Les radioamateurs
Dr Larry Price, IARU
UIT/J.M. Ferré |
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Larry Price, Président de l’International Amateur Radio Union — IARU (Union
internationale des radioamateurs)
Une communauté mondiale
La carrière de milliers de professionnels du secteur
des télécommunications remonte à leur découverte de l’univers des ondes
radioélectriques, à leurs premiers pas dans le monde des radioamateurs. Beaucoup
ont conservé cette passion pour la radio, devenue leur hobby et leur métier. Le
service de radioamateur et le service de radioamateur par satellite qui en
dérive (connus sous la dénomination générale de «services d’amateur») présentent
une caractéristique unique: ils sont définis dans le Règlement des
radiocommunications comme étant ouverts à des personnes s’intéressant à la
technique de la radioélectricité «à titre uniquement personnel et sans intérêt
pécuniaire».
Les normes techniques et d’exploitation applicables aux services d’amateur
sont aussi strictes que celles qui visent les autres services de
radiocommunication. Au total, environ trois millions de personnes, réparties
dans la quasi-totalité des pays du monde et représentant toutes les classes
d’âge ont fait preuve de leur qualification et obtenu des administrations dont
elles dépendent une licence de radioamateur. Elles constituent ce que l’on
appelle la communauté mondiale des radioamateurs. Elles ont créé des clubs de
radioamateurs à l’échelle locale, et, à l’échelle nationale, des centres de
formation technique dont la mission est d’améliorer la compréhension des
technologies de télécommunication et d’étendre à tous les avantages des
radiocommunications.
Participation aux activités de l’UIT
A l’UIT, la communauté des radioamateurs est représentée par l’International
Amateur Radio Union — IARU (Union internationale des radioamateurs),
fédération mondiale des sociétés nationales de 159 pays et territoires. L’IARU
est Membre actif du Secteur des radiocommunications (UIT–R) et du Secteur du
développement des télécommunications (UIT–D) de l’UIT, et participe
régulièrement aux conférences mondiales des radiocommunications (CMR).
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Un intérêt radioamateur précoce peut
déboucher sur une carrière passionnante et aboutir, dans le cas de
Joseph H. Taylor Jr., au Prix Nobel 1993 de physique pour la
découverte des pulsars binaires
David Sumner |
L’«instruction individuelle, l’intercommunication et les études techniques»
qui constituent l’objet des services d’amateur sont rendues possibles par
l’accès au spectre radioélectrique, c’est-à-dire par les attributions de bandes
de fréquences. Dans toutes les conférences mondiales des radiocommunications,
l’objectif principal de la communauté des radioamateurs est précisément de
préserver cet accès au spectre.
A l’heure actuelle, les attributions faites au service d’amateur commencent
au voisinage de 1,8 MHz (dans le cas du service d’amateur par satellite, à 7
MHz) et se retrouvent tout au long du «Tableau d’attribution des bandes de
fréquences» du Règlement des radiocommunications jusqu’à 250 GHz. L’organisation
de l’utilisation de ces bandes repose sur une combinaison de réglementations
nationales, établies par les administrations des télécommunications, et
l’autogestion de la communauté des radioamateurs elle-même.
David Sumner, Secrétaire de l’IARU relève que «les règles s’appliquant
spécifiquement au service d’amateur et au service d’amateur par satellite
(Article 25) ont été revues et modifiées à l’occasion de la CMR-03, où l’accent
a été mis sur l’utilisation des stations d’amateur dans les communications de
secours en cas de catastrophe, à la faveur de laquelle la vieille règle faisant
obligation aux opérateurs amateurs utilisant des fréquences situées au-dessous
de 30 MHz de prouver qu’ils maîtrisaient le code Morse a été supprimée. Suite à
ces modifications, depuis 2003, le nombre des stations d’amateur capables de
fonctionner au-dessous de 30 MHz a fortement augmenté».
Points à l’ordre du jour de la CMR-07
La plupart des points à l’ordre du jour de la CMR-07 n’ont certes aucune
conséquence directe sur le service d’amateur et le service d’amateur par
satellite, mais quatre questions présentent pourtant un intérêt particulier pour
les radioamateurs:
Harmonisation des attributions de fréquences
Caractéristique normale pour tout service de radiocommunication de portée
mondiale, la plupart des fréquences attribuées au service d’amateur le sont à
titre mondial, avec un petit nombre de variations régionales. Certains renvois
par pays prévoient d’autres attributions ou des attributions additionnelles dans
certaines de ces bandes de fréquences. La communauté des radioamateurs recherche
une meilleure harmonisation des attributions additionnelles, surtout par la voie
de la réduction ou la suppression des renvois par pays qui limitent la
disponibilité des bandes attribuées à titre international aux radioamateurs.
