Le point sur le VoIP
Partout dans le monde, des services VoIP sont proposés par des opérateurs de
téléphonie locale ou grande distance, des câblo-opérateurs, des fournisseurs de
services Internet, des fournisseurs indépendants et des opérateurs mobiles. Le
VoIP connaît une forte croissance du nombre de ses abonnés et des recettes qu’il
engendre.
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Le VoIP (voice over Internet protocol, téléphonie au moyen du protocole
Internet) comprend en gros:
- la téléphonie par le large bande (voice over broadband, VoB);
- la téléphonie par lignes d’abonné numériques (digital subscriber line, DSL);
- la téléphonie sur Internet (VoI);
- la téléphonie sur les réseaux locaux sans fil (WLAN);
- la téléphonie Internet.
Toutes ces technologies supposent la numérisation, la conversion et la
compression de signaux vocaux en paquets de données, qui sont transmis sur un
réseau IP, avant d’être réassemblés et reconvertis du côté du destinataire en
signaux vocaux.
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Pourquoi le VoIP gagne du terrain
Principaux facteurs expliquant l’essor du VoIP:
Pour les entreprises:
- La sécurité à moindre coût:
pour les utilisateurs institutionnels et
les entreprises, un réseau privé peut signifier une réduction des coûts
ainsi qu’une plus grande sécurité et fiabilité, sans aucune perte sensible
de la qualité de service.
Pour les consommateurs:
- La baisse des prix et une tarification simplifiée:
l’explosion du
nombre d’entreprises, telles que Skype et Vonage, démontre le pouvoir qu’a
la demande des consommateurs de favoriser la croissance du VoIP; la
tarification groupée et la pratique de forfaits peuvent à leurs yeux
présenter un intérêt certain dans un monde multimédia de plus en plus
complexe.
Pour les fournisseurs de services:
- Coûts d’investissements, dépenses d’immobilisation et frais
d’exploitation moindres:
ces baisses sont rendues possibles par
l’innovation, les économies d’échelle, une réduction de la largeur de bande
nécessaire à l’expédition des messages vocaux et par l’offre de services nés
de la convergence sur un seul et même réseau.
Implantation sur de nouveaux marchés: les réseaux IP permettent de
fournir des services de téléphonie, d’accès à l’Internet et bien d’autres
encore; la position dominante des opérateurs historiques peut en sortir
renforcée, mais le VoIP peut aussi être proposé par des entreprises qui se
spécialisaient auparavant dans le contenu, par exemple. Le VoIP réduit par
ailleurs les obstacles à l’entrée sur de nouveaux marchés géographiques. Les
recettes tirées du VoIP pourraient compenser un certain manque à gagner dans
la téléphonie traditionnelle, et permettraient à des opérateurs de
s’implanter sur le marché du large bande qui est en progression.
Plus d’innovations: il est relativement simple d’ajouter des supports
pour les communications basées sur le protocole IP. Des services nouveaux
peuvent ainsi être fournis sur un réseau IP né de la convergence, et
certains de ces services peuvent venir s’ajouter via des interfaces aux
équipements du RTPC existants.
De nouveaux modèles commerciaux: le VoIP offre la possibilité
d’adopter de nouvelles pratiques commerciales, comme les forfaits, ou de
court-circuiter le système traditionnel des taxes de répartition.
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Cisco |
Les obstacles au VoIP
Sur certains marchés, toutefois, le VoIP semble ne pas donner toute sa mesure
et se heurter aux obstacles suivants:
- Problèmes de qualité de service et de fiabilité:
les services
téléphoniques, vidéo et de transmission de données à grande vitesse ont des
exigences différentes, de sorte que les produits groupés posent des
problèmes différents aux réseaux en termes de qualité de service. La
capacité d’un réseau de continuer à fonctionner en dépit de coupures
d’électricité est un problème propre aux pays en développement. En termes de
sécurité, les renseignements concernant l’appelant qui sont disponibles sur
le VoIP sont limités.
Résistance des opérateurs historiques: les opérateurs ayant pignon
sur rue peuvent voir dans le VoIP une menace pour les recettes qu’ils tirent
de leurs réseaux, en particulier dans les pays où le marché est
monopolistique, ou peu développé.
Incertitude réglementaire: des opérateurs soutiennent que, pour
pouvoir investir lourdement dans les réseaux large bande nécessaires au VoIP,
ils doivent disposer d’un cadre réglementaire clair et prévisible, qui leur
garantira un retour sur investissement.
Réglementations spécifiques: certains pays élaborent une
réglementation pour le VoIP (par exemple, obligations des appels d’urgence)
qui risque de compliquer la tâche des nouveaux venus sur le marché qui
voudraient proposer des services VoIP.
