le territoire national uniquement |
2670-2690 | . | . | . | . |
20 |
Co-primaire |
1.1.2005 (4) |
Partage important avec d'autres services |
LA POLITIQUE ET LES OPTIONS PREVUES POUR L'AVENIR
En ce qui concerne l'utilisation du spectre pour les GMPCS (et contrairement à d'autres aspects de la réglementation), «le sort en est jeté»: les décisions réglementaires sont déjà très avancées et il est donc inutile d'envisager d'autres possibilités. Un certain nombre de questions restent cependant sans réponse:
·les futurs opérateurs du secteur spatial réservé aux GMPCS et les «pionniers» qui sont responsables de la réglementation et qui accordent les autorisations d'exploitation, seront-ils capables d'obtenir des autres utilisateurs du spectre et des administrations nationales l'immense coopération qui est nécessaire pour résoudre de manière satisfaisante les problèmes de coordination et de partage du spectre propres aux attributions de fréquences déterminées lors de la CAMR92?
les administrations qui, pour des raisons de date, ont aujourd'hui la priorité en matière d'assignations (les «pionniers») refuseront-ils par la suite de modifier leurs assignations ou (comme il est d'usage de le faire) répondront- ils aux demandes des autres pays déposées à une date ultérieure, de façon très souple, en «faisant de la place» pour les autres utilisateurs, si de nouveaux systèmes sont mis en oeuvre et si certains des systèmes exploités sous licence n'entrent jamais en application. La «Notice of Proposed Rulemaking» (Avis d'une proposition de réglementation ou NPRM [note 13]) publiée par la FCC en février 1994, et le «Joint Proposal and Settlement Agreement («Proposition conjointe et accord de règlement»[note 14], présentés par quatre futurs opérateurs américains de GMPCS), proposent de procéder à une «réassignation nationale» du spectre. La FCC envisage ainsi de «mettre à la disposition d'un [autre] exploitant sous licence [des Etats-Unis], si besoin est» le spectre faisant partie de l'assignation américaine dont les détenteurs d'autorisation d'origine n'ont plus besoin (par exemple parce que l'un d'eux fait faillite [note 15]). Mais les décisions de la FCC concernant la politique d'octroi d'autorisations, qui sont présentées dans le «Report and Order» (Rapport et recommandations [note 16]) sont moins catégoriques et accordent plus d'importance à la consultation internationale: la FCC maintient apparemment la souplesse de sa politique. Ce constat conduit à formuler un principe important: d'autres systèmes finiront par faire leur apparition, et l'esprit de coopération internationale dont dépend nécessairement la réussite économique du développement des GMPCS se trouvera renforcé par la souplesse des «pionniers», qui sont avantagés par la date de leur demande.
Quatre types d'autorisations sont à considérer pour les GMPCS:
Ces distinctions sont importantes. L'autorisation d'exploitation du secteur spatial, accordée par un pays, comprend l'assignation de fréquences pour les liaisons montantes et les liaisons descendantes, mais elle ne donne pas le droit à l'opérateur de GMPCS concerné d'implanter des stations terriennes d'accès, de se raccorder au Réseau téléphonique public commuté (RTPC) ou de fournir des services aux utilisateurs finals d'autres pays.
Cette autorisation est accordée par des autorités nationales responsables de la réglementation telles que MPT au Japon, DTI et l'Agence de radiocommunications au Royaume-Uni, ou la FCC [note 17]. L'«autorisation» est connue sous différents noms; elle comprend en fait:
En autorisant l'exploitation d'un satellite, tout gouvernement national engage sa responsabilité à l'égard des autres pays. Le satellite prend une identité nationale: le gouvernement qui a accordé l'autorisation tient le propriétaire du satellite responsable de l'exploitation du satellite dans les conditions prévues par l'autorisation. Cette identité nationale se traduit par toute une série de droits et obligations réciproques prévus par les pratiques et le droit internationaux, dans lesquels l'UIT joue un rôle considérable. Il s'agit principalement des dispositions prévues, en matière de coordination et d'enregistrement, par le Règlement des radiocommunications (RR) international, qui oblige à éviter tout brouillage préjudiciable, en assurant la coordination avec les gouvernements des pays où les autres utilisateurs du spectre risquent d'être affectés.
Pour analyser le processus d'autorisation d'exploitation du secteur spatial, il faut commencer par passer en revue les procédures actuellement en vigueur et par examiner le cas échéant, les possibilités d'améliorer ces procédures, avant d'engager l'étape suivante, plus longue et plus complexe, qui consistera à mettre au point des règles multilatérales radicalement nouvelles.
D'un point de vue administratif, il n'y a guère de différence entre l'autorisation d'exploitation d'un GMPCS et celle d'autres types de satellites. Dans les faits, cette différence existe, aussi bien au niveau national qu'au niveau international. De nouveaux problèmes de réglementation apparaissent au niveau national, et les différentes solutions ont des répercussions au niveau international. Ainsi, comme nous l'avons déjà vu, les deux principaux types de GMPCS, fondés soit sur l'AMDC (comme Globalstar), soit sur l'AMRT (comme Iridium), ne peuvent pas, dans la pratique, utiliser en partage la même partie du spectre, et doivent occuper des segments de bande différents. La FCC a eu bien du mal, même à un niveau strictement national, à satisfaire la demande des cinq futurs opérateurs sous licence (quatre systèmes AMDC et un système AMRT) qu'elle avait approuvés parmi les demandeurs du «premier tour» (le «groupe initial»). Elle a dû réfléchir, en outre, à ce qu'il conviendrait de faire si un ou plusieurs des systèmes GMPCS de ces «demandeurs» n'étaient pas mis en service.
