LE SMSI S’OUVRE SUR UN CONSTAT D’IMPORTANTES FRACTURES
NUMÉRIQUES
ENTRAVANT LE PARTAGE ÉQUITABLE DES OPPORTUNITÉS LIÉES AUX TIC
Les intervenants insistent sur la nécessité de promouvoir
la coopération internationale pour réduire ces fractures
La première phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI),
qui se tient à Palexpo de Genève jusqu’à vendredi prochain, a entamé ses
travaux, cet après-midi, par une cérémonie d’ouverture au cours de laquelle le
Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a relevé l’existence de
quatre types de fracture numérique: une fracture technique; une fracture au
niveau du contenu; une fracture en matière de parité des sexes; et enfin une
fracture au niveau des échanges, tous les pays ne disposant pas des mêmes
opportunités d’accès au commerce électronique. Il n’y a aucune raison de croire
que ces disparités disparaîtront d’elles-mêmes, à mesure que les technologies se
répandront, a-t-il affirmé.
M. Pascal Couchepin, Président de la Suisse, a pour sa part défini la liberté
d’expression comme une condition fondamentale de l’avènement de la société de
l’information. S’exprimant également dans le cadre de la séance d’ouverture, le
Président de la Tunisie, M. Zine El Abidine Ben Ali, a souligné que le fossé
numérique est d’abord un écart de développement et un fossé entravant le
dialogue des civilisations, avant d’être un fossé technologique. Le consensus au
sujet des principes et des moyens d’action liés à la société de l’information
reste possible, a-t-il en outre affirmé. Le Secrétaire général de l’Union
internationale des télécommunications (UIT), M. Yoshio Utsumi, a quant à lui mis
l’accent sur l’innovation que constitue la participation importante du secteur
privé et de la société civile à ce sommet.
Au cours de la séance d’ouverture, sont également intervenus le Président de
l’Union mondiale des aveugles, le Président du Conseil d’administration de
Thuraya Satellite Telecommunications Company et le Président du Comité
préparatoire du Sommet, M. Adama Samassekou.
Entamant ensuite son débat général, le Sommet a entendu les interventions de
Sa Majesté le Roi du Lesotho, ainsi que des chefs d’État de la Finlande, de
l’Azerbaïdjan, du Mozambique, de l’Égypte, du Cap-Vert, du Rwanda, de la
République islamique d’Iran, du Mali, de la Lettonie, du Gabon, du Kirghizistan,
du Botswana, du Zimbabwe, du Liban, du Nigéria et de la Croatie. Ont également
fait des déclarations le Vice-Président du Kenya ainsi que les chefs de
Gouvernement du Pakistan, de la France, du Liechtenstein et le Vice-Premier
Ministre de la République tchèque.
Les Ministres des affaires étrangères de l’Arabie saoudite et de
la Grèce, ainsi que le Ministre par intérim des relations extérieures du Brésil
sont aussi intervenus. Ont en outre pris la parole des ministres des pays
suivants: Koweït, Fédération de Russie, Maurice, Norvège, Chine, Italie,
Islande, République dominicaine, Syrie, Ukraine, Viet Nam, Qatar,
Bosnie-Herzégovine, Espagne et Maroc. Un représentant de l’Équateur a également
fait une déclaration, ainsi que le Commissaire européen chargé des entreprises
et de la société de l’information.
Sont également intervenus des représentants du Groupe d’études des Nations
Unies sur les technologies de l’information et de la communication (TIC); du
Réseau de développement et de communications pour les femmes africaines; de la
Commission économique pour l’Europe (CEE-ONU); de Molecular Diversity
Preservation International; de Vodafone; de la Commission économique pour
l’Afrique (CEA-ONU); du réseau TakingIT Global; de Microsoft Corporation; de la
Banque mondiale; de Africa Online; et des Volontaires des Nations Unies.
La plupart des intervenants ont souligné le formidable potentiel que recèlent
les TIC tout en mettant l’accent sur la nécessité de veiller à ce que chacun
jouisse des bénéfices qui leur sont associés. Nombre d’orateurs ont plaidé en
faveur d’un renforcement de la coopération internationale à cette fin, de
manière à ce que les pays développés aident les pays en développement à mettre
en place les infrastructures indispensables aux TIC. L’indispensable
renforcement des partenariats entre les gouvernements et le secteur privé a
maintes fois été évoqué. L’accent a également été mis sur la nécessité de
protéger la propriété intellectuelle tout en garantissant la concurrence et
l’innovation dont dépend largement la société de l’information.
Le Premier Ministre français a pour sa part souhaité qu’il soit donné un sens
aux nouvelles technologies qui, selon la France, doivent être mises au service
d’un projet de société. Mettant l’accent sur la nécessité de déterminer les
règles de la société mondiale de l’information, il a rappelé que, pour la
France, l’ONU est la principale source du droit international. Il nous incombe
de réfléchir d’ici la deuxième phase du Sommet, qui se tiendra à Tunis en 2005,
à l’élaboration d’un code universel de la gouvernance numérique, a-t-il déclaré.
Il faut que la gestion de l’Internet soit confiée à un organe de
réglementation qui soit soumis aux règles du droit international, afin d’assurer
une utilisation équitable et transparente du réseau, a pour sa part souligné
l’Arabie saoudite. À ce sujet, l’Italie a rappelé que l’Union européenne a une
position claire qui consiste à dire qu’il n’incombe pas aux gouvernements de
gérer l’Internet ou de s’ingérer dans son développement. D’autres, comme la
Syrie, ont au contraire estimé que tous les pays devaient participer à la
gestion de l’Internet, en particulier pour l’attribution des noms, afin
d’assurer une meilleure répartition des ressources liées au réseau.
À l’instar de la France, le Koweït a abordé la question de l’utilisation
néfaste des TIC, préconisant pour sa part l’adoption d’une convention
internationale visant à réduire les crimes qui sont commis sur Internet ou via
Internet. Plusieurs intervenants ont en outre insisté sur la nécessité de faire
en sorte que la société de l’information préserve la diversité culturelle et
linguistique.
Le débat général du Sommet mondial se poursuivra demain matin, à 9 heures.
Déclarations liminaires
À l’ouverture du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) qui a
commencé ses travaux de trois jours cet après-midi à Genève, en Suisse, M.
PASCAL COUCHEPIN, Président de la Suisse, a souligné que la liberté d’expression
est une condition fondamentale de l’avènement de la société de l’information. Il
s’est inquiété que plus de la moitié de l’humanité n’a pas accès au téléphone ou
à l’Internet et a souligné la nécessité de trouver des moyens de combler le
fossé numérique et les écarts entre riches et pauvres. Nous devons encourager
durablement la révolution de l’information dans l’intérêt des plus démunis
a-t-il dit. Il a déclaré par ailleurs que la fracture numérique était indigne du
nouveau millénaire. L’accès libre à l’information, a-t-il ajouté, est au cœur du
développement et du marché et renforce les institutions démocratiques.
Le Président suisse a également invité les participants à s’engager
politiquement pour nous assurer que les bénéfices des technologies de
l’information sont accessibles au plus grand nombre. Si les pays riches ne
tiennent pas leurs promesses en matière de promotion de développement, ils
finiront par décourager les autres pays, a-t-il ajouté, exhortant les
participants au Sommet de tout mettre en œuvre afin de parvenir à une société de
l’information ouverte et démocratique.
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a souligné le caractère
unique de ce sommet qui, contrairement à la plupart des conférences mondiales,
n’est pas consacré aux menaces qui pèsent sur la planète, mais aux moyens de
mieux tirer parti du nouvel atout que constituent les technologies de la
communications (TIC). Il a déclaré que si la technologie avait donné naissance à
l’ère de l’information, il nous incombait à nous maintenant d’édifier une
véritable société de l’information. Il a défini ce sommet comme l’occasion de
concrétiser le potentiel que représente les TIC pour l’amélioration des
conditions de vie de millions d’êtres humains dans des domaines comme le
commerce, l’éducation, la protection de l’environnement, la liberté et la
démocratie et d’une manière plus générale la réalisation des Objectifs du
Millénaire. Il a défini quatre types de fracture numérique, à savoir: une
fracture technique compte tenu des écarts de développement; une fracture au
niveau du contenu car une bonne partie de l’information affichée sur l’Internet
ne répond pas aux besoins des populations; une fracture en matière de parité des
sexes; et enfin une fracture qui se retrouve au niveau des échanges, tous les
pays ne disposant pas des mêmes possibilités d’accès au commerce électronique.
Face à ce constat, auquel s’ajoutent des obstacles et disparités d’ordre social,
économique et autre, le Secrétaire général a estimé qu’il appartenait aux
responsables politiques réunis de mobiliser la volonté politique nécessaire pour
mettre les TIC au service du plus grand nombre. M. Annan a également souligné
l’importance de la contribution du secteur privé et de la société civile ainsi
que des organes de presse, qui sont à la fois créateurs de contenu et gardiens
des libertés.
Par ailleurs, le Secrétaire général a exprimé sa satisfaction de constater
que les spécialistes de toutes les régions du monde avaient adopté une
déclaration au cours du Forum mondial des médias électroniques, par laquelle ils
s’engagent à agir en faveur du développement et de la cohésion sociale. Il a
tout particulièrement insisté sur la nécessité de respecter l’article 19 de la
Déclaration universelle des droits de l’homme en rappelant que la liberté
d’expression était la pierre angulaire du développement, de la démocratie et de
la paix. Même si les TIC ne sont pas une panacée, ni une formule magique, elles
peuvent contribuer à améliorer la vie des habitants de la planète pour peu qu’on
sache en tirer parti: il s’agit d’instaurer une société de l’information ouverte
et dynamique, qui soit à la hauteur des défis sociaux, économiques et politiques
de notre temps, a conclu M. Annan.
