Présentation des activités sur les TIC
La troisième journée de la réunion de préparation du
Sommet mondial sur la société de l'information (SMSI) a débuté par une brève
présentation des initiatives de développement liées aux TIC émanant de toute
une série d'organisations régionales et multilatérales. Ayant exposé dans
leurs grandes lignes certaines initiatives mondiales clés liées à l'évolution
de la société mondiale de l'information, les participants ont souligné
l'importance de conclure des partenariats entre toutes les parties prenantes au
SMSI. Les exposés ont également permis à des participants de partager leur
expérience en matière de développement des TIC et sur les initiatives
actuellement mises en oeuvre pour réduire la fracture numérique.
La séance du matin a permis aux organisations mondiales ou régionales
de présenter les caractéristiques de leurs différents programmes sur les TIC,
toutefois, certains thèmes communs sont apparus. La plupart des délégations
des organisations régionales ont indiqué que la transparence, une bonne
gouvernance et l'établissement de priorités spécifiques à chaque secteur
(par exemple, la télésanté) sont une condition préalable à la réussite des
TIC dans les contextes particuliers aux pays en développement. Certaines méthodes
novatrices d'utilisation des TIC actuellement employées dans les pays les moins
avancés sont brièvement exposées ci-dessous.
Conférence régionale africaine
La séance plénière a débuté par une intervention des
représentants de la Conférence régionale africaine qui s'est tenue à Bamako
(Mali) en mai 2002. S'exprimant au nom de la Conférence, M. Mamadou Lamine
Diallo a indiqué que le but général de la Conférence était de partager les
besoins et les priorités de l'Afrique avec les 2 000 et quelque
participants représentant toutes les parties prenantes, tout en soulignant
l'importance d'aider le continent à se faire entendre dans le concert des
nations. La Conférence qui a axé ses travaux sur la diversité culturelle, le
renforcement des institutions, les questions de genre et le contenu local, a établi
un cadre général pour faciliter l'adoption d'un processus participatif visant
à réduire la fracture numérique entre l'Afrique et les pays développés.
Durant la période consacrée aux observations, le représentant
de la CNUCED a souligné qu'il est impératif de faciliter un dialogue mondial
permettant aux pays les moins avancés (PMA) d'exprimer leurs besoins en
relation avec la société mondiale de l'information, il a ensuite déclaré:
"La connaissance peut être transmise afin de permettre à chaque Etat
d'avoir accès à l'information … tout en respectant la culture de chacun".
Le représentant de l'Algérie a partagé cet avis, observant que l'accès à la
connaissance et le droit de communiquer sont des éléments clés pour
participer à la société de l'information en constante évolution.
Groupe spécial de l'Organisation des Nations Unies
sur les TIC
Créé en novembre 2001 par Kofi Annan, Secrétaire général
de l'Organisation des Nations Unies, le Groupe spécial de l'Organisation des
Nations Unies sur les TIC se compose de 39 membres de haut niveau, dont la
mission est d'avoir recours aux TIC pour réduire la fracture numérique. Les
travaux du Groupe, qui agit en tant que modérateur, coordinateur et catalyseur
des initiatives de développement liées aux TIC, sont axés sur six thèmes spécifiques,
parmi lesquels la réforme des politiques, le développement des ressources
humaines et l'esprit d'entreprise. S'exprimant sur le caractère unique du
Groupe spécial, M. Pekka Tarjanne, Coordinateur exécutif, a déclaré:
"Il s'agit du premier processus à l'échelle du système des Nations Unies
auquel participent sur un pied
d'égalité toutes les parties prenantes, y compris la société civile, les
milieux universitaires et les ONG". Cette remarque de M. Tarjanne souligne
l'un des principaux thèmes du premier Comité de préparation du SMSI: les
partenariats. Répondant à une question de la délégation indienne, M. Tarjanne
a fait remarquer que le Groupe spécial a un mandat de trois ans et qu'il a
l'intention de publier des rapports annuels sur ses travaux.
Dot Force du G-8
Avec plus de vingt initiatives portant sur les TIC en cours,
la Dot Force du G-8 est devenue un protagoniste du programme mondial visant à réduire
la fracture numérique. Privilégiant les sujets liés à la gouvernance par
l'Internet, à la création de contenus et d'applications locaux, au
renforcement des capacités humaines et au cybergouvernement, elle est devenue
un modèle pour aider les pays les moins avancés à se moderniser. M. Stephan
Roberge, conseiller en politiques, a déclaré que le cadre multiparties de la
Dot Force du G-8 est conçu pour être évolutif, reproductible et viable dans
toutes les situations.