D'autres problèmes nouveaux se posent aussi. Dans le cas des systèmes géostationnaires, les responsables nationaux de la réglementation accordent les autorisations pour toute la durée de vie d'un satellite: ils n'accordent pas de droit automatique ou indéfini à remplacer un satellite par un autre. Mais, dans le cas des GMPCS «Super-LEO», la durée de vie de chaque satellite est courte (5 à 7 ans en général). Un nombre considérable de satellites ne parviendront d'ailleurs même pas à la fin de leur durée de vie prévue, par suite des problèmes que pose l'utilisation d'orbites basses (tels que la présence de débris orbitaux). Il faut donc tenir compte de la nécessité de remplacer relativement souvent les satellites d'une «constellation» GMPCS. Il faut par conséquent modifier la manière d'accorder les autorisations. Comme nous l'avons écrit plus haut, le même problème se pose pour l'enregistrement international des assignations.
Du fait de l'étendue de la couverture géographique des GMPCS, et du fait que tout système GMPCS occupera une part importante des attributions de spectre disponibles, les incidences internationales de l'octroi, au niveau national, d'autorisations d'exploitation du secteur spatial, sont de nature différente de ce que nous avons connu jusqu'à présent:
C'est aux Etats-Unis et au Royaume-Uni que les autorisations d'exploitation du secteur spatial ont le plus rapidement progressé à ce jour, mais le Brésil et la Russie emboîtent le pas.
Aux Etats-Unis, la FCC est actuellement non engagée dans un processus complexe de réglementation [note 19] (décrit de façon détaillée au Chapitre 4), qui s'est récemment traduit par des décisions importantes en matière d'octroi d'autorisations [note 20]. Des autorisations seront bientôt accordées. Les points clés de ces décisions sont les suivants:
Décisions concernant la politique adoptée (Octobre 1994):
Décisions concernant l'octroi d'autorisations (prévues pour début 1995):
Les autorisations d'exploitation ne seront accordées début 1995 que si les demandeurs parviennent à se mettre d'accord avec la FCC quant à la façon de «limiter» leurs demandes de spectre, de façon qu'elles ne représentent plus que 100% des attributions des bandes L et S disponibles dans le monde. S'ils ne parviennent pas à cet accord, la FCC vendra les assignations de fréquence par adjudication.
Le récent «Report and Order» de la FCC s'est aussi traduit par deux autres mesures:
Parallèlement au processus d'octroi d'autorisations entamé aux Etats-Unis, l'administration britannique a elle aussi commencé à prendre les mesures de réglementation nécessaires pour établir le système INMARSAT-P.
Parmi les autres gouvernements qui se sont engagés dans cette voie, on citera le Brésil, l'Allemagne, les Pays-Bas et la Russie. Mais tous ces pays ont plusieurs années de retard sur INMARSAT et les opérateurs sous licence des Etats-Unis, quant à la mise en oeuvre d'un véritable système GMPCS, même si le projet brésilien (ECO 8) et peut-être le projet russe (Ellikom) semblent avoir considérablement progressé.
Dans la mesure où l'octroi d'autorisations pour le secteur spatial a déjà beaucoup avancé, il est un peu tard pour envisager l'adoption d'approches fondamentalement différentes. Un débat reste cependant ouvert:
«Etant donné le caractère mondial des services de communication personnelle par satellite qui sont proposés, la Commission européenne estime que la FCC devrait cesser d'accorder des autorisations à tout ou partie des exploitants candidats, tant qu'un accord international n'aura pas été conclu quant aux principales conditions d'exploitation des services» [note 24]
Il se peut que des idées aussi radicales que cette proposition aient un rôle à jouer à plus long terme, mais dans l'immédiat, les choix politiques considérés sont plus progressifs. Ils concernent:
Ainsi, bien que le processus d'octroi d'autorisations ne sorte pas de son cadre traditionnel, des choix importants restent encore à faire.
Les passerelles relieront le secteur spatial des GMPCS au Réseau téléphonique public commuté (RTPC). L'octroi d'autorisations des passerelles est accordé au niveau national: l'accord des autorités chargées de la réglementation nationale est nécessaire pour chacune des passerelles et ses liaisons de connexion [note 27]. Cet octroi d'autorisations comporte aussi, néanmoins, une dimension internationale, puisque les assignations de fréquence des liaisons de connexion doivent être coordonnées au niveau international.
Certains opérateurs de GMPCS peuvent accorder des droits de «régions passerelles» à des sociétés qui investissent dans leur secteur spatial. De tels accords peuvent donner à l'investisseur concerné des droits exclusifs (et des obligations) d'établir une passerelle dans un pays, ou plusieurs passerelles dans plusieurs pays, ainsi que le droit, éventuellement, de desservir ensuite d'autres pays par le biais du RTPC international, ou par d'autres méthodes telles que la revente de lignes spécialisées.
A la connaissance de l'auteur, seules deux administrations nationales ont à ce jour atteint le stade de l'octroi d'autorisations pour les passerelles ou leurs liaisons de connexion: il s'agit des administrations du Royaume-Uni et des Etats-Unis. Dans son Report and Order [note 28], la FCC engage une procédure visant à assigner des fréquences pour les liaisons de connexion, ce qui permettrait aussi l'exploitation des passerelles. Elle s'interroge en outre sur les solutions à apporter à un certain nombre de problèmes de coordination, nationale et internationale, des fréquences, que posent les liaisons de connexion.