Maintien et extension des attributions
La CMR-07 réexaminera les attributions faites à tous les services dans les
bandes d’ondes décamétriques entre 4 et 10 MHz, à l’exception de certaines
bandes. A l’heure actuelle, la seule attribution faite au service d’amateur dans
cette gamme de fréquences se situe à 7 MHz. La CMR-03 a étendu l’attribution
faite au service d’amateur dans les Régions 1 (Afrique et Europe) et 3 (Asie et
Australasie), soit 7 000–7 100 kHz, la portant à 7 000–7 200 kHz avec effet en
mars 2009, et maintenu l’attribution 7 000–7 300 kHz dans la Région 2
(Amériques). La bande 7 000–7 200 kHz ne sera pas considérée à la CMR-07.
Le service radioamateur offre aux jeunes des possibilités d’acquérir une
expérience pratique des technologies des télécommunications, à l’instar des deux
jeunes Finlandais ci-dessus Fanny Winstén (à gauche) et Cecilia Ekholm (à
droite)Mari Makio |
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Pour répondre à un besoin existant depuis fort longtemps mais partiellement
satisfait seulement à la CMR-03, le service d’amateur souhaite maintenir son
attribution de 7 200–7 300 kHz dans la Région 2 et l’étendre aux Régions 1 et 3,
comme indiqué dans le Rapport de la réunion de préparation à la Conférence (RPC)
pour la CMR-07.
Avec seulement une bande de fréquences attribuée entre 4 et 10 MHz, les
stations du service d’amateur ne disposent pas de la souplesse des autres
services fonctionnant en ondes décamétriques lorsqu’il s’agit d’adapter la
fréquence d’exploitation en fonction des variations des conditions de
propagation. Pour améliorer la fiabilité des communications à toute heure du
jour et de la nuit et pour faciliter le rôle que joue le service d’amateur dans
les opérations de secours en cas de catastrophe et les efforts déployés pour en
atténuer les effets, une attribution mondiale de 150 kHz à titre secondaire est
recherchée juste au-dessus de 5 MHz, comme cela est proposé dans le Rapport de
la RPC à la CMR-07.
Attribution à titre secondaire dans les bandes d’ondes kilométriques
Question plus simple, la Conférence devra envisager une attribution à titre
secondaire au service d’amateur dans la bande de fréquences 135,7–137,8 kHz. A
l’heure actuelle, le service d’amateur n’a aucune attribution de fréquences
au-dessous d’environ 1,8 MHz. Le rendement des antennes utilisées dans la
pratique limite l'efficacité des communications à de telles fréquences, mais les
traitements numériques permettent aujourd'hui de récupérer des signaux très
faibles qui, auparavant, auraient été occultés par le bruit atmosphérique.
Ainsi, les amateurs disposent d'un nouveau créneau pour procéder à des études
techniques dans le domaine des basses fréquences.
Plus de 20 administrations ont autorisé des personnes privées, pour ainsi
dire toutes détentrices d'une licence de radioamateur, à procéder à des essais
d'émission et de réception sur diverses fréquences du domaine 73–200 kHz. Une
décision de la Conférence européenne des administrations des postes et des
télécommunications (CEPT) relative à l'utilisation de la bande 135,7–137,8 kHz
par le service d'amateur a été mise en application par 15 administrations
d'Europe. Une attribution internationale permettra d'harmoniser ces arrangements
nationaux, et une attribution à titre secondaire assurera la protection des
services bénéficiant d'attributions à titre primaire.
Propositions pour la CMR-11
La communauté des radioamateurs souhaite que l'on envisage d'inclure dans
l'ordre du jour de la CMR-11 les éléments suivants:
- une attribution au service d'amateur dans le domaine 50–54 MHz dans la
Région 1, afin d'harmoniser cette attribution dans les trois Régions;
- attribution de la bande 495–510 kHz au service d'amateur à titre
secondaire ou primaire, afin de mettre au point des systèmes à ondes de sol
fiables pour les secours en cas de catastrophes et de disposer de fréquences
pour des expériences de traitement numérique des signaux;
- maintien de l’accès des amateurs à certains domaines de fréquences
régulièrement espacés, au-dessus de 275 GHz, dans le cadre des attributions
aux autres services et de la protection de ces services (une possibilité
consisterait à ménager pour les services d’amateur des bandes spécifiques
relativement étroites attribuées à titre primaire et adjacentes à des bandes
plus larges attribuées à titre secondaire);
- dans tout examen des attributions dans les ondes décamétriques, envisager
l’expansion des bandes du service d’amateur au voisinage de 10, 14 et 18
MHz, pour une meilleure adaptation à la croissance des activités.
Comme à l’accoutumée, plusieurs observateurs représenteront l’IARU à la CMR-07.
Pendant la conférence, les membres de l’équipe de l’IARU répondront
volontiers aux questions et demandes d’information sur les services d’amateurs
qui pourront être formulées.
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