La troisième et dernière table-ronde du Sommet mondial sur la société de
l’information a été consacrée aux technologies de l’information et de la
communication (TIC) comme instruments pour parvenir aux Objectifs de
développement du Millénaire, thème fort du Sommet. Plusieurs intervenants ont
décrit les initiatives prises par des pays aussi différents que l’Estonie ou le
Bangladesh pour ancrer les nouvelles technologies au cœur même de leur programme
de développement. Mme Khaleda Zia, Premier ministre du Bangladesh, pour sa part,
a mis en avant les efforts que son pays a consentis pour s’engager pleinement
dans la société de l’information. Il a fallu au préalable trouver des ressources
humaines formées aux TIC et capables de gérer des projets dans ce domaine,
a-t-elle précisé. Les TIC représentent un instrument clé pour la croissance et
la réduction de la pauvreté au Bangladesh, et les effets de leur application
sont très clairs dans le domaine des micro-entreprises de téléphonie mobile, par
exemple, a précisé Mme Khaleda Zia, insistant sur l’importance déterminante que
revêt la formation pour l’application de toutes ces mesures.
L’importance de l’expérience bangladaise a été saluée par M. Kim Hak-Su,
représentant de l’UNESCAP, dans la mesure où les mesures prises sont simples
d’application et facilement transposables dans d’autres contextes. Le
Gouvernement du Japon a pour sa part lancé des projets de connectivité par fibre
optique en Asie, avec l’implication active du secteur privé. Le Kenya de son
côté applique avec succès les TIC à la lutte contre la fraude électorale, ou à
la diffusion d’informations instantanées aux paysans concernant les tarifs en
vigueur dans les marchés locaux.
D’autres participants ont déploré le prix encore souvent inabordable du
matériel informatique et des accès à l’Internet, les coûts de ces derniers étant
dans une trop grande mesure à la charge des pays les moins riches. Plus
généralement, pour que les TIC soient en mesure de jouer leur rôle, il
conviendra de régler au préalable les problèmes auxquels sont confrontés de
nombreux pays qui auraient le plus à gagner de l’introduction de ces techniques.
Ces obstacles sont d’abord l’explosion démographique, surtout dans les pays
pauvres ; le manque de moyens d’éducation et de santé de base ; la fuite des
cerveaux, alarmante parfois et chiffrée à quatre milliards de dollars par an de
pertes pour l’Afrique ; les limites enfin à la dissémination de l’information
posées par les droits de propriété intellectuelle.
Deux représentants de l’industrie des réseaux ont de leur côté fait part de
l’existence de nombreux partenariats public-privé, qui ont conduit à des
expériences montrant qu’il est, par exemple, possible d’adapter les systèmes
sans fil dans les zones rurales des pays moins avancés. Les moyens engagés
restent simples, il faut maintenant lancer les programmes d’assistance technique
nécessaires à l’application sur le terrain de ces solutions. Les pays
industrialisés, à l’image de la Suède, se déclarent pour leur part prêts à
s’engager plus avant et en concertation avec les gouvernements concernés dans
l’application des TIC aux programmes de développement. Le travail devra
s’articuler autour de stratégies spécifiques traitant, entre autres, les
questions de l’émancipation des femmes et de la bonne gouvernance.
Tous les intervenants sont tombés d’accord pour insister sur le caractère
urgent de l’application des TIC aux Objectifs de développement du Millénaire.
Tout retard dans ce domaine, ont-ils affirmé, pourrait avoir des conséquences
fâcheuses, notamment celle du retard perpétuel que risquent de prendre certains
pays, condamnant d’avance tous leurs efforts. Une volonté et une pression
politiques fortes devront présider à l’adoption et au suivi des mesures
nécessaires.
M. Mark Malloch Brown, Administrateur du PNUD, a présidé et modéré les débats
de cette table ronde à laquelle les personnalités suivantes ont pris part : Mme
Khaleda Zia, Premier ministre, Bangladesh; M. Arnold Ruutel, Président, Estonie
; M. Askar Akaev, Président, Kyrgyzstan ; M. Kayser Bazan, Vice-Président,
Panama ; Mme Mary Hanafin T.D., Ministre de la société de l’information, Irlande
; M. Leo Moggie, Ministre de l’énergie, des communications et du multimedia,
Malaisie ; M. John Njoroge Michuki, Ministre des transports et des
communications, Kénya ; M. le Président de l’Assemblée nationale de Cuba ; M.
Maqbool Ali Sultan, Ministre du commerce et de l’industrie, Sultanat d’Oman ;
Sheikh Abdulla bin Mohammed bin Saoud Al-Thani, Chef du diwan des émirs,
Président de la Qatar Telecommunication Corporation (avec rang de ministre),
Sultanat de Qatar ; M. Dan NICA, Ministre des communications et des technologies
de l’information, Roumanie ; M. José Arnaut, Vice Premier ministre, Portugal ;
Mme Carin Jämtin, Ministre de la cooperation au développement, Suède ; M. Jose
Antonio Ocampo, Sous secrétaire général chargé des affaires sociales et
économiques, Nations Unies ; Mme.Brigita Schmognerova, Secrétaire exécutive,
UNECE ; M. Kim Hak-Su, Secrétaire exécutif, UNESCAP ; M. Marcel Boissard,
Directeur exécutif, UNITAR ; M. Muhammad Radzi Mansor,, Président, Telekom
Malaysia Berhad, Malaisie ; M. Tadashi Onodera, Président, KDDI Corp., Japon ;
Mme Tae Yoo, Vice-Présidente Corporate Philanthropy, Cisco, USA ; Mme Emilienne
Lionelle, Directrice Ingénieurs sans frontières, Cameroun ; M. Law Chi-Kwong,
Membre du Conseil législatif, The Hong Kong Council of Social Service, Chine ;
M. Wolfgang Kleinwächter, Professeur, Université d’Aarhus, Danemark ; M. Alain
Rousset, Président de la région Aquitaine, World Federation of United Cities (FMCU),
France.
|