Si, exception faite du Royaume-Uni, les pays de l'Union européenne n'en sont pas encore au stade de l'octroi d'autorisations pour des passerelles, plusieurs sociétés (et notamment des opérateurs de télécommunications) ont accepté d'investir et de prendre une participation dans l'exploitation du secteur spatial des GMPCS, ainsi que d'y établir une ou plusieurs passerelles. La Commission européenne a commencé à étudier les problèmes de réglementation posés. Elle a engagé la société de consultance KPMG Peat Marwick pour procéder à l'analyse de ces problèmes [note 29], entre autres aspects des GMPCS. Cette analyse a été réalisée en mars 1994: les recommandations qui en résultent envisagent de se servir des autorisations relatives aux passerelles comme outil de protection des intérêts européens, au cours des négociations avec les opérateurs de GMPCS et le gouvernement des Etats-Unis.
La question des autorisations relatives aux passerelles pourrait, à l'avenir, être abordée de trois façons différentes:
Dans le premier et le second cas, l'octroi d'autorisations de passerelles pourrait être (mais ne serait pas forcément) relativement rapide et simple dans les pays où les autorités chargées de la réglementation nationale sont favorables à la concurrence. Dans les pays où la réglementation se conforme encore à un régime de monopole ou de limitation de la concurrence, comme en Inde ou en Argentine, le résultat dépendra de la façon dont l'exploitant du monopole juge les GMPCS (comme une menace ou au contraire comme une possibilité de collaboration).
Dans le troisième cas, l'avenir des passerelles sera étroitement lié à la politique globale adoptée, au niveau national, en matière de GMPCS, et pourra aussi faire l'objet de consultations ou des négociations internationales. Ces différentes possibilités font l'objet d'une analyse présentée, dans la 3e partie, sous forme de scénarios.
L'octroi d'autorisations pour les terminaux de poche et autres terminaux des utilisateurs de GMPCS, est évidemment crucial. Pour exploiter la totalité de la couverture géographique des GMPCS, il faut bien sûr prévoir des accords autorisant la libre circulation des terminaux de poche d'un pays à l'autre, et la conformité de leur utilisation à un grand nombre de dispositions juridiques. Les terminaux seront petits et discrets, mais les futurs opérateurs de GMPCS ont bien précisé qu'ils ne permettraient pas leur utilisation là où ils ne sont pas autorisés [note 30], et les utilisateurs voudront avoir la certitude qu'ils utilisent leurs terminaux de poche en toute légalité. Il faudrait donc prévoir un agrément générique des terminaux et un droit générique de les utiliser (une «autorisation collective», pour reprendre la terminologie britannique), plutôt qu'une autorisation pour chaque terminal. Ainsi, les agréments seraient valables dans un très grand nombre de pays.
L'octroi d'autorisations pour les terminaux des utilisateurs est sans aucun doute une prérogative nationale, mais c'est une prérogative extrêmement lourde à assumer pour chaque pays. Plutôt que de renoncer au principe d'accorder des autorisations à un niveau international (ce qui n'est pas souhaitable, pour des raisons de brouillage, et peut-être aussi pour des raisons de santé et de sécurité), on pourrait envisager de conclure un accord international, prévoyant la reconnaissance, de la part de chacun des pays participant aux GMPCS, des «autorisations collectives» accordées par les autres pays.
Il peut s'avérer difficile d'obtenir l'agrément réglementaire générique et généralisé des terminaux. Les agences responsables de la réglementation des radiocommunications au niveau national sont très sensibles quant à leurs prérogatives en matière de contrôle (soumis à des accords internationaux) de l'utilisation des systèmes de transmission radioélectrique sur leur territoire. Certaines méthodes ont déjà été expérimentées dans le domaine de l'agrément générique et généralisé. Ainsi, au sein de l'Union européenne, un principe de «reconnaissance mutuelle» (MR) fonctionne actuellement pour les systèmes cellulaires numériques GSM (systèmes mobiles mondiaux à satellites): un terminal GSM qui est conforme à des normes techniques spécifiques [note 31] et qui est autorisé ou agréé dans un pays de l'Union européenne ou de l'Espace économique européen, est automatiquement considéré comme autorisé dans tout pays de l'Union européenne [note 32].
Pour ce qui est de la réglementation liée à l'autorisation d'utiliser des terminaux de poche, on peut notamment se poser les questions suivantes:
Ce domaine a récemment connu une évolution importante:
«plutôt que de demander l'octroi d'autorisations individuelles pour les émetteurs-récepteurs, nous proposons une méthode d'autorisation globale.»
La FCC a effectivement confié la responsabilité de cet agrément aux exploitants des GMPCS:
«nous proposons de demander aux utilisateurs finals d'obtenir l'autorisation de l'opérateur de la station spatiale». [note 33]
La FCC a aussi contribué à encourager la mobilité internationale des terminaux, en indiquant que ceux qui sont utilisés dans d'autres pays peuvent être importés aux Etats-Unis, à condition d'être agréés par les opérateurs de GMPCS sous licence des EtatUnis [note 34].