M. ZINE EL ABIDINE BEN ALI, Président de la Tunisie, a souligné que, comme le
confirme la tenue de ce sommet, l’établissement de la société de l’information
est devenu un impératif stratégique pour la promotion de la condition de
l’ensemble de l’humanité. Si la Tunisie a préconisé, dès 1998, l’organisation
d’un sommet mondial sous les auspices des Nations Unies, c’est parce qu’elle est
profondément convaincue de l’importance de ce secteur pour la réalisation d’un
développement humain équilibré et équitable et la concrétisation des aspirations
de l’humanité à la liberté, à la justice et à la dignité, a indiqué le Président
tunisien. « Le fossé numérique, en effet, est d’abord un écart de développement
et un fossé entravant le dialogue des civilisations, avant d’être un fossé
technologique », a-t-il insisté. Les travaux préparatoires de cette première
phase du Sommet ont permis de souligner les principaux pôles d’intérêt et les
problèmes fondamentaux posés dans ce domaine essentiel pour l’avenir de
l’humanité, a poursuivi M. Ben Ali, se félicitant de la prise de conscience
progressive de l’importance de ces questions dans la communauté internationale.
« La nouveauté qui caractérise ce thème, conjuguée à la rapidité des mutations
technologiques et à l’évolution continue de leurs applications dans les divers
domaines économiques, sociaux, culturels, éducatifs, environnementaux et autres
rend difficile la réalisation d’un consensus au sujet des principes et des
moyens d’action », a poursuivi le Président tunisien. « Ce consensus reste
toutefois possible moyennant un examen plus approfondi et une recherche plus
poussée, compte tenu dûment des valeurs universelles communément adoptées et qui
sont énoncées dans les différents traités et accords internationaux », a-t-il
déclaré.
M. Ben Ali a par ailleurs souligné que la construction de la société de
l’information et de la communication constitue, pour son pays, un choix national
essentiel. La Tunisie est tout particulièrement attachée à assurer la promotion
des ressources humaines par le biais d’une stratégie cohérente et a également
orienté ses efforts vers la diffusion de la culture numérique à l’échelle la
plus grande. « La Tunisie, qui aura l’honneur d’accueillir, en 2005, la deuxième
phase du Sommet, œuvrera en faveur de la réussite du processus préparatoire et
de la tenue du Sommet dans les meilleures conditions », a-t-il en outre déclaré.
Le Président tunisien a par ailleurs mis l’accent sur l’importance que revêt le
renforcement des liens de solidarité et d’entraide entre les peuples du monde,
afin de combler le fossé numérique et d’en limiter les risques. « Nous pensons,
pour notre part, que les développements générés par les progrès de la
technologie (…) et les perspectives nouvelles ouvertes à la communication
renforcent le poids du secteur de l’information, pour enraciner encore plus les
droits de l’homme dans leur acception la plus exhaustive qui consacre la liberté
d’expression et garantit le respect de la souveraineté des États et le droit des
peuples à l’autodétermination », a conclu le Président tunisien.
M. YOSHIO UTSUMI, Secrétaire général de l’Union internationale des
télécommunications (UIT), a rappelé que l’Union avait été, en 1865, la première
organisation intergouvernementale à être instituée, et a fait valoir son rôle de
pionnier dans le domaine des télécommunications. Il s’est félicité de
l’expansion sans précédent des télécommunications ces dernières années. Il y
avait en effet en 1999 environ un milliard et demi de lignes téléphoniques dans
le monde; aujourd’hui, on en compte près de deux milliards et demi, a-t-il
poursuivi, précisant que 75% de ces lignes étaient installées dans les pays en
développement et que l’UIT travaillait sans relâche à faire bénéficier des
technologies de l’information et de la communication (TIC) toutes les couches de
la population. Soulignant par ailleurs le rôle central joué par l’UIT dans
l’organisation du Sommet. M. Utsumi a affirmé qu’il était essentiel, « pour
donner du sens à ce sommet, d’en faire une manifestation particulièrement
ouverte qui reflète les transformations apportées par la société de
l’information au monde moderne».
Remerciant les pays qui ont accueilli les réunions préparatoires, les
diverses organisations internationales impliquées dans la préparation du Sommet
ainsi que les deux pays hôtes, le Secrétaire général de l’UIT a souligné que,
pour la première fois, les responsables du monde entier se pencheraient sur la
question de la société de l’information. En outre, faisant part de ses
préoccupations en ce qui concerne l’accentuation de la fracture numérique, il a
estimé qu’un effort international concerté devait être entrepris pour réduire
l’écart entre riches et pauvres en ce qui concerne le flux de l’information.
Citant à ce titre la déclaration du Forum mondial de la jeunesse, il a lancé un
appel aux dirigeants politiques, aux chefs d’industries, aux organisations non
gouvernementales et à la société civile afin qu’ils facilitent l’accès universel
aux TIC.
Mme KICKI NORDSTROM, Présidente de l’Union mondiale des non-voyants (World Blind Union), s’est dite heureuse de représenter la voix de plus de cinq
millions d’handicapés à ce sommet. Elle a souligné la nécessité de permettre à
la société civile et à toutes ses composantes de participer pleinement à la mise
en œuvre de la société de l'information, précisant que la société civile
présenterait demain sa propre déclaration. Elle a par ailleurs souhaité que le
Sommet soit l’occasion de combler le fossé qui sépare les riches et les pauvres,
les nations et les populations. Ce sera aux décideurs aux niveaux national,
régional et mondial de veiller à ce qu’il y ait une meilleure participation pour
pouvoir tenir compte des besoins des plus démunis, a-t-elle lancé, estimant que
la société de l'information devaient être façonnée en fonction des valeurs
exprimées dans la Charte des Nations Unies et la Déclaration des droits de
l’homme.
M. MOHAMMAD OMRAN, Président du Conseil d’administration de la
Thuraya
Satellite Telecommunications Company, s’est dit favorable à une société de
l’information qui, entre autres, permettrait de propager le savoir et les
connaissances tout comme la liberté d’expression. Ce sont notamment les
financements du secteur privé qui permettront l’avènement d’une telle société et
c’est pourquoi il est indispensable d’établir des partenariats entre les
gouvernements et le monde des affaires, a-t-il souligné. Il a en outre mis
l’accent sur la nécessité de convaincre les hommes d’affaires que leurs fonds
seraient bien utilisés, estimant que de bonnes pratiques commerciales font
également partie de l’équation. Il est également nécessaire de protéger la
propriété intellectuelle tout en garantissant la concurrence et l’innovation, a
insisté M. Omran.
M. ADAMA SAMASSEKOU, Président du Comité préparatoire du Sommet mondial sur
la société de l’information (SMSI), a estimé que l’humanité n’avait effectué que
la moitié du voyage qui doit la mener de la société de l’information à la
société de la connaissance dans toutes les parties du monde. Soulignant le
clivage de plus en plus important entre riches et pauvres, entre ceux qui savent
et ceux qui ne savent pas, entre ceux qui ont accès à la connaissance et les
autres, entre les gouvernants et les gouvernés, il a affirmé que cette fracture,
qui ne cessait de s’agrandir, ne serait comblée que si de réelles décisions,
mues par une volonté politique, étaient prises. L’initiative du Sommet va dans
ce sens, s’est-il félicité, se réjouissant du fait que les préparateurs du SMSI
aient su dépasser la sécheresse des procédures en respectant les valeurs
cardinales de partenariat et de solidarité, notamment avec la société civile, le
secteur privé, les équipes des pays hôtes et tous les participants.
Le Président du Comité préparatoire a estimé que la première étape de ce
sommet à Genève, marquait le début d’un nouveau processus qui consiste à ne plus
laisser en marge de la société de l’information une partie de la population
mondiale. Si ce processus réussit, nous pouvons envisager une réelle solidarité
mondiale, basée sur plus d’échanges et de compréhension, a-t-il ajouté. Enfin,
M. Samassekou a affirmé que la tenue de ce sommet marquait une nouvelle ère,
celle de la nécessité évidente d’une approche commune et globale des problèmes
de notre planète, et qu’elle marquait aussi, peut-être, le début d’une nouvelle
forme de rassemblement plus global et moins exclusif, destiné à remplacer les
Conférences des Nations Unies.
Débat général Mme TARJA HALONEN, Présidente de la Finlande, a déclaré que la
technologie de l’information est un outil qui doit être utilisé en plaçant
l’être humain au centre de nos préoccupations. Bien que la responsabilité de la
promotion de la société de l’information incombe à chaque gouvernement, cette
société ne pourra se construire que sur la base de valeurs communes au sein des
Nations Unies. Elle a déclaré que les droits de l’homme et la liberté
d’expression étaient la base d’une société de l'information dans laquelle les
gens doivent avoir la possibilité d’échanger et de diffuser des informations
sans restriction. Le message de ce sommet doit être clair: le monde a besoin de
solidarité pour mettre un terme aux inégalités. Il ne s’agit pas seulement de
combler le fossé numérique entre riches et pauvres, mais également celui entre
jeunes et personnes âgées ou encore entre ceux qui sont instruits et ceux qui
n’ont pas accès à l’éducation. Soulignant les succès de son pays en matière de
promotion d’une réelle société de l'information, elle a déclaré que chaque pays
doit construire ses propres succès à partir de ses spécificités, car il n’y a
pas de modèle préétabli et transposable.
La Présidente finlandaise a par ailleurs souligné que le développement de la
société de l'information était intimement lié au développement économique et
social. Si le rôle du gouvernement est de mettre en place un environnement
favorable à l’avènement d’une société de l'information, son développement
nécessite la participation des acteurs clés que sont le secteur privé, la
société civile et les individus dans leur ensemble. Parmi les efforts de
coopération de son pays, elle a souligné la mise en place d’un Prix biannuel par
lequel la Finlande récompense des contributions technologiques de portée
internationale, dans le domaine de la promotion du développement durable et de
la qualité de la vie.
M. ILHAM ALIYEV, Président de l’Azerbaïdjan, a déclaré qu’au
cours de la dernière décennie, les technologies de l’information et de la
communication sont devenues partie intégrante de la vie quotidienne qu’il est
désormais difficile de l’imaginer sans Internet ni courrier électronique. Il a
confirmé l’engagement de son pays en faveur de la promotion de la société de
l’information et a mis l’accent sur les réformes mises en œuvre en Azerbaïdjan,
qui ont entraîné un développement rapide et une démocratisation accrue de la
société.
M. Aliyev a par ailleurs souligné la contribution importante qu’apporte le
secteur privé au PIB de son pays. Les projets énergétiques les plus importants
du monde sont actuellement en œuvre en Azerbaïdjan, a-t-il souligné.
