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Premiers à adopter les réseaux NGN
La mise en œuvre des réseaux de prochaine génération (next-generation
networks, NGN), utilisant le protocole Internet (IP) pour acheminer des
services téléphoniques fixes, sans fil et mobiles, des images, des données et
des programmes de télévision, devrait ouvrir le champ des possibilités offertes
aux consommateurs.
L’UIT définit un réseau de prochaine génération
(NGN) comme un réseau en mode paquet qui est en mesure d’assurer des
services de télécommunication et d’utiliser de multiples technologies de
transport à large bande à qualité de service imposée et dans lequel les
fonctions liées aux services sont indépendantes des technologies
sous-jacentes liées au transport. |
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Bien que l’UIT ait défini les réseaux NGN (voir encadré), les avis continuent
de diverger entre les opérateurs et les constructeurs qui, ayant entamé le
processus de mise en œuvre ou de migration, diffèrent en ce qui concerne la
définition même ou la compréhension qu’ils en ont. En République de Corée, Korea
Telecom parle ainsi de réseau de convergence large bande (Broadband convergence
Network, BcN) et projette d’établir un réseau fondé entièrement sur le protocole
IP d’ici à 2012; Telekom Austria tend vers le même objectif, mais à l’horizon
2009. Au Canada, Telus et Bell Canada ont eux aussi annoncé leur intention de
mettre en œuvre des réseaux NGN, tout comme Sprint et Qwest aux Etats-Unis et
Telecom Italia. Quant à l’opérateur japonais NTT, il construit actuellement un
réseau NGN et élabore des services large bande ubiquitaires.
BT met en service un réseau NGN
Au Royaume-Uni, BT a dénommé son réseau NGN le Réseau du XXIe
siècle. C’est en novembre 2006 qu’ont été transférées les premières lignes, les
premiers abonnés habitant Wick, village situé près de Cardiff au Pays de Galles;
à la fin de l’été 2007, quelque 350 000 ménages devraient être venus grossir les
rangs des premiers utilisateurs dans cette zone d’implantation. BT procédera
ensuite à une évaluation avant de passer (dès le début de 2008) à la phase
nationale de raccordement de tous les abonnés restants dans la totalité du
Royaume-Uni, soit quelque 30 millions de lignes qui seront prises en charge par
un peu plus de 5500 centraux téléphoniques. Il existe un forum où régulièrement
ont lieu des consultations avec tous les autres opérateurs du pays, qui peuvent
ainsi être précisément informés des projets de BT, qui peut de son côté tenir
compte de leurs observations.
«Il
n’est pas rare qu’une grande idée naisse d’une pensée toute simple», a indiqué
le responsable des ventes en gros de BT, Paul Reynolds, à ITU TELECOM WORLD
2006, concernant le premier NGN mis en service par son entreprise. «Ainsi, le
programme du Réseau du XXIe siècle de BT est parti d’une idée toute
simple: et si BT changeait sa façon de procéder, éliminait les coûts, supprimait
la complexité et simplifiait la vie de ses abonnés?»
Selon les indications de BT, le nouveau réseau fournira des services
téléphoniques, de transmission de données, large bande et multimédias, plus vite
et moins cher qu’avant. Par exemple, les services large bande seront de la
nouvelle génération et permettront des vitesses de 24 Mbit/s, trois fois plus
élevées que celles qui sont actuellement à la disposition de la plupart des
usagers du Royaume-Uni. Le coût du passage de BT à ce réseau tout IP est estimé
à quelque 10 milliards de livres.
Le projet d’infrastructure
nationale d’Infocomm de prochaine génération (NG NII) de Singapour,
annoncé en février 2006, devrait déboucher sur les futures «superautoroutes
numériques» du pays. S’appuyant sur un réseau large bande à fibre,
appelé réseau national large bande de prochaine génération (abrégé en
Next Gen NBN), il devrait permettre de desservir tous les domiciles,
bureaux et écoles au débit de 1 Gbit/s et, avec le concours d’un réseau
large bande sans fil (WBN), autoriser une «omniconnectivité». |
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L’importance d’une solide politique du large bande
L’évolution des réseaux NGN peut différer entre pays développés et pays en
développement à cause de différences d’accès et de capacités financières,
problèmes auxquels continuent d’être confrontés les derniers nommés. La mise en
œuvre de réseaux NGN devrait aller bon train dans les pays disposant d’une
solide politique du large bande ou dans lesquels ce service est déjà bien
implanté; dans ces pays, qui sont pour la plupart des pays développés, la
demande de services novateurs, haut de gamme, de la part des consommateurs n’a
pour seule limite que la capacité en largeur de bande disponible.