La délégation du Bénin a demandé à M. Roberge
d'expliquer la stratégie de la Dot Force pour réduire la fracture numérique
sur le continent africain. M. Roberge a fait observer qu'un des impératifs est
de continuer à demander aux institutions multinationales de fournir une aide au
développement, tout en veillant à ce que cette aide soit affectée à
l'utilisation des TIC dans des secteurs importants comme la santé et
l'enseignement. M. Adama Samassekou, président de la première réunion du
Comité de préparation, lui ayant demandé d'exposer plus en détail les
travaux de la Dot Force en Afrique, M. Roberge a répondu: "Nous avons
divers projets à l'étude qui vont être lancés dans les tout prochains mois".
Union européenne
S'exprimant au nom de la délégation de l'Union européenne
(UE), M. l'Ambassadeur Carlos Trojan a indiqué que la notion d'accès universel
à des services de télécommunication abordables est au centre des discussions
des Quinze. Les télécommunications étant indispensables pour accéder au réseau
mondial de l'information, M. Verhoef a relevé combien la décision de l'UE
d'axer ses travaux sur la libéralisation, la privatisation, l'économie de
marché et des politiques économiques viables était judicieuse, il a poursuivi
en faisant observer que l'étroite collaboration entre le secteur privé et la
société civile a permis à l'UE d'acquérir l'expérience nécessaire pour
faire entrer l'Europe dans l'ère de l'information, et de déclarer: "L'élaboration
d'une cyberstratégie cohérente et ciblée [par exemple, eEurope], associée à
des engagements pris au plus haut niveau politique, s'est révélée primordiale".
En réponse à une question de la délégation chinoise concernant la manière
de régler le problème de l'accès universel en Chine, M. Verhoef a fait valoir
que l'accès universel doit être au centre des politiques relatives à la
diffusion des télécommunications, suggérant que "le marché s'adaptera
aux besoins de chaque pays".
Télécommunauté Asie-Pacifique (APT)
Formée de 32 Etats Membres s'étendant de l'Iran à l'Ouest
aux îles lointaines de l'Est, l'APT facilite et coordonne la réalisation
d'initiatives de développement liées aux TIC dans la région. Selon M. Hugh
Railton, Directeur exécutif adjoint, l'APT a pour mandat d'encourager le développement
des services et des infrastructures de télécommunication dans la région, en
accordant la priorité aux zones les moins développées. Notre mission, a-t-il
poursuivi, est d'améliorer la vie des populations de nos Etats Membres en leur
permettant de s'intégrer à la société mondiale de l'information. Et de
conclure par ces mots: "Nous déclarons que nous mettrons tout en oeuvre
… pour que [toute] la population de la région Asie-Pacifique ait accès aux
TIC d'ici à 2005". L'APT entend faciliter la diffusion des TIC au moyen de
points d'accès mis à la disposition du public dans les communautés excentrées
de la région.
Activités sur les TIC de l'UIT
Au cours de sa communication, M. Hamadoun Touré, Directeur
du Bureau de développement des télécommunications (BDT) de l'UIT, a donné un
aperçu des nombreuses activités sur les TIC qu'a actuellement entreprises
l'UIT pour aider les pays les moins avancés à entrer dans l'ère de
l'information. Evoquant tout particulièrement le Plan d'action d'Istanbul, il a
fait observer que réforme réglementaire, coopération multilatérale,
renforcement des capacités humaines et élaboration de cyberstratégies
judicieuses sont essentiels pour aider les pays en développement à intégrer
la société de l'information. M. Touré a fait valoir que le Plan d'action
d'Istanbul, issu de la Conférence mondiale de développement des télécommunications
(CMDT) tenue à Istanbul (Turquie) en mars 2002, indique bien le chemin que
devra suivre le SMSI.
Fort des enseignements tirés de la CMDT d'Istanbul, qui
s'est inspirée des contributions des 189 Etats Membres de l'UIT et des 250
et quelque Membres du Secteur UIT-D, M. Touré a suggéré les quatre missions
suivantes pour le SMSI:
-
utiliser le SMSI comme un catalyseur pour le développement mondial.
-
Faire en sorte que le Plan d'action d'Istanbul fasse partie intégrante
du cadre du SMSI.