Aujourd’hui, le principal facteur entravant une coopération complète dans la
région réside dans l’occupation par l’Arménie de 20% du territoire
azerbaïdjanais, ce qui a provoqué l’exode d’un grand nombre de réfugiés. La
communauté internationale doit demander instamment à l’Arménie de retirer ses
troupes des territoires azerbaïdjanais occupés, a lancé M. Aliyev, soulignant
que l’objectif principal de son pays était de faire en sorte que les recettes
pétrolières contribuent au bien-être de tous les citoyens.
M. JOAQUIM ALBERTO CHISSANO, Président du Mozambique, s’est dit
convaincu que les technologies de l’information et de la communication (TIC)
étaient indispensables au développement économique et politique des pays en
développement, mais a affirmé que ces derniers ne seraient pas capables de
mettre en place seuls les infrastructures nécessaires et qu’ils auraient besoin
de plus de soutien de la part des pays développés. Faisant en outre valoir les
avancées de son pays dans le domaine des TIC, le Président du Mozambique a
affirmé que son pays a dépassé le dilemme qui consiste à choisir entre le
soutien aux TIC et le soutien à d’autres questions de développement car les TIC
jouent de toute façon un rôle essentiel dans toutes les questions de
développement.
Soulignant le rôle des TIC dans le cadre du Nouveau partenariat pour le
développement de l’Afrique (NEPAD) et de ses objectifs, il a affirmé que l’accès
à la société de l’information en Afrique était synonyme de société de la
connaissance. Cependant, pour que cette société puisse exister, il faudra faire
preuve de davantage de volonté politique ainsi que d’établir des partenariats
forts, notamment avec le secteur privé, a-t-il poursuivi, lançant un appel à
tous les partenaires de développement afin que l’Afrique puisse ouvrir un
nouveau chapitre dans sa coopération Nord-Sud et Sud-Sud. Enfin, le Président a
souligné combien les chants et les expressions culturelles de communication en
Afrique étaient un vecteur essentiel d’informations et a estimé que les TIC, en
s’alliant à ces modes de communication, feraient avancer la société de la
communication et de la connaissance.
M. ZAFARULLAH KHAN JAMALI, Premier Ministre du Pakistan, s’est
félicité des progrès remarquables qui ont été réalisés en matière de
technologies de la communication et de l’information (TIC). Cette évolution des
TIC a permis d’améliorer nos conditions de vies et le bien-être de nos
populations, a-t-il constaté avec satisfaction. Toutefois, il s’agit à présent
de réduire la fracture numérique, a-t-il précisé, affirmant qu’il appartenait au
Sommet d’aboutir aux mesures suivantes: la création d’une société de
l'information qui englobe tout le monde en offrant des opportunités égales;
l’élaboration de mécanismes qui permettent d’ouvrir les TIC aux couches les plus
démunies; l’aide au développement des infrastructures des pays en développement
et garantir la sécurité des systèmes d’information existant. Soulignant les
efforts de son pays dans ce domaine, le Premier ministre a précisé que le
Pakistan avait réservé une part importante de ses ressources limitées à la
promotion des TIC dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la gestion
publique.
M. JEAN-PIERRE RAFFARIN, Premier Ministre de la France, a
souligné que la société de l’information est porteuse d’immenses promesses. Ce
sommet marque la première étape d’un nécessaire dialogue international et d’une
construction commune, a-t-il ajouté. Les TIC représentent un formidable moyen de
mise en commun de nos patrimoines, de nos savoirs et de nos compétences, a
déclaré M. Raffarin. Il faut néanmoins veiller à ce que les bénéfices en soient
accessibles à tous et c’est pourquoi c’est une société de l’information pour
tous qu’il nous faut construire. Il convient en outre de donner un sens aux
nouvelles technologies, lesquelles doivent être mise au service d’un projet de
société. Les TIC doivent être placées au service des droits et des libertés et
constituer un vecteur de la démocratie en garantissant la liberté d’expression
tout comme le respect de la vie privée, a déclaré le Premier Ministre français.
La fracture numérique et le risque de marginalisation ne peuvent être
considérés comme une fatalité, a poursuivi M. Raffarin. Une action déterminée
doit trouver son relais au niveau des collectivités locales et il convient à cet
égard de saluer la tenue récente à Lyon d’un Sommet des Villes. Le Premier
Ministre français a en outre mis l’accent sur la nécessité de déterminer les
règles de la société mondiale de l’information. Pour la France, l’ONU est la
source majeure du droit international, a-t-il rappelé. Il nous incombe de
réfléchir d’ici à la deuxième phase du Sommet, qui se tiendra à Tunis en 2005, à
l’élaboration d’un code universel de la gouvernance numérique. Le souhait de la
France est que cette notion de gouvernance soit entendue au sens le plus large,
a précisé le Premier Ministre. Il a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité
de garantir la sécurité des réseaux et de se pencher sur le respect d’une
éthique universelle. La coopération internationale doit se renforcer en faveur
de la protection des mineurs et de la lutte contre la pornographie et la
pédophilie, a-t-il ajouté. Il faut parvenir à définir ensemble les principes qui
régiront la société de l’information, a conclu le Premier Ministre.
M. HOSNY MUBARAK, Président de l’Égypte, a affirmé que ce
sommet mettait en relief le rôle que devaient jouer les Nations Unies en
partenariat avec tous les acteurs du développement, notamment dans l’édification
d’une société moderne de l’information. Soulignant à cet égard le besoin de
canaliser les technologies de l’information et de la communication (TIC) afin de
réaliser les Objectifs de développement du Millénaire, il a insisté sur la
nécessité de combler rapidement le fossé numérique pour construire une société
moderne. Le Président égyptien a également estimé que les TIC ne devaient pas
seulement favoriser le développement de l’économie, mais aussi permettre de
renforcer les liens politiques, sociaux et culturels afin de mettre en place un
monde fondé sur les notions de paix, d’égalité et de respect du droit
international. En outre, il a affirmé que, pour renforcer le concept de
l’universalité de l’accès aux TIC, tous les peuples du monde devraient pouvoir
participer au développement des TIC, à leur conception et à leur utilisation, et
que le transfert de technologies et de savoirs à l’égard des pays en
développement était à cet égard indispensable.
Faisant par ailleurs valoir l’action de son pays pour promouvoir les TIC en
Égypte et plus largement en Afrique, M. Mubarak a rappelé que la Conférence
panarabe avait mis en avant la nécessité de jeter les bases solides d’une
société de l’information contemporaine et de réduire la fracture numérique. Il a
notamment insisté sur la nécessité d’augmenter la pénétration des services
Internet, notamment en mettant à disposition des pays en développement des
techniques nouvelles abordables, en prévoyant des applications électroniques qui
seraient à disposition des population en développement. Le Président égyptien a
également insisté sur la nécessité de mettre en place de nouveaux mécanismes de
financement pour combler le fossé numérique, et notamment des politiques de
rééchelonnement de la dette. Enfin, il a fait valoir les initiatives égyptiennes
dans ces domaines et notamment l’utilisation des TIC pour l’éducation, dans le
domaine sanitaire ainsi que pour accélérer le cybergouvernement. Il a également
fait part des initiatives de partenariats entre le gouvernement et le secteur
privé pour que toute la population puisse avoir accès à un ordinateur et aux TIC
en général. L’Égypte est parvenue à un réel niveau d’excellence dans le domaine
des TIC, a fait valoir M. Mubarak, appelant les partenaires du développement à
se mobiliser pour soutenir le développement dans ce domaine.
M. PEDRO PIRES, Président du Cap-Vert, a déclaré que la
technologie devait être vue comme un instrument au service de la croissance
économique et du développement humain, d’où la nécessité d’encourager le
transfert de technologies à des conditions avantageuses pour les pays en
développement. Il a déclaré préoccupante l’inégalité croissante dans les
domaines technologique et numérique et a estimé que la création d’une société de
l'information participative ne serait possible que si toutes les parties
concernées travaillaient de concert dans le sens de l’amélioration de l’accès
aux infrastructures de l’information et de la communication, du renforcement des
capacités humaines, de l’accroissement de la confiance et de la sécurité dans
l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC), et
surtout de la mise en place d’un environnement propice à leur développement.
Les pays comme le Cap-Vert ne pourront intégrer pleinement la société de
l'information que par le biais du renforcement de leurs capacités dans des
domaines comme l’éducation, la technologie, le savoir-faire et l’information, a
souligné M. Pires. Pour ce faire, les États africains attendent de la communauté
internationale le soutien indispensable à la mise en œuvre du Nouveau
partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) et de ses aspects liés à
la société de l'information. En ce qui concerne les risques dont sont porteuses
les TIC, des mesures et dispositions adéquates s’imposent afin de se prémunir
contre leur usage à des fins criminelles.
M. PAUL KAGAME, Président du Rwanda, a souligné que chacun a
pris conscience, en particulier en Afrique, que les technologies de
l’information (TIC) et de la communication constituent un outil indispensable
pour réaliser les Objectifs de développement du Millénaire. Pour les pays
africains, il ne doit pas être question d’opérer un choix entre les médicaments
antirétroviraux et le développement des TIC, a souligné M. Kagamé.
Le Rwanda, pour sa part, a été confronté à de nombreux problèmes dont
certains ont été hérités du génocide de 1994, a-t-il rappelé. Le Rwanda reste
néanmoins convaincu que les TIC lui permettront de transformer les défis actuels
en opportunités pour les générations futures, a-t-il déclaré. Les TIC recèlent
un énorme potentiel pour un pays comme le Rwanda qui ne dispose pas de littoral,
a insisté le Président rwandais. Il a par ailleurs fait part de sa
reconnaissance face à un certain nombre d’initiatives internationales, en
particulier celle de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA-ONU)
en faveur du Rwanda. Pour les Africains, les TIC sont un outil de développement
qui permettra de rapprocher les riches et les pauvres, a souligné M. Kagamé.
M. MOHAMMED KHATAMI, Président de la République islamique d’Iran,
a souligné que l’âge de l’information devait être celui du renforcement du
dialogue entre les civilisations. En outre, il a insisté sur le fait que la
société de l’information devait respecter la diversité culturelle et s’appuyer
sur elle, et qu’il était essentiel de respecter la participation de tous les
groupes culturels à la société. Le Président iranien s’est également dit
préoccupé par les inégalités persistantes en ce qui concerne l’accès aux
technologies de l’information et de la communication (TIC) dans le monde et a
jugé important de parvenir à la mise en œuvre de droits, à l’instar du droit au
développement, du droit à la communication, et du droit à l’information. Il a en
outre jugé indispensable de modifier la situation inéquitable et alarmante du
monde actuel qui veut que l’on se serve du flux d’information pour exercer la
force et imposer des points de vues unilatéraux.
