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Allocution du
Secrétaire général Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Ministres, Excellences, Mesdames et Messieurs les délégués, Mesdames et Messieurs, chers amis, permettez-moi, au nom des Membres et du personnel de l'Union internationale des télécommunications, de remercier le Gouvernement américain de nous avoir invités à venir aux Etats-Unis pour tenir la Conférence de plénipotentiaires qui s'ouvre aujourd'hui, la 15ème du nom depuis la création de l'Union à Paris en 1865 et la première à se tenir sur le territoire américain depuis la Conférence d'Atlantic City qui a présidé à la création de l'UIT moderne en 1947. Il est particulièrement approprié pour l'UIT de revenir à cette occasion au pays qui a énormément contribué au développement des télécommunications mondiales et à l'industrie de la téléinformation au sens large. Comme nous le rappelle l'exposition qui accueille les délégués à l'entrée du centre, les Conférences de plénipotentiaires de l'UIT ont en règle générale coïncidé avec d'importantes découvertes scientifiques, avancées technologiques ou innovations dans le domaine des services. Lorsque les historiens se pencheront sur la présente Conférence, ils constateront, j'en suis convaincu, qu'elle ne faisait pas exception. Cette prédiction, je la fais sans grand risque, compte tenu de tout ce qui arrive dans les télécommunications aujourd'hui, mais il n'est pas toujours facile de discerner les événements véritablement significatifs. Grâce au recul dont nous disposons, nous savons tous que la découverte technologique la plus importante qui a coïncidé avec la Conférence d'Atlantic City a été l'invention du transistor aux laboratoires Bell. Cinquante et un ans plus tard, nous pouvons voir combien le transistor a révolutionné non seulement les télécommunications et les techniques de l'information, mais aussi tous les aspects, littéralement, de notre quotidien. Est-ce trop alors s'aventurer que de dire qu'aujourd'hui, alors même que nous nous réunissons, une invention d'une portée équivalente est faite par quelqu'un, quelque part dans le monde, ou bien ici même à Minneapolis? Seul le temps nous dira si cette prédiction était fondée. Même si elle ne l'est pas, les merveilles technologiques ne manquent pas qui nous permettent d'évaluer le poids historique de cette Conférence et de mesurer les progrès accomplis dans les télécommunications depuis 1947. La Conférence d'Atlantic City devait coïncider, non seulement avec l'invention du transistor, mais également avec une autre avancée importante, qui ne fut pas technologique, du moins pas immédiatement, mais qui en appelait à l'imagination. Je pense, bien évidemment, à la fameuse proposition d'Arthur Clarke, qui préconisait de tirer parti de deux techniques nées des besoins militaires pendant la seconde guerre mondiale, les radiocommunications et les fusées, pour assurer des services de télécommunication à l'aide de satellites artificiels placés sur l'orbite géostationnaire. La meilleure illustration peut-être de cette "imagination technologique" est la nouvelle génération de systèmes à satellites qu'à l'UIT nous appelons "GMPCS", ou systèmes mobiles mondiaux de communications personnelles par satellite. Comme nul ici ne l'ignore, l'un de nos Membres de Secteur, Iridium, a prévu de commencer d'exploiter le premier système GMPCS le 23 septembre, date qui a maintenant été reportée au 1er novembre. La raison qui a été donnée pour ce report était que les concepteurs voulaient vérifier une fois de plus leur système et s'assurer qu'aucun grain de sable ne viendrait enrayer la mécanique. Les investisseurs ont, apparemment, été mécontents en apprenant cette nouvelle, mais moi j'en suis personnellement ravi, car pour moi cette nouvelle est une bonne nouvelle étant donné que, si tout se passe bien, naturellement, le lancement de ce premier système de télécommunication véritablement mondial interviendra pendant la présente Conférence. Il ne saurait y avoir de meilleure inspiration pour inciter les délégués à préparer l'UIT à la nouvelle ère des télécommunications mondiales et à la société de l'information du XXIe siècle! Dans quelques années, d'autres systèmes assureront un service Internet depuis une certaine distance de la Terre ou, ce qui est encore plus incroyable, depuis l'espace autour de Mars et au-delà. Ces technologies sont autant de merveilles et les Membres de l'UIT, aussi bien les Etats Membres que les Membres des Secteurs, peuvent être, à juste titre, fiers du rôle qu'ils ont joué en leur permettant de se concrétiser. Sans le travail du Secteur des radiocommunications de l'UIT, il n'est en effet pas garanti qu'il y aurait suffisamment de spectre pour permettre d'exploiter ces services ou que ces derniers seraient exempts de brouillages préjudiciables. Sans le travail du Secteur de la normalisation de l'UIT, il n'est en effet pas garanti que ces services pourraient s'interconnecter et fonctionner avec d'autres réseaux de télécommunication dans les conditions de transparence qu'exigent les utilisateurs. Sans le travail du Secteur du développement de l'UIT, il n'est en effet pas garanti que les opérateurs de systèmes et les fournisseurs de services GMPCS pourraient être considérés comme des partenaires dans le développement des réseaux, des services et des applications de télécommunication. Sans le travail du Groupe du Mémorandum d'accord sur les GMPCS de l'UIT - partenariat unique en son genre entre Etats et industrie, sans précédent dans le monde des organisations internationales - il n'est pas garanti que les utilisateurs pourraient "nomadiser" librement par-delà les frontières avec leurs terminaux GMPCS et utiliser ces services dans les pays qui les y autorisent. Si je m'attarde sur cette question, c'est que la mise en oeuvre des systèmes GMPCS revêt une énorme