La politique relative à ce domaine n'en est encore qu'à ses débuts. Les principales possibilités semblent être les suivantes:
Il reste à savoir si les mécanismes institutionnels permettant d'encourager une plus libre circulation des terminaux GMPCS pourraient être largement acceptés, au niveau international, s'ils ne prévoient pas la réciprocité, telle qu'elle existe dans la reconnaissance mutuelle des autorisations. On a différentes possibilités pour créer une vaste «zone de libre circulation» pour les terminaux de GMPCS, en se fondant sur la réciprocité. L'une d'entre elles consisterait à associer l'extension aux GMPCS du principe de reconnaissance mutuelle déjà appliqué, au sein de l'Union européenne, pour les GSM, et un accord entre l'Union européenne et les Etats-Unis, destiné à faire entrer ce pays dans la zone de reconnaissance mutuelle de l'Union européenne. Les terminaux sous licence des Etats-Unis pourraient alors être utilisés dans l'ensemble de l'Union européenne (et par conséquent des pays de l'EEE), et vice versa.
Dans tout pays, l'octroi d'autorisations pour la fourniture de services est au moins aussi importante que l'octroi d'autorisation pour l'exploitation du secteur spatial ou des passerelles, et constitue un domaine distinct. Certains observateurs supposent que cet octroi d'autorisation (ou son absence) n'aura pas grande importance, du fait de la mobilité des terminaux GMPCS de poche mais, dans la pratique, les opérateurs de GMPCS ne pourront probablement pas adopter un point de vue si désinvolte. En effet, si les opérateurs de GMPCS sont techniquement capables, d'interrompre la fourniture de leurs services à un pays donné, ils s'y sentiront obligés s'ils se trouvent en infraction avec les lois de ce pays. Les futurs opérateurs déclarent généralement qu'ils ne fourniront leurs services que là où l'administration nationale concernée le permet. Ils doivent donc réfléchir à la façon dont leurs filiales locales ou eux-mêmes peuvent obtenir les autorisations nécessaires en-dehors des pays «pionniers».
En ce qui concerne les relations que certains consortiums de GMPCS établissent avec des filiales locales, une question importante consiste à savoir si les administrations nationales chargées de la réglementation autoriseront la fourniture de services GMPCS, dans le cadre d'une relation verticale exclusive entre l'opérateur du secteur spatial et un opérateur local de passerelle ou un fournisseur local de services.
Il est bien évident que ni INMARSAT-P (sous licence du Royaume-Uni), ni les opérateurs de GMPCS sous licence des EtatsUnis, ne rencontreront d'obstacles majeurs pour obtenir l'autorisation de fourniture de services dans leurs pays «d'origine». Un problème se pose néanmoins quant à ce type d'autorisation aux Etats-Unis. Il s'agit de savoir si les opérateurs de GMPCS entrent, d'un point de vue juridique, dans la catégorie des «entreprises de télécommunication», et plus précisément des «Services commerciaux de radiocommunications mobiles» (CMRS), et sont donc soumis à des obligations concernant la non-discrimination entre différentes catégories de clients. La FCC a fort heureusement décidé de ne pas imposer les obligations prévues pour les entreprises de télécommunication, sous réserve du respect de certaines conditions. Considérer les GMPCS comme des CMRS aurait en outre soumis les opérateurs de GMPCS à des restrictions non négligeables en matière de participation étrangère.
Dans les autres pays, les administrations chargées de la réglementation n'ont généralement pas encore pris position au sujet de l'autorisation de la fourniture des services de GMPCS: le Chapitre 13 décrit les débuts de l'évolution de la politique de l'Union européenne en la matière.
Tout comme l'octroi d'autorisations pour les passerelles et les terminaux, et la politique d'interconnexion, l'octroi d'autorisations pour la fourniture de services constitue l'un des éléments clés de la politique suivie en matière de GMPCS, dans les pays autres que les pays «pionniers». Dans ces pays, la principale question qui se pose, est la suivante:
L'interconnexion est, avec un niveau adéquat de capacité, une bonne qualité de service et des prix raisonnables par rapport au coût, l'un des facteurs essentiels pour la réussite des GMPCS. Elle comprend:
(1) l'interconnexion avec le RTPC;
(2) l'interconnexion au réseau public pour données (RPDC) pour les GMPCS dont l'architecture nécessite cette interconnexion;
(3 )la possibilité d'un interfonctionnement avec les systèmes cellulaires de Terre en «mode bivalent», qui permettra aux combinés de GMPCS de communiquer avec une station cellulaire de Terre ou, si ce type de communication est impossible, avec un satellite GMPCS.
Dans les pays où le marché des services de télécommunications est ouvert à la concurrence, les conditions (1), (2) et même éventuellement (3) peuvent être satisfaites par l'opérateur de GMPCS (ou, selon l'organisation commerciale du GMPCS, par un opérateur de passerelle ou un fournisseur de services affilié), qui n'aura qu'à acheter des services de télécommunications aux opérateurs nationaux, sur le marché intérieur. Il ne pourra cependant le faire, que si les responsables de la réglementation autorisent l'utilisation de services de télécommunications revendus, pour l'exploitation des communications internationales. Pour les motifs exposés au Chapitre 4, ce n'est pas souvent le cas aujourd'hui, même si cela peut changer dans de nombreux pays d'ici à la fin des années 90, date à laquelle les GMPCS deviendront opérationnels.