Le Président iranien a souligné qu’il fallait veiller à ce que les
populations aient un accès sans discrimination à l’information et a jugé
nécessaire de promouvoir les droits des créateurs, des propriétaires et des
utilisateurs de matériaux couverts par la propriété intellectuelle et d’intérêt
public. Un accès libre et démocratique à l’information devrait être promu et
renforcé, a-t-il en outre ajouté, insistant sur la nécessité de faire prévaloir
un environnement international équilibré, fondé sur la communication et l’accès
équitable aux TIC.
M. AMADOU TOUMANI TOURÉ, Président du Mali, a rappelé que son
pays s’est engagé dès 1996 à promouvoir l’Internet en collaboration avec le
Canton de Genève. Cet engagement précoce du Mali lui a voulu d’accueillir la
Conférence de Bamako 2000 sur le thème « Internet : les passerelles du
développement ». Fort de cette expérience, le Mali a été choisi pour accueillir
la conférence régionale et présider le Groupe africain dans le cadre du Sommet.
Il a déclaré que l’Afrique avait la certitude que les nouvelles technologies de
l’information et de la communication pouvaient constituer un outil formidable de
développement dans les domaines de l’éducation, de la santé, du commerce, de
l’agriculture et de l’industrie. Plus que tout autre continent, a-t-il ajouté,
l’Afrique a besoin d’infrastructures, de contenus adaptés, de ressources
humaines, d’équipements informatiques et de télécommunications à un prix
abordable. Nous avons contribué à la constitution du patrimoine intellectuel de
l’humanité et nous réclamons à juste titre un accès libre à ce patrimoine
aujourd’hui numérisé, a-t-il déclaré.
M. Touré a estimé par ailleurs que l’humanité était à l’aube d’une révolution
sans précédent dans son histoire. Nous avons besoin pour y entrer de plein pied
d’un nouveau mécanisme d’organisation, de mise en oeuvre et de financement,
a-t-il déclaré en ajoutant que son pays avait pleinement adhéré à la proposition
du Président sénégalais, M. Abdoulaye Wade, de créer un Fonds de solidarité
numérique volontaire, destiné à financer les actions concrètes du Plan d’action.
Dans la société de l'information à bâtir, l’Afrique entend préserver son âme,
son identité et ses valeurs. La fracture numérique ne sépare pas seulement le
Nord et le Sud, a-t-il estimé, mais divise aussi les populations de nos propres
États, différencie les villes des campagnes et exclut les moins nantis. Le
Président du Mali a particulièrement salué l’initiative en faveur de
l’introduction de l’Internet à l’école lancée au Mali par l’Union internationale
des télécommunications (UIT) et la société Swisscom, partenariat qu’il a défini
comme indispensable pour résorber les inégalités numériques au sein de la
société malienne.
LETSIE III, Roi du Lesotho, a réaffirmé l’engagement de son
pays en faveur d’une société de l’information fondée sur l’éradication de la
pauvreté et de la faim et sur l’extension d’un développement économique et
social équilibré pour tous. Il a relevé, à cet égard, la persistance d’un fossé
numérique entre le Nord et le Sud. La société de l’information doit être
appréhendée comme une initiative mondiale, a-t-il souligné.
Élaborer des stratégies d’accès universel dans un environnement tel que celui
qui caractérise le Lesotho passe par le développement d’infrastructures de base,
a-t-il poursuivi. Les pays en développement ont de toute urgence besoin de
capacités pour adapter les logiciels informatiques aux caractéristiques locales,
a par ailleurs déclaré le Roi du Lesotho. À cet égard, la promotion de
l’utilisation de logiciels à code source ouvert s’avère essentielle, a-t-il
précisé. Il a lancé un appel aux délégations afin qu’elles adoptent le pacte de
solidarité numérique énoncé dans le projet de Plan d’action du Sommet.
Mme VAIRA VIKE-FREIBEGA, Présidente de la Lettonie, a souligné
que les fondations d’une société de l’information réussie dépendaient de la
liberté d’information et de communication dans le monde ainsi que de la bonne
gouvernance. L’information peut aussi être utilisée à mauvais escient pour
influencer les populations, a-t-elle poursuivi, c’est pourquoi il est
indispensable que les sociétés de l’information soient ouvertes et tolérantes.
Faisant valoir les progrès de son pays dans le domaine des technologies de
l’information et de la communication, et notamment la mise en place de points
d’accès publics à l’Internet ou l’existence de plusieurs «cyberactivités», elle
a jugé fondamental le rôle de l’ONU et des partenaires du développement afin de
réduire la fracture numérique. Il est essentiel de permettre aux plus démunis
d’avoir accès à la technologie et à ses innovations, même si elles sont toujours
de plus en plus coûteuses, a-t-elle ajouté, estimant que la société de
l’information devrait faciliter le dialogue et la coopération entre les cultures
du monde afin qu’elles se retrouvent sur les notions de développement durable.
Enfin, la Présidente lettone s’est félicitée de la participation de la société
civile et du secteur privé à ce sommet, se disant convaincue qu’elle permettrait
de se rapprocher des Objectifs de développement du Millénaire.
M. EL HADJ OMAR BONGO ONDIMBA, Président du Gabon, a défini le
Sommet mondial sur la société de l’information comme une occasion exceptionnelle
de jeter les bases d’une société de l'information plus juste et plus équitable.
Il a salué l’importance des technologies de la communication et de l’information
(TIC) par leurs capacités d’ouvrir de nouvelles perspectives en matière de
développement économique et durable. Il a précisé que l’accès à l’information
pour tous était une des priorités de la politique du Gabon, au même titre que
l’accès à l’eau potable.
Le Président gabonais a souligné en outre qu’il fallait veiller à ce que
l’Internet ne devienne pas un outil de déstabilisation, ni pour les consciences
ni pour les États. Il a également estimé que la fracture sociale de plus en plus
grande entre le Nord et le Sud impose de dépasser le stade des simples
intentions. C’est pourquoi il en a appelé au concept de « solidarité numérique
», en invitant les pays développés à apporter, avec conviction et engagement,
une contribution réelle aux pays en développement en matière de transfert des
technologies et de promotion des TIC.
M. ASKAR AKAEV, Président du Kirghizistan, a déclaré que la
réduction de la fracture numérique n’est pas, pour son pays, un objectif en soi
car il ne saurait être question de réduire cet écart tout en continuant à
prendre du retard.
Pour sa part, le Kirghizistan entend promouvoir sa propre approche de ces
questions en exploitant en particulier le haut niveau d’éducation dont bénéficie
le pays. Le Président Akaev a rappelé que son pays avait lancé le projet de «la
route de la soie virtuelle» qui a permis d’accroître le nombre d’utilisateurs de
l’Internet dans la région. Afin de surmonter le fossé numérique existant entre
les villes et les zones rurales, les points d’accès numériques ont été
multipliés, a par ailleurs fait valoir le Président Akaev. Le Kirghizistan se
trouve dans une région stratégique de l’Asie centrale et nourrit l’ambition de
devenir un centre régional pour les TIC, a conclu le Président.
M. GONTEBANYE MOGAE, Président du Botswana, a estimé que les
technologies de l’information et de la communication (TIC) avaient en elles le
potentiel de créer un ordre mondial plus équitable, mais que pour que cette
promesse se réalise, il fallait surmonter l’écart numérique actuel et, d’une
manière plus générale, le décalage entre peuples démunis et peuples riches. À
cet égard, il a jugé important que la diffusion des TIC dans le monde se fasse
selon des partenariats équitables. Appelant les pays développés à adopter une
nouvelle attitude à cet égard, il a également souligné la nécessité pour les
pays en développement de s’adapter et s’ouvrir aux TIC, notamment en revoyant
leurs priorités.
Faisant valoir l’importance d’investissements étrangers directs dans le
domaine des TIC pour les pays en développement, M. Mogae a appelé toutes les
parties concernées à appuyer les initiatives régionales relatives aux TIC, et
notamment celles entreprises dans le cadre du Nouveau partenariat pour le
développement de l'Afrique (NEPAD). Par ailleurs, M. Mogae a jugé indispensable
que les pays en développement soient impliqués dans la production et la
conception des TIC, insistant à cet égard sur l’importance du transfert de
compétences et de technologies vers les pays en développement. Il a d’autre part
souligné combien les TIC pouvaient devenir un véhicule de services efficace
auprès des populations rurales, et devenir ainsi un moyen d’atteindre les
Objectifs du développement du Millénaire. Enfin, le Président du Botswana a
annoncé que son pays accueillerait le deuxième forum mondial des TIC en
septembre 2005 et a invité les participants à y assister.
M. ROBERT MUGABE, Président du Zimbabwe, a présenté le Sommet
comme le point culminant d’une série d’exercices qui a pour objectif de placer
l’homme au centre des préoccupations de la communauté internationale en matière
de développement et de promotion d’une société de l'information juste et
équitable. Malgré les améliorations apportées par les technologies de
l’information et de la communication (TIC), le fossé se creuse entre le Nord des
riches et le Sud des pauvres alors que les peuples post-coloniaux comme le
Zimbabwe restent sous l’influence d’une minorité de Blancs. Le monde reste
divisé par des asymétries anciennes. Il a précisé qu’il était difficile de
promouvoir les TIC dans des villages africains où il n’y avait pas
d’électricité, où le villageois pauvre que l’on souhaite promouvoir au rang de
citoyen de l’information ne sait ni lire ni écrire. Et lorsqu’il sait lire, il
recherchera un morceau de pain ou de médicament avant de chercher un ordinateur,
a précisé le Président Mugabe.