-
Offrir une plate-forme pour faciliter la coopération entre toutes les
parties prenantes.
-
Sensibiliser les populations des pays en développement aux TIC.
En conclusion, M. Touré a déclaré: "La fracture numérique
d'aujourd'hui constitue un terrain fertile pour la croissance de l'opportunité
numérique des sociétés de demain, tant dans les pays en développement que
dans les pays développés".
Après l'intervention de M. Touré, un observateur de l'une
des ONG d'Afrique a demandé avec insistance aux participants de veiller à ce
que le SMSI ne soit pas une conférence internationale de plus où "les
espoirs de l'Afrique seront anéantis". En outre, il a fait valoir que nous
avons besoin d'un véritable engagement international en faveur d'un développement
durable, et déclaré: "Franchissons un pas de plus pour entendre les voix
les plus faibles de notre planète". Il a ensuite fait observer que le SMSI
devrait créer un cadre susceptible de faciliter la mobilisation des ressources
de l'Afrique et a souligné la nécessité de protéger le SMSI pour l'empêcher
de devenir une bureaucratie procédurière de plus au lieu d'être un véritable
sommet qui examinera les questions de fond et qui s'attaquera véritablement aux
véritables besoins des pays en développement.
Banque mondiale
Après avoir fait observer que le travail de la Banque
mondiale est d'éradiquer la pauvreté, et non de diffuser les TIC, M. Bruno
Lanvin a reconnu que les TIC sont devenues pour elle un "outil
incomparable". Chargé des subventions dans le cadre du programme InfoDev
de la Banque mondiale, M. Lanvin a indiqué que la Banque alloue chaque année
environ 2,5 milliards de dollars en prêts et plus de 30 millions de dollars en
subventions à des initiatives liées aux TIC, d'après lui, le SMSI peut faire
connaître un domaine qui, pendant des décennies, a été considéré comme un
élément mineur du développement. De plus, le SMSI offrira l'occasion d'échanger
des acquis, de concevoir des objectifs clairs et de faciliter l'élaboration de
solutions novatrices pour régler les multiples problèmes sociaux, culturels,
politiques et économiques que pose la fracture numérique. En ce qui concerne
les idées nouvelles, M. Lanvin a été d'avis qu'elles doivent s'axer sur des
solutions souples et peu coûteuses, adaptées aux pays en développement. Il a
conclu en disant que "nous ne pouvons pas simplement utiliser les pratiques
les meilleures des pays développés; nous devons plutôt déterminer les
pratiques les mieux adaptées aux pays en développement" et qui soient
reproductibles.
Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)
Tout comme la Banque mondiale, le PNUD travaille
principalement sur des stratégies liant les TIC aux capacités humaines et à
l'infrastructure afin d'éradiquer la pauvreté. S'exprimant au nom du PNUD, M.
Denis Gilhooly a indiqué que le PNUD explore des domaines novateurs tels que
les logiciels de source ouverte et l'encouragement des petites et moyennes
entreprises (PME) au niveau local. Pour illustrer l'importance des partenariats
entre parties prenantes, il s'est référé à l'Initiative sur l'accès aux
nouvelles technologies, à laquelle travaillent la société mondiale de
conseils Accenture et la Fondation Markle dans le but d'élaborer et de mettre
en oeuvre des stratégies de premier niveau pour réduire la fracture numérique.
De plus, il a signalé que le PNUD examine également la possibilité de mettre
en oeuvre une solution radicale dans deux ou trois PMA afin de modifier
rapidement leurs trajectoires de développement. En conclusion, il a souligné
à nouveau l'importance que revêtent les conférences régionales pour fournir
des contributions éminentes pour le SMSI, ajoutant: "Pour être efficace,
le processus doit être participatif et transparent".
Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la
science et la culture (UNESCO)
Etant donné son intérêt pour la diversité et le
multilinguisme, la liberté d'expression et l'éducation dans/pour la société
de l'information, l'UNESCO a acquis une grande expérience dans de nombreux
domaines qui font partie des objectifs du SMSI. Notant que l'UNESCO travaille en
étroite collaboration avec la société civile et les ONG, M. Philippe Queau a
fait observer qu'il existe un véritable problème systémique qui accable les
pays les moins avancés et que le SMSI se doit de s'y attaquer. M. Malempre a
exhorté les participants à étudier les problèmes relatifs à l'accès, au
multilinguisme, au développement de contenus locaux et à l'enrichissement des
informations disponibles sur le domaine public. Comme de nombreux autres
intervenants, il a été d'avis que le SMSI est l'occasion idéale de déterminer
les possibilités d'utilisation des TIC pour permettre aux pays en développement
d'entrer dans l'ère de l'information.
