MISE À JOUR DES INDICATEURS DES TÉLÉCOMMUNICATIONS DE L 'UIT


LE CYBERESPACE EN CHIFFRES

A l’aube du nouveau millénaire, tous les pays ou presque sont connectés à l’Internet. En 1988, ils n’étaient que sept à être raccordés au réseau dorsal Internet de la National Science Foundation des Etats-Unis mais, une décennie plus tard, ils étaient 200 et, en 1997, la plupart des pays avaient déjà une connexion Internet. Aujourd’hui, ils en reste moins d’une demi-douzaine à ne pas être connectés, principalement pour des raisons politiques. La magie de l’Internet est telle que dès la première connexion, aussi lente soit-elle, on a accès à toutes les richesses du réseau. On constate, par ailleurs, que les premiers à s’être connectés gardent le bénéfice de leur décision précoce: parmi les sept pays à s’être connectés les premiers à l’«Internet américain» (c’est-à-dire le Canada, le Danemark, la Finlande, la France, l’Islande, la Norvège et la Suède), six figurent actuellement parmi les dix premiers pays (Top 10) pour ce qui est du taux de pénétration de l’Internet, la France étant l’exception.

L’Internet se présente comme un maillage d’ordinateurs qui sont en permanence interconnectés, auxquels s’ajoutent des connexions temporaires que les utilisateurs créent lorsqu’ils entrent dans le système. Au début de 2001, on dénombrait plus de 100 millions d’ordinateurs interconnectés, ou ordinateurs hôtes dans la terminologie des réseaux; ils constituent le système nerveux central de l’Internet et ce sont eux qui lui donnent vie en assurant l’acheminement du trafic, l’échange des courriers électroniques et la fourniture des informations. Le taux de croissance des ordinateurs hôtes a fortement baissé en 2000, cette évolution reflétant peut-être le fléchissement de la nouvelle économie, l’«économie.com». Les suffixes les plus courants, «.com» et «.net», représentent respectivement 33 millions et 23 millions d’ordinateurs, soit 60% du nombre total des ordinateurs hôtes. Le pays comptant le plus d’ordinateurs hôtes est le Japon (.jp) où on en dénombrait 3,4 millions en juillet 2000, quant à celui qui a, rapporté au nombre de ses habitants, le plus d’ordinateurs centraux, utilisant son code pays, c’est Niue (.nu), petite île du Pacifique, qui compte en effet près de cinq ordinateurs hôtes par habitant, même s’ils sont peu nombreux à être installés sur son territoire même.

Un serveur Web est une sorte particulière d’ordinateur hôte, qui fournit des informations dans le fameux format World Wide Web qu’utilisent les navigateurs (browsers) comme Explorer ou Netscape. Leur croissance a été spectaculaire, passant de 75 000 à la fin de 1995 à plus de 25 millions à la fin de 2000, année pendant laquelle elle a été de 158%, taux le plus élevé depuis 1998. Les serveurs Web représentent maintenant près de 25% de tous les ordinateurs hôtes Internet. Les serveurs Web utilisant le suffixe très recherché «.com» sont au nombre de 15 millions et représentent 57% du total. Le pays dont le nom de domaine est utilisé en suffixe par le plus grand nombre de serveurs Web (1,7 million de serveurs, soit 7% du total) est le Royaume-Uni (.uk) et les sites Web les plus populaires sont ceux de Yahoo!, portail Internet qu’ont visité quelque 90 millions d’utilisateurs différents en novembre 2000. L’utilisateur type passe presque une heure par mois à surfer sur les sites Web Yahoo! et environ 900 millions de pages Web Yahoo! sont consultées chaque jour.

