Diffusion du
rapport "Building Digital Bridges"
En coopération avec le Ministère de l’Information et de la Communication de
la République de Corée (MIC) et avec la Korea Agency for Digital Opportunity and
Promotion (KADO), l’UIT a publié le rapport Building Digital Bridges
(Edification de ponts numériques) qui compile au long de ses 433 pages des
documents de fond et des études de cas sur les meilleures pratiques pour mesurer
la fracture numérique et collecter des données sur les TIC, et examine le rôle
des partenariats multi-parties prenantes et des solutions techniques dans sa
réduction. Le rapport contient également un chapitre présentant une méthodologie
pour élaborer un indice d’opportunité numérique (DOI).
Une autre partie du rapport est consacrée à une série d’études de cas sur les
meilleurs pratiques en matière de collecte des données relatives aux les TIC, en
particulier en Australie et à Hong Kong, Chine, ainsi que les enseignements
tirés de l’application de solutions techniques pour réduire la fracture
numérique en Inde et en Malaisie. Il a été fait observer que la collaboration de
toutes les parties prenantes est essentielle à la coordination et à la réussite
des projets, et que la création de partenariats et la mise en oeuvre des
technologies sans fils ne sont que des outils qui devraient répondre aux besoins
et aux attentes des populations ciblées.
Sphère privée, droits humains et informatique
Organisé à l’initiative de l’EPIC , le panel avait pour principal objectif de
présenter les conclusions du Rapport « Intimité Electronique et Droits de
l’Homme, 2005 », qui met en lumière les derniers développements affectant la
sphère privée dans 70 pays et invite les représentants de la société civile, des
organisations de défense des doits de l’homme et les milieux universitaires à
discuter de l’importance du droit à l’intimité dans le cadre de la société de
l’information .
Cédric Laurent, Directeur du Projet international Intimité électronique,
a présenté les grandes lignes du rapport concernant notamment l’utilisation dans
de nombreux pays: - de caméras de surveillance pour contrôler les endroits
publics, les moyens de transport et les écoles, de l’identité biométrique pour
différentes applications (cartes d’identité, passeports, permis de conduire …)
dont certaines sont couplés à l'information biométrique et stockées dans des
bases de données centrale; - de la radio-vidéo surveillance, du contrôle des
systèmes de messagerie électronique, de télécopie et du téléphone ; et - de
systèmes d’identification par radiofréquence et de bases de données sur la santé
et l’ADN. Par ailleurs, la menace terroriste a conduit de nombreux Etats
à développer un arsenal législatif visant à affaiblir les systèmes de protection
des données personnelles.
Mémoire et diversité culturelles
L’Allliance mondiale des Forums de la culture a consacré un atelier au thème
de la "mémoire et diversité culturelles" dans le passage d’une société de
l’information à une société du savoir, auquel ont participé en particulier le
fondateur de Wikipedia et le directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie.
Conscients de la dualité de la culture en tant que réceptacle de produits et
vecteur de la pensée, les participants sont d’emblée convenus que nulle
institution ne saurait détenir tout le patrimoine culturel de l’humanité. La
diffusion du savoir par la Toile contribue certes à préserver la mémoire
collective, mais avec l’explosion de la connectivité et de l’information les
"produits" culturels risquent de se retrouver hors contexte, et donc de devenir
de simples objets, dépourvus de leur dimension sociale et culturelle. Toutefois,
les TIC peuvent aussi permettre de les remettre dans leur contexte, voire en
contexte, i.e. dans un tout nouveau contexte créé par exemple par des artistes
qui ainsi réinventent la culture et aident à instaurer de nouvelle formes
d’expression. A ce propos les participants ont débattu de la notion
d’encyclopédie, qui est étroitement liée à la préservation de la mémoire
culturelle, et pris note de l’engouement pour la façon de procéder par apports
personnels de Wikipedia, soulignant toutefois la nécessité de préserver les
droits d’auteur.
La diversité culturelle peut être menacée par les nouvelles technologies,
mais c’est là l’occasion de réfléchir au phénomène du brassage des cultures au
niveau international et de repenser le rapport cognitif que nous entretenons
avec le monde. Nulle modernité ne peut être si elle ne s’ancre dans la
tradition. Mais, dans notre volonté de préserver la culture, nous ne devons pas
perdre de vue la nécessité de créer une nouvelle diversité culturelle, car notre
identité culturelle acquiert de nouvelles dimensions dans le cyberespace.
Logiciels pour le développement
Le Programme d’information pour le développement de l’Asie-Pacifique (APIDP)
du PNUD a consacré au thème "Logiciels pour le développement" un atelier auquel
a participé notamment Richard Stallman, initiateur du mouvement en faveur des
logiciels libres de droits (free and open source software, FOSS).
Les participants ont réaffirmé leur conviction que les communications sont un
droit humain et que les logiciels en sont l’indispensable moteur. Ayant rappelé
que les valeurs de liberté, d’égalité et de solidarité sont consacrées dans la
Déclaration du Millénaire des Nations Unies, ils ont établi un parallèle avec
les principes sous-jacents des logiciels FOSS qui établissent la liberté de tous
d’utiliser à leur guise les logiciels, de les changer, copier et communiquer.