«Pour nous, le commerce électronique suppose une économie juste qui permette
des échanges sans barrière», a poursuivi le M. Mugabe. Un Zimbabwe électronique,
a-t-il ajouté, suppose un Zimbabwe libre de toute ingérence, ce qui n’est pas
actuellement le cas. Il a par ailleurs dénoncé l’utilisation des TIC par
certains pays qui diffusent une propagande virulente dans le souci de
délégitimer la juste lutte du Zimbabwe contre les vestiges du colonialisme et a
jugé que les États-Unis et le Royaume-Uni utilisaient leur supériorité en
matière de TIC pour remettre en cause la souveraineté du Zimbabwe et détruire ce
pays en le divisant. Les TIC sont là non pour dominer, mais pour sauver les
populations qui en ont besoin, a-t-il affirmé. C’est pourquoi il a estimé
indispensable de contrôler ces technologies d’une façon collective.
M. OTMAR HASLER, Chef du Gouvernement du Liechtenstein, a
rappelé que l’industrie très développée que possède son pays ne saurait exister
sans les technologies de l’information et de la communication (TIC). Il a
souligné que la fracture numérique grandissante constituait une menace pour la
diversité culturelle, proposant que les TIC soient également utilisées aux fins
de la protection de la diversité culturelle et du patrimoine local. Le droit à
la liberté d’opinion et d’expression doit également figurer au premier rang de
nos préoccupations et de nos efforts, a souligné M. Hasler.
Mettant l’accent sur la nécessité de promouvoir la formation aux TIC, M.
Hasler a précisé que cette nécessité a été dûment prise en compte au
Liechtenstein afin de promouvoir une utilisation responsable de ces
technologies. L’autonomisation des groupes les plus désavantagés de la société
devrait constituer un autre objectif de la promotion des TIC au niveau
international, a également affirmé M. Hasler. La politique de coopération pour
le développement menée par le Liechtenstein cherche à valoriser les zones
rurales de même que l’instruction des femmes et des fillettes, a-t-il indiqué,
insistant sur l’importance que revêt une participation efficace du secteur privé
à la promotion de la société de l’information.
M. ÉMILE LAHOUD, Président du Liban, rappelant l’histoire de la
révolution industrielle propre aux pays privilégiés, a souligné que la
révolution des technologies de l’information et de la communication (TIC)
devrait offrir la possibilité aux pays en développement d’inverser le fossé qui
laisse dans ce domaine entre le Nord et le Sud. Cependant, si les lois du marché
et les excès du capitalisme se poursuivent, ce décalage entre les nantis et ceux
qui vivent avec moins d’un dollar par jour ne fera qu’empirer, s’est-il
inquiété. Il est clair que la situation actuelle, abandonnée à la seule loi du
marché, ne pourrait que s’aggraver.
Faisant valoir le haut niveau d’éducation de la population libanaise, le
Président libanais s’est félicité de sa réceptivité aux TIC, et a mis en avant
les progrès de son pays dans ce domaine. S’exprimant ensuite sur le conflit du
Moyen-Orient, il a affirmé que le retrait d’Israël des territoires occupés
permettrait de faire régner la paix et d’améliorer sensiblement la situation
économique de la région. Il a également fait part de son refus de permettre
l’implantation des Palestiniens au Liban, car ce processus liquiderait tout
espoir de paix durable au Moyen-Orient et déstabiliserait gravement l’équilibre
délicat du Liban. Enfin, s’agissant de la question iraquienne, il a souligné
l’importance pour la population de retrouver sa souveraineté.
M. OLUSSEGUN OBASANJO, Président du Nigéria, a rappelé que le
principal objectif de la société de l'information consiste à réduire la fracture
numérique. Il a toutefois estimé qu’il était difficile de promouvoir l’accès aux
technologies de l’information et de la communication (TIC) là où l’accès à
l’alimentation, au logement, à l’eau potable et aux médicaments reste un
dilemme. Malgré ses difficultés, le Nigéria a adopté une politique visant à
mettre en place un environnement national propice au développement des TIC. Le
pays a promulgué une loi nationale sur les télécommunications qui vise à
orienter les activités du secteur privé dans ce domaine, ce qui a débouché sur
la mise en place de nouveaux services dans le domaine des TIC, a indiqué le
Président. Ainsi, au cours des quatre dernières années, le Nigéria a vu le
nombre de téléphones fixes passer de 320 000 à 700 000, celui des téléphones
portables de 50 000 à 2,5 millions, alors que le Nigéria vient de mettre en
orbite en 2003 son premier satellite de télécommunication.
Pour faire face aux besoins des pays en développement, le Président Obasanjo
a formé le vœu d’un engagement renouvelé en faveur de la déclaration de principe
et de la mise en oeuvre du plan d’action. Il a appelé les pays développés à
soutenir la mise en place d’un Fonds mondial de solidarité numérique afin de
répondre aux besoins des pays en développement. Il faut faire en sorte que
chacun sorte gagnant de cette première phase du Sommet, afin que nous ayons de
nombreux exemples de succès à partager lors de la deuxième phase qui se tiendra
à Tunis en 2005, a conclu M. Obasanjo.
M. STJEPAN MESIC, Président de la Croatie, a rappelé que le
développement des technologies sans fil découlait de l’invention du premier
émetteur sans fil par le Croate Nikola Tesla, il y a un siècle. Ce n’est qu’en
investissant dans les ressources de l’information que les pays en développement
pourront rattraper les pays développés, a-t-il souligné.
À un moment où la technologie se développe plus vite que l’infrastructure
sociale, il convient de veiller à assurer une diffusion équitable des
technologies de l’information et de la communication, a poursuivi M. Mesic. Il a
par ailleurs attiré l’attention sur le fait que l’informatisation menace de plus
en plus le respect de la vie privée. Il convient donc de protéger à la fois la
vie privée et la propriété intellectuelle, d’un côté, et la liberté de
l’information et son accès universel, de l’autre, a-t-il préconisé. Les
gouvernements et la communauté internationale doivent faire en sorte que le
secteur public – qui n’est pas générateur de profits, ne soit pas laissé de côté
dans le contexte du développement de la société de l’information, a encore
souligné M. Mesic. Pour sa part, la Croatie entend faire en sorte que la société
de l’information devienne un phénomène universel, a-t-il conclu.
Donnant lecture d’un message adressé au Sommet par le Président Kibaki ,
M. MOODY AWORI, Vice-Président du Kenya, a souligné qu’il était
essentiel de se servir des ressources économiques existantes pour renforcer le
développement des économies en croissance. La fracture numérique actuelle est
essentiellement due à un manque de volonté politique, a-t-il poursuivi, appelant
tous les acteurs à agir pour que ne prévale pas une société de l’information
déséquilibrée. Le Président du Kenya a estimé par ailleurs qu’il fallait
particulièrement se préoccuper de ceux qui vivent dans des régions éloignées et
qui n’ont accès à aucune technologie de l’information et de la communication
(TIC), et a appelé les participants du Sommet à adopter une déclaration dans
laquelle ils s’engagent à réduire la fracture numérique. Faisant valoir les
initiatives de son pays en matière de TIC, et notamment les partenariats avec le
secteur privé, M. Kibaki a insisté, dans son message au Sommet, sur la nécessité
de faire preuve d’une volonté politique indispensable pour combler ce décalage.
M. PETR MARES, Vice-Premier Ministre de la République tchèque,
s’est félicité de ce que, pour la première fois dans l’histoire des Nations
Unies, la communauté internationale formule une approche coordonnée dans le
domaine des techniques. Illustrant les efforts de son pays dans ce domaine, il a
indiqué que la République tchèque avait mis en place, le 1er janvier dernier, un
ministère de l’informatique chargé de promouvoir une société de l'information.
Dans le souci de développer les compétences informatiques de la population, le
Gouvernement a également mis en place un programme national. S’agissant de la
coopération en direction des pays en développement, le Vice-Premier Ministre a
indiqué que son pays avait adressé un million de couronnes tchèques pour
promouvoir des centres Internet en Afrique. Il a souligné l’importance des
capitaux privés pour promouvoir les technologies de l’information et de la
communication (TIC) dans les pays en développement: s’il existe une
infrastructure conséquente en Europe, a-t-il expliqué, l’Afrique doit encore
faire face à des problèmes rudimentaires pour faire face à des questions liées à
la promotion des TIC. Par ailleurs, il a préconisé l’établissement d’une société
de l'information libre, ouverte et démocratique et souligné la nécessité de
respecter la liberté d’expression.
SHEIKH AHMED ABDULLAH AL-HAMED AL-SABAH, Ministre des
communications, de la planification et du développement administratif du Koweït,
a dénoncé la fracture numérique avant de rappeler les objectifs que sont
l’élimination de la pauvreté et de la faim ainsi que l’établissement de
partenariats internationaux dans différents domaines en rapport avec la société
de l’information. Les technologies de l’information et de la communication (TIC)
ont grandement changé la vie des individus, a souligné le Ministre. Il a mis
l’accent sur l’importance que revêtent, d’une part, la promotion des
infrastructures de base associées à la société de l’information et, de l’autre,
le développement des capacités de tous à participer à la société de
l’information. Pour sa part, le Koweït a lancé un projet de gouvernance
électronique ainsi que plusieurs projets de centres régionaux pour le
développement au bénéfice, en particulier, des personnes ayant des besoins
particuliers. Le Ministre a par ailleurs insisté sur la nécessité d’édifier une
société mondiale de l’information qui soit fondée sur le respect des libertés et
des droits de l’homme ainsi que sur la cohésion sociale. Il s’est dit préoccupé
de voir que l’écart numérique se creuse, y compris parfois à l’intérieur d’un
même pays. Abordant en outre la question de l’utilisation néfaste des TIC, il a
estimé qu’il faudrait envisager une convention internationale visant à lutter
contre les crimes qui sont commis sur Internet ou via Internet.
M. LEONID REIMAN, Ministre de la communication et de l’information
de la Fédération de Russie, a souligné que le progrès était aussi défini par
la rapidité de diffusion de l’information. Aujourd’hui, la communication réunit
et rapproche donc le monde, mais il ne faut pas pour autant ignorer
l’utilisation criminelle de techniques dans le cyberespace et les problèmes que
cette utilisation pose. Par ailleurs, le Ministre a fait valoir le « Programme
électronique » mis en place par la Russie pour assurer le développement de ses
technologies de l’information et de la communication (TIC) dans toutes les
sphères sociales, de l’éducation et de la politique. Il a également estimé que
l’accès des citoyens à ces informations ne devait pas dépendre du lieu où ils se
trouvaient ni de leur niveau de revenu, et a proposé de faire partager
l’expérience des spécialistes russes dans le domaine des TIC. La Russie poursuit
son travail sur toutes les problématiques de la société de l’information, en
étroite collaboration avec la Communauté des États indépendants, a-t-il indiqué,
jugeant essentiel que le processus de développement de la société de
l’information se fasse en étroite collaboration avec tous les acteurs, et
notamment ceux du secteur privé.
