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Les télécommunications dans les travaux de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge
Les travaux inestimables du mouvement international de la Croix-Rouge sont connus partout dans le monde. La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge joue, depuis près de 80 ans, un rôle unique en soulageant la souffrance des victimes de catastrophes naturelles et causées par l'homme. Elle vient en aide aux réfugiés et aux personnes déplacées, ainsi qu'aux blessés, en réconfortant les personnes traumatisées et en fournissant une assistance aux plus vulnérables dans le monde par l'intermédiaire de son réseau de 170 sociétés nationales membres et de ses 128 millions de volontaires.
Outre ces sociétés nationales, la Fédération internationale dispose d'un réseau de délégations régionales dont la mission concerne les activités opérationnelles. Le fait d'être présentes dans une région leur permet de suivre de près les événements potentiellement dangereux et de fonctionner comme un système d'alerte rapide, ce qui permet à l'IFRC de préparer une intervention humanitaire dans les moindres délais.
Coordonner toutes ces opérations n'est pas chose facile. Le personnel de la Croix-Rouge travaille fréquemment sur le terrain, dans des pays où l'infrastructure est insuffisante ou a été détruite. Déplacer des matériels et des personnes d'un endroit à un autre est une tâche logistique majeure. Maintenir ces personnes en contact peut même être encore plus difficile.
Les communications jouent un rôle vital dans les opérations de l'institution, en coordonnant les opérations de secours, en maintenant un contact avec les autres institutions compétentes, en assurant la sécurité et la protection du personnel et des bénéficiaires de l'aide, et en tenant les bureaux régionaux et internationaux informés de ce qui se passe. John Black, Chef du service du support aux opérations et des télécommunications de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge donne un exemple: "Tôt dimanche matin, un camion transportant deux travailleurs humanitaires qui se dirige vers un camp de réfugiés à Goma (Zaïre) heurte une mine terrestre. Les deux travailleurs sont blessés, l'un très gravement. Mais quelques minutes plus tard, une infirmière circulant sur la même route découvre les travailleurs et utilise sa radio à ondes métriques pour organiser leur transport vers l'hôpital de la Fédération de la Croix-Rouge du camp de Kibumba. Elle est en mesure d'alerter à l'avance l'équipe chirurgicale de l'hôpital, et cette dernière est prête à pratiquer une intervention immédiatement. Les vies des deux travailleurs sont sauvées et, d'autres organisations humanitaires travaillant dans la région sont informées par radio de l'incident et peuvent prendre les précautions nécessaires en matière de sécurité.
Ce dramatique incident n'est qu'un exemple de la nécessité de communications fiables pour les organisations humanitaires comme la Croix-Rouge. Nous considérons les télécommunications comme un facteur-clé dans la fourniture de l'aide, et nous leur accordons une grande priorité dans notre planification stratégique et opérationnelle."
L'IFRC est une des organisations qui cette année célébreront la Journée mondiale des télécommunications qui aura pour thème "Télécommunications et aide humanitaire". Organisée par l'Union internationale des télécommunications, Institution spécialisée des Nations Unies pour les télécommunications installée à Genève, la Journée vise à mettre en lumière l'importance croissante des télécommunications dans le domaine de l'aide internationale, et l'aide que peuvent fournir les nouvelles technologies telles que les téléphones mobiles et les téléphones satellitaires mondiaux là où les communications traditionnelles peuvent ne pas exister.
La Journée sera marquée par des événements nationaux coordonnés par les administrations des télécommunications dans le monde, et a aussi le soutien du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, du Département des Affaires humanitaires des Nations Unies, du Comité international de la Croix-Rouge, de la Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles, et de l'Organisation mondiale de la santé, qui y participeront. On insistera en particulier sur la préparation actuellement en cours d'une nouvelle Convention internationale, qui vise à éliminer bon nombre des obstacles réglementaires nationaux qui actuellement empêchent souvent l'utilisation d'équipement radioélectrique et de télécommunication dans les opérations de secours internationales. "Les restrictions transfrontières appliquées à l'importation d'équipements de télécommunication peuvent limiter l'efficacité de nos travaux sur le terrain," dit John Black. "Fréquemment, nos équipes doivent aller dans des endroits qui ne sont pas reliés avec le monde extérieur. Elles doivent pouvoir faire rapport à la base, et elles doivent rester en contact les unes avec les autres. Nous devons donc emporter des radios portatives, des téléphones satellitaires et similaires. Mais les Etats ont souvent adopté des restrictions concernant l'octroi de licences et les importations qui posent des problèmes au transport de cet équipement. Si une Convention internationale pouvait résoudre ce problème, cela signifierait certainement moins de maux de tête pour nous et une fourniture plus rapide et plus efficace de l'aide aux bénéficiaires."
Les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge agissent en tant qu'auxiliaires auprès des pouvoirs publics dans leur propre pays et fournissent des services allant des secours en cas de catastrophe, de l'assistance sanitaire et sociale aux cours de premiers secours et de soins aux enfants.