Forum économique mondial
S'exprimant au nom du Forum économique mondial, l'ancien président
du Costa Rica, M. José‑Maria Figueres, a estimé que la communauté
internationale est à la croisée des chemins et doit choisir entre une société
culturellement riche et viable ou un "monde plus égoïste et plus fragmenté".
Il a fait valoir que l'isolement politique des pays en développement, associé
à des cadres institutionnels inadaptés, a empêché des soi-disant
visionnaires de relever les défis d'aujourd'hui. M. Figueres a déclaré que
"nous avons besoin d'une coopération à l'échelle mondiale pour étudier
les problèmes que posent ces nouvelles technologies, d'un secteur privé acquis
à la notion de développement durable et d'une société civile disposée à
s'engager pour réduire la fracture numérique".
Soulignant l'importance des partenariats entre toutes les
parties prenantes, M. Figueres a mis en relief la nouvelle initiative du Forum
économique mondial "CEO Charter for Digital Development" (Charte
des P.-D. G. en faveur du développement numérique), aux termes de laquelle il
est demandé aux P.-D. G. de s'engager publiquement à verser des fonds (environ
vingt pour cent du budget "engagement civique" des entreprises) qui
seront spécifiquement destinés à la réduction de la fracture numérique. Il
a soutenu que cette initiative contribuera à encourager le secteur privé à
s'intéresser au développement international. A ce jour, sept entreprises
mondiales ont signé la Charte, dont Microsoft, Hewlett Packard et Vivendi
Universal. En conclusion, M. Figueres a déclaré: "Nous avons besoin
d'adopter une nouvelle approche et d'intégrer les TIC à nos activités de développement".
Global Knowledge Partnership
Mme Rinalia Abdul Rahim a indiqué que la Global Knowledge
Partnership (GKP) conçoit un monde où les nouvelles technologies
serviraient l'égalité des chances pour tous. La GKP, dont les membres vont
d'organisations locales à la société civile et au secteur privé, a pour
mandat de déterminer comment ériger des sociétés de la connaissance dans le
monde entier. Mme Rahim a recommandé aux participants de veiller à ce que les
points ci-après soient incorporés au plan d'action du SMSI:
-
Mettre la révolution numérique à la portée de tous.
-
Tirer parti des ressources humaines existantes.
-
Se concentrer sur des secteurs clés, en particulier le commerce électronique,
la cybersanté et le cybergouvernement.
Mme Rahim a fait valoir que "la GKP, grâce au fait de
faciliter la conclusion de partenariats en faveur d'initiatives et d'actions de
développement par les TIC est un instrument permettant aux groupes défavorisés
d'influer sur l'évolution de la société mondiale de l'information. Nous espérons
que le SMSI élaborera un projet s'inspirant de la diversité culturelle et des
valeurs partagées". Elle a également souligné l'importance d'encourager
la participation des femmes et des enfants au processus, ce qui est l'un des
principaux objectifs du SMSI.
AHCIET
L'objectif
de l'AHCIET (Association hispano-américaine de centres de recherche et
d'entreprises de télécommunications) est d'organiser des sommets sur les
nouvelles technologies et la société de l'information dans toute l'Amérique
latine. L'Association sert également de cadre de discussion entre les organes
de réglementation et le secteur privé de la région. S'exprimant au nom de
l'AHCIET, Mme Birgit Gocht a fait remarquer qu'en concluant des partenariats
entre toutes les parties prenantes à la révolution numérique de la région,
l'AHCIET est un "protagoniste du développement de la société de la
connaissance en Amérique latine". L'objectif général de l'Association
est de déterminer des mécanismes propres à assurer le développement des
ressources humaines, tout en trouvant un équilibre entre l'élaboration des
politiques et l'établissement des priorités de base. En particulier, Mme Gocht
a indiqué que l'AHCIET a aidé des organisations régionales à adopter des TIC
en convoquant des conférences sur le télétravail, la création de villes numériques,
le cybergouvernement et la cybersanté. Pour conclure, Mme Gocht a proposé
d'aider à organiser une réunion de préparation à l'intention du secteur privé
en Amérique latine.
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