Toutefois, des pays comme l’Inde, le Pakistan et la Malaisie ont adopté des
mesures favorables au large bande, ce qui en fait des candidats idéaux pour un
passage aux réseaux NGN.
Ce que veulent les usagers
Les modalités de règlement des services obtenus ne sont pas sans influence
sur la demande de réseaux NGN. Les consommateurs veulent en effet des systèmes
de facturation qui soient plus simples et qui prennent en compte tous les
services qu’ils reçoivent par le réseau; ils veulent aussi des services plus
personnalisés et de meilleure qualité. La demande est alimentée également par
l’augmentation des communications transfrontalières, de la part des particuliers
comme des entreprises, d’où la nécessité de services téléphoniques et de
services de transmission de données sécurisés, hautement performants et
largement disponibles.
Les entreprises souhaitent en plus déjà disposer de réseaux privés virtuels (VPN),
dont l’atout principal est la souplesse; demain elles demanderont
vraisemblablement des services novateurs et des réseaux intelligents, dont les
capacités de sécurité et de stockage permettront une meilleure intégration des
systèmes de réseautage et d’information.
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On prévoit que dans le futur les réseaux d’accès offriront
communément aux usagers jusqu’à 100 Mbit/s de largeur de bande et aux
entreprises des débits de transmission de l’ordre du gigaoctet, valeurs
nécessaires pour la fourniture de services multimédias, comme
l’Internet, la télévision et la téléphonie fixe ou mobile large bande.
Il faut savoir qu’actuellement la largeur de bande proposée varie de
24 Mbit/s en France à 100 Mbit/s et plus dans des pays comme le Japon,
la République de Corée, Hong Kong (Chine) et Singapour (dont l’objectif
est de 1 Gbit/s). |
Les opérateurs parlent d’économies et d’efficacité
Une des raisons qui incite les opérateurs à passer aux réseaux NGN est la
concurrence croissante à laquelle ils ont à faire face sur les marchés tant
anciens que nouvellement libéralisés; la baisse des recettes qu’ils tirent des
communications téléphoniques (et la multiplicité des réseaux pouvant les
acheminer par la technologie du VoIP) amène les opérateurs à opter pour une
architecture fondée entièrement sur le protocole IP (voir l’article
L’avenir de la téléphonie).
Les opérateurs traditionnels de lignes fixes ont en général été les premiers
à s’implanter sur le marché de l’accès à l’Internet large bande utilisant la
technologie des lignes d’abonné numériques (DSL), mais aujourd’hui ils doivent
faire face à la concurrence des opérateurs mobiles, des nouveaux fournisseurs de
services VoIP ou des opérateurs de systèmes sans fil ainsi que des réseaux de
télévision par câble qui sont eux aussi à même maintenant d’offrir des services
IP bidirectionnels.
En Roumanie, par exemple, face à la concurrence des opérateurs de télévision
par câble, l’opérateur historique a dû moderniser son réseau et décider de
passer aux réseaux NGN. Anticipant sur son adhésion à l’Union européenne à
compter du 1er janvier 2007, la Roumanie a adopté en 2002 une loi
comprenant un dispositif d’autorisation générale; le cadre réglementaire qui en
découle encourage la concurrence dans le domaine de l’infrastructure, avec les
opérateurs de télévision par câble offrant des services à la fois téléphoniques,
Internet et de télévision pour l’équivalent de 9 EUR par mois.
Du fait de la convergence et de cette concurrence accrue, les opérateurs
traditionnels ont été amenés à investir dans une infrastructure de base commune,
fondée sur IP. Ces investissements conduiront à terme à des économies, par suite
d’une réduction des coûts de fonctionnement des différents réseaux, mais aussi
grâce à une augmentation du nombre de produits offerts et donc (éventuellement)
du nombre d’abonnés. Des gains d’efficacité peuvent également être escomptés au
niveau de l’exploitation.