importance symbolique; ainsi, les Membres de l'UIT ont réussi à jeter les fondations technologiques grâce auxquelles il sera possible de réaliser l'accès universel aux télécommunications de base, objectif fixé en 1984 par la Commission indépendante pour le développement mondial des télécommunications, mieux connue d'après le nom de son Président comme la Commission Maitland. Comme vous vous le rappelez, cette Commission a demandé à l'UIT de réaliser cet objectif au tout début du XXIe siècle. J'aimerais pouvoir dire qu'avec les GMPCS, nous avons parcouru peut-être 90% du chemin qui y conduit. L'heure n'est toutefois pas à l'autosatisfaction. N'oublions pas en effet ce que nous enseigne la sagesse populaire, à savoir que 90% du travail ne demande normalement que 10% d'effort et que les 10% restants du travail exigent normalement 90% d'effort! Bien que les GMPCS et autres nombreuses nouveautés constituent la base technologique nécessaire à l'accès universel aux télécommunications de base et aux services d'information, ce que j'aime à appeler "le droit de communiquer", le vrai travail ne fait que commencer. Les problèmes technologiques, au moins, étant résolus, l'enjeu consiste maintenant à faire en sorte que le prix de l'accès soit raisonnable et que les applications existantes puissent satisfaire tous les besoins de développement de l'homme, dans toutes leurs diversités, que ces besoins soient individuels, sociaux, culturels, politiques ou environnementaux. Monsieur le Président, chers amis, ces quatre prochaines semaines, les Membres de l'UIT vont se pencher sur les enjeux des télécommunications à l'échelle mondiale et s'efforcer d'apporter des réponses aux problèmes les plus importants auxquels la communauté mondiale est confrontée. La Conférence de plénipotentiaires ne se déroulera pas dans un "vide éthéré", encore que ses travaux seront diffusés dans le cyberespace via Internet. A cet égard, je tiens tout particulièrement à remercier l'Etat du Minnesota et la ville de Minneapolis d'avoir accepté d'accueillir cette manifestation de la première importance. En tant que citoyen finlandais, je suis bien entendu particulièrement heureux que la Conférence se tienne dans ce qui est le foyer de la culture et de la tradition scandinaves aux Etats-Unis! Mais surtout, je suis certain de me faire le porte-parole de tous les délégués et des autres participants à la Conférence en disant que depuis notre arrivée, nous avons pu apprécier la gentillesse, la disponibilité et l'hospitalité qui font la renommée des habitants du Minnesota. Nous sommes particulièrement sensibles aux efforts considérables qui ont été déployés pour accueillir un si grand nombre de visiteurs venus de maints pays et parlant des langues si différentes et pour rendre leur séjour agréable dans cette ville magnifique. Nous vous remercions également d'avoir aménagé spécialement pour la Conférence un Centre international de conférence aussi imposant. Ce bâtiment spacieux, clair, aéré, ainsi que les moyens de communication ultramodernes que vous avez mis à notre disposition, nous aident grandement dans notre tâche. Si les délégués travaillent aussi bien ces quatre prochaines semaines que vous-mêmes l'avez fait ces deux dernières années, la Conférence connaîtra à n'en pas douter un succès retentissant! Monsieur le Président, chers amis, comme j'ai coutume de le faire, j'ai promis de présenter un acronyme à partir du nom de notre ville d'accueil, afin de bien faire ressortir les principaux enjeux de la Conférence et, je l'espère, de guider les travaux des délégués. Mon acronyme pour la Conférence de plénipotentiaires de 1998 est le suivant:
ce qui en français pourrait donner:
J'espère que les délégués à la Conférence s'inspireront de cet acronyme - en particulier de l'idée de promouvoir l'ouverture, la liberté de l'information pour la société, idée qui m'amène à vous présenter l'orateur suivant. Nous savons tous ici à l'UIT qu'il ne saurait y avoir de société de l'information véritablement mondiale sans une infrastructure de l'information elle-même véritablement mondiale, qui permette à tous les habitants de la planète d'avoir accès non seulement à des télécommunications de base, mais aussi à des services d'information de base. L'accès universel aux télécommunications et l'accès universel à l'information - ces deux notions étaient naguère considérées comme tout à fait différentes. Si ces notions sont aujourd'hui, comme nous le savons tous, interdépendantes, c'est en grande partie grâce à la contribution de l'orateur qui va prendre la parole, car il a su combiner ces deux notions en une seule et même idée, celle d'infrastructure mondiale de l'information. Sa proposition, soumise pour la première fois à la Conférence mondiale de développement des télécommunications de Buenos Aires, en 1994, a immédiatement retenu l'attention des politiques et des responsables de l'industrie du monde entier. Je pense qu'on peut affirmer à juste titre aujourd'hui que chacun, dans le secteur des télécommunications et de l'information, sait ou du moins croit savoir ce que signifie l'acronyme "GII". Je dois à ce propos vous faire un autre aveu. Bien sûr, officiellement, l'acronyme "GII" signifie "Global Information Infrastructure". J'ai pour ma part une autre interprétation plus personnelle à proposer, à savoir "Gore's Inspirational Idea" en français "Idée lancée par le Vice-Président Al Gore". J'irais même jusqu'à dire que c'est là le sens exact le plus important de cet acronyme, car l'idée d'accès mondial aux services de télécommunication et d'information de base est plus universel, plus profond et plus durable que celle d'infrastructure mondiale de l'information. Ainsi, Excellences, Mesdames et Messieurs, chers amis, je vous prie d'accueillir le Vice-Président des Etats-Unis d'Amérique, M. Al Gore.n |
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