M. DEECHAND JEEHA, Ministre de la technologie de l’information et
des télécommunications de Maurice, a souligné l’urgence de réduire la
fracture numérique. Il s’agit, a-t-il ajouté, de rendre l’Internet accessible à
tous et partout dans le monde. Il a estimé que la promotion d’une société de
l'information passait par la promotion d’une connectivité gratuite pour tous et
a affirmé que l’objectif de la société de l'information ne serait pas atteint
tant que la fracture numérique n’aura pas été réduite. Affirmant que la
réalisation d’une société de l'information ne reposait pas uniquement sur des
questions d’ordre technologique, mais également sur des considérations d’ordre
humain, le Ministre a prôné l’établissement d’une société faite par les gens et
pour les gens.
Le Prince SAUD AL-FAISAL, Ministre des affaires étrangères de
l’Arabie saoudite, a déclaré que le monde connaît aujourd’hui une révolution
de l’information qui dépasse largement la révolution industrielle. Les
télécommunications et la technologie de l’information constituent des éléments
essentiels pour le développement des États et de leur potentiel économique,
social et culturel, ce qui a amené nombre de pays, dont le sien, à adopter des
plans d’action dans ce domaine, a poursuivi le Ministre. Il a toutefois déploré
l’aggravation de la fracture numérique dans le monde et a mis l’accent sur la
nécessité d’accorder à tous des chances égales en matière d’accès aux
technologies de l’information et de la communication. Le Ministre saoudien a par
ailleurs jugé nécessaire d’harmoniser la déclaration de principes et le plan
d’action du Sommet afin de les mettre en conformité avec la Charte des Nations
Unies. En outre, a-t-il indiqué ne doit pas y avoir d’incompatibilité entre la
législation nationale et ces deux documents. Il s’est également prononcé pour la
présentation de l’identité culturelle et de la diversité éducationnelle et
linguistique, tout comme pour le respect des traditions et des religions si l’on
veut que ces deux documents contribuent à la promotion du dialogue entre les
civilisations. Le Ministre s’est également déclaré favorable à ce que la gestion
de l’Internet soit confiée à un organe de réglementation qui soit soumis aux
règles du droit international, afin d’assurer une utilisation équitable et
transparente du réseau.
M. PAVLOV PROCOPOVIC, Ministre des transports, des postes et
télécommunications de la Slovaquie, a affirmé que le développement des
technologies de l’information et de la communication (TIC) était devenu le
catalyseur du développement économique, mais que tout le monde ne bénéficiait
pas de la même manière de l’accès aux TIC. Faisant part de sa vision de la
société de l’information, il a notamment insisté sur le fait qu’elle devait
respecter la diversité linguistique et culturelle, ainsi que la liberté
individuelle, et ne devait pas prêter aux abus. L’information et l’accès à
l’information jouent un rôle vital à bien des égards. Le Ministre a espéré que
la déclaration de principe du Sommet reflèterait une vision fondée sur un
développement des TIC à l’échelle mondiale et qu’elle serait soutenue
unanimement. Enfin, il a rappelé que les TIC devaient être un moyen, et non pas
un but, pour faire progresser l’égalité et la connaissance.
M. XUDONG WANG, Ministre de l’industrie de l’information de la
Chine, a souligné la contribution des technologies de l’information et de la
communication au développement économique et social de la Chine. Il a indiqué
que son pays comptait 500 millions d’abonnés au téléphone et 78 millions
d’utilisateurs de l’Internet. L’information est devenue un secteur de première
importance de l’industrie chinoise, a-t-il dit, estimant que la société de
l'information devait être centrée sur l’homme. Il a regretté les conséquences de
la fracture numérique et a invité la communauté internationale à faire face de
façon coordonnée à ce problème. Il a par ailleurs présenté la mise en place d’un
environnement propice au développement comme une condition incontournable à la
mise en place d’une société de l'information juste et équitable et a jugé
importante une participation active du secteur privé et de la société civile
dans les activités visant à réduire la fracture numérique. Le Ministre a estimé
indispensable que la liberté d’expression soit garantie et la dignité humaine,
les spécificités sociales et culturelles préservées et a exhorté la communauté
internationale à tout mettre en œuvre pour développer l’accès à Internet.
M. LUCIO STANCA, Ministre de l’innovation et des technologies de
l’Italie, a déclaré que l’Union européenne, actuellement présidée par
l’Italie, est convaincue que les possibilités offertes par les TIC doivent être
mises à la disposition de tous dans tous les pays du monde. Parmi les défis
qu’il reste à relever dans le contexte de la société de l’information, figure
celui qui consiste à identifier un ensemble de règles et de valeurs communes sur
lesquelles fonder le développement à venir de la société de l’information,
a-t-il précisé. À cet égard, l’Union européenne croit fermement que les valeurs
fondamentales fondées sur les droits de l’homme et les libertés fondamentales
constituent la pierre angulaire de la société de l’information pour tous, a-t-il
indiqué. La liberté d’accès à l’information, la liberté de communication et de
participation, ainsi que les principes de transparence et de bonne gouvernance
sont les fondements de la société de l’information, a insisté le Ministre
italien. L’accès à l’information et la protection de la vie privée constituent
également des aspects essentiels d’une société de l’information participative,
a-t-il souligné. C’est pourquoi l’Union européenne a insisté, tout au long du
processus préparatoire à ce sommet, sur le caractère vital de ces principes et
de ces droits. À cet égard, M. Stanca a indiqué que l’Union européenne est
satisfaite de la manière dont ces valeurs ont été clairement, et sans aucune
équivoque, exprimées dans le projet de déclaration de principes qui sera adopté
à l’issue de ce sommet.
M. ERKKI LIIKANEN, Commissaire européen chargé des entreprises et
de la société de l’information, a rappelé que la société de l’information
devait être fondée sur le respect des droits de l’homme, sur la liberté d’accès
à l’information et sur l’autonomisation qu’apporte l’Internet aux plus
défavorisés. Par ailleurs, il a affirmé qu’en tant que donateur important,
l’Europe respectait ses engagements dans les partenariats au développement, et
qu’elle attachait une grande importance au développement du gouvernement
électronique, de la santé électronique ou de l’éducation électronique, qui
peuvent vraiment apporter des bénéfices aux populations. À cet égard, il a
souligné que le secteur privé et la société civile étaient des partenaires
essentiels dans la réduction de la fracture numérique. De même, les mécanismes
bilatéraux et multilatéraux sont un outil essentiel pour permettre au plus grand
nombre d’accéder au monde de la cybernétique, qui est doté d’un immense
potentiel pour tous, a fait valoir le Commissaire européen.
Mme TORILD SKOGSHOLM, Ministre des transports et des communications
de la Norvège, a rappelé que la technique a toujours été le moteur du
changement. Elle a salué le consensus que représentent la déclaration de
principe et le plan d’action et a défini ce sommet comme l’occasion unique de
mettre au point une vision et une compréhension communes de la société de
l’information. Elle a estimé que cette société doit être fondée sur une vision
commune des droits de l’homme et de la liberté d’expression et apporter sa
contribution au développement durable. Les technologies de l’information et de
la communication (TIC), a-t-elle ajouté, ne sont pas des objectifs en soit, mais
des moyens d’atteindre nos objectifs de développement. Mme Skogsholm s’est
néanmoins dite préoccupée par le problème de la criminalité électronique,
invitant la société de l'information à promouvoir la diversité linguistique et
culturelle. Les États et les gouvernements, a-t-elle insisté, ont la
responsabilité et le devoir de promouvoir cette diversité. La Norvège, a-t-elle
précisé, encourage le développement de stratégies nationales de promotion des
TIC.
M. TÓMAS INGI OLRICH, Ministre de l’éducation, de la science et de
la culture de l’Islande, a rappelé que l’invention de l’écriture a ouvert
une nouvelle ère de l’humanité et a fait observer qu’au fil du temps, les
langues ont eu tendance à perdre de leur raffinement. Désormais, a-t-il dit,
nous sommes exposés à un flux d’informations non limité par la géographie et il
est nécessaire de voir, dans un tel contexte, comment préserver la qualité au
royaume de la quantité. La diversité culturelle ne peut pas être protégée ; elle
ne peut être que promue ou cultivée, a souligné le Ministre islandais. Du point
de vue de la diversité culturelle, nous sommes tous des pays en développement et
il faut aujourd’hui faire en sorte que la société de l’information renforce
plutôt qu’affaiblisse cette diversité, a-t-il insisté.
M. GEORGE PAPANDREOU, Ministre des affaires étrangères de la Grèce,
rappelant que Sommet avait lieu peu de temps après une période de remise en
cause des mécanismes multilatéraux, a réaffirmé son soutien aux approches
multilatérales pour faire face aux problèmes régionaux et internationaux tels
que la sécurité mondiale, la prospérité et l’égalité ou, justement, la fracture
numérique. À cet égard, il a souligné que si les utilisateurs de l’Internet sont
plus de 550 millions, ils ne représentent que 6% de la population mondiale, et
que ce manque d’accès à l’information se traduit souvent par un déni de la
participation au processus démocratique. La société de l’information touche tous
les aspects de notre vie, a-t-il poursuivi, jugeant essentiel que les
technologies de l’information et de la communication (TIC) participent au
renforcement de la démocratie directe. Prenant exemple de la réussite du vote
électronique initié par son pays lorsqu’il était à la tête de l’Union
européenne, M. Papandreou a estimé que la société de l’information devait servir
à ouvrir le monde à une nouvelle forme de participation aux enjeux politiques.
Mais cet immense potentiel que représentent les TIC doit profiter à tous, et il
est essentiel à ce titre de combler rapidement le fossé numérique, a-t-il
conclu.