Les opérateurs de GMPCS ont aussi la possibilité de négocier des accords d'interconnexion avec un opérateur du RTPC en place (éventuellement sous le contrôle d'un responsable national de la réglementation, habilité à intervenir en cas d'échec des négociations, comme au Royaume-Uni), ou d'appliquer une politique d'interconnexion obligatoire. Ce type de politique, telle que l'offre de réseau ouvert (ONP) au sein de l'Union européenne, ne serait néanmoins utile que s'il est étendu, à l'avenir, aux GMPCS. Dans presque tous les marchés les plus compétitifs, les exploitants de GMPCS ont d'ailleurs tout intérêt à étendre aux GMPCS la politique de réglementation nationale en matière d'interconnexion.
Les responsables nationaux de la réglementation doivent procéder à certains choix fondamentaux en matière d'interconnexion pour les GMPCS. Ils disposent à cette fin de quatre possibilités principales:
(1) une interconnexion réalisée suivant des accords similaires à ceux qui s'appliquent actuellement aux «exploitants correspondants», pour le trafic international:
(2) Des accords d'interconnexion similaires à ceux qui sont aujourd'hui utilisés pour les services INMARSAT. L'accord prévu pour ces services se distingue essentiellement des accords prévus pour les exploitants correspondants par les points suivants: les opérateurs des stations terriennes (d'accès) achètent un temps d'émission à INMARSAT, vendent des services aux utilisateurs finals, et versent leurs règlements aux exploitants du RTPC étranger qui interviennent dans l'établissement des communications.
(3)une interconnexion fondée sur la liberté de revente à l'intérieur du pays.
(4)une interconnexion fondée sur une politique de «réseau ouvert» obligatoire.
La possibilité d'appliquer ces différentes options, ainsi que leurs «avantages» et leurs «inconvénients», du point de vue des opérateurs de GMPCS varient considérablement d'un pays à l'autre. C'est le résultat qui importe: la différence de prix entre une interconnexion réalisée sur la base d'une «revente libre», et le paiement d'un règlement basé sur le barème international des taxes de répartition, peut être aussi élevée que l'écart entre les 12 cents des E.U. par minute pour les services interurbains revendus aux EtatsUnis (lorsque les volumes de trafic sont importants), et les 50 cents des E.U. par minute au moins dans le cas des règlements, sur de nombreuses voies d'acheminement internationales.
A la connaissance de l'auteur, une politique d'interconnexion des GMPCS n'a été étanchée qu'aux Etats-Unis et dans l'Union européenne. Cette dernière réfléchit par exemple, notamment dans le cadre de l'étude récemment menée par la KPMG [note 38] pour la Commission européenne, à la possibilité d'étendre aux GMPCS la législation sur l'ONP, ce qui donnerait aux opérateurs de GMPCS le droit de se raccorder au RTPC à des prix fondés sur les coûts. Aux Etats-Unis, la solution la plus évidente consisterait à élargir la politique actuellement appliquée par la FCC, qui est favorable à une libre revente des services offerts par les exploitants de télécommunications, pour permettre aux opérateurs des GMPCS d'acheter des services du RTPC aux prix pratiqués pour les utilisateurs finals. Toutefois, dans le cas des communications internationales par GMPCS, de telles possibilités peuvent se heurter à des difficultés liées à la politique générale des télécommunications, en matière de revente internationale.
La politique d'interconnexion sera surtout décisive pour les opérateurs de systèmes comme Iridium, qui chercheront avant tout à servir des utilisateurs se déplaçant fréquemment dans le monde entier. Pour certains autres, comme Ellipso et Globalstar, l'urgence est moins grande s'ils décident de se concentrer principalement sur la vente d'un temps d'émission global, à des opérateurs de services cellulaires de Terre désireux d'étendre leurs zones de desserte (dans ce cas, l'interconnexion au RTPC sera sans doute prévue pas les dispositions en vigueur pour les exploitants de services cellulaires).
Des progrès peuvent être réalisés de deux manières:
Ici encore, comme dans le cas des autorisations d'utilisation des terminaux de poche, on a tout intérêt à prendre des initiatives multilatérales, qui facilitent le développement des GMPCS, à condition que les opérateurs soient prêts à accepter un certain nombre de «concessions mutuelles» à cet égard. Ainsi, un accord entre les Etats-Unis et l'Union européenne sur les GMPCS pourrait permettre d'appliquer les principes d'offre de réseau ouvert (ONP) aux GMPCS et d'ouvrir, réciproquement, aux opérateurs sous licence européenne, et notamment à INMARSAT, le régime américain de libre revente et d'interconnexion.
D'autres pays ou groupes de pays pourraient aussi établir des accords bilatéraux ou multilatéraux de ce type. On peut même envisager (bien que cela soit probablement trop ambitieux) la conclusion d'un accord mondial sur les questions d'interconnexion, et les principes énoncés dans les récents accords qui ont clôturé le cycle de négociations sur le GATT (Uruguay Round) peuvent s'avérer utiles à cet égard.
Le principe d'un «accès équitable» aux GMPCS est énoncé dans la Résolution 70 de la CAMR-92. A propos de cette Résolution, on peut affirmer deux choses. La première est que, pour de nombreux pays, son adoption était l'une des conditions essentielles de leur propre acceptation des attributions de fréquences aux GMPCS. Cette Résolution leur semblait garantir, dans une certaine mesure, la protection de leurs intérêts nationaux, en échange du «démarrage» du développement mondial des GMPCS. La seconde est tout le monde n'est pas d'accord sur la signification précise de cette Résolution. Elle visait certainement avant tout à montrer que la grande majorité des administrations nationales qui, dans la pratique, n'auront que peu d'influence sur le développement du secteur spatial des GMPCS, auront vraiment «leur mot à dire» sur les modalités d'utilisation de ce secteur spatial sur leur territoire.