Figure 1 — Estimation des abonnés au VoIP; nombre total et proportion de
lignes principales dans le monde, 2005–2011 |
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Source: iDATE. |
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Perspectives du marché
Les estimations de la taille du marché total du VoIP varient considérablement,
en partie en raison de problèmes de définition, mais aussi à cause des
différentes technologies utilisées. S’il est difficile de quantifier le nombre
d’abonnés au VoIP ou les minutes de trafic, car ces données concernent
l’ensemble des services basés IP, une chose est cependant claire: le marché du
VoIP croît rapidement dans le monde entier en termes d’abonnés, de recettes et
de trafic.
Abonnés au VoIP
Compte non tenu des communications passées entre ordinateurs, on estime que
le nombre d’abonnés dans le monde aux services VoIP était, à la fin de 2005, de
l’ordre de 25 millions, selon l’institut de recherche français iDATE; ce nombre
a dépassé les 47 millions à la fin de 2006 et devrait continuer d’augmenter
jusqu’à atteindre quelque 250 millions d’ici à la fin de 2011 (voir la Figure
1).
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Figure 2 — Répartition des abonnés au VoIP dans le monde, mars 2005 |
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Source: Point Topic. |
Marché le plus important pour le VoIP, le Japon représentait à lui seul
quelque 60% du nombre total d’abonnés en mars 2005, selon la société d’analyse
anglaise du large bande Point Topic (voir la Figure 2). Une forte croissance a
été enregistrée en France, où selon l’Autorité de régulation des communications
électroniques et des postes (ARSEP) le nombre d’abonnés au VoIP s’élevait à 1,5
million en mars 2005. Au Royaume-Uni, le régulateur, l’Ofcom, a estimé à plus de
1,8 million le nombre de ménages abonnés au VoIP en mars 2006, dont environ 1,35
million (soit 75%) utilisaient les services tels que Skype et Vonage.
L’augmentation de la part de marché occupée par les services VoIP fondés sur les
communications entre ordinateurs est également enregistrée aux Etats-Unis, où le
VoIP représente l’essentiel des nouveaux abonnés.
Trafic et recettes du VoIP
Le trafic téléphonique acheminé par l’Internet n’est en rien différent de la
plupart des autres types de transmission de données, de sorte qu’il est
difficile d’en évaluer le volume. Néanmoins, des estimations ont été réalisées
pour quantifier la part totale du trafic téléphonique acheminé dans le monde
entier par les réseaux IP; elles montrent une forte tendance à la hausse.
Selon Point Topic, les recettes tirées des services de téléphonie IP sont
passées de 833 millions USD en 2004 à 1,834 milliard en 2005, soit une hausse de
89%, et selon la société d’analyse américaine Telegeography les recettes tirées
du VoIP atteindront les 5 milliards USD d’ici à 2010. D’autres estimations vont
beaucoup plus loin: selon Juniper Research, Royaume-Uni, les recettes tirées des
services VoIP dans le seul secteur des entreprises atteindront 18 milliards USD
d’ici à 2010, les recettes dérivées de l’activité VoIP représentant quant à
elles 7,6 milliards USD.
Réponses réglementaires
Face à cette forte croissance du marché du VoIP, les réponses réglementaires
peuvent être classées selon les pays où:
Le VoIP a été déclaré illégal, souvent pour protéger les recettes de
l’opérateur historique (et donc de l’Etat, lorsque l’opérateur historique est
une entreprise publique); il s’agit ici souvent de pays en développement.
- Il n'y a pas de réglementation, souvent pour une durée limitée, afin que le
régulateur puisse prendre une décision concernant le VoIP, en principe au terme
de consultations publiques.
- Le VoIP n’est pas réglementé, par suite d’une décision politique.
- Le VoIP est soumis à la même réglementation (ou presque) que le RTPC, ou bien
certaines formes du VoIP sont soumises à certaines, voire à la totalité des
dispositions applicables au RTPC, suivant la technologie utilisée (d’où
l’importance des définitions);
- Il existe une réglementation propre au VoIP, prévoyant notamment
l’attribution de licences d’exploitation.
Un certain nombre de pays doivent encore approuver formellement un cadre de
réglementation du VoIP; c’est le cas en particulier de ceux qui ont organisé des
consultations publiques officielles et de ceux dont le cadre est encore «à
l’examen».
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Dans certains pays, il existe un «marché gris» des services VoIP qui sont
ainsi fournis illicitement, de sorte que les opérateurs officiels essuient
d’importantes pertes de recettes (voir l’article
La téléphonie dans les pays en développement). Au Pakistan, par
exemple, ce trafic gris coûte, selon l’autorité des télécommunications,
50 millions USD chaque année, l’importance de ce marché étant tout à fait
similaire dans des pays africains: l’opérateur nigérian Nitel, par
exemple, a estimé qu’avant la réduction qu’il a appliquée en 2004 au prix des
communications internationales, 90% de ces dernières relevaient du marché gris.
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