En 2000, environ 80 millions de nouveaux utilisateurs ont commencé à se servir de l’Internet, le nombre total estimé d’utilisateurs passant à 315 millions: environ 5% de la population mondiale est maintenant en ligne. Toutefois, le taux de croissance du nombre d’utilisateurs a, toujours en 2000, atteint son niveau historiquement le plus bas (35%), en partie à cause du ralentissement de la nouvelle économie, qui a entraîné un brusque repli des cotations boursières. Ce fléchissement de la croissance indique aussi que l’on se rapproche de la limite de saturation. En effet, dans les pays développés, ceux qui veulent être connectés le sont en général déjà, alors que dans les pays en développement la croissance de l’Internet se heurte à plusieurs obstacles: faiblesse du pouvoir d’achat, sensibilisation insuffisante et technologies inadaptées. Même si ces pays ont un taux de croissance environ deux fois supérieur à celui des pays développés et même s’ils représentent désormais un quart environ de tous les utilisateurs Internet, la fracture numérique reste béante, comme en témoigne le pourcentage de la population qui est connectée: près d’un tiers dans les pays développés contre moins de 2% dans les pays en développement. Il n’est pas surprenant de constater que les Etats-Unis, berceau de l’Internet, sont le principal marché de l’Internet au monde, avec près de 100 millions d’utilisateurs réguliers au début de 2001, puis vient ensuite le Japon, avec environ 39 millions d’utilisateurs, dont plus de la moitié peuvent accéder au réseau aussi à partir de téléphones mobiles. La Chine a enregistré une croissance remarquable de l’Internet pour un pays en développement et se situe maintenant au troisième rang avec 23 millions d’utilisateurs, alors que la petite Islande est le pays le plus câblé au monde: près de 60% de sa population utilise en effet l’Internet, cet engouement pouvant s’expliquer par l’isolement géographique de l’île, combiné à un intérêt intense pour tout ce qui est nouveau, ainsi que par l’usage répandu de la langue anglaise, par la froideur du climat et par un niveau de revenu élevé. Dans tous les autres pays nordiques, le taux de pénétration de l’Internet est, comme en Islande, élevé. Classé au quatrième rang, le Canada a un taux de pénétration plus élevé que son voisin méridional, les Etats-Unis; enfin, deux pays d’Asie, la République de Corée et Singapour, figurent dans le «Top 10».

Le pourcentage de ménages avec le téléphone est l’indicateur qui sert à évaluer la progression du service téléphonique universel, alors que le pourcentage de ménages avec un accès à l’Internet est la mesure du service Internet universel. Parmi les pays qui recueillent cette statistique, l’Islande se place au premier rang: la moitié des ménages y avaient en effet accès à l’Internet à la fin de 1998. Il est intéressant de comparer le nombre de ménages ayant un accès à l’Internet avec celui des ordinateurs individuels et des téléphones étant donné que ces appareils sont indispensables pour accéder à l’Internet. A Singapour, pays qui se classe au deuxième rang dans le monde pour le nombre de ménages ayant accès à l’Internet, l’opérateur historique du service téléphonique fournit à tous ses abonnés un compte Internet; dans la réalité, seulement 59% des ménages, disposant d’un ordinateur individuel, sont en mesure d’utiliser cette possibilité qui leur est offerte. Au début 2000, il y avait environ 120 millions d’abonnés Internet dans le monde entier, soit un peu moins d’un tiers du nombre des utilisateurs estimé. Les recettes provenant de l’accès à l’Internet se sont élevées à 45 milliards USD en 1999, soit un peu plus de 30 dollars par abonné et par mois. Bien qu’il y ait approximativement 15 000 prestataires de services Internet (ISP) dans le monde, on constate une forte concentration des marchés, dont environ 45% sont desservis par les 20 principaux ISP. Le prestataire numéro un au monde est America Online (Etats-Unis), qui compte trois fois plus d’abonnés que son suivant, T-Online (Allemagne). Ce phénomène de concentration devrait se renforcer, au gré des fusions et du rachat des plus petits ISP. Dans de nombreux pays, les compagnies du téléphone sont les grands bénéficiaires du trafic Internet par connexion téléphonique, les taxes d’utilisation du téléphone étant pour elles une source de recettes. Sur les dix principaux ISP au monde, la moitié sont des émanations de compagnies du téléphone.