L'expression «accès équitable» suggère les différentes façons dont cette utilisation pourrait être assurée, tout en garantissant que les utilisateurs profiteront des avantages des GMPCS. Il s'agit d'appliquer les principes d'une politique de concurrence généralisée, et de savoir:
Les opérateurs de GMPCS semblent s'intéresser davantage à la question. Il se peut, par exemple, que certains soient prêts à ouvrir le marché de la «fourniture de services».
La Commission européenne tient compte de l'importance de la politique à adopter en matière de concurrence dans sa Note diplomatique adressée au «State Department» des Etats-Unis [note 40], selon laquelle:
«les conditions dans lesquelles les opérateurs peuvent fournir des services de communication personnelle par satellites relèveraient, à plusieurs égards importants, des dispositions prévues par le droit communautaire relatif au marché, à la concurrence et au commerce intérieurs de services et d'équipements».
L'étude réalisée pour la Commission par la KPMG Peat Marwick, examine de façon relativement détaillée la marge de manoeuvre que donne la législation communautaire pour combattre ce que la Note appelle «des dispositions d'opposition potentielle à la concurrence», qui risqueraient d'être adoptées par les opérateurs de GMPCS. Il s'agit sans doute de relations «verticales» telles que des franchises d'accès exclusives sur de vastes régions, ou des droits exclusifs de «fourniture de services».
Dans ce domaine, le programme de travail est indissociable de celui qui porte sur l'octroi d'autorisations de fourniture de services, que nous avons traité à la section précédente. Cependant, le problème comporte ici une «dimension» supplémentaire, qui est celle de la politique de concurrence: les décideurs nationaux doivent décider d'ouvrir plus ou moins, et même éventuellement totalement, le marché à la concurrence entre fournisseurs de services, voire peut-être entre opérateurs de passerelles.
Des normes techniques peuvent s'avérer nécessaires dans le domaine des GMPCS pour trois raisons principales: l'interopérabilité dans l'intérêt de la connectivité du réseau et de la libre concurrence; les économies d'échelle et l'expérience de fabrication; et enfin la santé et la sécurité. Il est aussi justifié de ne rien faire en matière de normalisation que de ne rien faire en matière de réglementation (on a tendance à considérer que la normalisation n'est pas nécessaire tant que l'on n'a pas prouvé le contraire: «le coupable reste coupable tant qu'il n'a pas été déclaré innocent»). Nous aborderons trois sujets spécifiques: les terminaux de poche et autres terminaux, les passerelles, et les caractéristiques de l'architecture de l'ensemble des réseaux GMPCS.
Deux aspects de la normalisation revêtent une importance particulière pour le développement des GMPCS:
Certaines initiatives à long terme entreprises dans le cadre de l'UIT et de l'Institut européen des normes de télécommunications (ETSI), peuvent avoir une influence importante, à longue échéance, sur l'évolution des GMPCS (et des communications personnelles en général). Ces initiatives visent à établir une architecture de réseau complète, englobant le réseau fixe, les réseaux de Terre «sans fil» et les GMPCS, qui pourraient fournir des Télécommunications personnelles universelles (UPT), avec une connectivité considérablement perfectionnée pour l'utilisateur. Grâce à ce type de télécommunications, un correspondant pourrait être joint n'importe où, à son numéro personnel.
On peut résumer les problèmes à résoudre dans ce domaine, en posant les trois questions suivantes:
En ce qui concerne ce qu'il faut normaliser, les principales options possibles sont les suivantes:
(1) Une normalisation minimale: seules quelques normes indispensables pour les terminaux et les interfaces, qui sont requises par d'autres politiques de réglementation (comme la reconnaissance mutuelle des autorisations d'utilisation des terminaux).
(2) Une normalisation généralisée concernant les caractéristiques des GMPCS.
(3) Une normalisation concernant les grandes architectures du réseau public destinées à fournir des UPT, telles que le concept, élaboré par l'UIT pour le long terme, des Futurs systèmes mobiles terrestres publics de télécommunications (FSMTPT) (aujourd'hui connu sous le nom de NMT 2000), ou le concept correspondant de l'UMTS proposé par l'ETSI.
Parmi ces trois options, la première est déjà retenue et sera particulièrement intéressante si certains principes, étroitement liés à l'utilisation de normes, sont adoptés (comme la «Reconnaissance mutuelle des autorisations», que nous décrivons dans la 3e Partie). L'option (2) semble peu probable (et pas nécessairement souhaitable) dans un monde de forte concurrence et de techniques de marque. L'option (3) constitue un processus à long terme important, qui est déjà en cours, mais qui risque de n'avoir guère d'influence sur la première génération de GMPCS.
Dans la pratique, la normalisation des GMPCS évolue dans deux directions:
Ces deux organisations procèdent aussi, comme nous l'avons déjà vu, à la normalisation à long terme des architectures globales de communication personnelle.