"Les télécommunications sont indispensables à nos travaux pour un certain nombre de raisons" dit Black. "Nous devons évidemment coordonner les activités de nombreux bureaux différents, de sorte qu'ils puissent entreprendre des actions communes efficaces. Nous dépendons de notre infrastructure de communication pour accroître la coopération avec les sociétés nationales, afin de faciliter une utilisation plus rentable des ressources. Nous sommes largement tributaires des communications pour gérer les opérations sur le terrain et assurer la coordination entre le personnel sur le terrain et au siège. Enfin, nous avons besoin des télécommunications pour améliorer la sécurité de notre personnel, de nos collaborateurs et des bénéficiaires de l'aide sur le terrain."
L'importance de communications fiables pour la Fédération s'est traduite par la mise en place d'une unité d'intervention d'urgence pour les télécommunications. En coopération avec les Sociétés nationales de la Croix-Rouge, des équipes des télécommunications ont été mises sur pied et des kits d'équipements de communication essentiels, préemballés et standards, ont été préparés. Les équipes peuvent être déployées en 24 heures, de sorte que l'organisation est en mesure de réagir dans le délai le plus bref possible en cas de catastrophe.
Actuellement, l'IFRC utilise une vaste gamme de technologies de communication, en fonction de la nature des communications nécessaires et de l'infrastructure locale disponible.
Les télécommunications par satellite sont de plus en plus utilisées pour les liaisons internationales et dans de nouveaux types d'applications. La Fédération a installé son premier équipement de satellite en 1987 et a aujourd'hui plus de 30 stations de satellite dans le monde, fournissant des services tels que la communication vocale, le courrier électronique et la télécopie.
La radiocommunication à ondes métriques est largement utilisée à l'échelon local. Les systèmes à ondes métriques peuvent être installés dans les camps de réfugiés, les véhicules ou les hôpitaux sur le terrain, des liaisons étant établies avec le camp de base de la délégation. La portée du système peut être étendue à l'aide de répéteurs, et les équipes sur le terrain peuvent être aussi équipées de combinés de talkie-walkie, leur permettant toujours de maintenir un contact direct avec la base. Actuellement, l'IFRC a environ 250 stations de base et mobiles sur le terrain et environ 1 000 talkies-walkies en utilisation.
La radiocommunication à ondes décamétriques est utilisée sur de longues distances, en général plus de cent kilomètres. Elle achemine principalement le trafic vocal, mais peut aussi servir à la transmission de données dans les communications d'un bureau à un autre. L'équipement à ondes décamétriques est généralement installé dans les bureaux, les véhicules de la Fédération et souvent dans les logements des équipes sur le terrain pour des raisons de sécurité. Actuellement, la Fédération a environ 100 stations de base à ondes décamétriques et 250 stations mobiles à ondes décamétriques sur le terrain.
Le courrier électronique est de plus en plus utilisé comme outil de communication tant par les sociétés nationales que par les bureaux de la Fédération dans le monde. A ce jour, quelque 47 bureaux de la Fédération et 34 sociétés nationales sont connectés et utilisent toute une gamme de systèmes de courrier électronique et Internet. Le courrier électronique constitue un moyen fiable, peu coûteux pour la Croix-Rouge de se maintenir en contact avec son personnel et ceux qui travaillent dans d'autres organisations dans le monde, quels que soient les fuseaux horaires.
Pactor est un système qui permet le transfert de données et de messages de courrier électronique par radio. Au Secrétariat de la Fédération, il permet au fonctionnaire d'envoyer des messages radio directement à partir de son ordinateur. Environ 60 bureaux de la Fédération et plusieurs sociétés nationales sont reliés au système Pactor.
Internet et le World Wide Web servent de plus en plus à diffuser des renseignements sur l'IFRC et ses travaux. Les rapports de situation, les nouvelles hebdomadaires, les publications telles que le Rapport sur les catastrophes dans le monde et d'autres documents comme le Code de conduite sont accessibles par le Web. En février 1997, le site de la Fédération a enregistré plus de 100 000 connexions, et l'utilisation du service continue d'augmenter rapidement.
Peut-être est-il malheureux de constater que, compte tenu de l'ensemble du progrès humain depuis la création du mouvement international de la Croix-Rouge en 1864, il n'y a pas eu de baisse du volume de travail de cette organisation, ni de la valeur des travaux qu'elle effectue dans le monde. Il y a toujours, dans le monde, à la fois des catastrophes naturelles et causées par l'homme qui pèsent sur les finances et les ressources humaines du plus vieux réseau humanitaire du monde. Mais aujourd'hui, grâce à l'évolution des télécommunications, les travaux logistiques que requiert une opération de secours à grande échelle sont devenus un peu plus faciles, et la Croix-Rouge a été en mesure d'agir plus rapidement pour localiser les zones qui ont le plus besoin d'une aide, et pour alléger la souffrance des nécessiteux. Pour les organisations des télécommunications comme l'UIT, c'est peut-être l'application technologique la plus gratifiante et la plus satisfaisante que l'on pouvait souhaiter.