Un seul et même but: réduire la fracture numérique
Malgré les progrès spectaculaires réalisés par de nombreux pays en
développement, en particulier grâce à la téléphonie mobile, d’importantes
disparités demeurent dans la fourniture des services Internet et des services
large bande; par exemple, la plupart des pays africains ne disposent pas encore
de services Internet à grande vitesse, même si quelques-uns, comme le Maroc,
offrent des services large bande jusqu’à 20 Mbit/s et même si Sonatel, au
Sénégal, propose d’ores et déjà un triple service groupant la téléphonie,
l’accès à l’Internet et la télévision: la plupart des opérateurs mobiles
s’appuient sur des réseaux de la seconde génération (2G), dont certains sont
transformés en réseaux 2,5G, voire en réseau GPRS (service général de
radiocommunication en mode paquet). Il n’en reste pas moins que pour la plupart
des nations en développement, les services large bande mobiles comme le GPRS ou
les systèmes 3G ne sont pas une réalité.
Nokia |
Désignée
pour accueillir l’édition 2010 de la Coupe du monde de football, la
République sudafricaine profite des progrès accomplis dans les domaines
de la 3G et du numérique pour mettre en place une infrastructure qui
permettra aux téléphones mobiles adaptés de recevoir des émissions de
télévision mobile, alors que les visiteurs venus du monde entier
pourront utiliser des services multimédias mobiles pour envoyer
photographies et séquences filmées des grands moments vécus dans les
stades sudafricains. |
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Les fournisseurs de services des pays en développement n’ignorent pas que les
réseaux NGN peuvent être une source d’économie, et aussi de gains d’efficacité;
au Brésil, en Inde et au Viet Nam, par exemple, des projets de passage à des
réseaux NGN de base ont été ainsi annoncés. Des projets de desserte par la fibre
optique (jusqu’au domicile des abonnés, jusqu’au concentrateur ou jusqu’au
central) sont en cours d’élaboration dans des pays comme le Bangladesh, le
Brésil, le Pakistan et le Viet Nam en vue d’un passage ultérieur aux réseaux NGN,
bien qu’ils se limitent principalement aux zones fortement peuplées, à fort
revenu.
Les innovations technologiques qui sont un des avantages qu’offre le passage
aux réseaux NGN, telles que la Wi-Fi ou l’accès sans fil large bande (BWA),
changent déjà la façon dont l’accès universel est étendu aux zones rurales et
excentrées dans les pays tant développés qu’en développement. En Mongolie, par
exemple, les zones rurales se voient attribuer, à titre gracieux, des bandes de
fréquences pour la WiMAX et la Wi-Fi afin que l’accès à l’Internet y soit
amélioré.
L’Autorité de réglementation des télécommunications en Inde a recommandé
l’adoption de mesures pour libérer le spectre dans les bandes 5,1 GHz et 5,3 GHz
et pour affecter des bandes de fréquences supplémentaires, qui ne sont pas
beaucoup utilisées, à la mise sur pied de réseaux BWA.
La République dominicaine, qui a déjà lancé des services 3G, prévoit de
recourir bientôt à la WiMAX: ses opérateurs les plus à la pointe utilisent des
commutateurs logiciels, tandis que d’autres continuent d’offrir des services à
commutation de circuits, plusieurs chemins pouvant mener aux réseaux NGN. Pour
les pays en développement il y a néanmoins certains avantages à passer aux
réseaux NGN: par rapport à leurs homologues des pays développés, les
fournisseurs de services utilisent en effet dans leurs réseaux de base moins de
systèmes intermédiaires (par exemple, RNIS, IP, MTA, FR et autres SHD), ce qui
leur permet de faire un «saut qualitatif» et de passer directement à des
systèmes tout IP. Le déploiement et la pénétration limités des réseaux en cuivre
peuvent également favoriser, avec la forte baisse des coûts de la fibre, la
réalisation de projets de modernisation radicale et, étant donné l’absence dans
certains pays en développement de toute réglementation compliquée en matière
d’accès, les obstacles réglementaires à surmonter y sont moins nombreux.
Sources:
Document de travail du GSR sur la présentation générale des réseaux
NGN, Tracy Cohen, Conseillère, Autorité indépendante des
télécommunications d’Afrique du Sud (ICASA).
Document de travail du GSR sur l’environnement propice aux réseaux NGN,
Janet Hernández, Premier Vice-Président, Telecommunications Management
Group, Inc., Etats-Unis d’Amérique.
Rapport du Président, 7e Colloque mondial des régulateurs (GSR)
de l’UIT. Tous ces documents sont disponibles à:
www.itu.int/ITU-D/treg/Events/Seminars/GSR/GSR07/agenda-documents.html |
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