Ces logiciels FOSS sont non seulement bon marché et de bonne qualité, mais
surtout très important en ce qui concerne les libertés fondamentales. Ils
constituent en effet une vraie chance pour les pays en développement et, leur
ouvrant l’accès aux réseaux d’information et de communication du monde entier,
peuvent les encourager à innover et à adopter des TIC.
Il a été fait observer que le droit des brevets devrait être réformé pour
encourager l’innovation, et l’ONU a été invitée à promouvoir l’établissement de
partenariats de production de FOSS pour libérer les plus pauvres et leur
permettre d’utiliser la technologie pour leur développement socio-économique.
Les Etats doivent se convaincre des avantages procurés par les FOSS et traduire
leur volonté libéralisatrice au niveau de la passation des marchés. Ainsi les
pays en développement cesseront simplement d’adopter les TIC pour peut-être à
leur tour les adapter.
Débat général plénier
La séance matutinale du débat général s’est ouverte sur une déclaration du
Royaume du Swaziland qui, comme nombre d’autres pays en développement, a
préconisé une coopération plus étroite pour réduire la fracture numérique, afin
que tous puissent profiter des bienfaits de l’Ínternet. Si les TIC ne peuvent
être la réponse à tous les problèmes, elles sont un outil qui peut servir à
accélérer le développement, par exemple dans les domaines du service de la dette
et du commerce équitable. Comme l’a déclaré la représentante de la Barbade :
"Pour combattre les fléaux que sont la pauvreté, la maladie et les catastrophes
naturelles, il nous faut nous efforcer d’exploiter le potentiel immense des
TIC."
Les avantages que procure l’Internet de même que les programmes réalisés par
les pays pour tirer parti des opportunités qu’il offre ont été soulignés, tout
comme ses aspects les plus noirs sur lesquels un travail ciblé doit être fait.
L’utilisation à des fins criminelles de la Toile a été évoquée en particulier
par le représentant de la Malaisie qui a insisté pour que soient énergiquement
combattus la pratique des spams et autres messages non sollicités ainsi que les
abus en ligne.
La déclaration des Etats-Unis d’Amérique était très attendue. Leur
représentant, conseiller spécial du Président pour la science et la technologie,
a fait observer que, si la première phase a tenu les TIC pour un rouage
essentiel de la prospérité future de toutes les nations, la phase de Tunis met
en lumière la nécessité maintenant de faire de l’accès pour tous une réalité.
L’Internet a pris ces dernières années une place prépondérante, devenant même
pour de nombreux pays une source importante d’emplois, ce dont il faut se
réjouir. Les Etats-Unis sont désireux d’en promouvoir la croissance et disposés
à travailler avec tous les intéressés à la résolution des problèmes qui en
entravent l’évolution. A cet égard il a relevé que la structure existante a bien
fonctionné et permis à l’Internet de devenir ce qu’il est. Attachés à la
structure de gouvernance ouverte à laquelle l’Internet doit son succès les
Etats-Unis sont décidés à ne rien faire qui nuise à "un système qui fonctionne
si bien."
Table ronde sur le thème "Partager l’avenir"
L’initiative "Partager l’avenir" (www.unido.org/wsis)
lancée par le PNUD et l’UNIDO vise à aider les PME et les ONG, de sorte que 60
d’entre elles avaient été invitées à la table ronde.
L’UNIDO a présenté le logiciel COMFAR III qui aide les PME et ONG à simuler
les dimensions financière et économique de leurs projets d’investissement, en
particulier, mais a permis aussi, par exemple, à des entreprises nigeriannes de
réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et donc de bénéficier des
dispositions incitatives du Protocole de Kyoto.
Près de 5 000 personnes, en majorité des femmes, ont été formées au Pakistan
à l’utilisation de logiciels libres de droit, a indiqué la Free and Open
Source Foundation (www.fossfp.org).
Quant au Centre for Science, Development and Media Studies (www.csdms.in)
en Inde, il met sur pied des partenariats de partage de savoirs dans les
domaines du développement, de la cyber gouvernance et du télé-apprentissage. "La
cyber gouvernance est le résultat de la somme du cyber gouvernement et de la
cyber démocratie," a déclaré le représentant de l’Estonian E-Learning Academy (www.ega.ee),
organisme à but non lucratif qui oeuvre en faveur de la démocratie et de la
transparence en dispensant des formations et des conseils.
Les femmes cheffes d’entreprises en Afrique ont besoin des TIC pour améliorer
leur capacité dans les domaines des achats et de la commercialisation, a fait
valoir la représentante du Réseau d’information du Togo pour les femmes
cheffes d’entreprise, même si c’est au niveau du marché du village.