Peu de pays collectent des données sur le volume du trafic Internet; toutefois, à partir des informations disponibles, on peut voir que ce trafic croît rapidement. Le trafic Internet par connexion téléphonique représente dans de nombreux pays européens un tiers du trafic téléphonique local et est nettement supérieur, dans la plupart, aux communications téléphoniques internationales. La durée de connexion varie considérablement d’un pays à l’autre, les différences s’expliquant en partie par les tarifs qui sont pratiqués: dans les pays qui ne taxent pas les communications locales, les utilisateurs ont tendance à rester connectés plus longtemps. Selon une enquête consacrée à 18 pays (octobre 2000), les habitants de la Région administrative spéciale (RAS) de Hong Kong sont les plus gros utilisateurs de l’Internet, avec une moyenne de plus de dix heures par mois, alors qu’à l’autre extrémité du spectre on trouvait les Irlandais, pour juste quatre heures par mois en moyenne. 

On constate une croissance de la demande pour de plus grandes vitesses d’accès à l’Internet. Hier, la réponse à la demande de largeurs de bande supérieures a été le réseau numérique à intégration de services (RNIS), lequel utilise les lignes du téléphone classique. Le RNIS à débit de base met en oeuvre deux lignes, ce qui explique le grand succès qu’il a connu auprès des utilisateurs qui ne souhaitent pas que leur téléphone soit bloqué pendant qu’ils surfent sur le Net; malheureusement, il ne permet que des vitesses légèrement supérieures (64 kbit/s) aux vitesses d’accès par connexion téléphonique classique. Au début de l’année 2000, on dénombrait environ 24 millions d’abonnés RNIS dans le monde, principalement en Amérique du Nord, en Europe de l’Ouest et au Japon, ce chiffre représentant alors 7% de toutes les lignes téléphoniques en service. Moins de 3% des abonnés Internet disposaient d’un système d’accès local à large bande, tel qu’une ligne d’abonné numérique asymétrique (ADSL) ou un câblo-modem, à la fin de 1999.

L’année 2000 a été une année historique: la capacité des circuits Internet internationaux a en effet dépassé pour la première fois la capacité des circuits téléphoniques internationaux; à l’échelle de la planète, elle a atteint près de 300 Gbit/s, soit presque cinq fois plus qu’en 1999. Une des caractéristiques géographiques remarquables de l’Internet international est la prééminence des Etats-Unis. Pour des raisons historiques, nombreux sont en effet les pays qui acheminent leur trafic Internet à destination des Etats-Unis; or, contrairement à ce qui se passe avec les câbles téléphoniques internationaux dont le coût est partagé par moitié entre les pays situés aux deux extrémités, avec l’Internet les pays qui désirent se connecter aux Etats-Unis doivent supporter la totalité du coût du circuit. En octobre 2000, une nouvelle Recommandation UIT–T (D.50) a invité les compagnies concernées à négocier pour se mettre d’accord sur des modes plus équitables de partage du coût des circuits Internet internationaux.

Le prix est un élément déterminant de l’accès à l’Internet. Le prix de l’accès par connexion téléphonique comprend deux éléments: le premier est le prix fixé par l’ISP (par exemple sous forme d’un forfait pour une utilisation illimitée, ou un certain nombre d’heures ou encore pour des durées variables) et le deuxième correspond aux taxes d’utilisation du service téléphonique local. Certains pays ne taxent pas les communications locales, on leur applique un montant forfaitaire; ils pratiquent les tarifs les plus bas, mais affichent les taux de pénétration de l’Internet les plus élevés. C’est le cas du Canada. A l’autre extrémité du spectre, des pays comme la Belgique où l’accès à l’Internet est prétendument «libre» (c’est-à-dire qu’aucune taxe n’est appliquée par l’ISP) peuvent pratiquer en fait des tarifs très élevés si la taxe appliquée aux communications locales est élevée. Le prix moyen pour 30 heures d’accès par connexion téléphonique était en juin 2000 de 56 USD parmi la trentaine des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).


Etude de cas: l'Egypte

Etat d’Afrique du Nord-Est, d’une superficie d’un peu plus d’un million de kilomètres carrés, la République arabe d’Egypte est divisée en deux par le Nil, fleuve qui la traverse du sud au nord. Le Caire, la capitale, en est la ville la plus peuplée.