De nombreuses décisions devront être prises, en matière de normalisation, dans les quelques années à venir. Les opérateurs de GMPCS auront à mettre en balance l'intérêt d'un travail de normalisation ambitieux (qui peut contribuer à la réalisation d'objectifs importants comme la libre circulation des terminaux), et le risque d'un désavantage au niveau de la concurrence et de certaines attentes que cette normalisation pourrait susciter quant à l'octroi de droits de propriété industrielle. Les exploitants opteront sans doute pour une approche mixte, favorable à une large normalisation et même au partage de la technologie dans certains secteurs importants mais limités, comme celui des terminaux de poche, mais en même temps favorable à une normalisation minimale dans tous les autres secteurs.
Du fait que de nombreuses propositions concernant les GMPCS envisagent d'assurer la connectivité pour les communications en direction (et non pas seulement en provenance) des utilisateurs, qui peuvent, à un moment donné, se trouver à n'importe quel endroit du monde, il convient de prévoir des accords internationaux de numérotage répondant à plusieurs critères:
INMARSAT dispose déjà d'un plan de numérotage, établi dans le cadre de l'UIT, qui montre la façon dont le numérotage des futurs GMPCS pourrait être effectué. Ce plan considère les trois régions d'océan d'INMARSAT comme des «pays» ayant chacun son propre indicatif (l'océan Atlantique a ainsi deux indicatifs, l'un pour l'Est et l'autre pour l'Ouest). De la même façon, on pourrait très bien affecter un indicatif de pays à chaque GMPCS.
Aucune décision importante n'a encore été prise en ce qui concerne la politique de numérotage relative aux GMPCS. On sait cependant qu'INMARSAT (pour INMARSAT-P), ainsi que plusieurs futurs opérateurs de GMPCS des Etats-Unis, s'intéressent beaucoup à cette question. Ainsi, INMARSAT a récemment chargé des consultants de réaliser une étude sur le numérotage. Dans la pratique, les décisions seront principalement prises par le Secteur de la normalisation des télécommunications de l'UIT (UIT-T).
Pour certains GMPCS, qui vendent leur temps d'émission à des opérateurs de services cellulaires, afin d'étendre la couverture terrestre (comme c'est le cas d'Ellipso et de Globalstar), le numérotage n'est pas un problème majeur. Dans ce cas, les GMPCS fonctionneront probablement conformément aux accords de numérotage prévus pour les services cellulaires de Terre. Mais pour les exploitants de GMPCS dont les projets commerciaux doivent offrir la possibilité d'un déplacement mondial, le numérotage constituera une question essentielle. Il s'agira principalement de choisir entre:
RÉSUMÉ DE LA PARTIE III
DE LA FORMULATION DES PROBLÈMES À L'ADOPTION DE POLITIQUES
PRÉCISES
Quelles sont les différentes possibilités pour résoudre (ou du moins «gérer») les problèmes de réglementation abordés dans la 2e partie? Elles ne manquent pas, mais nous avons essayé, pour les besoins de la présente étude, d'en extraire les caractéristiques essentielles, sous la forme de six «scénarios», repris dans le document ES2:
(1) «Pas de changements / Approche non modifiable»
(2) «Pas de changements / Modifications possibles par consultation»
(3) «Bon voisinage»
(4) «Reconnaissance mutuelle des autorisations»
(5) «Collège de responsables de la réglementation»
(6) «Consultation mondiale sur la réglementation»
ES. 2
DEFINITION DES SCENARIOS
Facteurs définissant les scénarios |
||||||||
SCENARIOS | Les "pionniers" tiennent à la "publication anticipée" de toute la larteur de bande; réassignation nationale | Les conditions d'autorisation des "pionniers" peuvent prévoir des dispositions "extra-territoriales" | Consultations internationales uniquement sur la coordination des fréquences | Consultations internationales sur une vaste gamme de problèmes de réglementation | Accords internationaux obligatoires en complément des accords en vigueur sur l'utilisation du spectre radioélectrique | Nouveau groupe de consultation et négociation: sous-groupe de membres de l'UIT volontaires | Nouveau groupe de consultation et négociation: tous les membres de l'UIT | |
1. "Pas
de changement/ approche non modifiable" |
Oui |
Oui |
Oui |
Non |
Non |
Non |
Non |
|
2. "Pas
de changement/ modifications possibles par consultation" |
Non |
Non |
Non |
Oui |
Non |
Non |
Non |
|
3. "Bon voisinage" |
Non |
Non |
Non |
Oui |
Oui |
Non |
Non |
|
4. "Recon- naissance mutuelle des autori- sations" |
4A. Reconnais- sance mutuelle bilatérale |
Non |
Non |
Non |
Oui |
Oui |
Oui |
Non |
4B. Groupe de reconnais- sance mutlelle (multilatéral) |
Non |
Non |
Non |
Oui |
Oui |
Oui |
Non |
|
5. "Collège de responsables de la réglementation" |
Non |
Non |
Non |
Oui |
Non |
Non |
Non |
|
6. "Consultation mondiale sur la réglementation" |
Non |
Non |
Non |
Oui |
Oui |
Non |
Oui |
Ces scénarios sont bien sûr un peu schématiques: dans la réalité, les solutions adoptées associent différents aspects de plusieurs de ces scénarios. Il se peut ainsi que le scénario de la «Reconnaissance mutuelle des autorisations» soit appliqué pour les terminaux de poche de GMPCS, alors que l'un des deux scénarios «Pas de changements» sera appliqué pour les autorisations d'exploitation du secteur spatial. Ces scénarios ne sont pas des options entre lesquelles les responsables de la réglementation sont libres de choisir. Dans la pratique, les choses évoluent très vite. Au fil du temps, des engagements sont pris et des choix particuliers sont faits. Ainsi, aux Etats-Unis, les décisions récemment prises en matière de réglementation, correspondent très nettement au scénario 2.