Numérisation de la mémoire universelle
La Bibliotheca Alexandrina (www.bibalex.org)
est la seule à être née numérique, a déclaré son directeur, Dr. Ismail
Serageldin, à un panel sur la contributon des bibliothèques à la société de
l’information. Outre qu’elle est une grande bibliothèque elle dispense à
titre gracieux des programmes éducatifs, elle est un lieu de réunion, de
dialogue et de compréhension; elle a été également un outil de promotion de
réforme politique, comme en témoigne la Déclaration d’Alexandria de 2004 adoptée
à la Conférence sur la réforme dans les pays arabes. Au SMSI la bibliotheca a
lancé le Mall d’information arabe (www.arabinfomall.org/En/index.aspx?orgid=-1),
un forum pour la société civile arabe.
Google met du contenu en ligne en numérisant des ouvrages, a indiqué
Ethan Beard. Les produits numérisés sont ensuite intégrés dans les recherches
sur le web en fonction de leur pertinence, puisque les utilisateurs de Google se
comptent par centaines de millions, Google ayant des sites en une centaine de
langues. Google s’efforce de préserver les droits d’auteur et travaille en
partenariat avec des éditeurs pour les aider à toucher des lecteurs, et a un
autre partenariat avec des bibliothèques dont il aide à numériser les ouvrages,
dont 20% ont été publiés avant 1923 et appartiennent au domaine public. Google a
créé une carte idéale de catalogue en ligne, l’objectif étant de créer un
catalogue exhaustif qui permettra un jour d’étendre la recherche à tous les
ouvrages de la planète.
Un des projets de Microsoft est, selon Michael Thatcher, de créer des
archives numériques et de rendre disponibles en ligne dans 100 ans les livres et
ouvrages d’aujourd’hui. Microsoft utilise les TIC pour sauvegarder les langues
locales, ouvrir la technologie aux enfants et rendre l’arabe plus disponible en
ligne en fournissant du contenu. Au SMSI, Microsoft a lancé une version en arabe
de Windows destinée aux profanes.
"Nicholas Negroponte et moi nous sommes un peu emportés quand nous avons
rencontré des fabricants qui semblaient ignorer que sur Terre il y a des enfants
et qu’il y a du travail à faire," a déclaré Alan Kay, professeur au MIT, un des
créateurs du portable à 100 dollars (http://laptop.media.mit.edu/).
Le prix est bas parce que le portable a été conçu dans le cadre d’un programme à
but non lucratif, qu’il utilise des logiciels libres de droit et n’est pas grevé
de frais de commercialisation ou de publicité. Des "Dynabooks" comme ce portable
permettraient à des enfants d’apprendre à lire, écrire et à penser. "L’Internet
ne sera qu’un gadget si nous ne l’utilisons pas pour ce à quoi il est destiné",
i.e. former les enfants aux sciences, a-t-il ajouté, avant de donner la parole à
son site web: www.squeakland.org.
Une connexion en devenir
A l’occasion de la publication du rapport "A developing Connection:
Bridging the Policy Gap between the Information Society and Sustainable
Development", un panel a été consacré à la fracture politique qui existe
entre la société de l’information et le développement durable. Cinq chercheurs
ont présenté les résultats d’études de cas réalisées sur ce sujet au Costa Rica,
en Egypte, en Inde et en Afrique du sud.
La technologie est indispensable à la durabilité, et donc les politiques
relatives à la société de l’information devraient compter le développement
durable au nombre de leurs principaux principes. L’un a souligné l’importance de
faire du développement durable un concept intégré et holistique, dans la droite
ligne des objectifs de développement du Millénaire, l’Agenda 21, le SMSI …
Il a été question aussi du contenu local et de sa définition donnée en 2002
par Pierre Ballantyne. L’accent en Afrique du sud est mis sur "les arts, la
culture, le patrimoine et le savoir indigène", domaines où le contenu local doit
impérativement comprendre des notions de développement durable. Le représentant
de l’Inde a suggéré de créer une agence ou un réseau unique qui constituerait un
cadre général destiné à regrouper toutes les avancées réalisées en direction de
la société de l’information, du développement durable et de la participation au
niveau le plus bas.
Le représentant de l’Egypte a souligné quant à lui le rôle joué par les TIC
et en particulier par les systèmes d’information mondiale dans le développement
local, pour lesquels la participation des communautés rurales et des
organisations de la société civile est vitale (système d’information
participative), et ce à tous les niveaux.
Le représentant du Costa Rica a soulevé la question des inégalités entre les
hommes et les femmes, inégalités qui font obstacle au développement durable. Il
ne suffit pas d’augmenter le nombre des femmes dans les établissements
d’enseignement; il peut y avoir par exemple un grand écart entre le nombre de
jeunes femmes titulaire de diplômes dans les technologies de l’information et le
nombre de celles qui poursuivent effectivement une carrière dans cette
discipline, d’où la nécessité de créer les conditions de neutralité dans tous
les domaines et à tous les niveaux possibles, par exemple en établissant au
niveau international un lien étroit entre les questions d’égalité des genres et
de société de l’information.
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