Les télécommunications en Egypte ont vu le jour en 1854, année où les services télégraphiques ont été introduits à Alexandrie. Pendant la période qui s’en est suivie, l’Etat s’est lui-même chargé de la fourniture des services de télécommunication. En 1982, les télécommunications ont été séparées du service public et, en avril 1998, la constitution d’une entreprise indépendante a franchi un pas supplémentaire avec la création de Telecom Egypt, société par actions dont il est aujourd’hui prévu de vendre 20% du capital au public. La même loi qui portait création de Telecom Egypt a établi la Telecommunication Regulatory Authority (TRA), organisme dont l’indépendance devrait être confirmée par une nouvelle loi, en cours d’élaboration. Le secteur a une nouvelle fois été réorganisé en 1999, les télécommunications passant du ministère des Transports et des Communications au ministère, nouvellement créé, des Technologies de la communication et de l’information. Avec ses quelque 62 millions d’habitants, l’Egypte est le pays arabe le plus peuplé. Elle dispose, et ce n’est pas surprenant, du plus important réseau fixe de la région des pays arabes, dont il représente à lui seul près d’un quart de toutes les lignes téléphoniques. Le nombre de lignes téléphoniques principales a progressé en moyenne d’environ 15% par an entre 1995 et 2000, alors que la densité des lignes fixes a presque triplé entre 1990 et 2000, pour s’approcher de 11, c’est- à-dire légèrement supérieure à celle de l’Algérie et du Maroc, mais légèrement inférieure à celle de la Libye et de la Tunisie. Selon les estimations, près d’une famille sur quatre a le téléphone en Egypte. Le nombre de lignes téléphoniques principales a connu une croissance certes élevée, mais toutefois insuffisante pour faire face à la demande. 

La liste d’attente n’a presque pas diminué pendant les années 90 et comptait environ 1,2 million de demandeurs. Compte tenu du taux de croissance actuel, la durée moyenne d’attente est donc égale à un peu plus de deux ans, mais l’objectif est de créer 1 million de lignes nouvelles par an au début du XXIe siècle. Il est en outre probable que la croissance phénoménale des communications mobiles contribuera à réduire la liste d’attente pour les services fixes.

Contrairement à la plupart des autres Etats arabes, l’Egypte a été lente à introduire le service mobile cellulaire numérique: le premier réseau GSM a été lancé en effet en novembre 1996 par Telecom Egypt, pour être vendu en avril 1998 contre 515 millions USD au consortium MobiNil, conduit par France Télécom. Un deuxième réseau, celui du consortium Misrfone conduit par Vodafone (Royaume-Uni), a été lancé en novembre 1998. A l’époque, l’Egypte était seulement le deuxième pays de la région des Etats arabes à ouvrir son marché des téléphones mobiles à la concurrence. Les communications mobiles ont connu une croissance spectaculaire à la suite du démarrage des services du deuxième opérateur, mais grâce aussi à la pratique du prépaiement. Au début de 2001, l’Egypte comptait plus de deux millions d’abonnés mobiles et son marché du cellulaire ne montre aucun signe d’essoufflement.

En 1999, l’Egypte se classait au premier rang des pays arabes sur le marché de l’Internet, dont la croissance a été forte, comme en témoignent les 400 000 utilisateurs recensés à la fin de l’an 2000. Deux obstacles en freinent toutefois l’évolution, à savoir une sensibilisation insuffisante et un manque de formation à l’utilisation de l’ordinateur. Le marché des ISP est l’un des plus actifs de la région des Etats arabes, plus de 50 compagnies proposant en effet des services d’accès. L’Egypte est un des pays retenus par l’UIT pour ses études de cas consacrées à l’Internet, pour tout complément d’information à son sujet, on voudra bien se reporter à www.itu.int/casestudies.  


© MISE À JOUR DES INDICATEURS DES TÉLÉCOMMUNICATIONS DE L 'UIT

Retour