Scénario 1 «Pas de changements / Approche non modifiable» Dans ce scénario, les responsables nationaux de la réglementation que nous appelons les «pionniers» (il s'agit dans la pratique de la FCC et de l'administration britannique) accordent des autorisations pour plusieurs GMPCS et assurent la notification, la coordination et l'enregistrement, en association avec l'UIT. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis n'ont conclu aucun accord avec d'autres administrations nationales chargées de la réglementation, avant le lancement des GMPCS, hormis la coordination assurée par l'UIT (qui est spécifiquement et uniquement destinée à éviter le brouillage). Ces «pionniers» refusent toute autre coordination avec des administrations, et du fait de la priorité qu'ils ont acquise en agissant les premiers, ils gardent le contrôle d'une grande part du spectre disponible pour les GMPCS. D'autres gouvernements approuvent des installations et des activités faisant partie de l'ensemble des GMPCS qui sont de leur ressort (liaisons montantes vers le secteur spatial des GMPCS; établissement de passerelles; utilisation de terminaux GMPCS; et offre de services GMPCS), sur une base unilatérale - c'est-à-dire sans aucune négociation internationale - et sur ordre de l'opérateur de GMPCS ou de son partenaire local. Ces responsables de la réglementation agissent ainsi dans ce qu'ils considèrent être l'intérêt des utilisateurs et aussi en vue d'augmenter la concurrence. D'autres gouvernements nationaux, ainsi que la Commission européenne, objectent que l'approbation unilatérale du secteur spatial par les «pionniers», vient en fait contrecarrer la politique adoptée par les autres pays dans le secteur des télécommunications. Certains gouvernements refusent d'accepter sur leur territoire des passerelles GMPCS, des accords d'interconnexion avec le RTPC, ou l'utilisation de terminaux de poche GMPCS. D'autres gouvernements (probablement plus nombreux) acceptent sous condition, de façon à respecter un certain nombre de politiques nationales (ou imposées par l'Union européenne).
Scénario 2 «Pas de changements / Modifications possibles par consultation» Dans ce scénario, la forme que prendraient les autorisations d'exploitation du secteur spatial et la coordination internationale est exactement la même que pour le scénario 1. La distinction entre ces deux scénarios viendrait donc d'une différence de fond:
Il n'y aurait pas d'innovations au niveau des institutions, mais les exploitants et les responsables de la réglementation des GMPCS se trouvant dans les pays des «pionniers», chercheraient à éviter les conflits risquant de se produire avec le scénario 1, par le biais de consultations bilatérales au coup par coup, destinées à atteindre un ou plusieurs des objectifs suivants:
Ce scénario se traduirait par une prolifération des consultations bilatérales, qu'il serait toutefois possible de simplifier, si l'un des accords servait de «modèle» accepté à grande échelle.
Scénario 3 «Le bon voisinage» Selon ce scénario, les dispositions officiellement prévues par les institutions ne changent pas. Comme dans le scénario 2, les responsables nationaux de la réglementation qui ont autorisé l'exploitation des premiers systèmes (les «pionniers») assurent la coordination internationale avec souplesse. Comme dans le scénario 2, ils cherchent à conclure des accords avec d'autres responsables nationaux de la réglementation, sur des sujets d'intérêt mutuel, tels que la libre circulation des terminaux GMPCS. Mais, à la différence du scénario 2, le processus de conciliation des différents intérêts est beaucoup plus approfondi:
Le scénario 3 consiste en fait, pratiquement, à accepter la position adoptée par la Commission européenne et présentée dans sa récente Note diplomatique au «State Department» des EtatsUnis [note 43].
Scénario 4 «Reconnaissance mutuelle des autorisations» La méthode sur laquelle ce scénario repose, est déjà utilisée par les pays de l'Union européenne en vue de créer un «marché unique» pour les équipements terminaux de télécommunication, et de permettre aux utilisateurs de services cellulaires numériques GSM de se «déplacer» sans restrictions. Deux pays au moins concluent un accord de «reconnaissance mutuelle» (désignée ci-après par les initiales «RM»), en vertu duquel le responsable de la réglementation de chaque pays s'engage à traiter tout produit, service ou activité appartenant à des catégories spécifiques, et ayant reçu l'autorisation d'un autre pays adhérant à un accord de RM, comme si ledit responsable avait lui-même accordé l'autorisation nécessaire. L'accord de RM peut être conclu de manière bilatérale, comme c'est actuellement le cas entre la France et l'Allemagne, pour les autorisations relatives aux réseaux de microstations (VSAT), ou il peut être conclu de manière multilatérale, comme dans le cas des accords GSM actuellement en vigueur et dans le cas des propositions présentées par la Commission européenne, pour étendre à toute l'Union européenne le principe de la RM des autorisations liées aux VSAT. Dans le cas des GMPCS, la reconnaissance mutuelle pourrait aussi être bilatérale ou multilatérale. Elle pourrait ne s'appliquer qu'à l'un des aspects des GMPCS (autorisation d'utilisation des terminaux de poche, par exemple), ou à quelques-uns d'entre eux, ou encore à de nombreux aspects différents. Nous expliquons dans les paragraphes qui suivent la façon dont la reconnaissance mutuelle pourrait fonctionner, de façon bilatérale (scénario 4A), ou de façon multilatérale (version 4B). Scénario 4A
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