M. ORLANDO JORGE MERA, Ministre, Président de l’Institut des
télécommunications de la République dominicaine, a déclaré qu’il fallait
tout mettre en œuvre afin d’éviter que les technologies de l’information et de
la communication (TIC) deviennent des instruments qui creusent des écarts entre
le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres, entre ceux qui y ont accès
et ceux qui ne l’ont pas. Il a précisé que la République dominicaine a entamé
l’édification d’une politique de promotion des TIC, politique qui repose sur le
pilier des savoirs partagés. Il a souligné la nécessité d’une infrastructure de
base permettant la divulgation et l’échange des savoirs comportant des
informations sur les réalités locales et a souligné le rôle des TIC dans le
respect de la diversité linguistique et culturelle. Il a indiqué qu’une
commission nationale de la société de l'information qui se compose de
représentants du gouvernement, du secteur privée et de la société civile vient
d’être créée avec comme objectif de mettre les TIC au service de tous. Il faut
que l’on comprenne, a-t-il conclu, que la mise en place de la société de
l'information est une occasion unique de promouvoir la démocratie et renforcer
la bonne gouvernance.
M. BACHIR AL-MOUNAJED, Ministre des communications et des
technologies de la Syrie, a déclaré que l’expérience a démontré le rôle que
peuvent jouer les technologies de l’information et de la communication (TIC)
dans le développement économique et social des pays, en particulier dans les
pays en développement qui peuvent, grâce à elles, surmonter nombre d’obstacles
structurels. Il a rappelé que les États arabes sont fiers que la Tunisie soit
l’hôte de la deuxième phase du Sommet en 2005. M. Al-Mounajed a par ailleurs
fait part de l’adoption par la Syrie d’une stratégie nationale d’utilisation des
TIC aux fins de la promotion du développement. Au nombre des questions qui
revêtent une importance particulière pour les pays arabes, a-t-il précisé,
figurent l’élimination des obstacles à l’accès aux TIC, les droits de propriété
intellectuelle devant notamment être affirmés d’une manière qui n’entrave pas
l’accès des pays pauvres aux TIC; l’encouragement de la diversité linguistique;
ainsi que la participation de tous les pays à la gestion de l’Internet, en
particulier pour ce qui est de l’attribution des noms, afin d’assurer une
meilleure répartition des ressources liées au réseau.
M. OLEH YATSENKO, Ministre de la communication et de l’information
de l’Ukraine, a souligné que chaque pays avait des spécificités en ce qui
concerne la société de l’information mais que, dans le même temps, il était
essentiel d’établir une vision globale. Faisant valoir les initiatives de son
pays destinées à surmonter l’écart numérique, il a déploré que le marché du
logiciel soit souvent trop cher pour les pays en développement et a jugé
important que soient davantage développés les logiciels à code source ouvert. En
outre, M. Yatsenko a jugé indispensable de prendre en compte la question du
cyberterrorisme et de le combattre activement. Enfin, il a appelé la communauté
internationale à se mobiliser et à faire preuve de volonté pour réduire au plus
vite la fracture numérique.
M. DO TRUNG TA, Ministre des postes et de la télématique du Viet
Nam, a déclaré que les technologies de l’information et de la communication
(TIC) permettent aux pays en développement de dynamiser leur croissance
économique et de combler le fossé numérique. Malheureusement, tous les pays
n’ont pas pu profiter de ces opportunités de la même façon et certains ont vu se
creuser le fossé non seulement avec le Nord mais également entre différents
groupes au sein de leur société. Il s’est inquiété de l’utilisation des TIC à
des fins terroristes et criminelles en général. Le Viet Nam considère les TIC
comme une partie fondamentale de la stratégie du développement et un facteur clé
de l’éradication de la pauvreté et de la faim. Le Viet Nam encourage en outre la
promotion de ces technologies auprès de toutes les couches de la société, ainsi
que le développement de logiciels en se focalisant sur le développement des
ressources humaines. Le Ministre vietnamien a indiqué que son pays avait mis en
place des centres communautaires dans 7 000 villages où les villageois peuvent
trouver toutes les informations dont ils ont besoin. Enfin, il a indiqué que
plus d’un million d’étudiants vietnamiens avaient aujourd’hui accès à Internet.
Le Cheikh ABDULLA BIN MOHAMMED BIN SAOUD AL-THANI, Ministre, Chef
du Diwan Amiri et Président de la Société des télécommunications du Qatar, a
souligné que son pays accorde depuis un certain temps une attention particulière
aux technologies de l’information et de la communication (TIC) qu’il a
rapidement considérées comme un élément fondamental du développement. Dans ce
contexte, les autorités qatari ont misé sur le développement des ressources
humaines, a-t-il précisé. Le Cheikh a indiqué que le Qatar a supprimé la censure
et encouragé la liberté d’expression et d’opinion, la Constitution ayant été
amendée en conséquence. Il a en outre mis l’accent sur l’importance qu’il y a,
pour les pays en développement, à acquérir des technologies, d’où l’importance
cruciale que revêt la question des droits de propriété intellectuelle. Il
convient également d’assurer le respect de la diversité culturelle et
linguistique, a poursuivi le Ministre. Il a par ailleurs attiré l’attention sur
la nécessité, pour les forces d’occupation israéliennes, d’assurer la protection
du patrimoine culturel des populations qui vivent dans le territoire qu’elles
contrôlent.
M. BRANKO DOKIC, Ministre de la communication et des transports de
Bosnie-Herzégovine, s’est dit convaincu que les documents qui seront
adoptées par le Sommet faciliteraient la réduction de la fracture numérique.
Faisant part des initiatives de son pays pour favoriser les technologies de
l’information et de la communication (TIC) rapidement, il s’est dit convaincu
que ces TIC rapprocheraient les régions, et permettraient à son pays de prendre
sa place au sein de l’Union européenne. Mais, sans une infrastructure adéquate,
il serait impossible pour notre population d’accéder aux TIC, a cependant
souligné M. Dokic, rappelant que seuls 25% de la population avaient aujourd’hui
accès au téléphone. C’est pourquoi il a jugé indispensable que tous les
partenaires du développement, notamment le secteur privé et la société civile,
soutiennent un développement équitable de l’infrastructure des TIC, aussi bien
en zone urbaine que rurale, et permettent à toutes les couches de la population
d’accéder à une formation à l’informatique.
M. JUAN COSTA CLIMENT, Ministre des sciences et de la technologie
de l’Espagne, a souhaité que ce sommet soit l’occasion de promouvoir une
société de l'information qui soit un moteur dynamique de développement,
conformément aux Objectifs de développement du Millénaire. Cette société, a-t-il
ajouté, doit se construire dans un souci de liberté, d’égalité et de justice. Il
est indispensable à son avis que la communauté internationale, notamment les
Nations Unies, puisse avoir un rôle bien défini dans le cadre de la construction
future de la société de l'information. Il a formé le vœu que tous les
gouvernements défendent la liberté d’expression
comme pièce maîtresse de la société de l'information, affirmant qu’il mette
en place un environnement favorisant la confiance mutuelle et permettant de
lutter contre les activités illégales. Il a souhaité la mise sur pied d’une
étude qui permette de déceler les meilleurs moyens de mettre en œuvre la
contribution de la communauté internationale à la promotion de la société de
l'information. M. Costa Climent a aussi réaffirmé toute l’importance qu’accorde
l’Espagne à la diversité culturelle dans la construction de la société de
l'information, afin que toutes les langues puissent servir de ciment entre les
peuples du monde.
M. NABIL BEN ABDALLAH, Ministre des communications du Maroc, a
déclaré que la société de l’information doit être fondée sur le droit
inaliénable de l’individu à l’information. Il s’est dit confiant quant aux
divergences qu’il faudra aplanir afin de parvenir à une véritable société
mondiale de la communication et de l’information, caractérisée par l’esprit de
la démocratie et par la diversité culturelle et linguistique. Atteindre cet
objectif passe incontestablement par l’adoption et la mise en œuvre d’un pacte
de solidarité numérique, a déclaré le Ministre. Il a rappelé que son pays n’a
pas hésité à introduire des changements structurels qui ont abouti à la
libéralisation du secteur des communications. Cette orientation stratégique a
permis de mettre en place un plan national d’action qui vise notamment à
promouvoir la modernisation numérique du pays. Cette année, a ajouté le
Ministre, plusieurs textes juridiques ont été adoptés au Maroc afin de mettre un
terme au monopole qu’exerçait l’État dans le secteur audiovisuel, ce qui atteste
une fois de plus de la voie démocratique qu’a choisie le pays. Le Ministre
marocain a déclaré que le présent Sommet devait fournir l’occasion de mettre en
œuvre un plan d’action ciblé fondé sur le principe de la solidarité entre tous
les pays.
Rappelant que l’on célébrait aujourd’hui l’anniversaire de la Déclaration des
droits de l’homme, M. SAMUEL PINHEIRO GUIMARAES NETO, Ministre par
intérim des relations étrangères du Brésil, a souligné les liens étroits
entre la société de l’information et des droits de l’homme. La société de
l’information doit être plus juste, plus prospère, et fondée sur la
connaissance, a-t-il poursuivi, jugeant fondamental un accès libre aux
technologies de l’information et de la communication (TIC) à toutes les couches
de la population et à toutes les communautés. Le Ministre brésilien a également
jugé essentiel de faire en sorte que les populations les plus défavorisées
puissent bénéficier de logiciels à code source ouvert. De même, il a estimé très
important que les pays en développement puissent participer activement à la
gestion des TIC, et non pas seulement les recevoir passivement, et a réaffirmé
l’attachement de son pays à l’existence d’une gouvernance mondiale démocratique,
notamment en ce qui concerne les TIC. Enfin, le Ministre brésilien a fait état
de la situation de son pays dans le domaine des TIC, affirmant qu’il n’était pas
encore au niveau des plus avancés, mais qu’il évoluait rapidement.
M. HERNÁN ESCUDERO, Chef de la délégation de l’Équateur, s’est
félicité de la tenue de ce sommet, qu’il a qualifié de jalon pour permettre à la
communauté internationale d’avancer de façon coordonnée vers la concrétisation
d’une société de l'information mettant les technologies de l’information et de
la communication (TIC) au service du plus grand nombre. L’Équateur estime que
son développement économique et social est étroitement lié à la réalisation des
Objectifs du Millénaire. Il a estimé indispensable, dans le souci de réduire la
fracture numérique, d’abaisser le coût d’accès aux télécommunications, mais
aussi de rendre accessible ces technologies dans les différentes langues. Il a
aussi souligné la nécessité de tenir compte de l’équité sociale et de mettre les
TIC au service du développement durable. Précisant que la mise à disposition
durant 10 ans de connexions téléphoniques et Internet de 600 millions de foyer
des pays en développement coûterait de 80 à 100 milliards de dollars, soit 11%
des dépenses militaires mondiales. Si l’on consacrait l’équivalent de 1,3% du
service de la dette à la recherche scientifique et au développement, on pourrait
dégager un milliard de dollars, a dit le représentant équatorien, précisant que
son pays avait créé une commission nationale de la connectivité dans le souci de
renforcer l’accès et l’utilisation des TIC.
M. JOSÉ MARÍA FIGUERES-OLSEN, Président du Groupe d’études des
Nations Unies sur les technologies de l’information et de la communication (TIC),
a estimé que jamais l’humanité n’avait attendu une réunion avec plus d’intérêt
que celle-ci, chacun étant conscient de l’importance des enjeux. L’économie
nouvellement créée du fait de la diffusion des TIC suscite certes de nouvelles
possibilités d’emploi mais elle appelle également chacun à développer son propre
esprit d’entreprise, a-t-il dit. Il a mis l’accent sur la nécessité de renforcer
au niveau national les coalitions pour le déploiement des TIC ainsi que sur
l’importance que revêt la coopération internationale aux fins de la promotion
universelle de ces technologies. Les organisations internationales, pour leur
part, doivent renforcer les capacités des organes réglementaires existants dans
le monde, a conclu M. Figueres-Olsen.
M. LYNNE MUTHONI WANYEKI, Directeur exécutif du réseau de
développement et de communication pour les femmes africaines (FEMNET), a
insisté sur l’importance de la liberté d’expression et, plus largement, de ce
que le monde des technologies de l’information et de la communication (TIC)
appelle aujourd’hui le «droit de communiquer», qui prend aussi en compte le
droit d’avoir accès aux outils de communication, et reconnaît notamment le fait
que les spectres de fréquences représentent une ressource appartenant à tous et
qui doit être réglementée au niveau national. Par ailleurs, Mme Wanyeki a
déploré que le processus de privatisation des TIC en Afrique n’ait pas laissé
d’accès aux radios communautaires et n’ait pas non plus attribué une place
équitable aux femmes. Enfin, elle a appelé tous les acteurs a soutenir les
initiatives qui favorisent la participation des femmes, à reconnaître et à
protéger l’aspect culturel des médias et des TIC, à protéger et à soutenir le
développement des programmes publics et communautaires, à favoriser la diffusion
de logiciels à code source ouverts, ainsi qu’à soutenir financièrement l’accès
de tous les sexes aux télécommunications et aux TIC.
Mme BRIGITA SCHMOEGNEROVA, Secrétaire exécutive de la Commission
économique des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU), a présenté la
contribution de son organisation à la promotion des technologies de
l’information et de la communication (TIC) au niveau régional. Elle a précisé
que les interrelations se développent en matière de promotion des TIC entre les
pays européens développés et ceux qui sont en transition. Parmi les
contributions de cette organisation à la promotion d’une société de
l’information mondiale, elle a notamment insisté sur la collaboration entre la
CEE-ONU et le Gouvernement de la Roumanie, qui s’est traduite par la tenue en
novembre 2002 d’une conférence régionale. Elle a abouti à l’adoption d’une
déclaration jetant les bases de principes fondamentaux et de priorités
stratégiques pour le développement d’économies fondées sur les connaissances et
comblant le fossé numérique.
M. SHU-KHUN LIN, Fondateur de Molecular Diversity Preservation
International, a souligné que les logiciels à code source ouvert constituent
une opportunité réelle pour combler le fossé numérique. Il a par ailleurs attiré
l’attention des participants sur l’arrestation dont a été victime, à quelque
cinquante kilomètres du village dont il est originaire, en Chine, un homme qui
avait diffusé des textes sur l’Internet. M. Shu-Khun Lin a nourri l’espoir que
la Chine devienne un pays démocratique afin qu’elle puisse bénéficier pleinement
de la société de l’information.
M. VITTORIO COLAO, membre du comité directeur de Vodafone, a
fait valoir les activités de son entreprise en faveur du développement et a
souligné qu’elle représentait une très importante part du marché dans les pays
en développement. Vodafone contribue ainsi à réduire le fossé numérique dans le
monde, a-t-il ajouté, soulignant que les initiatives des entreprises comme la
sienne dans le monde en développement dépendaient très largement l’environnement
créé par les gouvernements pour favoriser les investissements.
M. K. Y AMOAKO, Secrétaire exécutif de la Commission économique des
Nations Unies pour l’Afrique (CEA), s’est inquiété de la fragilité des
progrès réalisés en Afrique en matière d’accès aux technologies de l’information
et de la communication (TIC). Il a insisté sur la nécessité d’accorder une aide
particulière aux groupes les plus défavorisés comme les femmes, les jeunes, les
ruraux et les handicapés. Présentant la contribution de cette organisation à la
promotion de TIC, il a notamment indiqué que la CEA a mis en place des plans de
communication et des initiatives visant à promouvoir la société de l'information
sur le continent africain. Pour la mise en œuvre des composantes TIC, a-t-il
ajouté, nous appuyons les pays africains dans leur recherche de débouchés
commerciaux.
Mme TITILAYO AKINSANMI, Co-Fondatrice de Paradigm Initiative
Nigeria, du réseau TakingIT Global, s’est réjouie que les jeunes aient
été associés au processus préparatoire du Sommet mondial sur la société de
l’information et que certains gouvernements comme le Brésil aient intégré des
jeunes dans leur délégation. Il convient en effet de tirer pleinement parti des
technologies de l’information et de la communication pour renforcer le rôle des
jeunes dans la société, a-t-elle souligné. Il faut espérer que les différents
acteurs de la société civile, notamment les jeunes, ne vont pas disparaître peu
à peu du processus associé à ce sommet, a-t-elle par ailleurs ajouté.
M. JEAN-PHILIPPE COURTOIS, Directeur de Microsoft Corporation,
s’est félicité de ce que, dans le cadre du Sommet mondial sur la société de
l’information, le secteur privé et la société civile aient été autorisés à
participer pour la première fois à des réunions dont ils sont généralement
exclus. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) sont un
outil déterminant pour aider les peuples à réaliser leurs potentiels, notamment
en ce qui concerne l’éducation, la connaissance et l’information, a-t-il
affirmé, jugeant essentiel d’accorder toute l’attention nécessaire aux besoins
des groupes marginalisés dans ce domaine. Par ailleurs, M. Courtois a estimé que
la protection intellectuelle était indispensable pour favoriser les
investissements du secteur privé et a souligné l’importance des collaborations
publiques/privées en faveur de la mission de paix et de développement, par le
biais de l’« inclusion numérique ». M. Courtois a enfin fait part de
l’engagement de Microsoft dans la formation aux TIC dans de nombreux pays du
monde, afin que chacun puisse avoir la possibilité de réaliser son potentiel
grâce aux TIC.
M. EDOUARDO DORYAN, Représentant spécial de la Banque mondiale,
a déclaré que le Sommet mondial sur la société de l’information constitue une
étape visant à surmonter les déséquilibres mondiaux actuels. Pendant les 25 ans
à venir 1,5 milliard de personnes viendront s’ajouter à la population mondiale
actuelle, la plupart dans les pays en développement. D’ici 2015, il y aura 3
milliards de personnes de moins de 25 ans, dont la plupart pourrait connaître le
chômage, la faim ou d’autres privations. C’est pourquoi il est urgent de
réfléchir de façon créative à la façon d’utiliser les technologies de
l’information et de la communication (TIC) pour rééquilibrer le monde. M. Dorian
a déclaré que la solidarité numérique passe par un engagement mondial. Il a
présenté les activités de la Banque mondiale pour la promotion des TIC et du
renforcement des capacités dans les pays en développement. La Banque mondiale
prête 20 milliards de dollars par an et a appuie la promotion des TIC auprès
d’une centaine de pays. La Banque mondiale offre entre 500 et 600 projets
d’apprentissage par an, ce qui lui permet d’avoir accès à plus de 48 000
personnes.
M. AYISI MAKATIANI, Fondateur de Africa Online, a
présenté son entreprise, le plus grand fournisseur de services Internet
d’Afrique, qui a été créé il y a une quinzaine d’années par des étudiants. Les
entreprises sont disposées à contribuer au développement des technologies de
l’information et de la communication (TIC), y compris en Afrique, a-t-il
souligné. Il a formulé le souhait que les pays africains adoptent une approche
coordonnée des politiques relatives aux TIC, en particulier pour ce qui est des
questions relatives à la propriété intellectuelle, à l’accès aux TIC et à
l’éducation. Il faudrait que les gouvernements commencent à numériser un certain
nombre de services publics, a poursuivi M. Makatiani. L’effet d’une telle
numérisation pourrait se répercuter sur d’autres secteurs de l’économie, a-t-il
souligné. Il convient d’attirer des investissements ciblés et de faire en sorte
que les organisations internationales et toute autre partie prenante ayant une
influence sur les gouvernements encouragent ceux-ci à considérer les TIC comme
un outil moteur pour l’ensemble de l’économie, a ajouté le Fondateur d’Africa
Online.
M. AD DE RAAD, Coordinateur exécutif des Volontaires des Nations
Unies (VNU), a affirmé que le volontarisme représentait souvent le premier
pas de l’action collective. Ainsi, l’Internet est issu d’une initiative de
volontariat, et est né d’un effort public et d’une action fondée sur la
réciprocité, a-t-il souligné. Le renforcement de la participation des
volontaires est donc essentiel, a poursuivi M. de Raad, estimant qu’Internet
permettait de renforcer, sans pour autant remplacer, le réseau de connections
hors ligne qui existe depuis longtemps. En outre, il a fait remarquer que le
volontarisme en ligne avait créé des opportunités, particulièrement pour ceux
qui avaient été exclus d’autres actions de volontariat. Cependant, il a déploré
que la fracture numérique laisse encore une partie de la population mondiale au
bord de la route.
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